Inflation: les Français adaptent leur consommation, mais contiennent mal leur colère

L’envolée des prix a commencé par les prix des carburants, puis elle s’est étendue, touchant des produits de première nécessité tels que l’huile, le blé, le riz ou le sucre... Difficile d’y échapper: l’inflation est sur toutes les lèvres et grève les budgets des familles modestes comme ceux de la classe moyenne. (AFP).
L’envolée des prix a commencé par les prix des carburants, puis elle s’est étendue, touchant des produits de première nécessité tels que l’huile, le blé, le riz ou le sucre... Difficile d’y échapper: l’inflation est sur toutes les lèvres et grève les budgets des familles modestes comme ceux de la classe moyenne. (AFP).
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

Inflation: les Français adaptent leur consommation, mais contiennent mal leur colère

  • Une étude publiée en avril dernier par McKinsey indique que, face à la hausse des prix, 69% des Français ont changé de comportement d’achat
  • Il est difficile de dire s’il s’agit là d’un phénomène contraignant imposé par le déséquilibre entre les revenus et l’augmentation vertigineuse des prix ou d’un signe de maturité

PARIS: Pour Louisa, quadragénaire, employée dans un cabinet médical, les courses hebdomadaires au supermarché tournent au casse-tête depuis quelque temps. Cette mère de deux jeunes enfants, âgés respectivement de 6 et 8 ans, a de plus en plus du mal à concilier les besoins alimentaires de sa famille et le budget limité qui lui est alloué. Pas question de flâner avec insouciance entre les différents rayons et de garnir son chariot à son gré. 

Son salaire – auquel s’ajoute celui de son mari, assistant juridique – lui impose désormais de la rigueur et un choix ciblé de sa consommation. Il lui faut aller à l’essentiel, rogner sur le superflu et même réduire la quantité de ses achats pour faire face à la flambée des prix des produits alimentaires, estimée à plus de 8% depuis le début de l’année. Louisa se concentre donc sur les produits de premier prix; les biscuits préférés de son fils cadet, trop chers, passent à la trappe. Il en va de même pour les céréales et la confiture de son aîné, alors que l’ensemble de la famille se voit contrainte à réduire sa consommation de viande et de poisson. 

À l’exemple de cette famille, des millions de familles françaises se retrouvent dans l’obligation de s’adapter à cette inflation accentuée par la guerre en Ukraine. 

Changement de comportement chez les consommateurs 

L’envolée des prix a commencé par les prix des carburants, puis elle s’est étendue, touchant des produits de première nécessité tels que l’huile, le blé, le riz ou le sucre… 

Difficile d’y échapper: l’inflation est sur toutes les lèvres et grève les budgets des familles modestes comme ceux de la classe moyenne. 

Loin de se limiter aux carburants et aux produits alimentaires, la flambée des prix n’a pas épargné les articles de bricolage, les appareils électroménagers, les produits d’hygiène et les textiles. 

Les consommateurs doivent dorénavant intégrer ce facteur dans leurs comportements d’achat et recourent pour cela à des stratégies diverses. 

Dès le mois d’avril dernier, une étude publiée par le cabinet de conseil McKinsey indiquait que, face à la hausse des prix, 69% des Français ont changé leurs habitudes de consommation. 

Ainsi, 52% optent pour des produits de marques moins chères, délaissant ceux qu’ils avaient l’habitude d’acheter. 

Certains ont changé d’enseigne, choisissant de s’approvisionner dans les supermarchés discount, qui, après une période de repli, essaiment à nouveau dans les différentes villes françaises. 

D’autres se servent de comparateurs de prix pour aller au moins cher, ce qui les oblige à faire leurs courses hebdomadaires dans des magasins différentes, faisant abstraction de la perte de temps et d’énergie qu’une telle démarche implique. 

Loin de se limiter aux carburants et aux produits alimentaires, la flambée des prix n’a pas épargné les articles de bricolage, les appareils électroménagers, les produits d’hygiène et les textiles. 

33% des Français commencent à acheter des produits d’occasion ou des produits reconditionnés pour eux-mêmes ou pour offrir.

