Cinquante ans après la création du FN, la difficile dernière marche de Le Pen

Dans cette photo d'archive prise le 06 avril 2007, le président français du parti d'extrême droite Front National (FN) et candidat à la présidentielle, Jean-Marie Le Pen, donne une conférence de presse devant un slogan politique, à Saint-Cloud, près de Paris. MARTIN BUREAU / AFP
Dans cette photo d'archive prise le 06 avril 2007, le président français du parti d'extrême droite Front National (FN) et candidat à la présidentielle, Jean-Marie Le Pen, donne une conférence de presse devant un slogan politique, à Saint-Cloud, près de Paris. MARTIN BUREAU / AFP
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Cinquante ans après la création du FN, la difficile dernière marche de Le Pen

  • Jeudi, c'est sous les dorures du Palais Bourbon que le RN de Marine Le Pen célèbrera son anniversaire
  • Le Front national (FN), parti d'extrême droite fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen et devenu le Rassemblement national (RN) présidé par sa fille Marine, poursuit son ascension depuis sa création il y a 50 ans

PARIS: Du groupuscule marginal au premier parti d'opposition qui a réuni plus de 40% des électeurs à la présidentielle: cinquante ans après la création du Front national, devenu Rassemblement national, le mouvement d'extrême droite a su prospérer en réchappant à toutes les crises et s'estime désormais prêt à gouverner.

Jeudi, c'est sous les dorures du Palais Bourbon que le RN de Marine Le Pen célèbrera son anniversaire le temps d'un modeste "colloque" qui doit être "l'occasion de revenir sur les victoires idéologiques que nous avons enregistrées", selon le président par intérim, Jordan Bardella.

Cinquante ans (et un jour) après la création du Front national par des militants nationalistes du mouvement Ordre nouveau qui s'étaient choisi Jean-Marie Le Pen comme vitrine, l'image des 89 députés RN réunis à l'Assemblée nationale entend illustrer la mue d'un parti convaincu que, "à la prochaine élection, ce sera nous", tel que le répète Marine Le Pen.

"En fait, le vrai début du FN, ça n'est pas en 1972 mais aux Européennes de 1984 lorsqu'il dépasse les 10%", note le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, un score qui ne cessera de croître à chaque présidentielle, jusqu'à l'accession au second tour de Jean-Marie Le Pen en 2002, imité par sa fille en 2017 et 2022.

Avec un discours basé sur la lutte contre l'immigration et l'insécurité, Le Pen père est parvenu dès les années 80 à asseoir un quasi-monopole sur l'extrême droite française.

Celui qui a toujours joué de son charisme a par ailleurs réchappé à toutes les frondes, d'abord celle menée par son numéro deux Bruno Mégret à la fin des années 90. "Dans cette partie de la droite, il y a une culture plébiscitaire: au fond, le sécessionniste a toujours tort", observe Jean-Yves Camus.

Du FN au RN, 50 années sous le sceau des Le Pen

Le Front national (FN), parti d'extrême droite fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen et devenu le Rassemblement national (RN) présidé par sa fille Marine, poursuit son ascension depuis sa création il y a 50 ans.

Les débuts

Le 5 octobre 1972, le "Front national pour l'unité française", parti issu de divers groupes nationalistes dont Ordre Nouveau, voit le jour. Après un score inférieur à 1% à la présidentielle de 1974, son président Jean-Marie Le Pen met l'accent sur la lutte contre l'immigration.

En 1983, première victoire électorale d'importance: Jean-Pierre Stirbois, secrétaire général du FN, obtient 16,7% au premier tour des municipales à Dreux (Eure-et-Loir) et s'allie à la droite au second.

En 1986, le scrutin proportionnel fait entrer 35 députés FN à l'Assemblée nationale, 135 élus FN aux régionales.

M. Le Pen enregistre 14,37% des voix à la présidentielle de 1988, mais ne conserve qu'une députée.

Le «détail»

En septembre 1987, il qualifie les chambres à gaz nazies de "point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale" et est condamné pour cela en 1991. Ce type de propos, comme d'autres stigmatisant les homosexuels, les immigrés ou les roms, servent selon lui la progression du FN.

De 1992 à 1998, le FN prend des bastions: Toulon (Var), Marignane (Bouches-du-Rhône) ou Orange (Vaucluse). A la présidentielle de 1995, M. Le Pen obtient 15,15% des voix. Le 1er mai, en marge d'un défilé FN, un jeune Marocain est poussé dans la Seine par des skinheads et se noie.

En 1997, Catherine Mégret prend la mairie de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Exclu du FN en proie à de vives tensions, son époux Bruno fonde le Mouvement national républicain (MNR) en 1999.

Le séisme de 2002

Coup de tonnerre en 2002, M. Le Pen devance Lionel Jospin et se qualifie pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac avec 16,86%. Sa fille Marine devient vice-présidente du parti.

Le FN recule aux européennes de 2009 (4,17%).

Marine Le Pen accède le 16 janvier 2011 à la tête du parti.

