Les sommets de Riyad couronnent des décennies d’engagement actif avec la Chine

La Chine est le premier partenaire commercial du CCG (Photo, AFP).
La Chine est le premier partenaire commercial du CCG (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Les sommets de Riyad couronnent des décennies d’engagement actif avec la Chine

Les sommets de Riyad couronnent des décennies d’engagement actif avec la Chine
  • Le Sommet de Riyad pour la coopération et le développement CCG-Chine cherche à renforcer les liens anciens et modernes
  • La Chine a déjà établi des partenariats stratégiques avec la plupart des États membres du CCG de manière individuelle

Au cours de ces quelques prochains jours, l'Arabie saoudite accueillera quatre rencontres importantes. En plus du sommet annuel des chefs d'État et de gouvernement du Conseil de coopération du Golfe (CCG), il y en aura trois autres: un sommet Arabie saoudite-Chine, un sommet CCG-Chine et un sommet Chine-États arabes. Les réunions des dirigeants CCG-Chine et Chine-États arabes se tiennent pour la première fois et reflètent l'intérêt croissant de la Chine pour la région.

L'organisation de ces sommets en Arabie saoudite renforce le leadership de Riyad en matière de partenariats stratégiques régionaux. Depuis 2015, année où le roi Salmane est monté sur le trône saoudien, l'Arabie saoudite a accueilli plusieurs de ces rencontres de chefs d'État. Les dernières en date étaient les trois sommets tenus à Djeddah en juillet, incluant les États-Unis.

La visite officielle du président chinois, Xi Jinping, en Arabie saoudite cette semaine n'est pas la première en son genre, sachant que les dirigeants saoudiens s’étaient également rendus en Chine auparavant. Cependant, ces sommets régionaux représentent une première.

Le sommet saoudo-chinois cherchera sans aucun doute à cimenter le partenariat en croissance entre les deux pays et à élargir le champ de leur coopération. La Chine est le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite, et l'Arabie saoudite est le principal fournisseur de produits énergétiques de la Chine, les deux parties visant à développer davantage cette relation de façon à comprendre des flux d'investissement plus importants dans les deux sens.

La Stratégie nationale d'investissement de l'Arabie saoudite de 2021 et la Stratégie industrielle nationale de 2022 mettent toutes deux l'accent sur la diversification économique et la croissance du secteur manufacturier. La Vision 2030 du Royaume vise à accroître les exportations non pétrolières et à orienter les mesures vers une réduction de la dépendance au pétrole. Ces objectifs peuvent tirer profit d'un partenariat avec la Chine.

L'engagement croissant de la Chine avec la région redynamise les anciens liens et les remodèle pour le monde moderne. Les liens entre la Chine et la péninsule Arabique, ainsi que la région arabe en général, remontent au moins au VIIe siècle. Il y avait alors un commerce maritime actif entre les deux régions, le monde arabe figurant en bonne place dans le développement de l'ancienne route de la soie.

De sérieuses références historiques documentent les visites de voyageurs chinois dans la péninsule Arabique à partir de 650 après J.-C., tandis que des dizaines d'envoyés officiels arabes visitaient la Chine au VIIIe siècle, établissant des relations diplomatiques, commerciales et culturelles qui ont duré des siècles. Le grand voyageur Ibn Battouta a vécu et travaillé en Chine pendant un certain temps et y a relaté sa vie dans ses importants écrits.

 

L'engagement croissant de la Chine avec la région redynamise les anciens liens et les remodèle pour le monde moderne - Dr. Abdel Aziz Aluwaisheg

Le Sommet de Riyad pour la coopération et le développement CCG-Chine, selon l’appellation officielle de cette réunion, cherche également à renforcer les liens anciens et modernes. Il a lieu après deux décennies environ d'engagement actif par moments entre le CCG et la Chine. En 2004, ces deux parties ont signé un accord-cadre à Pékin sur la coopération économique et technique ainsi que la coopération dans les investissements, qui avait ouvert la voie à des pourparlers sur la coopération économique et énergétique.

En 2010, toujours à Pékin, ils ont signé un protocole d'accord établissant des concertations stratégiques régulières au niveau des ministres des Affaires étrangères et des hauts fonctionnaires, suivi de protocoles indépendants avec les organismes spécialisés du CCG.

Au cours des deux dernières décennies, en plus du fait de renforcer les liens bilatéraux avec les États membres du CCG, la Chine lui a accordé une attention particulière.