Là encore, un changement de comportement a fait son apparition, amenant les Français à rationaliser leur consommation en évitant les achats impulsifs. 

Une enquête de l’institut d’étude Kantar publiée au mois de juillet dernier montre que 38% d’entre eux ont arrêté ou limité l’achat de produits neufs. 

82% préfèrent réparer (ou projettent de le faire) plutôt que de racheter. 

Selon la même étude, 33% des Français commencent à acheter des produits d’occasion ou des produits reconditionnés pour eux-mêmes ou pour offrir. 

Des enseignes de vente de produits de seconde main en tout genre font ainsi leur apparition dans les villes, ainsi qu’en ligne. Auparavant, ces achats étaient marginaux ou réservés aux nécessiteux. 

Assiste-t-on à la genèse de nouvelles convictions plus raisonnables et plus pragmatiques qui font fi des faux besoins imputés à une offre en constante surenchère?

Par ailleurs, nombreux parmi ceux qui continuent à vouloir consommer des produits neufs commencent à cibler les promotions ou à concentrer leurs achats pendant les soldes. 

Des mesures étatiques insuffisantes 

Il est difficile de dire s’il s’agit là d’un phénomène contraignant imposé par le déséquilibre entre les revenus et l’augmentation vertigineuse des prix ou d’un signe de maturité et de lassitude face à la société de consommation. 

Assiste-t-on à la genèse de nouvelles convictions plus raisonnables et plus pragmatiques qui font fi des faux besoins imputés à une offre en constante surenchère? Il est trop tôt pour l’affirmer. 

Ces mesures ont un effet limité et ne règlent pas la situation sur le long terme.

Les autorités publiques, pour leur part, ont pris plusieurs mesures afin d’atténuer l’impact de l’inflation: le gel du prix du gaz jusqu’à la fin de l’année 2022, une indemnité inflation de 100 euros pour les foyers à faible revenu et une remise sur le prix du carburant. 

Ces mesures ont un effet limité et ne règlent pas la situation sur le long terme, étant donné que beaucoup s’accordent à dire que les prix vont continuer à augmenter au cours des douze prochains mois. 

Si tel est le cas, quel sera le comportement des Français? Vont-ils faire plus de sacrifices et se serrer davantage la ceinture, ou vont-ils déferler dans les rues pour exprimer leur colère? Cette question inquiète les responsables politiques, qui s’interrogent sur le climat de la période à venir en en pressentant la gravité. 

De fait, Patrice Douret, le patron de l’association Les Restos du cœur – qui sert des repas gratuits au plus démunis –, assure au journal Le Parisien que le nombre des bénéficiaires explose et qu’il n’a «jamais connu une telle situation». 


Municipales: à Paris, Renaissance tourne le dos à Dati et soutient Bournazel

Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
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  • Renaissance soutient Pierre-Yves Bournazel (Horizons) pour les municipales à Paris, un choix validé à une large majorité mais qui divise le camp macroniste, dont certains préféraient Rachida Dati
  • Cette décision révèle des tensions entre Renaissance, Horizons et les partisans de Dati, sur fond de calculs nationaux et d’équilibres internes, alors que la succession d’Anne Hidalgo reste ouverte

PARIS: Renaissance a entériné mardi son soutien à Pierre-Yves Bournazel, du parti Horizons d’Édouard Philippe, pour les élections municipales à Paris, un choix qui divise au sein du parti macroniste dont une partie œuvrait pour un soutien à Rachida Dati.

La commission d'investiture du parti dirigé depuis un an par Gabriel Attal a "validé à l'unanimité moins deux voix le soutien à Pierre-Yves Bournazel", a indiqué le parti.

Lors de cette réunion, la direction de Renaissance a plaidé pour ce "candidat de rassemblement", "plus clair sur la gouvernance, le projet et la répartition" sur les futures listes électorales à composer, "contrairement à Dati, plutôt muette sur nos attentes", selon un des participants.

