La décision de l'Azerbaïdjan d'ouvrir une ambassade à Tel Aviv n'impressionne pas les Palestiniens

La décision de l'Azerbaïdjan, vendredi, d'ouvrir une ambassade à Tel Aviv a suscité l'étonnement et la condamnation des Palestiniens. (Shutterstock)
La décision de l'Azerbaïdjan, vendredi, d'ouvrir une ambassade à Tel Aviv a suscité l'étonnement et la condamnation des Palestiniens. (Shutterstock)
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Publié le Samedi 19 novembre 2022

La décision de l'Azerbaïdjan d'ouvrir une ambassade à Tel Aviv n'impressionne pas les Palestiniens

  • Le ministre de l'Autorité palestinienne s'étonne d'une « démarche politique non calculée »
  • L'Azerbaïdjan s'apprête à devenir la première nation à majorité chiite à avoir une mission diplomatique en Israël

RAMALLAH : La décision annoncée vendredi par l'Azerbaïdjan d'ouvrir une ambassade à Tel Aviv a suscité l'étonnement et la condamnation des Palestiniens.

L'Azerbaïdjan partage une longue frontière avec l'Iran et se ravitaille en systèmes d'armes auprès d’Israël. Il est maintenant prêt à devenir le premier pays à majorité et gouvernement chiites à avoir une représentation diplomatique en Israël.

Alors que certains anciens diplomates et analystes politiques palestiniens ont cherché à minimiser cette initiative, à un moment où les luttes diplomatiques entre les Palestiniens et Israël sont intenses, d'autres y ont vu une victoire de la diplomatie israélienne.

Certains officiers supérieurs de services de renseignement arabes ont déclaré à Arab News que la coopération accrue entre les services de sécurité d'Azerbaïdjan et ceux d'Israël ces dernières années signifiait que le personnel israélien pouvait désormais opérer librement dans les zones proches de la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Iran.

Le ministre du Développement social de l'Autorité palestinienne, Ahmed Majdalani, a déclaré à Arab News que l'Azerbaïdjan n'aurait pas pris la décision d'ouvrir cette ambassade sans consulter le président turc Recep Tayyip Erdogan, étant donné que « l'Azerbaïdjan est un protectorat turc ».

Il s'est dit surpris par cette décision, l'Azerbaïdjan étant l'actuel président du Sommet islamique de l’OCI, qui s'est opposé par le passé à une telle initiative.

« Malheureusement, la décision de l'Azerbaïdjan intervient à un moment où la droite israélienne prend le pouvoir en Israël et pourrait être perçue comme une récompense octroyée à l'extrême droite israélienne pour ses attaques contre les Palestiniens et les lieux saints de l’Islam », a-t-il déclaré.

« Nous exprimons notre étonnement et notre condamnation face à cette démarche politique non calculée qui porte préjudice aux Palestiniens ».

Le Premier ministre israélien sortant, Yair Lapid, a déclaré qu'il se félicitait de la décision de l'Azerbaïdjan, ajoutant que ce pays était un partenaire essentiel d'Israël et abritait l'une des plus grandes communautés juives du monde musulman.

Lapid a déclaré que cette décision reflétait la profondeur des relations bilatérales entre Israël et l’Azerbaïdjan et couronnait les efforts du gouvernement israélien pour construire des ponts diplomatiques solides avec le monde musulman.

« Je tiens à remercier le président Ilham Aliyev et à féliciter le peuple azéri qui sera désormais représenté pour la première fois dans l'État d'Israël », a-t-il déclaré.

L'ancien ministre palestinien des affaires étrangères, Nasser Al-Kidwa, a déclaré à Arab News qu'il considérait l'ouverture de l'ambassade comme un acte de gratitude envers Israël pour la fourniture de drones, d'équipements de reconnaissance et d'autres technologies militaires qui l'ont aidé à renverser la donne dans son conflit avec l'Arménie.

Mais il a également minimisé cette démarche : « Je ne pense pas qu'une telle démarche aura un impact sur la diplomatie palestinienne, d'autant que des pays comme les Émirats arabes unis et le Bahreïn – plus importants que l'Azerbaïdjan – ont déjà ouvert des ambassades en Israël ».

L'analyste politique israélien Yoni Ben Menachem a déclaré à Arab News que l'Azerbaïdjan jouait un rôle essentiel dans le conflit entre Israël et l'Iran, rappelant que des bases azerbaïdjanaises ont été utilisées pour lancer des frappes de drones israéliens à l'intérieur de l'Iran et pour accueillir le personnel du Mossad.

Sa coopération en matière de sécurité avec l'Azerbaïdjan pourrait même fournir à Israël un tremplin pour frapper les installations nucléaires iraniennes, a-t-il ajouté.

L'analyste politique palestinien Ghassan Al-Khatib a reconnu que la décision de l'Azerbaïdjan d'ouvrir une ambassade à Tel-Aviv était liée à la coopération sécuritaire entre les deux pays, mais a déclaré qu'elle se faisait « au détriment des principes du droit international ».

« L'ouverture d'une ambassade (...) ne changera pas la réalité politique. Israël est toujours un État occupant et Jérusalem est toujours une ville occupée », a-t-il déclaré.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk