Beyrouth: émouvante cérémonie pour le Casque bleu irlandais assassiné, beaucoup réclament une enquête

Des soldats de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) se tiennent près d'un Airbus A321 qui appartient à la compagnie aérienne Middle East Airlines lors de la cérémonie de rapatriement de la dépouille du soldat irlandais Sean Rooney, assassiné à bord d'un véhicule de l'ONU, à l'aéroport international de Beyrouth, le 18 décembre 2022. (AFP)
Des soldats de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) se tiennent près d'un Airbus A321 qui appartient à la compagnie aérienne Middle East Airlines lors de la cérémonie de rapatriement de la dépouille du soldat irlandais Sean Rooney, assassiné à bord d'un véhicule de l'ONU, à l'aéroport international de Beyrouth, le 18 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 19 décembre 2022

Beyrouth: émouvante cérémonie pour le Casque bleu irlandais assassiné, beaucoup réclament une enquête

  • Le patriarche maronite, Bechara Rahi, a exhorté dimanche dernier le Liban et la communauté internationale à ouvrir une enquête transparente sur la mort de Sean Rooney
  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères a réclamé l'ouverture d'une enquête transparente sur les circonstances de l'attaque

BEYROUTH: Le patriarche maronite, Bechara Rahi, a exhorté dimanche dernier le Liban et la communauté internationale à ouvrir une enquête transparente sur la mort de Sean Rooney, soldat du bataillon irlandais de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) qui a été touché par une balle pendant une mission de maintien de la paix dans le pays. 

«Le moment est venu pour l'État de mettre la main sur toutes les armes illégales et illicites» et d'appliquer «intégralement et concrètement» la résolution 1701 de l'ONU, a déclaré le cardinal Rahi dans son homélie dominicale. 

Ce dernier a ajouté que cette résolution, dont l'objectif est de sortir de la guerre de 2006, a été jusqu'à présent restreinte de manière «sélective, arbitraire et soumise à la volonté des forces de facto». 

Le cardinal Rahi s’exprimait alors que le commandement de la Finul accueillait le corps de Rooney (23 ans), tué par balles par des inconnus mercredi soir. Le véhicule qui le transportait a été touché par des coups de feu dans une zone située au-delà du champ d'action de la Finul, dans le sud du Liban, non loin de la frontière avec Israël. 

La victime a péri d'une balle à la tête lorsque sept projectiles ont transpercé son véhicule. 

Sa dépouille a été examinée par un médecin légiste libanais à l'hôpital Hammoud, à Sidon. Elle a ensuite été remise au commandement de la Finul, qui l'a conduite à l'aéroport international Rafic-Hariri à Beyrouth. 

L'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies ont tenu une cérémonie d'adieu en hommage au soldat irlandais à l'aéroport de Beyrouth. Des Casques bleus entouraient le cercueil de Rooney lors de son arrivée de l'hôpital. 

Son corps a ensuite été transporté à bord d'un véhicule militaire en vue de son rapatriement en Irlande. 

La victime se rendait à l'aéroport de Beyrouth mercredi en compagnie d'autres soldats. Ils devaient rentrer chez eux pour les vacances lorsque l'attaque a eu lieu. 

Les pays arabes ont dénoncé cet assassinat. 

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a réclamé l'ouverture d'une enquête transparente sur les circonstances de l'attaque. 

Il a affirmé que le Royaume s'oppose fermement à toute forme de violence et qu'il soutient la mission de la Finul. 

Pour sa part, le ministère jordanien des Affaires étrangères a appelé à assurer la sécurité et la sûreté des missions de l'ONU chargées du maintien de la paix pour leur permettre de remplir le rôle qui leur a été assigné par le Conseil de sécurité. 

Le Koweït a demandé à travers son ministère des Affaires étrangères que soit ouverte une enquête sur les circonstances de l'attaque. Il a également exigé que les auteurs soient tenus responsables de leurs actes. 

En effet, les enquêtes se poursuivent pour élucider l'incident survenu dans le village d’Aaqibiyé. 

L'attaque a fait trois blessés parmi les soldats. Deux se sont remis de leurs blessures; le troisième, gravement blessé, est encore soigné à l'hôpital. 

Dans ce contexte, les autorités n'ont pas porté plainte contre les agresseurs et personne n'a été arrêté à ce jour. 