Mais cette décision ne fait pas l'unanimité: le député Sylvain Maillard, artisan d'un soutien à Mme Dati, a annoncé mardi qu'il se mettait "en retrait" de la présidence de la fédération Renaissance de la capitale, ajoutant au Parisien qu'il entendait "jouer un rôle, être au cœur de la campagne" de la ministre de la Culture.

Quarante-et-un cadres et élus parisiens de Renaissance, dont David Amiel, Olivia Grégoire et Astrid Panosyan-Bouvet, justifient au contraire, dans une tribune à L'Opinion, leur soutien à M. Bournazel, dénonçant notamment la "foire d'empoigne" des Conseils de Paris, où Rachida Dati mène l'opposition à Anne Hidalgo.

M. Maillard, qui fut le premier député du parti macroniste élu en 2017, reste néanmoins membre de Renaissance, a-t-il précisé à l'AFP.

- Le cas Édouard Philippe -

Ancien du parti de droite Les Républicains, soutien d’Édouard Philippe depuis 2017, secrétaire général d'Horizons, Pierre-Yves Bournazel, 48 ans, fait un pas vers l'Hôtel de ville, son ambition de longue date, après une candidature à la primaire des LR en 2014 et un ralliement à Renaissance en 2020.

M. Bournazel et Gabriel Attal devraient s'afficher prochainement lors d'un déplacement commun dans la capitale.

"Renaissance aura 55% de place dans ma liste, ainsi que dix têtes de liste pour les mairies d'arrondissement", a précisé M. Bournazel dans un entretien au Parisien.

Les partisans d'un soutien à Mme Dati ont notamment dénoncé les déclarations d’Édouard Philippe suggérant à Emmanuel Macron une démission pour une élection présidentielle anticipée.

Favorable au soutien à M. Bournazel, le ministre David Amiel l'a lui aussi invité à ne "participer à strictement aucune des attaques insupportables d'Horizons contre le président de la République".

Favorable à un appui à Mme Dati, la ministre Aurore Bergé a par ailleurs demandé un "engagement public" de M. Bournazel qu'il ne rallierait pas le candidat socialiste Emmanuel Grégoire s'il n'était pas en tête au premier tour.

- "Tractations nationales" -

Rachida Dati, soutenue par Emmanuel Macron selon plusieurs sources, faisait figure de candidate évidente pour une partie des macronistes depuis son entrée au gouvernement en 2024.

Mais ce scénario avait également ses détracteurs qui pointaient par ailleurs les ennuis judiciaires de Mme Dati, qui sera jugée après l'élection, en septembre 2026, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire Renault-Ghosn. Des faits qu'elle conteste.

La maire du 7e arrondissement a entre-temps reçu l'investiture des LR. Mais les relations restent compliquées avec le parti de droite, dirigé par Bruno Retailleau, qui a suspendu les ministres de son parti membres du gouvernement Lecornu 2.

La porte-parole de LR et présidente de la fédération parisienne Agnès Evren a dit à l'AFP "regretter cette candidature concurrente qui n'a pas de sens" alors que "contrairement à la gauche, nous sommes d'accord sur l'essentiel".

Proche de la ministre de la Culture, la conseillère de Paris Nelly Garnier a pointé une décision de Renaissance "faite selon des tractations nationales" avec Horizons. "Nous, notre objectif est d'accueillir tous les gens de Renaissance qui veulent s'inscrire dans une dynamique gagnante."

S'il n'y a "pas d'accord national" entre les deux partis, Horizons va soutenir les têtes de liste Renaissance à Annecy, Bordeaux, Dijon, Lille et Nîmes, a précisé Renaissance.

L'élection à Paris (15 et 22 mars) est incertaine, Anne Hidalgo ne se représentant pas après 24 ans de gestion PS depuis l'élection de Bertrand Delanoë.

A gauche, le candidat socialiste Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint de Mme Hidalgo, et l'écologiste David Belliard sont engagés dans de difficiles discussions sur une union dès le premier tour, chacun revendiquant la tête de liste.


