Paris et Alger ont «avancé» vers un «partenariat» durable

La Première ministre française Elisabeth Borne et le Premier ministre algérien Aymen Benabderrahmane font une déclaration conjointe à Alger, le 9 octobre 2022 (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne et le Premier ministre algérien Aymen Benabderrahmane font une déclaration conjointe à Alger, le 9 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 10 octobre 2022

Paris et Alger ont «avancé» vers un «partenariat» durable

  • Dimanche, Borne et son homologue algérien ont souligné vouloir «densifier» la relation bilatérale à l'issue de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau
  • Borne a évoqué trois piliers pour un partenariat «renforcé»

ALGER: La Première ministre française Elisabeth Borne a dressé un bilan positif lundi de son voyage de deux jours en Algérie et premier déplacement à l'étranger, qui a permis, selon elle, aux deux pays d'avancer vers "un partenariat renouvelé, inscrit dans la durée".

La cheffe du gouvernement s'est réjouie de progrès dans le rapprochement bilatéral, accomplis en particulier lors d'une réunion dimanche du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), la première depuis 2017.

"J'ai le sentiment que, ensemble, nous avons avancé et que ce CIHN nous a permis de poser les fondements d'un partenariat renouvelé, inscrit dans la durée et qui profitera à nos jeunesses", a déclaré aux médias Mme Borne.

Le CIHN, auquel participaient une quinzaine de ministres de chaque pays, a débouché sur la signature de 12 accords de coopération industrielle, technologique, éducative et culturelle, dont une majorité toutefois de déclarations d'intention.

Lundi, Mme Borne et son homologue Aïmene Benabderrahmane ont inauguré un Forum d'affaires franco-algérien afin d'impulser "une nouvelle dynamique" dans les échanges économiques entre les deux pays.

Souhaitant des partenariats basés sur "la complémentarité", le Premier ministre algérien a souligné qu'Alger doit "diversifier" son économie, "sortir de la dépendance aux hydrocarbures et attirer des investissements étrangers".

Il a cité l'agriculture, la production de médicaments, les énergies renouvelables et les infrastructures comme offrant des opportunités aux entreprises françaises dans un contexte d'assouplissement récent de la stricte législation algérienne sur les investissements étrangers.

Le Forum, qui se tient jusqu'à mardi, est organisé par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie et Business France, structure publique chargée des investissements internationaux, qui a fait venir 70 entreprises françaises.

La France, "premier investisseur en Algérie, hors hydrocarbures", et ses entreprises sont "prêtes à participer à la diversification" algérienne, a assuré Mme Borne, appelant à s'appuyer sur les jeunes des deux pays qui "ont envie d'agir et foisonnent d'idées".

«L'ambiance ça compte»

Le vice-président du patronat français (Medef), Fabrice Le Saché, a salué le rôle du président Emmanuel Macron, venu rencontrer le chef de l'Etat algérien Abdelmajid Tebboune fin août pour relancer les relations bilatérales, après des mois de brouille. "Il a suscité une ambiance et l'ambiance ça compte" pour les affaires, a-t-il déclaré à l'AFP.

L'Algérie est le deuxième partenaire commercial de la France en Afrique. Selon les douanes algériennes en 2020, la France est le deuxième fournisseur du pays après la Chine, et son deuxième client juste derrière l'Italie.

Paris est aussi le deuxième investisseur en Algérie, selon le FMI, avec 500 entreprises implantées dans le pays, qui représentent 40.000 emplois directs.

La question du gaz n'était pas au menu mais Mme Borne a déjà dit vouloir "continuer d'avancer" avec l'Algérie pour accroître ses capacités de production.

La délégation française comptait un seul grand groupe, Sanofi, qui a un projet d'usine à insuline. Quatre PME y sont aussi représentées: Générale Energie (recyclage), Infinite Orbits (micro-satellite), Neo-Eco (déchets) et Avril (agro-alimentaire).

Selon Mme Borne qui a déjeuné avec le président Tebboune avant de regagner Paris, la coopération entre les deux pays va se poursuivre à travers "des visites et échanges réguliers aux niveaux économique, politique et technique".

Pour la Première ministre française, ce partenariat "renforcé" s'axe sur trois piliers: l'économie, la mobilité et les visas, et la jeunesse. Côté algérien, le Premier ministre a salué une "grande convergence (...) sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun".

Mobilités

A son arrivée dimanche, Mme Borne avait déposé une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d'indépendance (1954-1962) face à la France, ainsi qu'au cimetière Saint-Eugène à Alger, où reposent nombre de Français nés en Algérie.

A cet égard, la composition de la commission d'historiens des deux rives, qui doivent examiner les archives des deux pays, n'est qu'une "affaire de quelques jours", a-t-elle dit.

Sur l'autre question délicate des visas divisés par deux par Paris à l'automne 2021, Mme Borne a fait état "d'échanges intenses" entre le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin et son homologue algérien, se disant "confiante qu'ils déboucheront rapidement".


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.