La Tunisie dans l'incertitude après le fiasco des législatives

Le président tunisien Kais Saied (centre) arrive pour rencontrer le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors du Sommet des leaders américano-africains au Walter E. Washington Convention Center à Washington, DC, le 14 décembre 2022. (Photo par Mandel Ngan / Pool/ AFP)
Le président tunisien Kais Saied (centre) arrive pour rencontrer le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors du Sommet des leaders américano-africains au Walter E. Washington Convention Center à Washington, DC, le 14 décembre 2022. (Photo par Mandel Ngan / Pool/ AFP)
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Publié le Dimanche 18 décembre 2022

La Tunisie dans l'incertitude après le fiasco des législatives

  • Le chef de la principale coalition d'opposants Ahmed Nejib Chebbi a appelé le président à «quitter ses fonctions immédiatement» après l'annonce d'un taux de participation de seulement 8,8% au premier tour d'un scrutin organisé pour renouveler le Parlement
  • «C'est un grand désaveu populaire pour le processus», démarré le 25 juillet 2021 quand Kais Saied avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s'emparant de tous les pouvoirs, a déclaré dimanche M. Nejib Chebbi

TUNIS : Le fiasco des élections législatives en Tunisie, marquées samedi par une abstention record de plus de 90%, est un camouflet pour le président Kais Saied dont l'opposition réclame le départ, et qui se retrouve délégitimisé et très affaibli dans ses négociations avec le FMI d'un prêt crucial pour une économie aux abois.

«L'échec», a titré dimanche le journal Maghreb.

Le chef de la principale coalition d'opposants Ahmed Nejib Chebbi a appelé le président à «quitter ses fonctions immédiatement» après l'annonce d'un taux de participation de seulement 8,8% au premier tour d'un scrutin organisé pour renouveler le Parlement.

Il s'agit du pire taux de participation à des élections en Tunisie depuis la Révolution de 2011 qui avait chassé du pouvoir le dictateur Zine EL Abidine Ben Ali et fait émerger la première démocratie du monde arabe.

«C'est un grand désaveu populaire pour le processus», démarré le 25 juillet 2021 quand Kais Saied avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s'emparant de tous les pouvoirs, a déclaré dimanche M. Nejib Chebbi dans un entretien téléphonique à l'AFP.

«92% ont tourné le dos à son processus illégal qui bafoue la Constitution», a poursuivi M. Chebbi, président du Front de Salut national (FSN), dont fait partie le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de M. Saied et ancien parti majoritaire au Parlement pendant les 10 ans qui ont suivi la Révolution tunisienne de 2011.

Il a appelé les autres formations politiques à «s'entendre sur la nomination d'un haut magistrat» capable de «superviser une nouvelle élection présidentielle».

Après son coup de force puis la dissolution du Parlement, dénoncés depuis des mois comme «un coup d'Etat» par l'opposition, le président Saied a fait adopter cet été par référendum une Constitution qui réduit drastiquement les prérogatives du Parlement.

Il a aussi réformé le mode de scrutin utilisé samedi pour les législatives, en interdisant toute affiliation politique pour les candidats, dont la plupart étaient inconnus, ce qui, pour les experts, a contribué à faire chuter la participation.

La plupart des partis tunisiens dont aussi le Parti destourien libre d'Abir Moussi (opposition anti-islamiste) boycottaient en outre le scrutin de samedi.

- «situation bloquée» -

Pour le politologue Hamadi Redissi, l'extrêmement faible taux de participation aux législatives «est inattendu car même les prévisions les plus pessimistes tablaient sur 30%» comme au référendum sur la Constitution.

«C'est un désaveu personnel pour M. Saied qui a décidé tout tout seul», a ajouté l'expert interrogé par l'AFP, estimant que «sa légitimité est en cause».

Toutefois, selon cet expert, «la situation est bloquée» car «il n'existe aucun mécanisme juridique pour destituer le président» dans la nouvelle Constitution de 2022.

Le nouveau Parlement -- qui ne sera constitué qu'après un deuxième tour d'ici début mars -- n'a pas cette compétence et peut, au mieux, censurer le gouvernement mais à l'issue d'un processus long et complexe.

Pour le politologue Slaheddine Jourchi, après le fiasco du premier tour des législatives, M. Saied est «plus isolé, des élites, des partis et maintenant du peuple aussi».

«Ce taux jamais enregistré (à un tel niveau dans une élection) reflète l'absence de confiance du peuple. Il s'est toujours prévalu du soutien du peuple mais ce taux de participation va être un choc, une secousse qui pourrait lui faire perdre ses équilibres», a estimé M. Jourchi.

Le FSN a lancé un appel à la mobilisation des différentes forces d'opposition, y compris via des manifestations.

Mais l'opposition «est faible et divisée» entre d'un côté le camp laïc et progressiste, et de l'autre le FSN coalisé autour d'Ennahdha, a souligné M. Redissi.

Il y a «peu de chances qu'elle s'unisse tant qu'on n'aura pas résolu la question Ennahdha», a-t-il dit, à propos de cette formation à laquelle une bonne partie des Tunisiens, qui soutenaient au début le coup de force de M. Saied, a imputé les échecs économiques et sociaux de la dernière décennie.

La population est très inquiète de la dégradation continue de ses conditions: inflation galopante, chômage très élevé et un taux de pauvreté qui touche 4 millions des 12 millions de Tunisiens.

Le FSN ne s'y est pas trompé en qualifiant aussi de «désaveu» -- international cette fois -- le report par le Fonds monétaire international (FMI) à début janvier au plus tôt d'un accord définitif sur un nouveau prêt de deux milliards de dollars, demandé par la Tunisie et qui aurait dû être donné ce lundi.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com