Le service de renseignement de l'armée libanaise est chargé de l'enquête du côté libanais. Il a convoqué plusieurs témoins qui étaient présents au moment où le véhicule de la Finul a été assailli. 

Une source des services de sécurité a confié à Arab News que plusieurs individus avaient disparu depuis l'attaque. 

La Finul refuse de divulguer des informations sur l'évolution de l'enquête qu'elle mène. En revanche, certaines informations laissent entendre que le Hezbollah mène une enquête séparée au sujet de cet assassinat. 

Un civil qui suit l'enquête s'est dit étonné de la «discrétion excessive» qui entoure la scène de crime. La décision d'interdire aux médias de se rendre sur les lieux du crime n'aurait «aucun rapport avec le Hezbollah». 

Outre l'incident survenu dans le village d’Aaqibiyé, un différend oppose les habitants du village frontalier de Rmeich, dans le district de Bint-Jbeil, et des membres du Hezbollah. En effet, ce dernier a décidé de raser des terres qui appartenaient aux habitants pour y construire des installations. Ces zones sont situées à l'extérieur du village et s'étendent jusqu'à la frontière sud. 

Les héritiers d'une ferme adjacente au village d'Aïta ach-Chab ont adressé une lettre à la municipalité de Rmeich. 

Les signataires de la pétition possèdent en effet des titres de propriété qui portent le nom de leurs pères et de leurs grands-pères et qui remontent à des dizaines d'années. Ils déplorent le fait que des membres du Hezbollah aient rasé leurs propriétés au bulldozer, érigé des installations et empêché les résidents de s'approcher. 

Selon les plaignants, des membres de l'association Green Without Borders (affiliée au Hezbollah) ont fait intrusion sur leurs terrains la semaine dernière et ils ont abattu les chênes pérennes qui s'y trouvaient. 

Les affiliés du Hezbollah ont exigé des propriétaires du terrain qu'ils présentent des documents qui attestent leur droit de propriété et ils les ont empêchés de s'approcher de leurs terres, précisent les plaignants. 

Le maire de Rmeich, Elie Choufani, affirme que l'association Green Without Borders a construit une route au niveau de la frontière qui empiète sur des propriétés appartenant à des habitants de son village. 

Les travaux se sont déroulés au vu et au su de l'armée libanaise, qui opère dans une zone du sud du pays couverte par la résolution 1701, en dépit du désaccord et du mécontentement des habitants, explique le maire. 

Dans son homélie dominicale, le patriarche Rahi a exprimé son mécontentement à l'égard des événements qui secouent Rmeich. 

Il a précisé que «des parties influentes dans la région et les membres des forces associées de fait à un parti présent dans la région sont à l'origine de ces transgressions».  

Il a exhorté les services de sécurité à «mettre immédiatement fin aux violations, à repousser les étrangers qui s’infiltrent dans le village et à interdire les agissements et les infractions qui compromettent la coexistence entre les communautés».  

Le rédacteur en chef du site Janoubia, spécialisé dans l'actualité du Sud-Liban, Ali al-Amine, a affirmé dans un entretien accordé à Arab News que l'association Green Without Borders, qui se présentait auparavant comme une association civile, se lance désormais dans des activités de «résistance». 

Il ajoute que le Hezbollah «voulait faire comprendre à l'extérieur» qu'il détenait le contrôle du sud du Liban. 

Ce site est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'eau dessalée au secours de l'agriculture dans le sud du Maroc

A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030. (AFP)
A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030. (AFP)
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  • Depuis 2022, la station de dessalement fournit l'équivalent de 125.000 m3 d'eau par jour pour l'irrigation de 12.000 hectares de primeurs
  • Mais aussi 150.000 m3 par jour pour l'eau potable destinée à 1,6 million d'habitants de la ville et ses environs, indique à l'AFP Ayoub Ramdi, responsable au sein de l'Office régional de mise en valeur agricole

AGADIR: Elle est coûteuse et critiquée pour son impact environnemental. Mais sans l'eau dessalée, "on ne serait plus là", dit la responsable d'un géant de la production de tomates cerises dans le sud du Maroc.

Abir Lemseffer, directrice générale adjointe du groupe Azura, fait référence à la grave sécheresse liée au changement climatique, que traverse le pays depuis 2018.

