Au tribunal de Paris, la soeur du terroriste et les «promises» du califat

Des combattants irakiens du Hashed al-Shaabi (unités de mobilisation populaire) se tiennent à côté d'un mur portant le drapeau du groupe État islamique (EI) alors qu'ils entrent dans la ville d'al-Qaim, dans la province irakienne d'Anbar, près de la frontière syrienne, le 3 novembre 2017 (Photo, AFP).
Des combattants irakiens du Hashed al-Shaabi (unités de mobilisation populaire) se tiennent à côté d'un mur portant le drapeau du groupe État islamique (EI) alors qu'ils entrent dans la ville d'al-Qaim, dans la province irakienne d'Anbar, près de la frontière syrienne, le 3 novembre 2017 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 décembre 2022

Au tribunal de Paris, la soeur du terroriste et les «promises» du califat

  • La jeune femme de 29 ans a été condamnée par le tribunal correctionnel à cinq ans d'emprisonnement, dont deux ans ferme
  • L'absence de radicalisation de Maya Amimour a été relevée par le tribunal

PARIS: "J'étais aveuglée". Jugée à Paris pour avoir facilité le départ en Syrie de deux mineures promises à son frère, l'un des futurs assaillants du Bataclan le 13-Novembre, Maya Amimour a expliqué vendredi avoir agi par "peur" de "perdre le lien" avec son aîné parti faire le djihad.

La jeune femme de 29 ans a été condamnée par le tribunal correctionnel à cinq ans d'emprisonnement, dont deux ans ferme aménageables sous bracelet électronique, une peine conforme aux réquisitions du parquet.

La procureure avait qualifié l'aide apportée par la prévenue à son frère Samy Amimour, dont elle était "sous l'emprise", d'"essentielle" bien qu'elle n'ait elle-même jamais "adhéré à la cause".

L'absence de radicalisation de Maya Amimour a été relevée par le tribunal.

La jeune femme frêle comparaissait libre sous contrôle judiciaire plus de huit ans après les faits, qu'elle a toujours reconnus et qu'elle "regrette".

En octobre 2014, elle avait aidé une lycéenne radicalisée de 17 ans à rejoindre son frère en Syrie pour l'épouser, deux mois après le départ avorté d'une autre mineure, empêché par la police et le père de l'adolescente.

La prévenue est alors une animatrice de 21 ans domiciliée chez ses parents, dont le frère, de six ans son aîné, est parti en septembre 2013 combattre dans les rangs du groupe Etat islamique (EI).

Ce frère si "distant" depuis l'adolescence lui donne des nouvelles et surtout - "enfin" - "de l'attention".

Il évoque des missions de "repérages", des entraînements, une blessure dans un bombardement. Maya Amimour ne "cherche pas à savoir" et satisfait sa demande de l'aider à organiser le départ vers la Syrie d'une mineure, puis d'une autre.

Condamnée pour avoir aidé deux mineures à partir en Syrie

La sœur de Samy Amimour, un des trois assaillants du Bataclan le 13 novembre 2015, a été condamnée vendredi soir à Paris à cinq ans d'emprisonnement dont trois avec sursis pour avoir facilité le départ en Syrie de deux mineures promises à son frère, à la demande de ce dernier.

Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du parquet, et a aménagé la peine de deux ans ferme sous bracelet électronique.

Maya Amimour, 29 ans, cheveux bruns mi-longs, tailleur gris, comparaissait libre sous contrôle judiciaire pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et soustraction de mineure - l'une des adolescentes n'avait pas rejoint la Syrie.

Elle avait été interpellée et mise en examen en mars 2015 et avait immédiatement reconnu les faits.

«Film de Disney»

"Le seul truc que j'avais en tête, c'était le contact avec lui", assure la prévenue, cheveux bruns mi-longs et tailleur gris, les mains serrées à la barre du tribunal.

"Je ne veux vexer personne, mais on a l'impression que vous nous racontez un film de Disney", lâche la présidente Isabelle Prévost-Desprez face aux justifications de la jeune femme.

"J'étais aveuglée, aveuglée par le fait d'avoir des nouvelles de lui (...) La moindre chose qu'il me demandait, je l'écoutais sans réfléchir", se défend Maya Amimour. "Maintenant, je peux le dire: il m'a utilisée", tranche-t-elle. La présidente opine.

Samy Amimour demande à sa jeune sœur d'aider d'abord une adolescente de 16 ans du sud de la France, convertie à l'islam, à prendre un billet d'avion pour la Turquie - porte d'entrée vers la Syrie - et de lui adresser 200 euros pour la suite de son voyage.

Sans poser aucune question, Maya Amimour s'exécute, mais le départ de cette mineure est contrecarré par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui a informé le père de l'adolescente.

Toujours à la demande de son frère, la prévenue organise ensuite le départ d'une lycéenne radicalisée de 17 ans.

Veuve rapatriée

Samy Amimour prend alors plus de "précautions", note la présidente: il fait parvenir à sa cadette un mandat de 500 euros, lui dit d'acheter en liquide un billet de train.

Elle le fait, va chercher l'adolescente à son lycée, la conduit à la gare et récupère sa puce de téléphone pour envoyer des messages rassurants à la mère de la promise de son frère.

La jeune fille a épousé Samy Amimour peu après son arrivée en Syrie. Depuis cette zone de guerre, elle envoie des vidéos véhémentes, profère des menaces de mort à l'encontre d'une ex-copine de lycée qui ne porte plus le voile.

Elle a des "larmes de joie" à l'annonce de la mort "en martyr" de son mari Samy Amimour, l'un des trois auteurs du massacre au Bataclan, le 13 novembre 2015.

La veuve de Samy Amimour a été rapatriée en France début juillet et fait l'objet d'une procédure distincte.

Quand Maya Amimour a appris l'implication de son frère dans les attentats du 13-Novembre, huit mois après sa propre mise en examen, elle s'est sentie "coupable, honteuse". En sortant du tribunal, elle avait des larmes qui ressemblaient à du soulagement.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.