Russie et ONU discutent exportations d'engrais, un chargement devrait partir pour le Malawi

Sur cette photo prise le 14 août 2022, le premier navire affrété par l'ONU, le MV Brave Commander, charge plus de 23 000 tonnes de céréales à exporter vers l'Éthiopie, à Yuzhne (Photo, AFP).
Sur cette photo prise le 14 août 2022, le premier navire affrété par l'ONU, le MV Brave Commander, charge plus de 23 000 tonnes de céréales à exporter vers l'Éthiopie, à Yuzhne (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 12 novembre 2022

Russie et ONU discutent exportations d'engrais, un chargement devrait partir pour le Malawi

  • Ces discussions à Genève se sont tenues à une semaine de l'expiration le 19 novembre d'un accord qui a permis l'exportation de céréales ukrainiennes
  • Cet accord arraché de haute lutte sous l'égide de l'ONU et de la Turquie le 22 juillet à Istanbul est jugé capital pour éviter une nouvelle flambée des prix

GENÈVE: De hauts représentants de l'ONU et de Moscou ont fait le point vendredi sur les exportations d'engrais russes, cruciales pour combattre la crise alimentaire mais toujours paralysées, même si les Pays-Bas ont autorisé un chargement à destination du Malawi.

Ces discussions à Genève se sont tenues à une semaine de l'expiration le 19 novembre d'un accord qui a permis l'exportation de céréales ukrainiennes paralysées par l'invasion russe et que Moscou n'a pour l'heure pas accepté de proroger.

Cet accord arraché de haute lutte sous l'égide de l'ONU et de la Turquie le 22 juillet à Istanbul est jugé capital pour éviter une nouvelle flambée des prix et que des millions de personnes ne souffrent de la faim.

"Les participants restent également engagés dans la mise en oeuvre" de cet accord" et ont tenu des "discussions constructives sur sa poursuite", indique un communiqué de l'ONU, publié à l'issue de la réunion entre la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan, le chef de l'agence humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, et le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergey Vershinin.

"Le monde ne peut pas se permettre de laisser les problèmes mondiaux d'accessibilité aux engrais devenir une pénurie alimentaire mondiale", rappelle le communiqué.

Le principe des exportations russes d'engrais et de produits alimentaires avait été adopté en même temps que l'accord sur les céréales ukrainiennes.

Ce dernier a permis d'exporter 10,2 millions de tonnes de céréales et produits alimentaires d'Ukraine, rappelait vendredi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ce qui a fait baisser les prix et permis d'assurer une aide aux pays pauvres.

Engrais bloqués

En revanche, le volet sur les exportations russes d'engrais et de produits alimentaires est resté plus ou moins lettre morte, au grand dam de Moscou, qui y voit deux poids deux mesures.

Les deux hauts représentants onusiens – très impliqués dans ces négociations délicates – "ont informé des initiatives prises pour faciliter le paiement, les assurances ainsi que l'accès aux ports de l'Union européenne des céréales et des engrais", souligne le communiqué.

Si les sanctions économiques qui frappent la Russie, depuis son invasion de l'Ukraine le 24 février, épargnent engrais et céréales, la crainte de franchir accidentellement une ligne rouge et de se retrouver du mauvais côté de la loi paralyse les transporteurs et fait exploser les primes d'assurance.

Autant de points d'achoppement que Mme Grynspan et M. Griffiths s'efforcent de lever. Ils ont informé la partie russe "sur les licences générales récemment délivrées, les destinations des expéditions d'engrais vers les pays en développement" et "de l'engagement continu (de l'ONU) avec le secteur privé et les Etats membres", souligne le communiqué.

Destination Malawi

L'organisation internationale a réussi à débloquer la situation pour un chargement de 20 000 tonnes qui doit quitter le port néerlandais de Rotterdam dans les jours qui viennent pour le Malawi, sous l'égide du Programme alimentaire mondial (PAM).

Ce chargement avait été gelé "parce qu'un individu sanctionné est impliqué dans la société russe qui en est propriétaire", explique le ministère néerlandais des Affaires étrangères dans un communiqué.

La décision de libérer le chargement a été prise "étant entendu que l'ONU veillerait à ce qu'il soit livré à l'endroit convenu (Malawi) et que la société russe et l'individu sanctionné ne gagneront rien à la transaction", explique encore La Haye.

"En libérant l'engrais sous forme de don à l'ONU, les Pays-Bas contribuent à améliorer la sécurité alimentaire mondiale", assure le gouvernement, réitérant aussi son soutien à l'accord sur les céréales ukrainiennes.

