Les chances de progresser dans la Coupe du monde s’améliorent pour les nations arabes

Des spectateurs, leurs téléphones portables en main, attendent le début du match du groupe F de la Coupe du monde de football entre le Maroc et la Croatie, au stade Al Bayt à Al Khor, mercredi (Photo, AP).
Des spectateurs, leurs téléphones portables en main, attendent le début du match du groupe F de la Coupe du monde de football entre le Maroc et la Croatie, au stade Al Bayt à Al Khor, mercredi (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

Les chances de progresser dans la Coupe du monde s’améliorent pour les nations arabes

  • L’Arabie saoudite, la Tunisie et le Maroc ont brillé à Doha après la défaite décevante du Qatar lors du match d’ouverture
  • Il s’agit certainement du meilleur résultat saoudien dans un tournoi de la Coupe du monde

DUBAÏ: Cela peut faire mal, mais revenons sur le premier tour des matchs des pays arabes à la Coupe du monde 2018.

L’Arabie saoudite a été écrasée 5-0 par la Russie, le pays hôte, lors du match d’ouverture du tournoi à Moscou. Puis, c’était au tour de la Tunisie et du Maroc, et il est difficile de dire si leurs premières défaites se sont révélées plus ou moins cuisantes.

La première a tenu l’Angleterre en échec 1-1, mais s’est inclinée sur un but d’Harry Kane dans le temps additionnel, tandis que le second a été battu à la 95e minute par un but contre son camp face à l’Iran. Aucun ne s’en est remis et tous ont été éliminés du tournoi après seulement deux matchs de groupe.

Quatre ans plus tard, cependant, les choses sont différentes.

Quoi qu’il advienne lors du deuxième tour dans les prochains jours, trois des quatre pays arabes auront une chance de se qualifier pour les huitièmes de finale.

Après la déception de la défaite 2-0 du Qatar face à l’Équateur lors de l’ouverture du tournoi dimanche, les équipes représentant la région ont brillé.

Le Qatari Ismaeel Mohammed a évoqué l’inspiration qu’ont puisée les champions d’Asie dans les exploits de leurs rivaux régionaux.

«Les performances réalisées jusqu’à présent, notamment par les équipes arabes, nous rendent peut-être un peu jaloux et nous incitent à faire aussi bien qu’elles», a-t-il déclaré jeudi. 

Le Qatar n’est pas la seule équipe à jalouser l’Arabie saoudite, qui souhaite désespérément vivre une expérience similaire. Les Faucons verts monopolisent l’attention internationale depuis leur époustouflante victoire 2-1 contre l’Argentine.

Beaucoup de choses ont déjà été dites sur le jeu lui-même, mais c’est vraiment extraordinaire quand le monde du football parle de Salem al-Dawsari plutôt que de Lionel Messi.

L’entraîneur Hervé Renard a réussi un coup de maître tactique, qui néanmoins n’aurait pas été possible sans les efforts, l’intelligence et le dévouement de ses joueurs. Le courage dont ils ont fait preuve dans le jeu a été salué même en Argentine.

La place de ce match dans l'échelle des rebondissements de la Coupe du monde a fait l'objet de nombreux débats. Il s’agit certainement de l’une des plus grandes surprises depuis que le Sénégal, qui jouait son tout premier match en Coupe du monde, a battu la France, titulaire du titre, lors du match d’ouverture du tournoi de 2002. Elle pourrait même rivaliser avec la victoire du Cameroun sur l’Argentine, alors détentrice du titre, lors du premier match de la Coupe du monde 1990 en Italie.

En termes de résultats arabes, il est juste de dire que la seule menace pour l’Arabie saoudite est la victoire 2-1 de l’Algérie sur la puissante Allemagne de l’Ouest en 1982.

Les titres des médias allemands de cette année-là ont été repris dans la presse argentine aujourd'hui: dérision pour l’équipe nationale et louanges pour les vainqueurs.

Il s’agit certainement du meilleur résultat saoudien dans un tournoi de la Coupe du monde. En 1994, la sélection s’est qualifiée pour les huitièmes de finale et a battu le Maroc et la Belgique, mais la victoire contre l’Argentine est sans précédent.

Mardi, la Tunisie a affronté le Danemark, considéré par certains comme un outsider au Qatar bien qu’il ait atteint les demi-finales du championnat d’Europe 2020 où il a été battu de justesse par l’Angleterre.

Le match s’est terminé sur un score de 0-0 mais la rencontre était divertissante et le point pris par les Aigles de Carthage était pleinement mérité. Ils auraient pu obtenir les trois points si le gardien de but danois Kasper Schmeichel n’avait pas été réactif.

Pendant la première heure de jeu, ils ont dominé le match par leur énergie et leur agressivité, causant de nombreux problèmes.

Ensuite, le Maroc a connu un autre match nul sans but, encore une fois contre un adversaire européen doué. Ce match contre la Croatie, finaliste de l’édition 2018, a constitué un début solide pour les Lions de l’Atlas et leur a permis de remporter un autre point mérité. Les deux équipes semblaient bien assorties et se sont affrontées sans que l’une puisse prendre avantage sur l’autre.

Ces résultats n’ont pas fait les gros titres comme ceux de l’Arabie saoudite, mais ils restent importants. Au moins, ces trois équipes arabes éviteront le sort qu’elles ont connu en 2018, lorsqu’elles ont abordé les derniers matchs du groupe en sachant qu’elles étaient déjà éliminées. Cette fois-ci, elles seront compétitives jusqu’au bout, mais les ambitions sont évidemment plus grandes maintenant.

Les vainqueurs de l’Argentine se tournent maintenant vers la Pologne, qui a fait match nul 0-0 avec le Mexique samedi dernier et qui pourrait bien se qualifier pour le deuxième tour avec un match restant. Ce serait vraiment un exploit, mais après mardi, ce ne serait pas un grand choc.

La Tunisie affronte l’Australie. Les deux équipes considèrent l’autre comme leur meilleure chance d’obtenir trois points dans le groupe D. Les Socceroos ont été battus 4-1 par la France, les champions en titre étant sans surprise un cran au-dessus.

Selon les premières impressions, la Tunisie est favorite. Une victoire donnerait aux hommes de Jalel Kadri de grandes chances d’accéder à la prochaine étape, surtout si les Français battent le Danemark.

Le Maroc affronte la Belgique dimanche. Les Diables Rouges ont battu le Canada 1-0 mais étaient loin d’être impressionnants. Les Belges ont eu du mal à faire face à la force de frappe des Canadiens et les hommes de Walid Regragui ont de grandes chances d’y parvenir. La victoire de l’Arabie saoudite contre l’Argentine est un exemple de ce qui pourrait se produire.

Le Qatar sait qu’en perdant contre le Sénégal vendredi, il risque de subir le sort des trois équipes arabes de 2018. Pour la région dans son ensemble, cependant, ce tournoi s’annonce déjà très différent. L’Arabie saoudite montre la voie et mène la résurgence du monde du football arabe.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.