Budgets: PS et gouvernement progressent dans leurs accords, la discussion sur les retraites démarre

Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le PS et le gouvernement ont trouvé un accord provisoire à l’Assemblée sur la surtaxe des bénéfices des grandes entreprises, dans le cadre de l’examen du budget, mais des divergences persistent
  • Les députés ont voté la baisse de la CVAE et d’autres mesures de soutien aux entreprises, tandis que la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028 reste au cœur des débats et suscite des tensions avec le Sénat

PARIS: Le PS et le gouvernement ont trouvé lundi à l'Assemblée un terrain d'entente sur la surtaxe sur les bénéfices des entreprises, semblant progresser dans la quête d'un accord budgétaire global, même si des haies restent à franchir sur la taxation des patrimoines ou la suspension de la réforme des retraites.

Saisis du projet de budget de l'Etat, les députés ont longuement débattu dans l'hémicycle de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises.

Au fil des discussions, le gouvernement a dégainé un amendement augmentant le rendement de la taxe de 4 à 6 milliards d'euros, en faisant peser le poids de la hausse sur les plus grandes entreprises.

Au grand dam de députés du groupe ciottiste UDR, et même de certains élus LR et macronistes de Renaissance qui demandaient la suppression pure et simple de la mesure.

Manuel Bompard (LFI) a dénoncé un marché passé "dans des salles parallèles" entre le gouvernement et le PS, son groupe votant toutefois la mesure.

"On s'est engagé à ce que le gouvernement écoute les débats au sein de l'Assemblée", a rétorqué le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure.

Devant la presse, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s'est lui montré circonspect face à la désunion du camp gouvernemental. "Il n'y a pas de bloc central ni de socle commun. Ce n'est pas rassurant pour la suite", a-t-il pointé.

La "suite" passera notamment cette semaine par l'examen de la taxe Zucman pour une imposition minimum du patrimoine, ou d'une version allégée de celle-ci mise sur la table par les socialistes, qui attendent du camp gouvernemental qu'il concoure à la faire adopter.

Olivier Faure, patron du PS, a agité dimanche le spectre d'une nouvelle dissolution si le gouvernement ne cède pas dans les prochains jours en faveur d'une taxe sur les hauts patrimoines.

En attendant, les députés ont voté lundi en fin d'après-midi la baisse et la suppression accélérée de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production décrié par le camp gouvernemental comme par l'extrême droite. Le coût est de 1,3 milliard.

- A l'horizon, les retraites -

En fin de matinée, le député PS Jérôme Guedj avait salué prudemment des "signaux faibles" en vue d'un accord global, après l'adoption en commission des Affaires sociales de son amendement rehaussant la CSG sur les revenus du patrimoine et des capitaux, au premier jour de l'examen du budget de la Sécurité sociale.

Une adoption avec l'abstention de macronistes, qui attendent toutefois des garde-fous pour soutenir la mesure dans l'hémicycle à partir du 4 novembre, où les parlementaires repartiront de la copie initiale du gouvernement.

La commission a aussi voté contre le gel, proposé par le gouvernement, du barème utilisé pour calculer des taux de CSG, insistant pour l'indexer sur l'inflation.

Autre mesure du gouvernement rejetée par la commission: la création d'une cotisation patronale sur les tickets-restaurants et les chèques-vacances.

La mesure-phare du budget de la Sécu restera la suspension de la réforme des retraites, condition de la non-censure du PS.

Elle ne sera formellement examinée qu'en fin de débats, mais les députés ont pris de l'avance rejetant largement en commission la piste d'une surtaxe sur les mutuelles pour la financer.

Les groupes de gauche, le Rassemblement national et même Les Républicains, membres de la coalition gouvernementale, ont supprimé l'article, arguant tous que les malades paieraient au bout du compte la facture.

Le projet de loi suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres pour partir à taux plein.

La droite s'y oppose, et proposera d'effacer cette suspension. Si l'Assemblée la suspend, le Sénat (contrôlé par la droite et les centristes) rétablira la réforme, a prévenu son président Gérard Larcher.

