Les Houthis tentent de tromper les Yéménites sur le paiement des salaires des retraités de la fonction publique

Un employé de la Banque centrale du Yémen écrit une note à côté de piles de billets yéménite au siège de la banque à Sanaa, la capitale sous le contrôle des Houthis (Photo, AFP).
Un employé de la Banque centrale du Yémen écrit une note à côté de piles de billets yéménite au siège de la banque à Sanaa, la capitale sous le contrôle des Houthis (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Les Houthis tentent de tromper les Yéménites sur le paiement des salaires des retraités de la fonction publique

  • Al-Eryani a ajouté que le gouvernement yéménite donne la priorité au paiement des salaires, en particulier dans les zones contrôlées par les Houthis
  • «En contrepartie, la milice houthie a doublé les taxes, les droits de douane et la zakat imposés aux citoyens et au secteur privé, profitant du marché noir des dérivés du pétrole.», a signalé Al-Eryani

LONDRES: La milice houthie, soutenue par l'Iran, tente de tromper les Yéménites sur le paiement des salaires des retraités de la fonction publique, malgré leur décision de les suspendre, en commençant par son coup d'État, le pillage des réserves du trésor public et l'abandon de toutes les initiatives gouvernementales visant à les payer régulièrement, a déclaré le ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme, Moammar al-Eryani.

Il a ajouté que le gouvernement yéménite donne la priorité au paiement des salaires, en particulier dans les zones contrôlées par les Houthis, et s'efforce de trouver des solutions pratiques, car il considère qu'il s'agit d'une priorité humanitaire et d'une responsabilité publique, et qu'il a déployé de grands efforts, qui se sont heurtés à la milice houthie dans de nombreux cas.

«En 2019, afin de préserver les fonctionnaires et la régularité du travail des services vitaux, le gouvernement a payé les salaires de plus de 120 000 fonctionnaires et retraités dans les zones contrôlées par les Houthis, notamment le secteur de la santé, et de 50% des employés de l'enseignement supérieur, des universités d’Al-Hodeïda», a-t-il déclaré dans une série de tweets.

Al-Eryani a affirmé que le gouvernement a également mené des négociations avec la communauté internationale afin d'allouer une partie de l'aide humanitaire à un fonds destiné à couvrir le déficit, en particulier dans le secteur de l'éducation.

«En janvier 2020, la milice houthie a imposé une scission monétaire en empêchant la circulation de la monnaie émise par le siège de la Banque centrale du Yémen dans la capitale provisoire, Aden, ce qui a perturbé le paiement des salaires par le gouvernement dans les zones contrôlées par la milice, après avoir circulé pendant toute une année», a-t-il ajouté.

«En contrepartie, la milice houthie a doublé les taxes, les droits de douane et la zakat imposés aux citoyens et au secteur privé, profitant du marché noir des dérivés du pétrole. À titre d'exemple, selon le rapport d'un groupe d'experts, la valeur des taxes et autres revenus des Houthis en 2019 s'est élevée à plus de 1,84 milliard d’euros», a-t-il également signalé.

Selon des estimations indépendantes, les sommes obtenues par les milices houthies au cours de l'année 2020 ont dépassé 4 milliards d’euros, des montants équivalant à plusieurs fois la facture des salaires des employés et des retraités de l'État dans les zones qu'ils contrôlent, a indiqué Al-Eryani.

«Depuis la trêve d'avril 2022, le double du nombre habituel de navires transportant les dérivés du pétrole sont arrivés au port d’Al-Hodeïda, avec des recettes fiscales et douanières dépassant 871 millions d’euros. Cette somme a été pillée par les Houthis qui entravent les discussions visant à établir leur décaissement afin de couvrir une partie des salaires des fonctionnaires et des retraités dans les zones qu’ils contrôlent», a-t-il précisé.

L'envoyé de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, a proposé de payer les salaires des fonctionnaires dans les zones contrôlées par les Houthis, mais les milices ont rejeté cette proposition et ont exigé le paiement du budget de 2014, qui comprenait les salaires des militaires et des membres des milices de sécurité qui ont remplacé les forces de sécurité étatiques, a-t-il mentionné.

