La crise énergétique, un «risque majeur» pour l'industrie française

(De gauche à droite) La ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Artisanat et au Tourisme Olivia Gregoire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure donnent une conférence de presse après avoir rencontré les représentants des fournisseurs d'énergie au ministère de l'Economie à Paris le 5 octobre 2022. (AFP).
(De gauche à droite) La ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Artisanat et au Tourisme Olivia Gregoire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure donnent une conférence de presse après avoir rencontré les représentants des fournisseurs d'énergie au ministère de l'Economie à Paris le 5 octobre 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 13 octobre 2022

La crise énergétique, un «risque majeur» pour l'industrie française

  • Quelque 350 entreprises en difficulté ont sollicité Bercy pour des aides, a indiqué le ministre de l'Industrie Roland Lescure lors d'un point de presse à l'issue de la rencontre
  • Et encore ce nombre ne représente que «la partie visible de l'iceberg» des entreprises industrielles touchées, a-t-il prévenu

PARIS : L'augmentation des prix de l'énergie fait courir un "risque majeur" à l'industrie française dont la production devrait chuter de 10% sur un an au quatrième trimestre, s'inquiète le gouvernement qui a réuni jeudi les organisations professionnelles.

Quelque 350 entreprises en difficulté ont sollicité Bercy pour des aides, a indiqué le ministre de l'Industrie Roland Lescure lors d'un point de presse à l'issue de la rencontre.

Et encore ce nombre ne représente que "la partie visible de l'iceberg" des entreprises industrielles touchées, a-t-il prévenu.

"Je n'ai jamais caché que l'augmentation des prix de l'électricité et du gaz représentait un risque majeur pour l’industrie française", a déclaré à ses côtés Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.

Il a ajouté que sa priorité était de "sauver notre tissu industriel et d'aider les entreprises en leur apportant des réponses conjoncturelles et structurelles". L'industrie ne pèse que 13,5% du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 25% et près de 20% en Italie.

"Cette augmentation des prix de l'électricité et du gaz conduit pour le quatrième trimestre à une réduction de 10% de la production industrielle en France", a-t-il précisé, citant une estimation de France Industrie.

Cette organisation professionnelle a indiqué à l'AFP que les quatre secteurs les plus touchés par la hausse des prix de l'électricité et du gaz était "l'aluminium, l'acier, le verre et la chimie".

Mais les transports, la sous traitance mécanique, les industries agricoles et alimentaires, le ciment, le textile et la pêche sont également affectés.

Pour leurs achats "les industriels vont maintenant se fournir ailleurs, surtout dans la chimie. Les produits chimiques sont trop chers et ne peuvent plus être achetés en France", selon France Industrie.

Mais "pour l'instant, il n'y a pas de fermetures de sites constatées", tempère l'organisation.

Néanmoins, les 350 entreprises qui se sont fait connaître du ministère "sont suffisamment en difficulté pour nous alerter et qu'on les aide de manière très concrète avec des aides au financement, des rééchelonnements de dette, parfois même de l'aide à l'activité partielle", a détaillé Roland Lescure.

Aide simplifiée

Bruno Le Maire a confirmé la mise en place au 1er novembre d'un dispositif d’aide simplifiée pour les PME, selon des modalités qui doivent encore être validées par la Commission européenne.

Le dispositif sera accessible aux entreprises dont la facture énergétique représente plus de 3% du chiffre d'affaires en 2022 et non seulement en 2021 comme c'est jusqu'à présent le cas.

Ce critère pourrait devenir le "critère unique", souhaite le ministre qui prône un dispositif "simplifié à l’extrême" pour les PME. Le plafond d'aide actuellement de 2 millions d'euros serait porté à 4 millions pour ces entreprises.

Pour les plus grosses entreprises dites "énergo-intensives, Bruno Le Maire a évoqué des "dispositifs dérogatoires" pour qu’elles puissent être "soutenues très largement".

Le ministre a indiqué que la charte signée début octobre avec les fournisseurs d'énergie pour éviter les hausses excessives du prix du kilowatt/heure lors des renouvellements des contrats de gaz et d'électricité des entreprises était "largement appliquée et respectée".

"Mais il n'est pas acceptable qu'il y ait un seul cas d'abus, donc à chaque fois qu'il y aura un abus qui sera signalé, il sera rendu public", a prévenu Bruno le Maire.

Déjà confrontés à l'explosion de leur facture énergétique, les professionnels reçus à Bercy, parmi lesquels des représentants de l'industrie mais aussi des transports, de l'agriculture, de l'alimentaire ou des transports, ont fait savoir qu'ils n’avaient "pas besoin que se rajoutent des blocages sur les dépôts de carburants", a rapporté le ministre.

La grève dans les raffineries s'étendait jeudi, après 17 jours de conflit social.

A plus long terme, le gouvernement souhaite obtenir un découplage des prix de l’électricité de ceux du gaz pour obtenir une baisse structurelle des prix sur le marché européen.

M. Le Maire a dit que la France préconisait dans le cadre des pourparlers en cours à Bruxelles que "le fameux mécanisme ibérique qui permet de subventionner le gaz utilisé dans les centrales à gaz, et donc d'avoir un prix de l'électricité plus bas à la sortie, soit étendu à l'ensemble des pays européens".


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".