Portrait: Saëb Erakat, vétéran des négociations de paix avec Israël

Saëb Erekat, ancien secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (Photo, Abbas MOMANI/AFP).
Saëb Erekat, ancien secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (Photo, Abbas MOMANI/AFP).
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Publié le Mardi 10 novembre 2020

Portrait: Saëb Erakat, vétéran des négociations de paix avec Israël

  • Erakat faisait partie de ces Palestiniens qui ont cru en la négociation plutôt qu'en la lutte armée
  • Cet universitaire, qui s'exprimait dans un anglais volontiers teinté d'humour et de formules marquantes, a fait partie de toutes les équipes de négociateurs avec Israël depuis 1991

RAMALLAH: Saëb Erakat, décédé mardi à 65 ans du nouveau coronavirus, était officiellement le négociateur en chef des Palestiniens. Mais à défaut de pourparlers avec Israël, à l'arrêt, il a dû se contenter ces dernières années d'être un avocat éloquent de la cause palestinienne.

Secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) depuis 2015, soit numéro deux dans l'organigramme, Erakat faisait partie de ces Palestiniens qui ont cru en la négociation plutôt qu'en la lutte armée.

Cet universitaire, qui s'exprimait dans un anglais volontiers teinté d'humour et de formules marquantes, a fait partie de toutes les équipes de négociateurs avec Israël depuis 1991, à l'exception notable de celle qui discuta secrètement des accords d'Oslo en 1993.

Nommé en 2003 chef de l'équipe de négociations de l'OLP, il avait démissionné de ce poste brièvement en 2011 en raison de la divulgation de centaines d'archives sur les discussions avec Israël de 1999 à 2010 --les « Palestine Papers »-- diffusées par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera.

Ces documents montraient les émissaires palestiniens, notamment Saëb Erakat, prêts à des concessions importantes sans contreparties apparentes d'Israël sur des sujets aussi cruciaux que le statut de Jérusalem ou les réfugiés palestiniens.

Les responsables palestiniens étaient parvenus à contenir le scandale mais Erakat s'était retrouvé fragilisé par des informations selon lesquelles le principal responsable présumé des fuites travaillait dans son service.

Ce vieux routier de la diplomatie a toutefois repris sa place de négociateur et a dirigé les tractations côté palestinien lors de la dernière tentative de paix américaine, lancée sous la présidence Obama et avortée en 2014.

Depuis, il assistait impuissant, sous l'effet des intérêts contraires, des mauvaises volontés, des violences ou de la colonisation, à la déconfiture du rêve d'un Etat palestinien indépendant pour lequel il se battait.

L'homme aux éternelles lunettes rectangulaires sans monture avait multiplié ces derniers mois les déclarations contre le projet israélien d'annexion de la Cisjordanie occupée et, ces dernières semaines, contre la normalisation des relations entre Israël et des pays du Golfe, conclue sans paix préalable entre les Palestiniens et l'Etat hébreu.

Proche d'Abbas

Né à Jérusalem en 1955, sept ans après la création d'Israël, il fut un proche de Yasser Arafat, leader historique du mouvement national palestinien, même s'il ne l'a pas suivi dans ses exils successifs.

Il est ensuite devenu un proche de Mahmoud Abbas, qui a succédé à Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne, gravitant dans son cercle restreint et passant pour l'un de ses successeurs potentiels.

Le haut responsable, toujours en costume cravate, était un interlocuteur incontournable des émissaires étrangers. Il était aussi l'un des responsables palestiniens les plus loquaces sur Twitter, publiant quasi quotidiennement des messages en arabe et en anglais.

Dernièrement, il s'était fait l'un des détracteurs les plus volubiles de la politique d'Israël de ne pas restituer les corps des Palestiniens tués par l'armée israélienne. Son propre neveu avait été tué en juin à un point de passage militaire en Cisjordanie occupée et sa dépouille est toujours conservée en Israël.

Problèmes pulmonaires

Atteint de fibrose pulmonaire, Erakat avait subi en 2017 une greffe de poumon dans un hôpital américain avant de reprendre ses activités.

L'OLP avait annoncé le 9 octobre qu'il avait contracté le nouveau coronavirus et avait été transféré le 18 octobre à l'hôpital Hadassah de Jérusalem.

Ex-journaliste au quotidien indépendant Al-Qods de Jérusalem-Est, Saëb Erakat était docteur en polémologie (les relations internationales mettant l'accent sur la compréhension des conflits, NDLR) de l'université britannique de Bradford et avait enseigné à l'université An-Najah de Naplouse (Cisjordanie) de 1979 à 1991. 

Marié et père de quatre enfants, il vivait à Jéricho, dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée.

Auteur d'une dizaine de livres sur la diplomatie et la résolution de conflits, il a contribué à un ouvrage sorti en mai 2020 sur les effets de la pandémie de nouveau coronavirus sur la société palestinienne.


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.