Au Louvre-Lens, comment Champollion «rendit leur voix» aux Egyptiens

Cette photographie prise le 21 septembre 2022 montre une Troupe de figures de serviteurs funéraires (shabits) au nom de Neferibreheb exposée à la "Galerie du Temps" du musée du Louvre-Lens à Lens, dans le nord de la France. (Photo de Sameer al-Doumy / AFP)
Cette photographie prise le 21 septembre 2022 montre une Troupe de figures de serviteurs funéraires (shabits) au nom de Neferibreheb exposée à la "Galerie du Temps" du musée du Louvre-Lens à Lens, dans le nord de la France. (Photo de Sameer al-Doumy / AFP)
Cette photo d'archive prise le 27 octobre 2021 montre une vue du buste de l'érudit et philologue français Jean-François Champollion, connu pour avoir déchiffré l'écriture hiéroglyphique égyptienne, et derrière une réplique de la pierre de Rosette qui a été déterminante dans le déchiffrement, exposée à l'entrée du Musée égyptien dans le centre du Caire. (Photo : Amir MAKAR / AFP)
Cette photo d'archive prise le 27 octobre 2021 montre une vue du buste de l'érudit et philologue français Jean-François Champollion, connu pour avoir déchiffré l'écriture hiéroglyphique égyptienne, et derrière une réplique de la pierre de Rosette qui a été déterminante dans le déchiffrement, exposée à l'entrée du Musée égyptien dans le centre du Caire. (Photo : Amir MAKAR / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 25 septembre 2022

Au Louvre-Lens, comment Champollion «rendit leur voix» aux Egyptiens

  • Une exposition au Louvre-Lens retrace l'extraordinaire aventure humaine et intellectuelle de Champollion
  • En replaçant ce génie des langues dans son contexte historique, le parcours, riche de plus de 350 œuvres, offre une double plongée: dans l'antiquité égyptienne et dans l'époque de Champollion

LENS, France : En déchiffrant les hiéroglyphes, un système d'écriture abandonné depuis 1.500 ans, il leva le voile sur trois millénaires d'une civilisation égyptienne jusqu'alors surtout fantasmée en Occident: une exposition au Louvre-Lens retrace l'extraordinaire aventure humaine et intellectuelle de Champollion.

«Champollion, la voie des hiéroglyphes» ouvre mercredi, 200 ans après le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, véritable «point de bascule des sciences humaines» selon Hélène Bouillon, co-commissaire de l'exposition.

En replaçant ce génie des langues dans son contexte historique, le parcours, riche de plus de 350 œuvres, offre une double plongée: dans l'antiquité égyptienne et dans l'époque de Champollion, «enfant des Lumières» né en 1790, en pleine Révolution française, dans une famille lettrée mais modeste.

«C'est une exposition d'histoire, d'histoire des musées, d'histoire des sciences et aussi de type biographique», ouvrant sur «ce pan considérable de l'histoire de l'humanité» recelée par les hiéroglyphes, résume la directrice du Louvre-Lens, Marie Lavandier.

«L'Égypte antique est l'un des creusets de l'imaginaire de l'humanité», qui continue à faire rêver par «la beauté, la richesse des mythes et aussi l'état extraordinaire de conservation des objets», s'enthousiasme-t-elle, heureuse que le Louvre-Lens accueille cette «exposition phare» du bicentenaire.

- La pierre de Rosette en copies -

Pami les pièces maîtresses de l'exposition - dont le directeur des Antiquités égyptiennes du Louvre, Vincent Rondot, est commissaire général - figure le célèbre «scribe accroupi», qui scrute le monde de son regard vif depuis 2.500 avant JC.

Mais aussi un couvercle de sarcophage du IVe siècle avant JC recouvert d'un long texte en hiéroglyphes, ou un papyrus encore jamais exposé, où cohabitent une prière au dieu Amon-Rê, des remontrances à un scribe dissipé et un bon de livraison de cuir à un cordonnier.

En revanche, la pierre de Rosette, découverte lors de l'expédition en Egypte de Bonaparte mais ensuite emportée par les Anglais, est restée à Londres, au British Museum, qui consacrera également à partir du 13 octobre une exposition au déchiffrement des hiéroglyphes, objet à l'époque d'une course de vitesse entre scientifiques.

Une absence avec laquelle Champollion lui-même dut composer, travaillant à partir de copies de la célèbre pierre aux trois écritures (hiéroglyphes, démotique et grec). De telles copies, d'époque, sont aussi présentées au Louvre-Lens.

Deux siècles après les hiéroglyphes, des écritures restent à déchiffrer

En septembre 1822, Jean-François Champollion parvenait à déchiffrer les hiéroglyphes, offrant au monde une voie d’accès à l'ancienne Égypte. Mais bien d'autres écritures n'ont toujours pas livré leur secret.

- Des écritures mystérieuses -

Même si beaucoup de spécialistes s'y sont accrochés, certaines écritures anciennes ne sont pas déchiffrées, comme par exemple le linéaire A. Principalement utilisé en Crète, entre 1850 et 1450 av J.-C., il mélange signes syllabiques (chaque caractère correspond à une syllabe) et idéogrammes (chaque symbole graphique représente un mot). La plus grande partie des écrits découverts sont des documents comptables mais il a également servi à écrire des textes votifs.

