COP27: la France salue des avancées mais regrette «le manque d'ambition climatique»

Une personne marche près de la conférence sur le climat COP27 dans le hall désert du Centre international de convention de Sharm el-Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge, vers la fin de la conférence sur le climat, le 19 novembre 2022. (AFP).
Une personne marche près de la conférence sur le climat COP27 dans le hall désert du Centre international de convention de Sharm el-Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge, vers la fin de la conférence sur le climat, le 19 novembre 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 20 novembre 2022

COP27: la France salue des avancées mais regrette «le manque d'ambition climatique»

  • «Aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. C’est une vraie déception», regrette la ministre de la Transition énergétique
  • Dimanche, la COP27 a adopté une résolution prévoyant notamment la création d'un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques déjà subis par les pays «particulièrement vulnérables»

PARIS : La France a salué dimanche des avancées pour les pays les plus vulnérables mais regretté "la manque d'ambition climatique" de la COP27 en Egypte, dans un communiqué de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

"Aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. C’est une vraie déception", regrette la ministre qui souligne toutefois que ce sommet "répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte: la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques".

Dimanche, la COP27 a adopté une résolution prévoyant notamment la création d'un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques déjà subis par les pays "particulièrement vulnérables".

La décision a été approuvée par consensus en assemblée plénière sous un tonnerre d'applaudissements, en clôture de la conférence climat annuelle de l'ONU, à Charm el-Cheikh en Egypte.

"Si l'accord de la COP27 n’est pas à la hauteur des ambitions que portaient la France et l'Union européenne, il préserve toutefois l'essentiel : il rappelle l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C et appelle les pays à des efforts supplémentaires dès 2023", selon le communiqué du ministère français de la Transition énergétique.

"Réaffirmer cet objectif était essentiel, dans un contexte mondial de crise climatique et énergétique", souligne le texte.

COP27: réactions mitigées dans le monde

La COP27 de Charm el-Cheikh, en Egypte, s'est terminée dimanche sur un bilan contrasté et les réactions ont afflué pour saluer des avancées dans l'aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique mais aussi regretter un manque d'ambition sur la baisse des émissions.

- Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres:

"Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant --et c'est une question à laquelle cette COP n'a pas répondu".

"Cette COP a fait un pas important vers la justice. Je salue la décision d'établir un fonds pour les pertes et dommages et de le rendre opérationnel dans un futur proche. Ce ne sera clairement pas assez mais c'est un signal politique tout à fait nécessaire pour reconstruire une confiance brisée".

- Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne:

"Le monde ne nous remerciera pas quand il entendra uniquement des excuses demain".

"Ce que nous avons là, c'est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d'efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d'émissions".

- Annalena Baerbock, ministre écologiste allemande des Affaires étrangères:

"Espoir et frustration" se mêlent. "Nous avons fait une percée en matière de justice climatique - avec une large coalition d'États après des années de stagnation", mais "le monde perd un temps précieux sur la trajectoire de 1,5 degré".

- Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique:

"Aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. C’est une vraie déception", mais ce sommet "répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte: la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques".

- Shehbaz Sharif, Premier ministre du Pakistan frappé cet été par des inondations catastrophiques (plus de 1.700 morts):

L'adoption d'un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques est "une première étape décisive vers l'objectif de justice climatique".

"Il appartient au comité de transition de s'appuyer sur ce développement historique".

La ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociation G77+Chine avait auparavant estimé que ce fonds "n'est pas une question de charité" mais "un acompte sur l'investissement à plus long terme dans notre avenir commun et un investissement dans la justice climatique".

- Le ministre de l'Environnement d'Antigua-et-Barbuda, Molwyn Joseph, au nom de l'alliance des petits Etats insulaires (Aosis):

"Aosis avait promis au monde de ne pas quitter Charm el-Cheikh sans réussir à établir un fonds de réponse pour les pertes et dommages. Cette mission de 30 ans est maintenant accomplie".

- Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris de 2015:

"Cette COP a occasionné de profondes frustrations mais cela n'était pas en vain. Elle a permis une percée significative pour les pays les plus vulnérables. Le fonds pour les pertes et dommages, qui n'était qu'un rêve à la COP26 l'an dernier, est en voie pour commencer à fonctionner en 2023".

"L'influence du secteur des énergies fossiles était omniprésente. Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux".

- Vanessa Nakate, jeune militante ougandaise:

"La COP27 devait être la +COP africaine+ mais les besoins des Africains se sont heurtés à l'obstruction tout du long. Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés mais certains pays ici en Egypte avaient décidé d'ignorer notre souffrance. Les jeunes n'ont pas pu faire entendre leur voix en raison des restrictions de manifestations mais notre mouvement grandit".

- L'ONG Christian Aid

"Cela a été une longue lutte pour les pays développés afin d'obtenir ce fonds, le diable sera dans les détails et il faut encore que de l'argent y soit versé. Mais c'est un pas en avant positif vers la justice climatique".

"Il est décevant de constater que malgré tous les beaux discours des dirigeants au début de ce sommet sur la gravité de l'urgence climatique, les pays ne se soient même pas mis d'accord pour une sortie progressive de toutes les énergies fossiles".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.