Archéologie: La longue histoire de coexistence religieuse dans le Golfe arabique

Un ancien site monastique chrétien sur l'île de Siniyah, au large d'Umm Al-Quwain, aux Émirats arabes unis a été découvert (Photo, Reuters).
Un ancien site monastique chrétien sur l'île de Siniyah, au large d'Umm Al-Quwain, aux Émirats arabes unis a été découvert (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 13 décembre 2022

Archéologie: La longue histoire de coexistence religieuse dans le Golfe arabique

  • Les premières preuves de l'occupation chrétienne – des fragments de croix en plâtre – ont été déterrées en 1994 au large d'Abu Dhabi
  • Il existe suffisamment de preuves attestant de l'existence du christianisme sur les côtes du Golfe depuis au moins le IVe siècle de notre ère

LONDRES: En février 1986 un jeune homme de Jubail, dans la province orientale de l'Arabie saoudite, décide de tester son nouveau 4x4 sur les dunes à l'ouest de la ville côtière. Très vite, il fait deux découvertes surprenantes.

La première, c'est que ni lui ni son nouveau véhicule ne sont adaptés aux dunes, car l'homme et la machine se retrouvent vite coincés dans le sable.

Mais ce n’est pas tout : «en creusant, il découvre qu'il se trouvait au sommet d'un mur enseveli sous le sable», raconte un article publié dans la revue Arabian Archaeology and Epigraphy en 1994.

Bien que le jeune homme ignore la nature de sa découverte, il comprend qu'il s'agit sans doute d'une construction ancienne. Après avoir libéré son véhicule et être retourné à Jubail, il prévient les autorités de sa trouvaille.

Il s’agit là des vestiges d'une église chrétienne longtemps enfouie sous le sable.

Les archéologues qui ont ensuite fouillé le site découvrent une cour ouverte d'environ 20 mètres de long, entourée de murs et de portes menant à trois salles.

Bien que le christianisme ait entamé son déclin avec la montée de l'islam, les chrétiens n’étaient pas considérés comme des étrangers à cette époque (Photo, Département d'archéologie et de tourisme Umm al-Quwain).

La pièce centrale, à l'extrémité est de la structure, est identifiée comme étant le sanctuaire où se trouvait l'autel. La pièce au nord rassemblait le pain et le vin pour le rituel chrétien de l'Eucharistie. Au sud se trouvait la sacristie, où étaient conservés les vases sacrés et les robes du prêtre.

Tous les murs étaient recouverts de plâtre, dans lequel figurent les empreintes de quatre croix, symbole distinctif du christianisme, d'environ 30 centimètres de haut chacune.

Plusieurs colonnes de pierre sont restées intactes, de même qu'une paire de frises décoratives en plâtre, représentant un motif de fleurs reliées par des vignes.

Il ne s’agit donc pas d'une église ordinaire. Les archéologues la situent au IVe siècle apr. J.-C., soit environ 300 ans avant l'arrivée de l'islam, et estiment qu'elle fait partie des plus anciennes églises chrétiennes connues dans le monde.

Cette découverte n'était qu'une petite pièce d'un puzzle historique qui, depuis, a été pratiquement achevé, reconstituant l'image d'une époque où deux religions, l'islam et le christianisme, coexistaient sur les rives du Golfe arabique.

Aujourd'hui, 36 ans après la découverte de ce jeune Saoudien, une autre pièce importante a été ajoutée au puzzle grâce aux travaux de fouille qui ont permis de découvrir un monastère chrétien sur l'île de Siniyah, au large de la côte d'Umm Al-Quwain, aux Émirats arabes unis.

Grâce à des poteries et à la datation au carbone de restes organiques trouvés dans les fondations du complexe, le monastère est estimé appartenir à une période comprise entre 534 et 656 apr. J.-C., soit la période de vie du prophète Mahomet, né vers 570 et mort en 632.

Le site semble avoir été abandonné au cours du VIIIe siècle, non pas à la suite d'un conflit entre les deux religions, mais en raison d'un conflit interne à l'islam, estiment les archéologues.

