Israël refuse d’accorder des visas à son personnel : l’ONU s’inquiète

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avec Stéphane Dujarric (G), porte-parole du Secrétaire général s’exprime lors d’une conférence de presse des Nations Unies le 4 février à New York (AFP) 
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avec Stéphane Dujarric (G), porte-parole du Secrétaire général s’exprime lors d’une conférence de presse des Nations Unies le 4 février à New York (AFP) 
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Publié le Samedi 10 décembre 2022

Israël refuse d’accorder des visas à son personnel : l’ONU s’inquiète

  • Selon le porte-parole, cette décision affecte la capacité de la communauté humanitaire à soutenir les Palestiniens
  • Cette politique israélienne est une tentative de « réduire au silence et d’empêcher le travail » des institutions internationales qui critiquent la politique israélienne dans les Territoires palestiniens

RAMALLAH : L’ONU a fait part de son inquiétude envers la décision israélienne de refuser les visas d’entrée à son personnel. 

L’organisation a averti que cette décision pourrait affecter le travail humanitaire en Palestine ainsi que la capacité de la communauté humanitaire à soutenir les Palestiniens. 

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, évoque l’impact important de cette décision sur la capacité de la communauté humanitaire à soutenir les Palestiniens. 

« Nous sommes évidemment toujours en contact avec les autorités israéliennes concernant ce sujet et nous espérons qu’il sera résolu » a-t-il déclaré.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de délivrer des visas aux fonctionnaires du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Il accuse les employés de « sous-estimer » le nombre de civils israéliens tués ou blessés suite à des attaques palestiniennes. 

Selon le rapport du site internet israélien Ynet, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que les employés d’OCHA continuent à compter les israéliens tués dans les opérations palestiniennes mais ne les classent pas dans la catégorie des « attentats terroristes. »

Le ministère a déclaré : « OCHA est accusée d’avoir signalé le meurtre ou d’avoir blessé des civils israéliens dans des circonstances controversées. Elle prend les rapports de victimes palestiniennes au pied de la lettre en accusant Israël, notamment lorsqu’il s’agit des affrontements entre les Forces de défense israéliennes et les militants palestiniens. »

Arab News a contacté l’ONU, les responsables d’OCHA et le ministère israélien des Affaires étrangères pour obtenir des commentaires, en vain. 

Shawan Jabarin, directeur général de l’organisation palestinienne de défense des droits de l’homme Al-Haq, a déclaré à Arab News qu’il blâmait l’ONU pour sa passivité et sa négligence à protester contre les interdictions précédentes de commissions d’enquêtes internationales et de rapporteurs spéciaux. Le pays a en effet empêché ces derniers à entrer dans les territoires palestiniens, bien qu’il soit tenu de coopérer avec l’ONU. 

Selon Jabarin, il n’était « plus surprenant » qu’Israël refuse d’accorder des visas d’entrée à l’équipe d’OCHA en raison de son manque de protestation contre les actions israéliennes passées. 

« OCHA est un organisme concerné par les questions humanitaires. Ce refus d’accorder des visas d’entrée à son équipe est un message israélien à l’ONU :  la précédente indifférence de ce dernier résultera à l’interdiction d’entrer de tout fonctionnaire de l’ONU dans les territoires palestiniens à moins qu’Israël approuve leur présence » a déclaré Jabarin à Arab News

Le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires palestiniens du Ministère israélien de Défense a modifié les procédures d’entrée des étrangers dans les territoires, énonçant qu’ils devraient obtenir un visa d’entrée hors d’Israël, un mois avant la date de leur arrivée. 

Jabarin a décrit cette politique israélienne comme une tentative de « réduire au silence et d’empêcher le travail » des institutions internationales qui dénoncent cette politique israélienne. 

Selon Jabarin, « à travers cette politique, Israël cherche à réorganiser la communauté internationale afin d’éviter les critiques. Le silence de l’ONU donnerait à Israël l’impression que tout lui est permis. »

Entre temps, à l’occasion du 35e anniversaire du déclenchement de la première Intifada palestinienne (1987-1993) qui s’est déroulée le 9 décembre, la sécurité et les militaires israéliens ont fait part de leurs craintes d’une troisièmes Intifada en Cisjordanie. 

La détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie représente le défi numéro deux après la menace iranienne. 

L’Égypte a également exprimé sa profonde préoccupation concernant la détérioration de la sécurité en Cisjordanie ainsi que la poursuite et l’aggravation des massacres de Palestiniens par Israël.

Depuis le début de l’année, 165 palestiniens ont été tués en Cisjordanie et 54 autres dans la bande de Gaza. 

Dans le même contexte, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a averti que les Palestiniens sont exposés à des mesures punitives sans précédent. 

Lors d’un entretien avec une chaîne israélienne vendredi, il a menacé d’annexer des terres palestiniennes contenant des colonies israéliennes, laissant ainsi les Palestiniens gérer leurs affaires sans autorités ni privilèges. 

Ben-Gvir a déclaré qu’il ne fait pas de distinction entre les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza et ceux qui vivent en Israël. 

Il a d’ailleurs annoncé que tous ceux qui ne font pas preuve de loyauté envers l’État d’Israël seront expulsés et qu’il divisera la mosquée Al-Aqsa entre musulmans et juifs.

Dana ben Shimon, correspondante israélienne du journal Israel Today, a déclaré à Arab News que les estimations des services de sécurité israéliens au sujet de la possibilité d’une troisième Intifada n’ont rien à voir avec l’élection du nouveau gouvernement israélien. 

Elle a ajouté : « Peu importe que vous l’appeliez une troisième Intifada ou une vague de violence. Les services de sécurité israéliens sont préoccupés par la qualité, la quantité et le développement de ses attaques, d’autant plus que nous avions été témoins du double attentat à la bombe à Jérusalem le mois dernier. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.co


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.