L’Iran réprime les manifestations scolaires contre le port obligatoire du hijab 

De jeunes femmes fuient la police antiémeute lors d’une manifestation contre la mort en garde à vue de l’étudiante de 22 ans Mahsa Amini à Téhéran, en Iran, le 19 septembre 2022. (Photo AP)
De jeunes femmes fuient la police antiémeute lors d’une manifestation contre la mort en garde à vue de l’étudiante de 22 ans Mahsa Amini à Téhéran, en Iran, le 19 septembre 2022. (Photo AP)
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Publié le Jeudi 13 octobre 2022

L’Iran réprime les manifestations scolaires contre le port obligatoire du hijab 

  • Les étudiantes qui protestaient contre le port obligatoire du hijab ont été emmenées dans des «établissements correctionnels psychologiques» pour «rééducation», déclare le ministre iranien de l’Éducation
  • Le syndicat des enseignants a sévèrement critiqué le ministère de l’Éducation pour avoir estimé que les directrices d’établissements devaient devenir «le bras exécutif des forces de sécurité»

LONDRES: Selon le quotidien The Times, l’Iran procède désormais à l’arrestation de collégiennes qui ont participé à des manifestations contre le régime après la mort de Mahsa Amini.

Les étudiantes qui protestaient contre le port obligatoire du hijab ont été arrêtées et emmenées dans des «établissements correctionnels psychologiques» pour «rééducation», déclare le ministre iranien de l’Éducation.

Les policiers commencent à se présenter dans les établissements scolaires et exigent de voir les listes d’élèves qui ont participé aux manifestations, en particulier les filles. Ils se sont heurtés à la résistance de certaines écoles et une directrice au moins a été arrêtée pour avoir refusé de se plier à leurs exigences.

Youssef Nouri, le ministre de l’Éducation, soutient lors d’un entretien accordé au journal local réformiste Sharq: «Nous n’avons aucune élève en prison et celles qui ont été arrêtées ont été transférées dans des centres psychologiques de correction et d’éducation pour les empêcher de devenir des personnes antisociales.»

Certaines des images les plus impressionnantes du dernier mois de protestation en Iran ont été celles de collégiennes et d’étudiantes d’universités réservées aux femmes qui manifestaient et qui brandissaient leur hijab. Les manifestations ont été déclenchées par la mort en garde à vue de l’étudiante de 22 ans Mahsa Amini, qui avait été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour avoir porté son hijab «de manière inappropriée».

Un parent déclare que la directrice d’une école religieuse de Téhéran qui avait montré son soutien aux jeunes filles avait été contrainte de tenir une réunion de parents. Elle affirme qu’on lui a demandé de signaler tous les absents et les étudiants qui protestaient.

«Elle a dit aux parents qu’elle ne l’avait pas fait jusqu’à présent et qu’elle faisait également confiance à tout son personnel. Elle a cependant peur que d’autres les dénoncent et se sent responsable du bien-être de chaque élève», souligne le parent.

L’organe représentatif des syndicats d’enseignants précise qu’une responsable avait été arrêtée mardi dernier pour avoir refusé de se conformer à des demandes similaires. «Mme Oghabneshin, la directrice de l’école des filles de Khamenei à Karaj, a été arrêtée devant les élèves pour avoir refusé de remettre les images de vidéosurveillance aux agents et les avoir supprimées. Son sort demeure inconnu», indique cet organe dans un communiqué. 

Dans une autre école de Téhéran, une enseignante décrit comment le mouvement Basij – la force de police paramilitaire des Gardiens de la révolution – s’est présenté après que la directrice a refusé de dévoiler les noms. «Le Basij est venu identifier certaines élèves qui se sont démarquées par la manière dont elles portaient leur uniforme», déclare l’enseignante.

Le syndicat des enseignants a sévèrement critiqué le ministère de l’Éducation pour avoir estimé que les directrices d’établissements devaient devenir «le bras exécutif des forces de sécurité». Il les a soutenues dans leur démarche de ne pas se conformer à ces exigences, ce qui montre avec quelle ouverture on parle des manifestations dans le pays. Il a par ailleurs demandé plus d’informations sur le sort des étudiantes détenues.

Selon le syndicat, au moins vingt-huit étudiants auraient été tués lors de la vague de protestations, bien qu’on ne sache pas le nombre exact de collégiens et d’étudiants inscrits à l’université. Au moins vingt-trois mineurs auraient été tués à travers le pays au cours du mois dernier selon des organismes de défense des droits de l’homme basés à l’extérieur de l’Iran qui évaluent à deux cent un le nombre total de morts dans toutes les manifestations.

Lors d’une entrevue à la télévision, le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a réitéré que les manifestations étaient le produit de l’étranger.

«Les actions de l’ennemi, comme la propagande, le fait d’influencer les esprits, d’exciter les foules, de les encourager et même de leur apprendre à fabriquer des matières incendiaires sont désormais tout à fait claires», a-t-il déclaré.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.