En 2012, elle arrive troisième à la présidentielle avec 17,9%.

Marion Maréchal, sa nièce, et Gilbert Collard entrent au Palais Bourbon.

Soucieuse de polir l'image du FN, Marine Le Pen accentue les questions sociales.

Après avoir remporté onze mairies en 2014, victoire historique du FN aux élections européennes (25%), loin devant l'UMP et le PS.

Père et fille, rien ne va plus

Quand Jean-Marie Le Pen fustige en 2014 des artistes opposés au FN, Marine Le Pen condamne la "faute politique" de son père.

Aux cantonales de 2015, le FN est en tête dans 43 départements. Mais M. Le Pen répète ses propos sur les chambres à gaz. Le 20 août, à 87 ans, il est exclu du parti. Père et fille finiront toutefois par éviter les éclats publics.

En avril 2017, après un débat qu'elle reconnaîtra "raté", Marine Le Pen perd au second tour de la présidentielle (21%) face à Emmanuel Macron.

Fin juin, elle est mise en examen dans une enquête sur les assistants parlementaires d'eurodéputés de son parti.

Aux législatives, le FN engrange huit députés. En septembre, Florian Philippot reproche au FN de renoncer à la sortie de l'euro et claque la porte.

Le FN devient RN

Réélue en 2018, Marine Le Pen veut symboliser la "mue" du FN en un "parti de gouvernement" et d'alliances: il devient le Rassemblement national (RN).

La justice européenne confirme qu'elle doit rembourser près de 300.000 euros au Parlement européen. Sa mise en examen est requalifiée en "détournement de fonds publics".

En 2019, le RN est en tête des élections européennes (23,31%).
En septembre 2021, Marine Le Pen cède les rênes à Jordan Bardella pour se consacrer à la

campagne présidentielle. Son rival à l'extrême-droite, Eric Zemmour, lui ravit des figures du parti, dont Marion Maréchal.

89 députés

L'Office européen de lutte antifraude (Olaf) préconise en mars 2022 le remboursement d'environ 600.000 euros que Mme Le Pen et ses proches auraient abusivement utilisés.

Le 10 avril 2022, elle échoue (41,5%) face à M. Macron au second tour de la présidentielle. Jamais l'extrême droite ne s'est approchée à ce point du pouvoir sous la Ve République.

Aux législatives, le RN fait une percée historique (89 élus), devenant le premier parti d'opposition.

Le parti se veut "constructif" pour "préparer l'alternance". L'élection du successeur de Mme Le Pen est fixée au 5 novembre, cette dernière se consacrant à l'Assemblée. Jordan Bardella et Louis Aliot sont sur les rangs. Pour la première fois, le président du RN ne sera pas un(e) Le Pen.

«Renverser la table»

Reste que les outrances de Jean-Marie Le Pen avaient fini par faire douter de sa volonté de conquérir le pouvoir.

En lui succédant à la tête du parti en 2011, Marine Le Pen entend ainsi "dédiaboliser" le paria FN pour fissurer un plafond de verre devenu écrasant. "Le mouvement réalise qu'il lui faut gommer certains aspects: l'inégalité des races, le +point de détail+", relève Jean-Yves Camus, en même temps que "le centre de gravité de la vie politique a bougé: l'immigration, l'identité, islamisme sont devenus des thèmes centraux".

"Mais par exemple sur l'immigration, à l'époque de Jean-Marie Le Pen, le slogan était: +Quand nous arriverons, ils partiront+, avec l'idée d'une inversion des flux migratoires", poursuit le chercheur. "Aujourd'hui, on n'en est plus du tout là. C'est: +Arrêter la submersion migratoire+".

Sur l'économie, la nuance a tourné au revirement, d'un libéralisme "reaganien" prôné dans les années 80 à un interventionnisme assumé par Marine Le Pen.

"Le but des électeurs FN ou RN, c'est renverser la table. Et finalement, le détail des propositions n'est pas aussi important que ça: si vous retrouvez quelques lignes fondamentales - identité, immigration, sécurité -, ça suffit", explique Jean-Yves Camus.

Au RN, des propositions toujours radicales et tous azimuts

Tout à sa stratégie de notabilisation à l'Assemblée nationale, le RN tente d'éviter les dérapages du Front national d'antan et diversifier ses thématiques, mais ses propositions centrales contre l'immigration demeurent radicales, et inconstitutionnelles aux yeux de plusieurs juristes.

Après l'arrivée inédite de 89 députés RN au mois de juin, les élus d'extrême droite ont commencé à déposer leurs premières propositions de loi au Palais Bourbon, avec des chances d'aboutir quasi nulles.

Certaines s'inspirent directement des promesses de campagne de Marine Le Pen, comme un texte en faveur du port d'un uniforme par établissement à l'école et au collège ou un autre pour interdire le voile islamique pour les accompagnantes scolaires.

Un uniforme par établissement créerait une "identité et une fierté d'appartenir à une école" et éviterait les "tentatives de porter des vêtements d'inspiration religieuse", revendique le député Roger Chudeau, ancien inspecteur général de l'Education nationale.