«Les murs ont fini par s'effondrer, et les sables emportés par le vent se sont déplacés sur eux, laissant des monticules bas avec des débris de construction, ainsi que des poteries, du verre et des pièces de monnaie visibles à la surface», explique Tim Power, professeur associé d'archéologie à l'université des Émirats arabes unis à Al-Ain et codirecteur du projet d'archéologie de l'île de Siniyah.

Selon M. Power, c'est une erreur de supposer que les chrétiens du Golfe à l'époque de la montée de l'islam étaient des étrangers (Photo, Département d'archéologie et de tourisme d'Umm al-Quwain).

«Mais il n'y a absolument aucune preuve de destruction, ou d'endommagement délibéré du site. Nous avons même le pied du calice en verre utilisé pour la distribution de l'Eucharistie, trouvé à son emplacement d'origine, et le bol pour mélanger le vin de l'Eucharistie, également in situ

«On a vraiment l'impression qu'ils se sont levés un jour et qu'ils sont partis», ajoute M. Power.

M. Power estime que le site a été abandonné non pas du fait de divergences religieuses, «mais en raison de l'invasion abbasside de 750 apr. J.-C., ce qui correspond à notre datation de la céramique et à la datation au carbone radio de l'abandon».

En effet, en 750 apr. J.-C., le califat abbasside, installé en Mésopotamie, renverse les Omeyyades. «Nous savons, d'après les sources historiques arabes, que l'invasion abbasside a été particulièrement violente, et que les villes côtières des émirats ont été détruites», précise-t-il.

«Je pense donc que ces gens ont fui, terrorisés par la perspective de l'invasion des autorités impériales en Irak, qui tentaient de garder le contrôle de leurs provinces rétives. C'était un conflit entre deux groupes distincts de musulmans.»

L'existence du monastère jusqu'à cette date-là au milieu du VIIIe siècle, plus de cent ans après la mort du prophète Mahomet, est la preuve qu'«il y avait clairement un degré de tolérance intercommunautaire et interconfessionnelle au niveau local».

Selon M. Power, c'est une erreur commune de supposer que les chrétiens du Golfe à l'époque de la montée de l'islam étaient des étrangers.

«Il convient de se rappeler que le christianisme est une religion moyen-orientale. Jésus-Christ parlait l'araméen, qui était la langue du Moyen-Orient à l'époque des conquêtes arabes. Ces églises et monastères n'ont très probablement pas été construits par des étrangers visitant ces côtes, mais par et pour la communauté arabe chrétienne locale», souligne-t-il.

«Il existe de nombreuses preuves historiques et inscrites qui nous indiquent que sans doute la majorité de la péninsule arabique jusqu'à la montée de l'islam était christianisée.»

Frise appartenant à un monastère chrétien sur l'île de Sir Bani Yas (Photo, DCT Abu Dhabi).

«Bien que le christianisme ait reculé devant la montée de l'islam, les chrétiens n'étaient pas considérés comme des étrangers à cette époque car ils faisaient partie de la famille.»

«Au fil des générations, les Arabes chrétiens ont commencé à se convertir à l'islam. Mais en tant que musulman, vous pouviez par exemple avoir un cousin chrétien et, comme c'est encore le cas aujourd'hui, ces communautés étaient fortement liées par les liens de parenté», poursuit-il.

«L'appartenance à une tribu constituait sans doute la pierre angulaire de votre identité, l'appartenance religieuse était presque secondaire.»

Il s'agit de la seconde découverte d'un monastère chrétien aux Émirats arabes unis. En 1992, le tout nouvel Abu Dhabi Islands Archaeological Survey, fondé par le cheikh Zayed, alors président des Émirats arabes unis, a lancé des recherches sur trois îles.

Sur l'une d'entre elles, Sir Bani Yas, située à seulement 7 kilomètres de la côte dans la région occidentale d'Abu Dhabi, les archéologues ont rapidement trouvé des pistes prometteuses: les vestiges de plusieurs maisons à cour intérieure et des fragments de poterie datés des VIe et VIIe siècles de notre ère.