Dans la plaine de Chtouka, à une soixantaine de kilomètres d'Agadir, les 800 hectares d'exploitation de ce groupe franco-marocain sont irrigués à 100% par de l'eau dessalée.

Depuis 2022, la station de dessalement fournit l'équivalent de 125.000 m3 d'eau par jour pour l'irrigation de 12.000 hectares de primeurs. Mais aussi 150.000 m3 par jour pour l'eau potable destinée à 1,6 million d'habitants de la ville et ses environs, indique à l'AFP Ayoub Ramdi, responsable au sein de l'Office régional de mise en valeur agricole.

La station compte atteindre 400.000 m3 par jour, dont la moitié destinée à l'irrigation, à fin 2026.

Sans cette eau, affirme l'agronome Rqia Bourziza, "un scénario catastrophique se profilait au Maroc".

L'agriculture, qui représente environ 12% du PIB du pays, a été gravement affectée par un stress hydrique aigu, du fait de six années consécutives de sécheresse.

"Eau chère" 

A l'échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d'une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030.

Si 1.500 agriculteurs irriguent avec l'eau dessalée dans la région du Souss-Massa qui englobe Agadir, d'autres n'y ont pas souscrit en raison de son coût.

C'est le cas de Hassan qui cultive, sur un demi-hectare, de la courgette et du poivron irrigués par l'eau d'un puits partagé par 60 agriculteurs.

"Je ne peux pas me permettre d'utiliser cette eau car elle est chère", explique cet homme qui n'a pas souhaité donner son nom.

L'eau dessalée est vendue à 0,48 euro le m3 (cinq dirhams hors taxe) contre en moyenne 0,096 euro par m3 (un dirham) pour des eaux conventionnelles.

A la sortie de l'usine, cette eau coûte en fait encore plus cher: 1,05 euro par m3 (onze dirhams). Mais les contributions publiques de 40% à ce projet font baisser le tarif.

Pour l'agronome Ali Hatimy, "le coût de l'eau dessalée réduit considérablement le nombre des cultures pouvant être irriguées, car elle n'est amortie que par des cultures à très haute valeur ajoutée".

Ce que confirme Mme Bourziza: l'irrigation à l'eau dessalée est une "très bonne alternative", mais "lorsqu'elle est utilisée dans des cultures à haute valeur comme les tomates ou l'arboriculture".

Au-delà du coût, "la production de l'eau dessalée demande énormément d'énergie électrique et les rejets de saumure ont un impact sur les écosystèmes marins", note Ali Hatimy.

M. Ramdi de l'Office de mise en valeur agricole assure qu'"aucun impact" n'a été constaté autour de la ville côtière d'Agadir, et que des diffuseurs sont utilisés "dans les conduits de rejet pour diluer la saumure".

L'eau des nappes "insuffisante" 

Les enjeux dans la région du Souss-Massa, qui totalise 85% des exportations marocaines de produits maraîchers, sont de taille.

Les cultures maraîchères y occupent 29.000 hectares, pour une production de près de deux millions de tonnes par an et près de 940 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon le ministère de l'Agriculture.

La station de dessalement a ainsi permis d'éviter une perte de plus de 860 millions d'euros en valeur ajoutée en plus de préserver plus d'un million d'emplois par an, selon M. Ramdi.

"Le dessalement a sauvé l'agriculture dans Chtouka", dit avec enthousiasme Mohamed Boumarg en arpentant une de ses serres de tomates, produit phare de la région.

"Avant, je ne cultivais que cinq hectares car j'étais conditionné par la quantité d'eau que j'avais. L'eau de nappe n'était pas suffisante", raconte cet agriculteur de 38 ans qui exploite désormais une vingtaine d'hectares dont 60% de la production est destinée à l'export.

"Il en va de notre survie", souligne Mme Lemseffer: "Soit on accepte de sacrifier une partie de la marge en utilisant de l'eau dessalée, soit on met la clef sous la porte".

 


Gaza: «Nous ne nous arrêterons pas», affirme le chef du programme d'aide soutenu par Israël

L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base. (AFP)
L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base. (AFP)
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  • "Nous ne fermerons pas. Nous avons une tâche à accomplir. C'est très simple, fournir tous les jours de la nourriture gratuite aux habitants de Gaza. C'est tout", a lancé devant la presse à Bruxelles le président de la GHF, Johnnie Moore
  • Il a en outre assuré que son organisation restait déterminée à poursuivre son travail dans la bande de Gaza si un cessez-le-feu était conclu

BRUXELLES: La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël mais remise en cause par l'ONU et des dizaines d'ONG internationales poursuivra son aide à la bande de Gaza, a affirmé mercredi son chef, démentant que des Palestiniens aient été tués sur ses sites.

