«Bahreïn et ses voisins» : au Musée du Louvre, le patrimoine archéologique et anthropologique du Golfe

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Publié le Vendredi 18 novembre 2022

«Bahreïn et ses voisins» : au Musée du Louvre, le patrimoine archéologique et anthropologique du Golfe

  • Les intervenants ont abordé plusieurs thématiques pour présenter un panorama des cultures qui se sont succédé dans la région de l’âge du bronze jusqu’à l’apparition de l’islam
  • Dans ces vastes nécropoles et ces sépultures, les fouilles ont permis la découverte de nombreux objets de fabrication locale ou importés

PARIS: «Bahreïn et ses voisins»: ainsi est intitulée la thématique du colloque organisé le 17 novembre sous la direction scientifique de Marianne Cotty, qui dirige le service études et documentation du département des Antiquités orientales du Musée du Louvre. Cet événement est soutenu par le Centre français de recherche de la péninsule Arabique (Cefrepa) et par le laboratoire Archéologies et sciences de l’Antiquité (ArScAn). Il est en lien avec l’exposition intitulée «De Dilmun à Tylos», un voyage archéologique au royaume du Bahreïn, présentée au Musée du Louvre depuis le 6 octobre 2022.

Les intervenants ont abordé plusieurs thématiques pour présenter un panorama des cultures qui se sont succédé dans la région de l’âge du bronze jusqu’à l’apparition de l’islam, comme la civilisation de Dilmun (entre 2500 et 600 avant J.-C.), maintes fois évoquée dans les sources mésopotamiennes.

 

EN BREF

Étaient présents au colloque:

  • Cheikh Khalifa Ahmed al-Khalifa, président de l’Autorité pour la culture et les antiquités de Bahreïn;
  • Pierre Lombard, son conseiller pour l’archéologie et chercheur au CNRS;
  • Masashi Abe, chercheur à l’Institut national de recherche pour les biens culturels, à Tokyo;
  • Akinori Uesigi, professeur à l’université de Kanazawa;
  • Christian Robin, directeur de recherche émérite au CNRS.

Les scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Cefrepa et de l’ArScAn ont fait part des analyses des nombreuses recherches archéologiques et anthropologiques menées depuis des décennies. D’autres sont en cours au Bahreïn, sur les rives de l’Arabie saoudite, au Koweït ou encore à Oman. Effectuées par des équipes scientifiques de pays étrangers – dont la France –, ces recherches parcourent de nombreuses civilisations. Cette région du Golfe était au cœur des échanges internationaux maritimes, notamment avec la Mésopotamie, le monde grec, le sous-continent indien et la péninsule Arabique.

Patrimoine archéologique de la région du Golfe

Les fouilles effectuées par les archéologues ont mis en valeur le patrimoine ancien de Bahreïn, le phénomène des tombes-tours protohistoriques de la péninsule Arabique et de l’Arabie orientale, ou les nouvelles données de l’époque de Tylos à travers les fouilles de la nécropole d’Abu Saiba au Bahreïn. Les tombeaux et des rites funéraires, de l’âge du fer à l’Antiquité tardive, du site de la nécropole de Thaj, en Arabie saoudite, ont été également analysés.

Lors de son intervention, Jérôme Rohmer, chargé de recherche au CNRS, membre de la mission archéologique franco-saoudienne, a évoqué les analyses des scientifiques au sujet du site de Thaj portant sur la période située entre le IVe et le IIe siècle avant J.-C. Elles ont révélé un essor urbain marqué par l’expansion rapide de l’habitat et de la nécropole, la création d’un réseau hydraulique, le développement d’une zone artisanale au nord-est, et l’émergence d’une production céramique locale massive et standardisée. À propos de la période courant de la fin du IIe siècle avant J.-C. au début du IIIe siècle après J.-C., ils ont démontré l’existence d’une ville fortifiée, un faubourg à vocation artisanale. Ils ont observé un regroupement de sépultures au sein d’enceintes funéraires ainsi que le développement d’une nécropole, avec de grands tumulus probablement réservés à une élite, au nord-est de la ville. La période des IIIe et IVe siècles après J.-C. est marquée quant à elle par le renforcement des fortifications et le bouchage de la porte sud-est du rempart.

Dans ces vastes nécropoles et ces sépultures, les fouilles ont permis la découverte de nombreux objets de fabrication locale ou importés, des perles en cornaline de l’Indus, des objets en cuivre et en pierre tendre de la péninsule d’Oman, des vases complets en céramiques locale ou en céramique glaçurée bleue de Thaj. Ils révèlent une iconographie riche et spécifique qui reflète les croyances locales.

Les intervenants ont également évoqué les enjeux et les perspectives des missions scientifiques dans la région à travers d’autres apports de disciplines telles que les nouvelles technologies (images satellitaires), la géoarchéologie pour le contexte environnemental, l’archéologie funéraire, l’archéométrie, les statistiques pour le contexte socio-économique, les études des restes humains (anthropologie biologique et géochimie isotopique, paléoprotéomique), ainsi que des études architecturales et techniques.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.