Cryptomonnaies: Sam Bankman-Fried, inculpé pour fraude aux Etats-Unis, reste détenu aux Bahamas

Bankman-Fried était parvenu à légitimer les cryptomonnaies auprès du grand public et de la classe politique (Photo, AFP).
Bankman-Fried était parvenu à légitimer les cryptomonnaies auprès du grand public et de la classe politique (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 14 décembre 2022

Cryptomonnaies: Sam Bankman-Fried, inculpé pour fraude aux Etats-Unis, reste détenu aux Bahamas

  • La justice américaine souhaite le juger pour huit chefs d'inculpation, dont fraude par voie électronique, blanchiment d'argent et violation des lois électorales
  • Il lui est aussi reproché d'avoir menti aux financiers ayant prêté de l'argent à Alameda sur la santé financière réelle de l'entreprise et aux investisseurs de FTX

NEW YORK: Sam Bankman-Fried, ex-étoile montante des cryptomonnaies, a été inculpé mardi par la justice américaine pour avoir escroqué les clients et les investisseurs qui avaient placé leur argent dans ses sociétés FTX et Alameda.

Appréhendé lundi soir à la demande des Etats-Unis aux Bahamas, où il réside, le trentenaire a été présenté à une magistrate de l'archipel, qui a décidé de le maintenir en détention.

Vêtu d'un costume bleu et sans menottes, il a fait savoir lors de l'audience, dans un tribunal de Nassau, qu'il pourrait s'opposer à son extradition vers les Etats-Unis, ont rapporté les médias locaux.

La justice américaine souhaite le juger pour huit chefs d'inculpation, dont fraude par voie électronique, blanchiment d'argent et violation des lois électorales.

M. Bankman-Fried, surnommé "SBF", est accusé d'avoir, dès les débuts de FTX en 2019, utilisé l'argent déposé par les clients souhaitant spéculer sur les cryptomonnaies pour financer l'activité – et les paris risqués – de sa société de courtage et d'investissement Alameda.

Il lui est aussi reproché d'avoir menti aux financiers ayant prêté de l'argent à Alameda sur la santé financière réelle de l'entreprise et aux investisseurs de FTX.

Il a enfin utilisé de l'argent "volé" à ses clients pour verser des dizaines de millions de dollars à des responsables politiques, démocrates comme républicains, et ainsi tenter "d'acheter de l'influence" à Washington, a accusé le procureur fédéral de New York, Damian Williams, lors d'une conférence de presse.

Les régulateurs des marchés financiers ont déposé en parallèle des plaintes au civil contre l'ancien prodige de la finance. Il a "construit un château de cartes fondé sur la tromperie", a affirmé Gary Gensler, le président l'autorité supervisant Wall Street (SEC).

Le gendarme boursier lui reproche d'avoir menti aux investisseurs sur les liens entre ses deux compagnies et d'avoir utilisé l'argent de ses clients pour faire "des investissements risqués, des achats immobiliers somptueux et des dons politiques importants".

L'agence en charge des produits dérivés (CFTC) l'accuse pour sa part de fraude et de fausses déclarations.

"M. Bankman-Fried examine les accusations avec son équipe juridique et étudie toutes ses options juridiques", a indiqué son avocat aux Etats-Unis, Mark Cohen, dans un communiqué.

«Protéger les consommateurs»

La plateforme était pourtant valorisée à 32 milliards de dollars en début d'année.

"SBF" avait recruté de nombreuses célébrités pour en faire la promotion et rencontrait régulièrement les régulateurs à Washington.

Mais début novembre, des doutes ont commencé à apparaître sur les liens entre FTX et Alameda et de nombreux clients ont cherché à récupérer leur argent. N'étant pas en mesure de répondre à leurs demandes, le groupe a déposé le bilan le 11 novembre.

L'écroulement de FTX a fait trébucher plusieurs entreprises du secteur des cryptomonnaies et poussé de nombreux responsables à appeler à une réglementation accrue.

La porte-parole de la Maison Blanche a ainsi rappelé mardi que le gouvernement de Joe Biden soutenait "les efforts législatifs visant à promulguer une législation sur les cryptomonnaies afin de mieux protéger les consommateurs américains".

Aux Etats-Unis, "s'il est condamné pour fraude, il pourrait passer le reste de sa vie en prison, étant donné le montant", estime Jacob Frenkel, du cabinet Dickinson Wright. "Il n'y aurait pas d'acte accusation si les procureurs n'étaient pas absolument convaincus qu'ils vont obtenir une condamnation", a ajouté cet ancien employé de la SEC.

Diplômé du Massachusetts Institute of Technology, fils de professeurs de droit à l'université de Stanford, M. Bankman-Fried était parvenu à légitimer les cryptomonnaies auprès du grand public et de la classe politique. Sa fortune était un temps estimée à 25 milliards de dollars.

Il était encore censé s'exprimer mardi devant une commission parlementaire de la Chambre des représentants, après John Ray, le nouveau patron de FTX.

Les ex-dirigeants de la plateforme ont fait preuve d'une "défaillance complète" à tous les niveaux de contrôle, a affirmé ce dernier au Congrès en déplorant notamment "l'absence totale" de comptabilité ou de conseil d'administration indépendant pour une entreprise qui brassait des milliards de dollars.

A première vue, "l'effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d'un très petit groupe d'individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés", a estimé le responsable.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.