Ethiopie: satisfaction prudente après l'accord de paix au Tigré

Le conflit a commencé le 4 novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de l'exécutif du Tigré qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué une base militaire fédérale. (Photo, AFP)
Le conflit a commencé le 4 novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de l'exécutif du Tigré qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué une base militaire fédérale. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 novembre 2022

Ethiopie: satisfaction prudente après l'accord de paix au Tigré

Le conflit a commencé le 4 novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de l'exécutif du Tigré qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué une base militaire fédérale. (Photo, AFP)
  • Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a «exhorté» les parties à «poursuivre les négociations sur les questions en suspens (...) pour parvenir à un règlement politique durable» et «remettre le pays sur la voie de la paix»
  • L'accord a été conclu moins de 48 heures avant le triste deuxième anniversaire du déclenchement du conflit, après neuf jours de discussions sous l'égide de l'Union africaine à Pretoria

ADDIS ABEBA: La communauté internationale a salué avec prudence jeudi l'accord signé la veille entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles du Tigré pour mettre fin à la guerre très meurtrière qui ravage le nord de l'Ethiopie. 

L'accord a été conclu moins de 48 heures avant le triste deuxième anniversaire du déclenchement du conflit, après neuf jours de discussions sous l'égide de l'Union africaine à Pretoria. 

Le texte n'a pas été rendu public mais les deux parties ont indiqué dans une déclaration commune s'être notamment engagées à cesser immédiatement les hostilités, au désarmement des forces rebelles, à permettre la reprise de l'acheminement de l'aide humanitaire vers le Tigré et le rétablissement des services de base (électricité, télécommunications, banques...) dont la région est privée depuis plus d'un an. 

Il ne précise pas les modalités du désarmement et laisse de nombreux points en suspens, comme la présence sur le sol éthiopien de l'armée de l'Erythrée voisine qui a apporté une aide cruciale au Tigré à l'armée éthiopienne. 

Asmara n'a pas été invité aux pourparlers. 

Dès sa signature, le médiateur en chef de l'UA, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a averti: "Ce moment n'est pas la fin du processus de paix, mais son début. La mise en œuvre de l'accord de paix signé aujourd'hui est essentiel". 

Washington, dont l'envoyé spécial pour la Corne de l'Afrique Mike Hammer était présent à Pretoria, a salué une "importante étape pour la paix", mais le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a "exhorté" les parties à "poursuivre les négociations sur les questions en suspens (...) pour parvenir à un règlement politique durable" et "remettre le pays sur la voie de la paix". 

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté rappelé qu'une "mise en œuvre rapide de l'accord sur le terrain (...) était nécessaire". 

"De plus amples négociations sont encouragées pour parvenir à un accord de cessez-le-feu permanent", a poursuivi M. Borrell, rappelant aussi que la traduction en justice des auteurs de crimes et atrocités "était la pierre angulaire d'une paix et d'une réconciliation durables". 

« Impunité » 

L'ONG Amnesty International a ainsi estimé dans un communiqué que l'accord "n'offrait pas de feuille de route claire sur la façon de s'assurer que les crimes de guerre et contre l'humanité soient jugés et néglige l'impunité généralisée dans le pays". 

Jeudi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s'est de son côté targué d'avoir obtenu à Pretoria "100%" de ce que son gouvernement réclamait. 

"Dans les négociations en Afrique du Sud, 100% des idées proposées par l'Ethiopie ont été acceptées", a-t-il plastronné devant une foule de partisans à Arba Minch, dans le sud du pays. 

"Parmi les victoires obtenues (dans l'accord), la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ethiopie ont été acceptées par les deux parties", a-t-il souligné, ainsi que le principe d'une "seule force armée dans un pays donné". 

La presse n'a pas accès au nord de l'Ethiopie et les communications y fonctionnent de façon aléatoire, rendant impossible de savoir si le cessez-le-feu était respecté jeudi. 

Le bilan du conflit, marqué par d'innombrables exactions et qui se déroule largement à huis clos, est inconnu, mais l'International Crisis Group (ICG) et Amnesty international (AI) le décrivent comme "un des plus meurtriers au monde". 

Le conflit a commencé le 4 novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de l'exécutif du Tigré qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué une base militaire fédérale. 

La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le nord de l'Ethiopie, déplaçant plus de deux millions d’Ethiopiens et plongeant des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.