Les premières preuves d'une occupation chrétienne ont été mises au jour en 1994 dont notamment des fragments de croix en plâtre qui ressemblent singulièrement à d'autres trouvées précédemment sur d'autres sites du Golfe.

Au cours des deux saisons suivantes, comme le rapporte la mission dans un article publié en 1997, «une structure très grande et complexe est apparue... qui s'avère maintenant être un monastère, avec une église en son centre dans une cour».

Il existe désormais une multitude de preuves, tant écrites qu'archéologiques, attestant de l'existence du christianisme dans le Golfe depuis au moins le IVe siècle de notre ère jusqu'aux deux premiers siècles de l'islam.

Selon des sources écrites en syriaque, un dialecte de l'araméen parlé par les communautés chrétiennes du Moyen-Orient du Ier au VIIIe siècle de notre ère, l'Église d'Orient, également connue sous le nom d'Église nestorienne, prospérait dans une région appelée Beth Qatraye.

Les archéologues qui ont fouillé le site ont découvert une cour ouverte d'environ 20 mètres de long, entourée de murs et de portes menant à trois salles (Photo fournie).

Selon l'Encyclopedic Dictionary of the Syriac Heritage (dictionnaire encyclopédique du patrimoine syriaque), publié par l'Institut syriaque, qui a pour mission de promouvoir l'étude et la préservation du patrimoine et de la langue syriaques, Beth Qatraye, «terre des Qataris», comprenait «non seulement la péninsule de Qatar, mais également son arrière-pays, Yamama» – aujourd'hui une région historique de l'Arabie saoudite – «et toute la côte du nord-est de l'Arabie jusqu'à la péninsule de Musandam, dans l'actuel Oman, ainsi que les îles» du Golfe.

On trouve des références à Beth Qatraye dans plusieurs documents chrétiens rédigés dans les années précédant l'émergence de l'islam. Le plus ancien provient de la «Chronique d'Arbela», écrite en syriaque et supposée avoir été produite entre 551 et 569 apr. J.-C. par un moine de l'actuelle Erbil, dans la région du Kurdistan en Irak.

La chronique mentionne l'existence de plusieurs diocèses chrétiens dans le Golfe, et plus précisément dans la région de Beth Qatraye, dès 225 apr. J.-C..

«Redécouverte» pour la première fois en 1907, la chronique a connu des hauts et des bas auprès des historiens ecclésiastiques. Bien que son authenticité ait été contestée, nombre de ses détails semblent avoir été confirmés par des découvertes archéologiques ultérieures dans le Golfe.

Les spécialistes ne doutent cependant pas de l'authenticité de la correspondance ecclésiastique préservée qui montre que le christianisme était établi à Beth Qatraye au moins au IVe siècle.

Ishoyahb III, patriarche de l'Église d'Orient de 649 à 659, a laissé une multitude de lettres aux historiens, dont cinq envoyées depuis sa base d'Adiabène, dans le nord de la Mésopotamie, au clergé et aux fidèles de Beth Qatraye.

Une autre source précieuse qui mentionne la région de Beth Qatraye est le «Livre des gouverneurs», une histoire monastique écrite au milieu du IXe siècle par Thomas, un évêque de Marga, un diocèse syriaque oriental dans la province métropolitaine d'Adiabène, qui était une province de l'empire sassanide en Mésopotamie.

Les preuves archéologiques d'une présence chrétienne dans le Golfe abondent également dans la région. Les premiers indices ont été découverts en 1931 à Hira, une ancienne cité du centre-sud de l'Irak, qui, vers le IIIe siècle apr. J.-C., devient la capitale des Lakhmides, une tribu chrétienne originaire du Yémen.

En 1960, l'archéologue français Roman Ghirshman a fouillé un monastère chrétien du VIIe siècle sur l'île iranienne de Kharg, et en 1988, une église a été découverte à Al-Qusur sur l'île de Failaka, au Koweït.