Initiative française

Parallèlement, la France a annoncé vendredi qu'elle allait aider au financement "à hauteur de 7,5 millions d'Euros" de l'acheminement par le PAM d'engrais vers l'Afrique en plus d'un appui financier "aux prochaines opérations du PAM de livraison vers l'Afrique des engrais russes présents en Europe", selon un communiqué du Quai d'Orsay publié vendredi.

À l'issue d'une réunion entre partenaires publics et privés à l'initiative de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, il a été convenu de tenter de mutualiser la demande d'engrais des partenaires africains, de réduire les prix d'achat et de privilégier l'achat de la production africaine.

À moyen terme, il s'agit de développer un marché euro-africain des engrais "qui donnera la priorité à l'accélération des capacités de production d'engrais durables sur les deux continents", souligne le communiqué. Il s'agit d'établir un dialogue régulier entre les secteurs privés européen et africain et de mobiliser les outils de financement et de garantie européens.


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
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  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
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  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.


Vaste partenariat entre Washington et Kiev, attaque russe à Odessa

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
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  • Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie
  • La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays"

WASHINGTON: Les Etats-Unis et l'Ukraine ont signé à Washington un vaste partenariat mettant en place un fonds d'investissement pour la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre et donnant aux Américains un accès à ses ressources naturelles, un accord qui a été suivi jeudi par une frappe russe meurtrière dans la ville méridionale d'Odessa.

Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie.

La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays".

L'accord avec Washington financera des "projets d'extraction de minerais, de pétrole et de gaz", a-t-elle précisé sur Facebook. Mais l'Ukraine "conserve l'entière propriété et le contrôle de ces ressources" y compris le sous-sol, et ce sera "l'Etat ukrainien qui détermine où et quoi extraire", a assuré la ministre.

Selon le Trésor américain, cet accord "reconnaît l'importante aide financière et matérielle que le peuple américain a fournie à la défense de l'Ukraine depuis l'invasion à grande échelle de la Russie" -- une expression très rarement utilisée par Washington depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

"Très bonne chose" 

Les Etats-Unis ont fourni, sous le précédent gouvernement de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d'aide à l'Ukraine.

Donald Trump "veut que les deux parties s'assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine", a souligné le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent sur Fox News.

"C'est un signal pour les dirigeants russes. C'est aussi un signal pour le peuple américain que nous avons une chance de participer, d'obtenir (...) une compensation" pour les financements et armes fournies à l'Ukraine, a-t-il poursuivi.

Le projet d'accord a été depuis des semaines au coeur de tensions entre Kiev et Washington, dont le soutien est crucial pour l'Ukraine.

Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain, sous les caméras, avait précipité son départ et annulé la signature de l'accord.

Une nouvelle version, proposée par Washington en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.

Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens.

Un démocrate américain du Congrès, Gregory Meeks, a cependant dénoncé mercredi soir une "extorsion" de Donald Trump.

"Bel accord" 

"C'est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l'Ukraine", s'était félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal avant l'annonce de la signature du texte.

"Aucune dette, aucune aide" accordée avant la signature "ne fait partie de cet accord", avait assuré Denys Chmygal.

Le document doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.

Il ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l'Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky.

"Cet accord montre clairement à la Russie que l'administration Trump est engagée à un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme", écrit le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans le communiqué.

Le texte met en place un "fonds d'investissement pour investir dans la reconstruction" de l'Ukraine, lequel fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains.

La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l'armée russe.

"Désir de tuer" 

Cette dernière a tiré un drone sur une zone résidentielle à Odessa, dans le sud de l'Ukraine, tuant deux personnes et blessant cinq autres, a annoncé tôt jeudi le gouverneur de la région sur Telegram. Les services d'urgence ukrainiens ont dénoncé une "attaque russe massive".

Simultanément, des explosions ont été entendues dans un quartier de la ville de Soumy et des alertes anti-aériennes déclenchées, entre autres, dans les régions de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv, Soumy, Donetsk, Dnipropetrovsk, Zaporijjia.

A Odessa, une "attaque ennemie a endommagé, des immeubles résidentiels, des maisons, un supermarché, une école et des voitures", a annoncé sur son compte Telegram le gouverneur local Oleg Kiper, mentionnant deux personnes tuées et cinq autres blessées par une frappe de drone russe.

Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermark, a appelé sur Telegram à pousser avec les Etats-Unis "pour un cessez-le-feu complet".

Le président russe Vladimir Poutine "aura constamment le désir de tuer, jusqu'à la fin de ses jours, mais la diplomatie couplée à des moyens économiques énergiques d'influence contraindront la Russie à arrêter la guerre", a écrit M. Iermark.