"Nous ne fermerons pas. Nous avons une tâche à accomplir. C'est très simple, fournir tous les jours de la nourriture gratuite aux habitants de Gaza. C'est tout", a lancé devant la presse à Bruxelles le président de la GHF, Johnnie Moore, un évangélique chrétien allié au président Donald Trump.

Il a en outre assuré que son organisation restait déterminée à poursuivre son travail dans la bande de Gaza si un cessez-le-feu était conclu. "Sauf si nous y sommes contraints d'une manière ou d'une autre, nous n'avons absolument aucune intention d'abandonner ces personnes", a-t-il martelé.

Selon M. Moore, la GHF, une organisation caritative privée qui a officiellement son siège aux Etats-Unis et dont les financements sont opaques, a livré plus d'un million de boîtes de produits alimentaires depuis le début de ses opérations, le 26 mai, dans la bande de Gaza. Et ce après qu'Israël a interrompu les flux d'aide alimentaire dans ce territoire palestinien pendant plus de deux mois, en dépit des avertissements de risque de famine.

Controverses 

La mise en place de cette aide a donné lieu à des scènes chaotiques, l'armée israélienne ayant fait feu à plusieurs reprises pour tenter de contenir des centaines de Palestiniens désespérés.

L'ONU et les principales organisations d'aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base.

Le bureau des droits de l'homme des Nations unies a déclaré la semaine dernière que, depuis le début des opérations de la GHF, les militaires israéliens avaient "bombardé et tiré sur des Palestiniens essayant d'atteindre les points de distribution, causant de nombreux décès".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part déclaré vendredi que 500 personnes avaient été tuées "sur des sites de distribution de nourriture militarisés non liés à l'ONU" au cours des deux semaines précédentes.

"Chaque jour, les équipes de MSF voient des patients tués ou blessés en essayant d'obtenir de la nourriture sur l'un de ces sites", a quant à elle déploré, également le 27 juin, l'ONG Médecins sans frontières.

Mais M. Moore a nié que des Palestiniens aient été tués dans ou à proximité des quatre sites de distribution de la GHF.

"Nous n'avons eu aucun incident violent sur nos sites de distribution", ni "à proximité immédiate", a-t-il assuré.

Fermeture en Suisse 

Johnnie Moore a également affirmé que l'annonce mercredi des autorités suisses concernant la fermeture pour des raisons administratives de la branche genevoise de son groupe n'aurait "absolument aucun impact sur l'avenir des opérations de la GHF".

L'Autorité suisse fédérale de surveillance (ASF) des fondations a publié dans la feuille officielle suisse du commerce "un appel aux créanciers suite à la liquidation de la fondation enregistrée à Genève" et "pourra ordonner la dissolution de la fondation si aucun créancier ne s'annonce dans le délai légal de 30 jours", a expliqué le Département fédéral de l'Intérieur à l'AFP.

De son côté, "la GHF a confirmé (...) qu'elle n'avait jamais exercé d'activités en Suisse en tant que fondation et qu'elle entendait dissoudre la fondation enregistrée à Genève", selon l'Autorité.

"Etant donné qu'elle ne respectait pas certaines obligations légales", l'ASF avait exigé de GHF qu'elle clarifie la situation d'ici à fin juin.

L'ASF avait constaté plusieurs manquements: "La fondation ne disposait pas d'un membre du conseil de fondation habilité à signer et domicilié en Suisse; elle n'avait pas le nombre minimum de trois membres au sein du conseil de fondation prévu par ses statuts; elle n'avait pas de compte en Suisse; elle ne disposait pas d'adresse valable en Suisse; elle ne disposait pas d'organe de révision."

Israël, dont l'offensive a débuté au lendemain d'une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, a imposé début mars à la bande de Gaza un blocus humanitaire.

Ce dernier a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité et n'a été que partiellement assoupli lorsque la GHF a commencé ses distributions dans des centres.