Sébastien Lecornu a reçu lundi les chefs des groupes de droite et du centre du Sénat, irrités par les concessions faites aux socialistes. "Je n'ai pas de deal avec les socialistes", leur a-t-il assuré selon plusieurs participants, leur indiquant qu'il "comprenait" que le Sénat ait lui aussi "ses propres lignes" sur le budget.

Le coût de la suspension de la réforme des retraites est estimé à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027. Les pistes pour la financer font controverse, alors que le projet de budget de la Sécu est d'une exceptionnelle rigueur financière, avec des économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).


Cyberharcèlement de Brigitte Macron: dix personnes jugées à Paris

Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
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  • Dix personnes, dont l’influenceur “Zoé Sagan” et la médium Amandine Roy, sont jugées à Paris pour cyberharcèlement contre Brigitte Macron
  • Cette audience intervient alors que le couple présidentiel a aussi déposé plainte aux États-Unis contre la diffusion internationale de cette infox, notamment relayée par la militante d’extrême droite américaine Candace Owens

PARIS: Dix personnes sont jugées à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement à l'encontre de Brigitte Macron, cible d'une infox virale selon laquelle elle serait une femme transgenre.

Élu, galeriste, enseignant, médium, ou encore informaticien: huit hommes et deux femmes doivent comparaître à partir de 13H30. Leur procès doit se poursuivre mardi après-midi.

Cette audience intervient après que le couple présidentiel a engagé, fin juillet, des poursuites aux États-Unis pour diffamation, en lien avec cette infox ayant dépassé les frontières françaises sur la transidentité imputée à l'épouse du chef de l'État.

Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus sont soupçonnés d'avoir tenu à l'égard de Brigitte Macron de nombreux propos malveillants sur son "genre", sa "sexualité", assimilant sa différence d'âge avec son mari à de la "pédophilie", selon le parquet de Paris.

L'enquête pour cyberharcèlement a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024, conduisant à plusieurs vagues d'interpellations, notamment en décembre 2024 et en février 2025.

Sollicité par l'AFP, l'avocat de Brigitte Macron, Me Jean Ennochi, n'a pas donné suite, ni voulu dire si la première dame serait présente ou non à l'audience.

Parmi les prévenus, le publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, 41 ans, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de "Zoé Sagan". Son compte X, suspendu depuis, a fait l'objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes.

Outre ses propos visant Brigitte Macron, "Zoé Sagan" est connu pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, macroniste qui avait renoncé en février 2020 à briguer la mairie de Paris pour le parti présidentiel à la suite du scandale.

- "Rebondir sur l'actualité" -

La "médium", "journaliste" et "lanceuse d'alerte" de 51 ans, Delphine J., connue sous le pseudo d'Amandine Roy, sera également jugée. Elle a largement contribué à relayer la rumeur selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, n'aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris cette identité après avoir transitionné.

Delphine J. n'a fait que "rebondir sur l'actualité", selon son avocate, Maud Marian, ajoutant "qu'aucun message n'a directement été adressé à Mme Macron."

Condamnée pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française, aux côtés de Natacha Rey, à payer plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5.000 à son frère Jean-Michel Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet dernier.

Brigitte Macron et son frère se sont pourvus en cassation contre cette décision.

L'écart d'âge de 24 ans entre les époux Macron explique en partie la propagation de cette rumeur qui s'est exportée bien au-delà du pays.

Née dès l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, l'infox transphobe est devenue virale aux États-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d'extrême droite Candace Owens, auteure d'une série de vidéos intitulée "Becoming Brigitte" ("Devenir Brigitte").

Plusieurs des personnes qui seront jugées à Paris pour cyberharcèlement ont relayé des publications de l'influenceuse MAGA. Sur une Une détournée du magazine Time, où Brigitte Macron apparaît en "homme de l'année", on peut lire le mot "Excellent".

Dans une autre publication, un prévenu relaie la présence de "2.000 personnes" prêtes à aller faire du "porte-à-porte à Amiens pour y voir clair dans l'affaire Brigitte", promettant l'implication de blogueurs américains.

Les prévenus encourent deux ans d'emprisonnement.