Pour la «génération perdue» de Syriens en Jordanie, le retour au pays a comme un goût amer

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
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Publié le Lundi 07 novembre 2022

Pour la «génération perdue» de Syriens en Jordanie, le retour au pays a comme un goût amer

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
  • Selon les chiffres officiels, un total de 3 325 réfugiés syriens sont rentrés dans leur pays ravagé par la guerre depuis la Jordanie au cours des neuf derniers mois
  • D’après un récent rapport d’évaluation de la vulnérabilité du HCR en Jordanie, le réfugié syrien moyen en Jordanie a une dette de 343,1 dinars jordaniens (483 dollars)

AMMAN: Chadi, un réfugié syrien vivant en Jordanie, est heureux d’avoir la possibilité de retourner dans son pays natal, mais il a peur des poursuites judiciaires ou de l’enrôlement forcé dans l’armée à son arrivée.

Préférant être désigné uniquement par son prénom, Chadi déclare être arrivé en Jordanie avec sa famille en 2013, au plus fort de la guerre civile en Syrie.

Il travaille actuellement dans un salon de coiffure pour hommes à Amman. Le jeune homme de 26 ans affirme qu’il gagne «beaucoup d’argent», ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille.

S’adressant à Arab News, Chadi soutient qu’il appartient «à une génération perdue». Il ajoute: «Je suis tiraillé entre la Syrie – mes racines – et la Jordanie, où j’ai grandi. Je me suis installé en Jordanie à l’âge de 17 ans et c’est ici que ma vie a commencé à prendre forme.»

Aujourd’hui, contre toute attente, Chadi dit vouloir retourner en Syrie, mais il craint d’être soumis à l’enrôlement militaire obligatoire ou à des poursuites judiciaires s'il met son projet à exécution.

«J’aimerais vraiment pouvoir retourner en Syrie. Nous avons entendu dire qu’à Damas, la ville dont nous sommes originaires, la situation est stable et les conditions normales. Mais je connais de nombreux jeunes hommes qui y sont retournés et tous ont été contraints de s’engager dans l’armée ou ont fait l’objet de poursuites. C’est une forme de vengeance pour les punir d’avoir quitté le pays.»

Chadi précise qu’il aurait pu se rendre en Allemagne comme des milliers d’autres Syriens, ou au Canada, grâce à un programme géré par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), mais sa famille et lui ont préféré rester en Jordanie.

«Ici (en Jordanie), nous nous sentons plus chez nous.»

Selon les chiffres officiels, un total de 3 325 réfugiés syriens sont rentrés dans leur pays ravagé par la guerre depuis la Jordanie au cours des neuf derniers mois.

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. L’Agence des nations unies pour les réfugiés a annoncé le retour de 38 379 réfugiés en Syrie en provenance de la Jordanie, du Liban, de la Turquie, de l’Irak et de l’Égypte au cours des neuf derniers mois.

«Les chiffres des rapatriés en Syrie sont ceux qui ont été vérifiés ou surveillés par le HCR et ne reflètent pas le nombre total de rapatriés qui pourrait être beaucoup plus élevé», déclare le HCR dans un communiqué.

La Jordanie offrirait refuge à près d’1,3 million de Syriens, dont quelque 670 000 personnes officiellement enregistrées auprès du HCR en tant que réfugiés, ce qui en ferait le deuxième plus grand pays d’accueil de réfugiés syriens par habitant au monde après le Liban. La Turquie a accueilli 3,6 millions de réfugiés syriens et le Liban près d’un million, selon l’organisation.

La Jordanie comprend deux camps près de la frontière syrienne: le camp de Zaatari, qui est le plus grand du Moyen-Orient, et le camp d’Azraq. Mais la plupart des Syriens en Jordanie vivent dans des villes et des centres urbains, où le travail dans certains secteurs est lucratif.

L’année dernière en Jordanie, «62 000 permis de travail ont été délivrés à des Syriens – un nombre record», rapporte le HCR, ce qui représente «le nombre annuel le plus élevé depuis la mise en place des permis de travail pour les réfugiés syriens».

Les réfugiés syriens sont autorisés à travailler dans plusieurs secteurs en Jordanie depuis 2016, après que les pays donateurs se sont engagés à financer et à faciliter les échanges commerciaux au Royaume, dans le cadre du Plan de réponse de la Jordanie à la crise syrienne (JRP).

Déficits budgétaires

La Jordanie déclare que le financement du JRP n’avait atteint que 235 millions de dollars (1 dollar = 1 euro), soit 10,3 % des objectifs, au cours du premier semestre de 2022.

Le ministère de la Planification et de la Coopération internationale déclare que les besoins de financement totaux du JRP s’élèvent à 2,28 milliards de dollars.