Le 1er juillet, près de 170 ONG internationales ont appelé à mettre fin à ce nouveau système de distribution d'aide et réclamé un retour au mécanisme qui prévalait jusqu'en mars, quand la distribution d'aide était coordonnée par diverses ONG et agences de l'ONU.

 

 


Le Premier ministre libanais redouble d'efforts en matière de contrôle des armes

Nawaf Salam a déclaré que le gouvernement libanais intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État. (Fourni)
Nawaf Salam a déclaré que le gouvernement libanais intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État. (Fourni)
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  • Les autorités libanaises rédigent une réponse à la proposition de désarmement des États-Unis
  • Le Premier ministre Nawaf Salam déclare que le pays ne peut rester en marge des changements régionaux historiques

BEYROUTH : Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a déclaré mercredi que son gouvernement intensifiait ses efforts pour limiter les armes aux seules institutions de l'État et pour étendre son autorité à toutes les régions du pays, dans le cadre d'une initiative plus large visant à faire progresser la mise en œuvre d'un cessez-le-feu.

Les commentaires de M. Salam interviennent alors que les responsables libanais préparent une réponse à la proposition de Washington de désarmer le Hezbollah, qui a été présentée par l'envoyé américain pour la Syrie et le Liban, Tom Barrack, lors d'une visite à Beyrouth le mois dernier.

La proposition est axée sur un désarmement complet d'ici la fin de l'année, le renforcement des relations libano-syriennes, la mise en œuvre de réformes financières et l'établissement d'un mécanisme supervisé par les Nations unies pour garantir la libération des prisonniers détenus par Israël au cours de la récente guerre contre le Hezbollah.

Tom Barrack devrait se rendre à Beyrouth lundi pour discuter de cette réponse.

Lors de son discours devant le Conseil économique, social et environnemental, M. Salam a confirmé le contrôle de l'aéroport international Rafik Hariri et de ses voies d'accès dans le cadre des mesures de sécurité visant à lutter contre la contrebande et à renforcer la sécurité publique.

Il a toutefois ajouté que le retrait d'Israël du territoire libanais faisait partie intégrante de la stabilité du pays, soulignant les efforts déployés par le Liban pour intensifier la pression politique et diplomatique afin de faire appliquer la résolution 1701, d'assurer le retour des citoyens déplacés dans leurs villages et de faire progresser la reconstruction des zones dévastées par la guerre de l'année dernière avec Israël.

À ce jour, un prêt de 250 millions de dollars a été obtenu de la Banque mondiale pour financer la phase de reconstruction immédiate, sous réserve de l'approbation du Parlement, a déclaré M. Salam.

Parallèlement, le Liban s'associe aux agences des Nations unies pour mettre en œuvre des projets d'une valeur de plus de 350 millions de dollars dans le sud du pays, dans les domaines de l'éducation, de la santé, du logement et de la sécurité alimentaire, dans le cadre d'un plan d'aide quadriennal.

M. Salam a indiqué que le Liban accueillerait également une conférence internationale sur la reconstruction dans les mois à venir afin de mobiliser le soutien sous la direction du gouvernement.

"La reconstruction n'est pas seulement une question d'ingénierie ou de finances, mais un processus politique, économique et social global", a-t-il déclaré.

"Les crises cumulées auxquelles le Liban est confronté ne laissent aucune place au retard ou au déni. Le véritable salut passe par des réformes significatives qui construisent un État moderne, un État qui rétablit la confiance de ses citoyens et gagne la confiance de la communauté internationale.

M. Salam a souligné le rôle des pays de la région dans le soutien à la reconstruction du Liban, décrivant les visites du président Joseph Aoun dans les États arabes comme "des mesures concrètes visant à revitaliser les relations du Liban avec ses voisins arabes et à réaffirmer son rôle dans le cadre de la coopération régionale".

Il a ajouté : "La région connaît une transformation historique et le Liban ne peut se permettre de rester à l'écart. Il ne peut y avoir de progrès en dehors du giron arabe, ni d'avenir sans un partenariat fondé sur le respect mutuel et les intérêts partagés."

Le premier ministre a également souligné la coordination directe avec la Syrie pour renforcer la sécurité aux frontières, réduire les activités de contrebande et assurer le retour en toute sécurité des réfugiés syriens.

"Nous attendons avec impatience des contributions significatives qui aideront à restaurer ce qui a été perdu et à renforcer la voie du redressement du pays.