«La milice houthie affirme qu'avant la guerre, les revenus pétroliers représentaient 70% du budget, ignorant que ces revenus ont diminué de 75% à cause de la guerre qu'elle a imposée, provoquant le départ d'entreprises et d'investissements étrangers et stoppant la production et l'exploration pétrolières, ainsi que l'exportation de gaz naturel liquéfié.»

Alors que les recettes pétrolières de l'État dépassaient 5 milliards d’euros en 2014, ces recettes ont baissé à près d'un milliard d’euros, a-t-il affirmé. Il a ajouté que le gouvernement tient à régler cette question selon des contrôles qui garantissent des salaires durables et le traitement des recettes, notamment les ports d’Al-Hodeïda et les recettes fiscales dans les zones houthies, et en assurant un rôle clair à la communauté internationale afin de financer les déficits salariaux et de régler la scission monétaire imposée par les Houthis.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.


Soudan: 40 morts au Kordofan, les combats s'intensifient dans la région

Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
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  • L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours
  • "Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles"

PORT-SOUDAN: Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour.

L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours.

Le conflit entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR de Mohammed Daglo a éclaté en avril 2023 et se concentre désormais au Kordofan, région stratégique car située entre la capitale Khartoum, contrôlée par les militaires, et le Darfour, aux mains des paramilitaires.

"Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles" à El-Obeid, a déclaré le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Les violences continuent aussi au Darfour, selon l'Ocha, qui fait état de "multiples frappes aériennes et de drones" survenues dimanche, sans pouvoir donner de bilan du fait de l'accès limité au terrain et des difficultés de communications.

"Viols collectifs" 

Depuis la chute aux mains des paramilitaires le 26 octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée au Darfour, l'ONU a fait état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population.

"Nous nous réveillons en tremblant de peur, les images du massacre nous hantent", a témoigné Amira, mère de quatre enfants réfugiée à Tawila, une ville à environ 70 kilomètres d'El-Facher, où s'entassent les déplacés sous des bouts de tissus transformés en tentes ou en auvent.

"C'étaient des viols collectifs. Des viols collectifs en public, devant tout le monde, et personne ne pouvait les arrêter", a-t-elle raconté.

Des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université américaine de Yale, qui documente la situation à El-Facher depuis le début du siège il y a 18 mois, ont permis de mettre en évidence des atrocités sur place.

Ces rapports ont déclenché l'"indignation générale", a déclaré à l'AFP Nathaniel Raymond, directeur du HRL qui croise les vidéos postées par des paramilitaires "en train de tuer des gens à un volume record" avec les images satellites afin de géolocaliser les exactions.

Le patron de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est indigné des "attaques continues visant le système de santé", affirmant que quatre personnes, dont des enfants, avaient été tuées à l'hôpital pédiatrique de la région de Kernoi, au Darfour, près de la frontière du Tchad.

Pourparlers ou combats ? 

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, s'est efforcé ces derniers jours, lors d'un déplacement au Caire, de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant aussi l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Ce groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions sont restées lettre morte.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait pourtant exhorté mardi les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence".

Mais après avoir étudié la proposition de cessez-le-feu, les autorités pro-armée ont affirmé que la guerre allait continuer.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais se poursuivent", a déclaré le ministre de la Défense, Hassan Kabroun.

Le Conseil de souveraineté présidé par le chef de l'armée, le général al-Burhane, a néanmoins présenté un plan pour "faciliter l'accès à l'aide humanitaire" et "la restauration de la sécurité et de la paix dans toutes les régions du Soudan", selon le compte-rendu du ministre.

 "Malnutrition sévère" 

"La situation sur le terrain est très compliquée", a reconnu la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Plus de 71.000 civils ont fui El-Facher depuis sa chute et quelque 12.000 arrivées ont été enregistrées à Tawila, selon l'ONU.

La guerre entre l'armée et les FSR a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU.

La situation des populations déplacées reste critique, a averti l'Unicef en soulignant que 14,6% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition sévère.