«Le plan reste largement non financé, avec un déficit de 2,04 milliards de dollars, soit 89,7 % du montant total du financement requis», mentionne le ministère dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle jordanienne Pétra.

Le ministère ajoute que 83,4 millions de dollars ont été consacrés au soutien des réfugiés syriens sur les 235 millions de dollars obtenus auprès de donateurs internationaux, tandis que près de 60 millions de dollars ont été fournis aux communautés d’accueil.

En 2021, 744,4 millions de dollars, soit 30,6 % du JRP, ont été financés, selon le ministère, avec un déficit restant d’1,68 milliard de dollars.

Le HCR en Jordanie a également déclaré qu’il souffrait d’un déficit budgétaire de 24 millions de dollars, l’empêchant de mener à bien des programmes humanitaires pour les réfugiés syriens dans le pays.

Le HCR a indiqué dans un rapport établi en août dernier que le manque de financement au titre de l’année 2022 affectera les services proposés aux réfugiés syriens ainsi qu’aux communautés d’accueil de Jordanie.

Il ajoute que seulement 42 % de ses besoins financiers en Jordanie pour l’année 2022 avaient été reçus au 25 octobre.

Dans un discours récent prononcé à la télévision gouvernementale Al-Mamlakah, le porte-parole du HCR en Jordanie, Mishaal al-Fayez, a affirmé que le pays n’avait reçu aucun financement pour le programme d’assistance hivernale.

Il ajoute que le HCR avait besoin de 46 millions de dollars pour fournir une aide en espèces à 120 000 familles réfugiées en Jordanie, soulignant que l’organisation était en contact avec les donateurs pour trouver un moyen de répondre aux besoins de financement.

Selon un récent rapport d’évaluation de la vulnérabilité du HCR en Jordanie, le réfugié syrien moyen en Jordanie a une dette de 343,1 dinars jordaniens (483 dollars).

Dans un article récent, l’analyste politique et économiste jordanien Issam Qadamani a fait part de sa consternation en critiquant la communauté internationale et les pays donateurs de «ne pas avoir honoré leurs promesses et de laisser des pays hôtes, comme la Jordanie et le Liban, gérer seuls et sans ressources le dilemme des réfugiés».

M. Qadamani déclare que la rhétorique de la communauté internationale sur les réfugiés est passée de l’accent mis sur le retour volontaire à la promotion de la réinstallation.

«La communauté internationale a changé de discours et elle ne parle plus que de la réinstallation des réfugiés. Elle a toujours fait preuve de faiblesse en matière de financement des coûts qui incombent aux pays d’accueil», avertit-il.

Commentant les inquiétudes concernant les changements démographiques dans les pays d’accueil, M. Qadamani soutient que le Liban avait déjà lancé des plans pour renvoyer les réfugiés syriens chez eux, malgré la pression internationale.

«La réinstallation des réfugiés en Jordanie est également inacceptable en raison des ressources limitées et des conditions économiques difficiles du Royaume.»

Alors que la Jordanie «ne reçoit que des paroles en l’air» de la communauté internationale et que l’aide étrangère ne dépasse pas 10 % des objectifs de financement requis, Issam Qadamani précise que la Jordanie doit «mettre en place des plans pour renvoyer les réfugiés en Syrie dans les régions où règne la stabilité».

Il conclut en écrivant: «Et dans le cas où le retour des réfugiés n’est pas une option, la communauté internationale est tenue de supporter la charge financière et d’accueillir les réfugiés, mais pas de manière sélective et raciste comme elle l’a fait avec les Ukrainiens.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La municipalité de Riyad confirme qu'une seule entreprise est responsable des récents cas d'intoxication alimentaire

La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
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  • Les autorités ont déclaré que la chaîne de restauration rapide pourrait être condamnée à une amende en raison de l'épidémie qui a entraîné l'hospitalisation de dizaines de personnes
  • Le ministère saoudien de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, dont une est décédée

RIYAD : La municipalité de Riyad a confirmé vendredi que les résultats d'une enquête préliminaire menée par les autorités sanitaires suggèrent qu'une seule entreprise est responsable de plusieurs cas d'intoxication alimentaire la semaine dernière, causés par la bactérie Clostridium botulinum, qui ont nécessité l'hospitalisation de dizaines de personnes.

Elle a également confirmé que la chaîne pourrait être condamnée à une amende pour cette épidémie, révélée le 25 avril, et que toutes ses succursales et ses installations de transformation des aliments à Riyad et à Al-Kharj restaient fermées.

Le montant de l'amende sera fixé conformément à la législation en vigueur, sur la base d'une enquête complète et en tenant compte de la gravité des effets de l'incident sur les personnes malades, a ajouté la municipalité.