Un comité tripartite composé de représentants des cabinets de M. Salam, de M. Aoun et du président du Parlement, M. Nabih Berri, a récemment tenu une série de réunions afin de rédiger un cadre préliminaire qui servira de réponse de l'exécutif à la proposition de désarmement des États-Unis.

Une source politique au fait des discussions du comité a déclaré à Arab News : "L'atmosphère est constructive et un avant-projet de la réponse du Liban sera finalisé d'ici lundi, avant l'arrivée de l'envoyé américain Barrack à Beyrouth".

La source a déclaré que Berri est chargé de communiquer la position du Hezbollah sur les exigences américaines.

"Il est peu probable que la réponse du Liban soit moins obstinée que celle d'Israël. On ne peut pas attendre du Liban qu'il fasse tous les compromis, alors qu'Israël ignore tous les accords de cessez-le-feu", a déclaré la source.

Il s'agit notamment du fait qu'Israël ne se retire pas des cinq points clés du Liban qu'il occupe, de ses attaques quotidiennes contre le sud et le nord du Liban et de son refus de libérer des prisonniers.

Selon certaines sources, le Hezbollah refuse d'être lié par un quelconque calendrier de désarmement.

"Il considère le traitement actuel du Liban comme une forme de tutelle imposée, d'autant plus qu'Israël continue de représenter une menace existentielle. Les États-Unis sont tenus de fournir des garanties écrites de l'engagement total d'Israël à l'égard de l'accord", ont déclaré les sources.

Le Hezbollah a confirmé qu'il avait remis la zone située au sud du fleuve Litani à l'armée libanaise, qui a ensuite saisi des centaines de dépôts d'armes.

Toutefois, la situation concernant les armes au nord du fleuve est soumise à des conditions différentes, et le groupe militaire a déclaré qu'elle était gérée dans le cadre d'un dialogue interne entamé avec M. Aoun il y a plusieurs mois.

Mohieddine Al-Shahimi, professeur de droit international, a déclaré à Arab News que la proposition américaine au Liban n'était pas nouvelle.

"L'envoyé américain Barrack établit simplement une feuille de route pour que le Liban mette en œuvre toutes les résolutions internationales qu'il n'a pas réussi à appliquer, en commençant par l'accord de Taëf et en allant jusqu'à l'accord de cessez-le-feu.

L'accord, négocié par les États-Unis et la France, vise à mettre en œuvre la résolution 1701, qui appelle au désarmement du Hezbollah, au contrôle exclusif des armes par l'État, au déploiement de l'armée libanaise au sud du fleuve Litani et au rétablissement de la pleine souveraineté du Liban sur son territoire.

"L'accord est mis en œuvre progressivement et dépend des efforts de l'État, qui en assume l'entière responsabilité. Ce n'est qu'après cela qu'Israël remplira ses obligations en vertu de l'accord", a déclaré M. Al-Shahimi.

M. Al-Shahimi estime que le Hezbollah cherche délibérément à gagner du temps.

"Le parti attend de voir comment les relations américano-iraniennes évoluent, tout en ignorant qu'Israël est devenu plus agressif et que la Syrie est très différente de ce qu'elle était auparavant. Le Hezbollah crée de faux espoirs de garanties. Cette stratégie met le Liban dangereusement au bord du gouffre et fait directement le jeu de l'Iran.

Le groupe soutenu par l'Iran a été gravement affaibli par la guerre qui l'a opposé à Israël l'année dernière : plus de 70 % de son arsenal militaire a été détruit et un grand nombre de ses combattants de première ligne ont été tués.

"Le Hezbollah sait que la situation a changé, tant au niveau local qu'international, et que ses anciennes tactiques ne fonctionnent plus", a déclaré M. Al-Shahimi.

"L'Iran, à son tour, épuise le Hezbollah, car il a créé les armes pour défendre ses propres intérêts, mais il ne se considère pas comme responsable de la défense du Hezbollah. Peut-être que le Hezbollah, par son déni délibéré, essaie d'obtenir un effet de levier interne".

Le Hezbollah a accusé Israël d'avoir violé la trêve du 27 novembre à 3 799 reprises, dont 1 916 violations de l'espace aérien et 112 violations de l'espace maritime, faisant 159 morts et 433 blessés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com