La même opacité entoure le rongorongo, l'écriture de l'île de Pâques. Elle consiste en une série de hiéroglyphes (des créatures, des objets, des motifs géométriques...) quasiment exclusivement gravés sur des tablettes en bois, avant les années 1860. "Cette écriture est exquise sur le plan artistique et totalement déconcertante", note le Britannique Andrew Robinson, auteur de plusieurs ouvrages sur les langues et les écritures perdues, dans le magazine Quebec Science.

L'écriture de la civilisation de l'Indus, qui occupait le nord-ouest du sous-continent indien du milieu du IVe millénaire au début du IIe millénaire avant notre ère, reste également non déchiffrée. Elle apparaît sur environ deux mille sceaux mais aussi sur quelques plaques de cuivre et quelques objets de terre cuite, d'os et d'ivoire.

D'autres écritures restent également impénétrables, retrouvées sur de rares, voire uniques, objets comme quatre inscriptions du 2e millénaire trouvées à Byblos au Liban ou encore le disque de Phaïstos et ses 45 signes disposés en spirale...

- Des langues oubliées -

"Il y a des cas où déchiffrer l'écriture ne pose pas de problème - l'écriture est connue - mais c'est la langue qui reste le mystère", explique à l'AFP l'historienne Françoise Briquel-Chatonnet, directrice de recherche au CNRS.

Comme pour l'étrusque. Dès l'âge du Fer et jusqu'au Ier siècle avant J.-C., les Etrusques ont régné sur un vaste territoire formé par la Toscane et le Lazio. Leur alphabet, un intermédiaire entre l'alphabet grec et l'alphabet latin, est lisible mais c'est la langue que nous ne comprenons pas complètement.

Même chose pour le méroïtique, l'écriture d'un royaume qui s'est développée le long du Nil, dans le nord de l'actuel Soudan, entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IVe siècle après J.-C. C'est une écriture phonétique  dont les textes peuvent être lus, mais pas complètement traduits.

"C’est comme si on vous donnait à lire du hongrois: vous pourriez le déchiffrer, mais pas en saisir le sens ", expliquait Claude Rilly, égyptologue et linguiste au Centre national de la recherche scientifique en France dans un article du magazine Quebec Science.

- Des voie d’accès perdues, à redécouvrir -

Décrypter une écriture et une langue "nous donne accès à des documents internes à une civilisation, à un groupe humain", explique Françoise Briquel-Chatonnet. "Ces textes nous permettent de connaître des individus, nous donnent un cadre historique, chronologique, des indications sur des systèmes de pensée, sur la religion...".

"L'archéologie ne donne pas du tout les mêmes indications que les textes", ajoute l'historienne.

Nous connaissons les Etrusques par certains textes de latin ou de grec, les Rapa Nui de l'île de Pâques par quelques descriptions des premiers conquérants, mais ces documents ne reflètent qu'une vision de l'extérieur, centrée sur ce qui les intéressaient eux.

Pour parvenir à déchiffrer ces témoignages du passé, il faudrait, par exemple, parvenir à faire un rapprochement avec des langues parlées, découvrir de nouveaux textes assez développés pour qu'on puisse poser des hypothèses, ou un écrit bilingue, comme la fameuse pierre de Rosette qui porte le même décret gravé en trois langues et qui a permis à Jean-François Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes.

- Idées reçues -

Au coeur de l'exposition, l'éclairage de la démarche qui permit au savant, après s'être plongé dans l'étude du copte, dernier descendant de la langue des anciens Egyptiens, de déchiffrer un système d'écriture abandonné vers le IVe siècle après JC.

Champollion comprit qu'y cohabitaient des idéogrammes et des phonogrammes et fut «le premier à proposer une équivalence phonétique qui soit juste», résume Hélène Bouillon.

Ses découvertes «redonnèrent leur voix aux Egyptiens», dont «on avait une vision déformée par les sources grecques et romaines», insiste-t-elle.

L'historien grec Hérodote avait ainsi répandu l'idée que les Egyptiens préféraient la mort à la vie mais «les textes nous disent qu'ils détestaient la mort, qu'ils en avaient peur», pointe-t-elle.

Manuscrits, lettres et aussi vêtements, comme un manteau égyptien porté par Champollion au cours de sa tardive expédition le long du Nil, en 1828-1830, donnent à voir l'égyptologue au travail.

Linguiste génial, disparu prématurément en 1832, Champollion fut aussi un vulgarisateur soucieux de rendre son travail accessible au plus grand nombre.

Au Louvre, où le roi Charles X lui confia la mission de concevoir un musée égyptien, «pour la première fois, il crée des salles thématiques sur la religion, la vie quotidienne…», explique Mme Bouillon.

Dans cette même logique d'ouverture, le musée, qui célèbre cette année ses 10 ans, propose de multiples animations autour de l'exposition, dont un «Egyptobus» qui sillonnera le département du Pas-de-Calais.

«Champollion, la voie des hiéroglyphes», jusqu'au 16 janvier.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

Short Url
  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Short Url
  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
(SPA)
Short Url
  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com