Elle n'a pas précisé combien de temps les succursales et autres installations de l'entreprise resteraient fermées, mais a indiqué que tous les produits alimentaires qu'elles contenaient seraient détruits et que le processus de nettoyage et de désinfection de tous les bâtiments, outils et machines serait supervisé par des fonctionnaires de la municipalité.

« Nous confirmons la sécurité des produits alimentaires pour les restaurants, les cuisines, les cafés et les traiteurs de la région de Riyad, car aucun cas n'a été enregistré en dehors de la source susmentionnée », a déclaré la municipalité.

La déclaration de vendredi n'a pas nommé la société impliquée, mais Arab News a rapporté la semaine dernière qu'un certain nombre de cas d'intoxication alimentaire semblaient liés à la chaîne de restauration rapide Hamburgini.

La municipalité de Riyad a déclaré que les équipes de surveillance sanitaire avaient pris des mesures rapides pour enquêter et surveiller la situation dès qu'elles ont commencé à recevoir des rapports sur les cas d'intoxication alimentaire.

Le 26 avril, Nawaf Al-Fozan, fondateur et PDG de Hamburgini, a partagé une vidéo sur la page Instagram de la chaîne qui confirme son implication dans l'épidémie.

Dans un communiqué distinct publié vendredi, le ministère saoudien de la Santé a également déclaré que tous les cas d'intoxication alimentaire étaient liés à la même source.

Le ministère de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, et qu’un décès avait enregistré, et qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé au cours des cinq derniers jours.

« Le nombre total de cas recensés s'élève à 75, dont 69 ressortissants saoudiens et 6 non saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère, le Dr Mohammed Al-Abd Al-Aly, dans un communiqué diffusé sur le réseau social X vendredi.

Le communiqué précise que 50 des cas ont été diagnostiqués comme étant causés par la bactérie Clostridium botulinum. Le ministère a expliqué que 43 patients avaient complètement récupéré et étaient sortis de l'hôpital, que 11 étaient actuellement en cours de traitement et que 20 cas étaient étroitement surveillés dans des unités de soins intensifs (USI).

« Le ministère continue de suivre de près les cas hospitalisés et de leur fournir les soins nécessaires, tout en leur souhaitant un prompt rétablissement », indique le communiqué. Il a souligné « l'importance de se fier aux sources officielles pour les instructions et les informations, et de ne pas répandre de rumeurs et de fausses informations ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les événements de la Semaine de l'environnement mettent en lumière le rôle de leader de l'Arabie saoudite

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
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  • Riyad accueille une série de discussions sur les défis posés par la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols
  • Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols contribuent à la désertification

RIYAD : La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est connue pour son climat chaud et sec et ses faibles ressources en eau. Les conditions climatiques difficiles sont un facteur contribuant au fléau permanent de la région que sont la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols.

Ces problèmes entraînent des déséquilibres dans les différents écosystèmes, qui nuisent particulièrement au secteur agricole et imposent des difficultés économiques aux populations locales. L'importance croissante de ce problème régional a incité l'Arabie saoudite à organiser des discussions régulières.

Cette semaine, la Semaine de l'environnement a été l'occasion de faire le point sur les défis à relever et les progrès accomplis jusqu'à présent. Les événements organisés pendant la Semaine de l'environnement ont mis en lumière le rôle de chef de file de l'Arabie saoudite en matière de préservation de l'environnement et de développement durable.

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. (Shutterstock)

Les écologistes ont eu l'occasion d'échanger sur une série de sujets, l'accent étant naturellement mis sur la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols. A cette occasion, Arab News a interviewé Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyad.

« Il est devenu extrêmement difficile pour l'humanité de faire face à la fréquence des défis », a-t-il déclaré. « L'Arabie saoudite joue évidemment un rôle très important. Il ne s'agit pas d'une petite économie, c'est pourquoi la demande de soutien de la part de l'Arabie saoudite augmente également ».

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (fourni)

Thiaw a évoqué certaines des conséquences de la dégradation des sols et de la sécheresse, telles que l'augmentation des migrations irrégulières. « On assistera probablement à une concurrence accrue pour les terres et l'eau, et donc à une augmentation des conflits », a-t-il déclaré.

La sécheresse, un problème majeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, a mis les ressources en eau sous pression, parallèlement à la hausse des températures. Les réserves d'eau de surface et d'eau souterraine diminuent en raison de la baisse des précipitations et de l'augmentation des taux d'évaporation.

Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)
Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)

En conséquence, les rivières et les lacs s'assèchent et les pénuries d'eau sont devenues un grave problème. De plus, pour de multiples raisons environnementales, dont la sécheresse, la région connaît de fréquentes tempêtes de sable.