Peu avant la découverte de l'église de Jubail, trois croix chrétiennes ont été trouvées à proximité, à Jabal Berri, un affleurement rocheux situé à environ 10 kilomètres au sud-ouest de la ville, à quelque 7 kilomètres de la côte. Deux d'entre elles étaient en bronze, et la troisième, haute de 5 centimètres seulement, était taillée dans une seule pièce de nacre.

Les documents ecclésiastiques et arabes témoignent non seulement d'une importante activité chrétienne dans les régions de l’actuelle Arabie saoudite, mais ils démontrent également que «loin de connaître un déclin, le christianisme a prospéré dans le Golfe immédiatement après la conquête musulmane», comme le souligne Robert Carter, professeur d'archéologie arabe et moyen-orientale à l'UCL Qatar, dans l'ouvrage Les préludes de l'Islam publié en 2013.

En effet, il y a eu «un regain d'activité chrétienne à partir de la fin du VIIe et/ou du VIIIe siècle, qui s'est prolongé au début du IXe siècle à Kharg».

«Il n'y a absolument aucune preuve de destruction ou d'endommagement délibéré du site de l'île de Siniyah», selon Tim Power, professeur associé d'archéologie à l’université des Émirats arabes unis d’Al-Ain (Photo, fournie).

L'un des sites où le christianisme s'est épanoui est l'île de Tarut, au large de l'actuel gouvernorat de Qatif, dans la province orientale de l'Arabie saoudite. C'est là, en 635, que les forces musulmanes ont mis fin à la «ridda», le mouvement d'apostasie dans la région orientale, lors d'une bataille finale qui s'est déroulée à Darin, sur l'île.

Cependant, «la conquête musulmane n'a pas mis fin à la communauté nestorienne ici», comme le précise Daniel Potts, professeur d'archéologie et d'histoire du Proche-Orient ancien à l'Institute for the Study of the Ancient World de l'université de New York, dans un article publié dans la revue Expedition en 1984.

Il existe des documents attestant qu'un grand synode, ou concile de l'Église, s'est tenu sur l'île en 676, plus de 40 ans plus tard.

Il s’agit d'un rassemblement important, car c'est lors de ce synode que la pratique chrétienne du mariage dans une église a été établie pour la première fois, lorsque Georges Ier, l'évêque principal de l'Église d'Orient, a décrété que, dorénavant, seules les unions bénies par un prêtre seraient considérées comme légitimes.

En novembre dernier, le prince héritier Mohammed ben Salmane a annoncé qu'un montant de 2,64 milliards de riyals (703 millions de dollars) avait été alloué au développement de l'île de Tarut, qui compte aujourd'hui 120 000 habitants, afin de préserver son patrimoine et de renforcer son potentiel touristique.

Tarut n'était pas le seul site chrétien de l'actuelle Arabie saoudite. Parmi les autres centres ou églises mentionnés dans les textes syriaques, citons «Hagar» et «Juwatha», qui auraient tous deux été situés quelque part dans l'oasis d'Al-Hasa, ainsi que dans les îles voisines d'Al-Qatif et d'Abu Ali, juste au nord de Jubail.

Tous ces sites chrétiens, de Jubail en Arabie saoudite à Umm Al-Quwain aux Émirats arabes unis, ont fini par disparaître de l'histoire. Selon John Langfeldt, prêtre et historien américain qui a écrit le premier article sur l'église de Jubail après avoir visité le site en 1993, l'assimilation des chrétiens s'est faite dans le cadre d'un processus pacifique.

«Il n'y a pas eu de conversion forcée de la population à l'islam (et) le christianisme est resté la principale obédience religieuse de la grande majorité de la population», écrit Langfeldt dans un article publié dans la revue Arabian Archaeology and Epigraphy en 1994.

«Progressivement, sur plusieurs siècles, probablement en raison de plusieurs facteurs tels que le poids de... l'impôt, l'isolement des contacts chrétiens extérieurs, la facilité, les belles qualités de l'islam et l'excellent témoignage de ses adeptes, la quasi-totalité de la population a été islamisée.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".