Le porte-parole Julien Odoul (Yonne) défend lui une proposition contre l'abandon d'animaux domestiques l'été, un sujet qui fait écho à la passion de Marine Le Pen pour les chats. La solution envisagée ? Un crédit d'impôt plafonné à 600 euros pour financer les frais de garde d'animaux de compagnie, soit "un mois et demi de gardiennage".

La députée de la Marne Anne-Sophie Frigout réclame pour sa part la suppression des zones à faibles émissions mobilité, où seuls les véhicules les moins polluants ont le droit de circuler. L'élue RN juge "injustes" ces "zones à fortes exclusions" pour ceux dont les "déplacements sont contraints".

Son collègue du Gard Pierre Meurin, passionné de vieilles voitures, demande aussi "qu'on arrête d'emmerder les automobilistes", un mot d'ordre récurrent du parti à la flamme, depuis les années Jean-Marie Le Pen.

Hongrie et Pologne

L'ex attachée de presse du RN Caroline Parmentier, désormais députée du Pas-de-Calais, défend pour sa part une proposition de résolution pour faire de la natalité une "grande cause nationale" en 2024.

Elle dit s'inspirer des politiques de "natalité ambitieuses" de Hongrie et de Pologne, ce qui fait hurler la gauche, qui lui reproche de citer des pays où l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est restreint, voire quasiment interdit (Pologne).

"Je ne fais aucun lien" avec la "question de l'avortement", balaye-t-elle. "Qui peut reprocher à la Hongrie d'avoir doublé ses aides familiales entre 2010 et 2019 ?", souligne l'ancienne journaliste d'opinion, qui affichait ses positions anti-IVG quand elle travaillait pour le journal catholique intégriste Présent.

Le RN n'a pas encore arbitré quels textes il présenterait dans l'hémicycle le 12 janvier. Pour la première fois de son histoire, le parti va en effet défendre ses propositions lors d'une "niche" parlementaire, journée réservée à un groupe minoritaire à l'Assemblée.

Sauf surprise, elles seront rapidement rejetées par les autres groupes, mais le RN espère placer ses thèmes de prédilection à l'agenda politique.

"Il va falloir hiérarchiser", souligne la députée de Gironde Edwige Diaz, qui estime que deux sujets occupent actuellement la rentrée, "la crise énergétique et l'immigration, quand on voit l'échec du taux de réalisation d'OQTF (obligation de quitter le territoire français, en cas notamment de refus de délivrance de titre de séjour)".

Car tout en axant largement sa campagne présidentielle sur le pouvoir d'achat, Marine Le Pen avait placé la lutte contre la "submersion migratoire " en tête de son programme.

Avec comme proposition phare un référendum pour inscrire dans la Constitution la "priorité nationale" dans l'accès au logement social, à l'emploi et "réserver un certain nombre de prestations sociales aux Français".

Selon le constitutionnaliste Dominique Rousseau, de telles propositions conduiraient à une "sortie du cadre constitutionnel" actuel, aussi bien sur le fond par une "remise en cause radicale des grands principes d'égalité", que sur la forme, avec la volonté de Marine Le Pen de modifier la Constitution via son article 11 et un référendum direct, à rebours de la jurisprudence.

Quant au souhait de Marine Le Pen d'inscrire dans la Constitution la supériorité du droit français sur le droit européen et international, il équivaudrait à "sortir des engagements " signés par la France dans les traités et à "faire un Frexit" de facto, estime le juriste Serge Slama.

«S'affranchir de l'Histoire»

Premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale depuis juin, le RN estime qu'il dispose désormais de figures à présenter aux Français pour un futur gouvernement en cas d'accession au pouvoir, "ce qui nous manquait jusqu'alors", estime Marine Le Pen, qui lie cette carence à son échec à la dernière présidentielle.

"Il y a des individualités qui se détachent, mais il leur manque encore de l'expertise technique", tempère le politologue, en faisant observer par ailleurs qu'"aucun gouvernement n'a fait l'impasse de puiser dans le vivier dans la société civile: là, il y a un manque".

Et, selon Jean-Yves Camus, c'est avant tout "par le travail législatif à l'Assemblée que le RN pourra montrer sa capacité à gouverner".

Enfin, si "le parti a incontestablement évolué", selon le politologue, a-t-il pleinement achevé sa "dédiabolisation", alors que Marine Le Pen a, après son père, accusé le pire score au second tour de la présidentielle sous la Vè République?

"Il est impossible de couper totalement à une filiation et le RN ne pourra jamais s'affranchir de l'Histoire. Après, on n'est jamais affilié à vie à ses débuts", estime Jean-Yves Camus.

Jusqu'à rassembler une majorité absolue d'électeurs? "A un moment donné, si vous labourez le sillon pendant 50 ans, avec une certaine ardeur", poursuit le chercheur, "vous pouvez arriver à la conjonction de la rencontre d'un homme, ou une femme, et d'un moment".


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.