« Il y a environ 50 pays qui sont des sources de tempêtes de poussière, mais il y a 150 pays qui sont touchés par ce phénomène. C'est donc devenu un problème mondial », a déclaré Thiaw, en parlant de l'impact des tempêtes de poussière d'un pays sur un autre.

« On peut citer un pays pour mettre en lumière les tempêtes de poussière, mais il s'agit d'un phénomène mondial auquel nous devons tous nous attaquer. Pour ce faire, il faut des traités mondiaux tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui compte actuellement 197 parties. Il s'agit donc d'une institution universelle qui organise un sommet, une réunion, tous les deux ans ».

« La prochaine réunion se tiendra ici à Riyad en décembre 2024, où les 197 pays se réuniront au niveau des chefs d'État, des ministres et des experts, des communautés et ONG ainsi que des organisations de la société civile, pour discuter justement de cela, à savoir des conséquences de la dégradation des terres et de la sécheresse sur la vie et les moyens de subsistance des communautés. »

En outre, les experts soulignent que la sécheresse et la désertification s'influencent mutuellement.

La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un autre défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Par conséquent, les terres arables disparaissent et la production alimentaire diminue, ce qui aggrave le problème de l'insécurité alimentaire. Selon Thaiaw, la désertification entraîne également le déplacement de communautés, les populations étant forcées de migrer à la recherche de zones plus hospitalières.

À l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad, Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement, a donné son point de vue sur la crise de la désertification à Arab News.

Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)
Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)

« En ce qui concerne l'Arabie saoudite, le pays a clairement perçu l'impact de la désertification et en a fait une priorité pour cette année. Je dis « cette année » parce que, lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui s'est tenue fin février, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une initiative visant à lutter contre la dégradation. Cette initiative a été adoptée, et ce au niveau mondial », a expliqué Mrema.

« En outre, le mois prochain, le 5 juin, ce pays accueillera la Journée mondiale de l'environnement.

Cette journée est célébrée chaque année. Elle est mondiale car elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cette année, c'est l'Arabie saoudite qui l'accueille ».

« Cette année, l'Arabie saoudite accueillera la conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Elle se déroulera ici sur le thème « Notre terre, notre avenir », qui met à nouveau l'accent sur la terre.

En outre, la combinaison de la sécheresse et de la désertification dans une même région entraîne une dégradation des terres, ce qui aggrave encore la crise environnementale au Moyen-Orient. L'érosion des sols, la salinisation et l'épuisement des nutriments du sol sont quelques-uns des résultats de la dégradation des sols.

Alors que la productivité agricole diminue dans le monde entier, les agriculteurs sont confrontés à des défis majeurs pour assurer leur subsistance, sans compter que les problèmes environnementaux augmentent la vulnérabilité des écosystèmes, ce qui entraîne également une perte de biodiversité et un déséquilibre des écosystèmes.

« L'Arabie saoudite montre au monde qu'il s'agit d'un problème mondial.  Les initiatives prises par le gouvernement ces dernières années témoignent de son engagement à traiter ces questions », a souligné Mme Mrema.

La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).
La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).

« Je me penche sur la Vision 2030 saoudienne, sur les stratégies environnementales de 2018, sur l'Initiative verte saoudienne. Je me réfère à l'Initiative verte pour le Moyen-Orient, qui s'engage à atteindre un niveau régional pour planter 50 milliards d'arbres, dont 10 que l'Arabie saoudite s'est engagée à planter dans ce pays. Il ne s'agit pas de s'engager verbalement, mais de mettre en place une institution pour s'assurer que cela se produise ».

Pour relever les trois défis de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols au Moyen-Orient, il faut adopter une approche à multiples facettes. Thiaw et Mrema sont d'avis que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales doivent collaborer pour mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de l'eau, promouvoir des technologies d'irrigation efficaces et investir dans les sources d'énergie renouvelables.

En outre, les efforts de reboisement et la protection des habitats naturels peuvent contribuer à réduire la désertification et la dégradation des sols.

La sensibilisation à l'importance des pratiques d'utilisation durable des terres et le soutien aux communautés touchées constituent une étape importante vers des solutions à long terme pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et pour le monde entier.

En résumé, les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord souffrent des effets de l'intensification de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols. Une action urgente est nécessaire pour inverser cette tendance et assurer la durabilité environnementale de la région.

En adoptant des méthodes durables, en investissant dans la gestion de l'eau et en promouvant des actions de conservation, les populations de la région seront en mesure de réduire la gravité de ces défis et de s'assurer un avenir plus stable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.