Coup de pouce de Biden à une réforme improbable du Conseil de sécurité

«Le temps est venu pour que cette institution soit plus inclusive, pour mieux répondre aux besoins du monde d'aujourd'hui» (Photo, AFP).
«Le temps est venu pour que cette institution soit plus inclusive, pour mieux répondre aux besoins du monde d'aujourd'hui» (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 septembre 2022

Coup de pouce de Biden à une réforme improbable du Conseil de sécurité

  • Cette fois, les appels à la réforme sont également venus des Occidentaux exaspérés par la Russie, championne du veto ces dernières années
  • Joe Biden a plaidé pour que ce droit de veto soit utilisé seulement en cas de «situations rares et extraordinaires»

NATIONS UNIES: En appelant à étendre le nombre de membres du Conseil de sécurité, le président américain Joe Biden a donné un nouvel élan à une vieille idée, mais il est difficile à ce stade de parier qu'une réforme aura bien lieu.

Lors de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale de l'ONU, qui s'est terminée ce lundi, nombre de dirigeants du Sud ont à nouveau dénoncé l'injustice du Conseil de sécurité, dont cinq des 15 membres (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) détiennent un droit de veto.

Mais cette fois, les appels à la réforme sont également venus des Occidentaux exaspérés par la Russie, championne du veto ces dernières années, et qui empêche toute éventuelle décision du Conseil sur son invasion de l'Ukraine.

Lors de son discours à la tribune de l'ONU, Joe Biden a plaidé pour que ce droit de veto soit utilisé seulement en cas de "situations rares et extraordinaires".

Il a également soutenu la revendication de sièges permanents pour l'Afrique et l'Amérique Latine, et rappelé le soutien des Etats-Unis pour le Japon et l'Inde.

"Le temps est venu pour que cette institution soit plus inclusive, pour mieux répondre aux besoins du monde d'aujourd'hui", a-t-il insisté.

Ces propos "soulignent le sérieux" des Etats-Unis en la matière, a commenté un haut responsable américain, notant toutefois que le processus ne serait pas immédiat.

"Il n'a jamais été question d'un diktat ou d'un fait accompli. L'idée a toujours été d'écouter et d'échanger nos vues", a-t-il ajouté, refusant de se prononcer sur un possible droit de veto pour de nouveaux membres permanents.

Pression sur les Etats-Unis

Pour Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group, les responsables américains savent bien qu'ils doivent désormais faire avancer les choses d'ici la prochaine Assemblée générale en septembre 2023. "Sinon, Biden va être accusé d'avoir lancé une idée sans être sérieux."

"Cela étant dit, je ne pense pas que les Etats-Unis aient un modèle de réforme en tête ou un plan détaillé pour la suite", ajoute-t-il.

Face au sentiment d'un Conseil paralysé par la Russie, "le choix était simple" pour les Américains, commente l'analyste.

"Ils pouvaient ignorer le sujet, défendre leurs privilèges, comme le droit de veto, et faire face à des accusations de prendre implicitement le parti de la Russie en défendant un système très imparfait. Ou ils pouvaient se positionner en leader de la réforme."

"Il était plus intelligent de choisir la deuxième option", note-t-il.

En 2005, le Brésil, l'Allemagne, le Japon et l'Inde avaient lancé une campagne commune pour un siège permanent.

Mais la Chine s'était opposée à un siège pour son rival japonais, allié des Etats-Unis, et les trois autres avaient vu fleurir des oppositions diverses de leurs voisins.

Les Américains ne pressaient pas pour une réforme, alors que le président George W. Bush avait contourné le Conseil de sécurité pour envahir l'Irak -- un fait sans cesse mis en avant par la Russie.

La Russie et son «droit»

Samedi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé que l'Inde et le Brésil étaient des "candidats sérieux" pour une extension du Conseil.

Des propos interprétés par des diplomates occidentaux comme une tentative de créer des divisions entre ces deux pays d'un côté et, de l'autre, l'Allemagne et le Japon, fortement opposés à l'invasion de l'Ukraine.

Il est peu probable que les Russes "jouent le jeu" d'une réforme, notamment si elle affaiblissait leur droit de veto, estime William Pomeranz, chercheur au Kennan Institute du Woodrow Wilson International Center for Scholars.

"Ils pensent que c'est ce pour quoi ils se sont battus pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'ils ont légitimement gagné" le droit de bloquer tout ce qui va à l'encontre de leurs intérêts, poursuit-il.

Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a de son côté indiqué devant l'ONU que les efforts de réformes d'une institution "anachronique et inefficace" devaient avoir lieu "avec sincérité", sans être bloquées par des tactiques procédurales.

Le Conseil "est vu comme profondément injuste, privant des continents et des régions entières d'une voix dans un forum qui débat de leur avenir".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.