La Turquie se prépare à une offensive en Syrie, Washington et Moscou tempèrent

La Turquie se prépare à une offensive en Syrie, Washington et Moscou tempèrent
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

La Turquie se prépare à une offensive en Syrie, Washington et Moscou tempèrent

  • La Turquie a accusé les militants kurdes d'avoir commis l'attentat du 13 novembre à Istanbul
  • Ankara a lancé des raids aériens transfrontaliers dimanche, préparant le terrain pour une éventuelle opération terrestre

ANKARA: Les États-Unis et la Russie ont appelé la Turquie à la retenue après que le président Erdogan a annoncé l'imminence une opération terrestre imminente contre les combattants kurdes dans le nord de la Syrie.
Les deux pays restent prudents quant aux retombées d'une opération dans une région aux rapports de force déjà fragiles.
La Turquie a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et sa branche syrienne des YPG d'un attentat à la bombe le 13 novembre à Istanbul, qui a tué six personnes et en a blessé plus de 80. Les autorités affirment qu'une femme syrienne ayant des liens présumés avec le PKK avait placé la bombe.
Ankara a lancé des raids aériens transfrontaliers dimanche matin, augmentant la perspective d'une opération terrestre visant à créer une zone tampon de 30 kilomètres qui éloignerait les combattants kurdes de sa frontière sud. Un haut responsable des YPG, Rezan Gelo, a été grièvement blessé lors d'une frappe de drone turc à Qamishli, à environ 50 kilomètres de la frontière.
Par ailleurs, des roquettes tirées depuis le nord de la Syrie ont dernièrement touché la ville frontalière turque de Karkamis et tué trois civils, dont un enseignant et un garçon de cinq ans.
«Nous nous sommes concentrés depuis quelques jours contre les terroristes avec nos avions, nos canons et nos fusils», a affirmé Erdogan mardi. «Si Dieu le veut, nous les éliminerons tous dès que possible.»
«Notre détermination à rendre hermétiques toutes nos frontières sud avec une ceinture de sécurité, ne laissant aucun risque d'attaque sur les territoires de notre pays, est plus grande que jamais», a-t-il ajouté.
Le Pentagone a déclaré mercredi qu'il était «profondément préoccupé» par toute escalade qui, selon lui, menaçait la vie des effectifs américains travaillant avec les alliés kurdes dans le nord de la Syrie.
«Tandis que nous appelons à la désescalade, nous reconnaissons les préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité. Nous continuerons à discuter avec la Turquie et avec nos partenaires locaux du maintien des accords de cessez-le-feu», a-t-il souligné.
Le Département d'État américain a mis en garde contre «les récentes actions militaires qui déstabilisent la région, menacent notre objectif commun de combattre l'EI (Daech), et mettent en danger les civils et les effectifs américains.»
Après avoir participé à des pourparlers sur la Syrie avec des délégations turque et iranienne au Kazakhstan, le négociateur russe Alexander Lavrentyev a déclaré mercredi qu'il espérait que «les arguments du Kremlin seront entendus à Ankara et que d'autres moyens de résoudre le problème seront trouvés».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, avait déclaré la veille que la Russie comprenait les préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité, tout en mettant en garde contre une nouvelle escalade.
Aydin Sezer, un expert des relations Turquie-Russie basé à Ankara, a indiqué que Moscou ne rejetterait pas catégoriquement une opération terrestre turque en Syrie. Les liens se sont resserrés entre les deux pays après des années d'hostilité.
«La Russie demanderait toutefois à la Turquie d'éviter une offensive à grande échelle contre la Syrie. Pour restreindre la portée et la durée de l'opération, Moscou peut utiliser la carte iranienne pour freiner la Turquie, et interviendra lorsqu'il y aura un besoin d’intermédiaire sur le terrain», a-t-il précisé à Arab News.
Levent Kemal, un expert syrien, a tweeté jeudi que, «selon plusieurs sources de l'armée nationale syrienne, une réunion a eu lieu à Hawar Kilis entre les commandants de la SNA et des responsables turcs sur une éventuelle opération terrestre contre les YPG/PKK».
Erdogan a laissé entendre mercredi la possibilité d'une rencontre avec son homologue syrien Bachar Assad. «Une rencontre avec Assad peut avoir lieu. Il n'existe pas de rancune en politique. Tôt ou tard, nous pourrons prendre les mesures nécessaires», a-t-il affirmé.
Sezer a indiqué que Damas considérait également les YPG comme une menace et n'avait fait aucun commentaire sur les attaques aériennes de la Turquie. «Par conséquent, le processus de rapprochement entre Ankara et Damas ne mettra pas fin à la possibilité d'une opération terrestre, mais les deux mouvements se dérouleront en parallèle», a-t-il maintenu.
Il a indiqué que l'armée d'Assad et la police militaire russe se seraient retirées des régions du nord de la Syrie avant toute opération turque.
«Je prévois que les premiers objectifs couvriront les zones entre la ville de Tal Rifat au nord-ouest et la ville de Kobani au nord-est, ou Ayn Al-Arab et Manbij, pour relier ensemble les zones contrôlées par la Turquie», a-t-il affirmé.
«Mais si la portée de l'opération s'étendait au sud de l'Euphrate de l’Est, à ce moment-là, l'approbation des États-Unis prendrait de l'importance. Dans ce cas, il sera nécessaire de parvenir à un accord entre le Pentagone et la Maison Blanche sur la nécessité d'une telle offensive terrestre», a soutenu Sezer.
Les États-Unis mènent une alliance contre Daech avec les Forces démocratiques syriennes, qui sont dirigées par les YPG. Environ 1 000 soldats américains sont stationnés à l'est de l'Euphrate.
La Maison Blanche considère les YPG comme un partenaire stratégique et exhorte Ankara à cibler Daech dans toute opération en Syrie.
Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a reçu jeudi l'ambassadeur américain Jeffry Flake pour des entretiens. Aucun détail n'a été donné sur ce qui a été discuté.
Une opération terrestre de plus grande envergure pourrait également apporter à Erdogan un soutien supplémentaire des nationalistes à l'approche des élections de l'année prochaine.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.