Depuis 2014, les deux parties ont adopté des plans d'action conjoints dans tous les domaines, du dialogue politique à la coopération économique et aux échanges entre les peuples. Ces plans deviennent de plus en plus ambitieux et détaillés, contribuant à une institutionnalisation toujours croissante du partenariat de la Chine avec la région.

Les hauts dirigeants chinois, les ministres, ainsi que d'autres responsables ont tenu à développer leurs relations avec le CCG, se faisant un devoir de rencontrer fréquemment ses représentants et de leur exprimer leur ferme appui à son rôle régional.

Les négociations de libre-échange CCG-Chine ont commencé en 2006 mais ont été suspendues pendant plusieurs années en raison de divergences liées au commerce des produits pétrochimiques. Les pourparlers ont repris ces dernières années et se sont accélérés au cours des mois précédant le sommet de cette semaine.

La Chine a déjà établi des partenariats stratégiques avec la plupart des États membres du CCG de manière individuelle, la prochaine étape consistant à améliorer de la même façon ses relations avec l'organisation et à élargir la portée de sa coopération au-delà du commerce.

La Chine est le premier partenaire commercial du CCG. L'année dernière, le commerce bilatéral de marchandises a atteint 229 milliards de dollars (1 dollar = 0,96 euro), soit environ 20% du commerce total du CCG avec le monde. C'est assez particulier dans la structure des échanges commerciaux du CCG au cours des trente dernières années.

En 1992, le commerce CCG-Chine s'élevait à un peu plus de 2 milliards de dollars, soit moins de 2% du commerce total du CCG cette année-là. Entretemps, la même année, le commerce avec les partenaires traditionnels du CCG, en l’occurrence l'Union européenne (UE) et les États-Unis, représentait environ 40%. Aujourd'hui, la part de la Chine dans le commerce du CCG est à peu près égale aux parts de l'UE et des États-Unis réunies.

L'année dernière, les exportations du CCG vers la Chine ont représenté 131 milliards de dollars, soit environ 20% des exportations totales du CCG. Les importations en provenance de Chine représentaient environ 98 milliards de dollars, soit 21% du total du CCG.

Le pétrole est prédominant dans le commerce Chine-CCG, avec l'exportation quotidienne de 3,5 millions de barils vers la Chine. Le pétrole représente environ 83% des exportations du CCG, sachant que la Chine est également la destination d'environ 25% de tous les produits pétrochimiques et chimiques produits dans le CCG.

Les plastiques et les équipements électriques représentent environ 6% des exportations. Les exportations de la Chine vers la région sont plus diversifiées. Les équipements électriques représentent environ 36%, suivis des automobiles, des machines et des pièces détachées, se situant à 26% environ des exportations totales.

Les deux régions connaissent une croissance rapide. Pendant de nombreuses années, la Chine a dominé la croissance économique mondiale, mais cette année, la région du CCG a connu la croissance la plus rapide. D'ici la fin de 2022, le produit intérieur brut du CCG dépassera pour la première fois 2 trillions de dollars. Bien que limité par rapport aux 18 trillions de dollars de la Chine, le CCG représente un marché florissant.

La complémentarité entre le CCG et la Chine ouvre les portes à un partenariat économique plus important, surtout si la Chine est en mesure de contribuer à la volonté des États du CCG d'augmenter les investissements et de diversifier leurs économies et leurs exportations, en particulier la croissance de l'industrie manufacturière.

Bien que les contacts entre les deux peuples soient encore limités, ils se développent rapidement. Les touristes chinois semblent affluer de façon considérable vers les pays du CCG. Un groupe commercial a récemment prévu que le nombre de touristes chinois voyageant vers le CCG atteindrait 2,9 millions en 2022, soit une augmentation de 81% par rapport à 2018 où le nombre de voyageurs était de 1,6 million, un pourcentage important de personnes optant pour la région comme destination de vacances préférée.

Les nombre d’étudiants chinois qui étudient dans les pays du CCG est légèrement supérieur à 600, et les étudiants du CCG en Chine se comptent également par centaines. Bien qu’infime par rapport au nombre d'étudiants du CCG et de Chine inscrits dans les écoles américaines et européennes, la tendance est à un plus grand échange d'étudiants entre les deux régions, surtout après l'expansion de l'enseignement du chinois dans des écoles du CCG ainsi que l'amélioration du classement mondial des universités, aussi bien les universités chinoises que celles du CCG.

 

Le Dr Abdel Aziz Aluwaisheg est le secrétaire général adjoint du Conseil de coopération du Golfe pour les affaires politiques et les négociations et un chroniqueur pour Arab News

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle du CCG.
 

Twitter: @abuhamad1