Tunisie : Ghannouchi se rêve en Guide suprême de son parti

Rached Ghannouchi, Président de l'Assemblée des représentants du peuple tunisien (Photo, Fethi BELAID/AFP).
Rached Ghannouchi, Président de l'Assemblée des représentants du peuple tunisien (Photo, Fethi BELAID/AFP).
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Publié le Mercredi 11 novembre 2020

Tunisie : Ghannouchi se rêve en Guide suprême de son parti

  • Rached Ghannouchi veut se maintenir à vie à la tête de cette formation en troquant ce statut contre celui de «Zaim» («leader»)
  • Le fondateur et président d’Ennahdha depuis trente ans sans discontinuer, n’a pas envie de se plier à l’article 31 des statuts qui limite à deux le nombre de mandats auxquels il a droit

TUNIS: Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Parlement tunisien, aurait dû avoir quitté son autre casquette depuis six mois déjà et pris sa retraite de président du mouvement Ennahdha, son parti. En effet, le onzième congrès de cette formation islamiste aurait dû se tenir à la fin du mois de mai 2020 au plus tard, notamment pour élire un successeur à l’actuel président.

Mais six mois après cette échéance, le raout quadriennal du parti islamiste, qui a le plus grand groupe parlementaire (53 députés) et constitue le principal appui du nouveau gouvernement formé le 2 septembre 2020 par M. Hichem Mechichi, n’a pas eu lieu et aucune date n’a été fixée à ce jour pour sa tenue. Car le fondateur et président d’Ennahdha depuis trente ans sans discontinuer, et plus de quarante ans au total, n’a pas envie de se plier à l’article 31 des statuts qui limite à deux le nombre de mandats auxquels il a droit.

Bien sûr, à ce jour, M. Ghannouchi n’a pas officiellement déclaré vouloir se succéder à lui-même. Il laisse en effet depuis deux mois à son entourage le soin de mener en son nom la guerre de succession. Au cours d’une interview sur la chaîne de télévision nationale Wataniya, le  8 novembre dernier, il a affirmé ne pas s’être porté candidat et ne pas avoir l’intention de le faire, ni à la présidence de son parti ni à l’élection présidentielle de 2024. «Pour l’instant», a-t-il tenu à préciser.

Resté secret depuis des années – M. Ghannouchi essaie depuis 2016 au moins de modifier l’article 31, mais en vain –, ce bras de fer a été étalé sur la place publique à la mi-septembre via une lettre adressée par 100 dirigeants du parti à leur président pour lui signifier ouvertement leur opposition à son maintien à ce poste.

Depuis, l’entourage de M. Ghannouchi a changé son fusil d’épaule. Après avoir essayé de passer en force pour imposer un amendement de l’article 31, il donne l’impression de chercher une solution de compromis.

Deux de ses proches – Abdelkrim Harouni, président du Majles el-Choura, qui fait office de Parlement du mouvement; et son gendre, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem –, ont lancé une initiative visant en apparence à trouver un terrain d'entente avec les opposants à l'amendement des statuts du parti pour permettre à Ghannouchi de rester président. En réalité, ils n’ont pas renoncé à imposer l’agenda de leur chef, mais en procédant autrement.

Ainsi, ils proposent le report du congrès de un an et demi à deux ans, «un engagement clair (sous-entendu par Ghannouchi) à passer le témoin», et l'aménagement d'un statut sur mesure pour ce dernier «pour tirer profit de son expérience et de ses relations internationales».

La solution que le président du mouvement Ennahdha a en tête, et que le tandem Harouni-Abdessalem a dévoilé, s’inspire un tant soit peu du système iranien de Velayat-e faqih («gouvernement du Docte») où un Guide suprême est l’autorité du pays au-dessus du chef de l’État, du chef du gouvernement et du président du Parlement.

M. Ghannouchi renoncerait au maroquin de président du parti qui irait à un autre membre de la direction que le prochain congrès choisirait. En contrepartie, il voudrait se faire introniser Zaim («leader»), un nouveau poste à créer spécialement pour lui. Avec trois avantages à la clef: garder les mêmes pouvoirs et avantages – quasiment illimités – qui sont les siens aujourd’hui comme président, notamment celui d’être le candidat du parti aux plus hautes charges de l’État  notamment (la présidence de la république); et ne plus être soumis à la contrainte de la limitation du nombre de mandats.

Autrement dit, rester à vie aux commandes d’Ennahdha, s’il n’arrive pas à réaliser son rêve «suprême»: devenir président. Un titre dont il raffole. Au point, raconte le témoin d’une scène, que depuis son élection à la tête de l’ARP, il ignore toute personne qui l’appelle par son ancien titre, cheikh.

Mais entre le désir et la réalité, il y a un obstacle qui risque d’être insurmontable. En l’occurrence, l’opposition d’une partie de ses «frères» à son maintien aux commandes du mouvement sous quelque appellation que ce soit, et qui menacent aujourd’hui de porter le litige devant les tribunaux et même, solution extrême, de quitter le parti pour en créer un nouveau.

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Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.