Mort de Mahsa Amini: Un rapport médical iranien dédouane la police des mœurs

Des militants ont affirmé qu'elle avait souffert d'une blessure à la tête durant sa détention. Les autorités iraniennes ont elles démenti tout contact physique entre la police et la jeune femme et dit attendre les résultats de l'enquête (Photo, AFP).
Des militants ont affirmé qu'elle avait souffert d'une blessure à la tête durant sa détention. Les autorités iraniennes ont elles démenti tout contact physique entre la police et la jeune femme et dit attendre les résultats de l'enquête (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 octobre 2022

Mort de Mahsa Amini: Un rapport médical iranien dédouane la police des mœurs

  • Arrêtée le 13 septembre par la police des moeurs à Téhéran, Mahsa Amini est décédée trois jours plus tard à l'hôpital
  • Son décès a déclenché des protestations dans le pays, avec en première ligne les Iraniennes, ainsi que des rassemblements de solidarité à travers le monde

PARIS: Les autorités iraniennes ont affirmé vendredi que la mort de Mahsa Amini n'avait pas été causée par des "coups" mais par les séquelles d'une maladie, trois semaines après le début des manifestations déclenchées par le décès de la jeune femme en détention.

Arrêtée le 13 septembre par la police des mœurs à Téhéran pour non respect du code vestimentaire strict pour les femmes en Iran, cette Kurde iranienne de 22 ans est décédée trois jours plus tard à l'hôpital.

Des militants ont affirmé qu'elle avait souffert d'une blessure à la tête durant sa détention. Les autorités iraniennes ont démenti tout contact physique entre la police et la jeune femme et dit attendre les résultats de l'enquête.

Son décès a déclenché un mouvement de contestation dans le pays, avec en première ligne les Iraniennes, ainsi que des rassemblements de solidarité à travers le monde.

Les manifestations, les plus importantes depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l'essence, ont été vivement réprimées. Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, alors qu'un bilan officiel fait état d'environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité.

"La mort de Mahsa Amini n'a pas été causée par des coups portés à la tête et aux organes vitaux" mais est liée à "une intervention chirurgicale pour une tumeur cérébrale à l'âge de 8 ans", a indiqué un rapport de l'Organisation médico-légale iranienne, alors que son père Amjad Amini avait indiqué que sa fille était "en parfaite santé".

"Le 13 septembre, (Mahsa Amini) a soudainement perdu connaissance et s'est effondrée (...). Malgré son transfert à l'hôpital et les efforts du personnel médical, elle est décédée le 16 septembre des suites d'une défaillance d'organes multiples causée par une hypoxie cérébrale", a ajouté le rapport publié par la télévision d'Etat.

«Impunité»

Certains pays ont imposé des sanctions économiques, comme les Etats-Unis qui ont annoncé jeudi des mesures visant sept hauts responsables iraniens parmi lesquels le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, "instrument clef du régime dans la répression", et celui des Communications, Issa Zarépour, "responsable de la tentative honteuse de bloquer l'internet".

Dans une lettre adressée jeudi au président Joe Biden, une vingtaine d'ONG le pressent de "faire plus" pour "empêcher davantage de violence d'Etat et répondre à une longue histoire d'atrocités et d'impunité dans ce pays".

Selon ces organisations, dont la plupart sont iraniennes, des milliers de personnes parmi lesquelles des journalistes, des militants et des artistes, ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

Le ministère français des Affaires étrangères a recommandé aux visiteurs français de quitter le pays au plus vite, y compris les binationaux, qui s’exposent, selon Paris, "à un risque élevé d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable".

Le Canada a annoncé de son côté vendredi de nouvelles sanctions contre le régime "meurtrier" de l'Iran et banni de son territoire "pour toujours" 10 000 responsables, dont les membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime iranien.

Mort d'une adolescente

Dans la République islamique, le code vestimentaire strict oblige les femmes à porter notamment le voile islamique. Ces derniers jours, la mobilisation est allée jusqu'à gagner des écolières qui se sont rassemblées et ont retiré leur voile ou crié des slogans hostiles au pouvoir.

Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a reconnu que des jeunes étaient impliqués dans les manifestations, dénonçant l'influence des réseaux sociaux, sur lesquels les autorités ont imposé de sévères restrictions d'accès depuis la mi-septembre.

Jeudi, la justice iranienne a démenti qu'une adolescente de 16 ans, Sarina Ismaïlzadeh, avait été tuée dans la province d'Alborz (nord-ouest) par les forces de sécurité, affirmant qu'elle s'était "suicidée en sautant d'un bâtiment".

IHR a indiqué vendredi que la famille de Sarina avait fait l'objet d'énormes pressions d'agents du gouvernement pour "la forcer à répéter la version officielle du suicide".

Selon l'ONG, quand la famille est allée identifier le corps, des "blessures multiples étaient clairement visibles sur son visage, et le côté droit de son front était complètement écrasé en raison de la force des coups".

Téhéran a accusé des forces extérieures d'attiser les protestations, notamment les Etats-Unis, son ennemi juré.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com