Netanyahou sous pression américaine concernant sa politique en Cisjordanie

Washington a envoyé des messages d'avertissement à Netanyahou par l'intermédiaire de son ambassadeur en Israël (Photo, AP).
Washington a envoyé des messages d'avertissement à Netanyahou par l'intermédiaire de son ambassadeur en Israël (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 23 décembre 2022

Netanyahou sous pression américaine concernant sa politique en Cisjordanie

  • Le nouveau gouvernement israélien doit se conformer aux demandes de Biden car il a besoin des armes américaines pour faire face à la menace iranienne, déclare un analyste à Arab News
  • Un joueur de football palestinien a été tué à Naplouse, alors que l'agression des colons sur le site du Tombeau de Joseph suscite une inquiétude croissante

RAMALLAH: Washington a informé Tel Aviv qu'il n'accordera pas de visas d'entrée aux Etats-Unis au personnel de sécurité israélien ou aux colons qui se livrent à des actes de violence en Cisjordanie, selon des sources israéliennes.

Washington a également indiqué qu'elle pourrait réduire son aide militaire à Israël, ou ne pas accorder de garanties annuelles pour une aide de 33 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) pour les dix prochaines années si elle est utilisée contre les Palestiniens en Cisjordanie.

Cette évolution a coïncidé avec l'annonce du nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de sa réussite dans la formation d'un nouveau gouvernement.

Washington a envoyé des messages d'avertissement à Netanyahou par l'intermédiaire de son ambassadeur en Israël, Tom Nides, à la suite du succès des partis israéliens de droite aux élections de début novembre.

Les États-Unis ont défini des lignes rouges que le président, Joe Biden, ne permettra pas de franchir, notamment la prise de mesures unilatérales par Israël pour saper la solution à deux États et la modification du statu quo de la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem.

L'analyste politique israélien Yoni Ben Menachem a déclaré à Arab News que le gouvernement Netanyahou est obligé de se conformer aux demandes américaines car il a besoin des armes de Washington pour les opérations militaires en Iran.

Netanyahou «n'entrera pas dans une confrontation avec Biden parce qu'il a besoin d'obtenir ces armes américaines, et il en a informé les deux (partenaires de la coalition Itamar) Ben-Gvir et (Bezalel) Smotrich», a déclaré Ben Menachem à Arab News.

L'analyste a indiqué que Biden ne souhaite pas une confrontation avec Netanyahou, car cela renforcerait les extrémistes dans le nouveau gouvernement, compromettrait l'Autorité palestinienne et la solution à deux États.

L'analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib a déclaré à Arab News que la composition du nouveau gouvernement israélien constituait un défi et un embarras pour l'administration Biden.

Il a ajouté que le président ferait pression sur Netanyahou pour qu'il limite les éléments d'extrême droite dans sa coalition, ce qui, selon Al-Khatib, serait également dans l'intérêt du nouveau Premier ministre, afin de réduire leur influence sur lui.

Depuis un certain temps, Netanyahou poursuit une stratégie consistant à amplifier la menace iranienne dans la région afin d'inciter davantage de pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël et à se procurer des armes américaines de pointe, ainsi qu'à utiliser cette menace au niveau national pour faire croire à une menace existentielle contre Israël.

Mais il s'efforce de promouvoir cette idée tout en affirmant que l'Autorité palestinienne constitue une menace tout aussi existentielle.

L'AP, quant à elle, pourrait profiter de la pression exercée par les États-Unis sur Israël et de la présence d'éléments d'extrême droite au sein du gouvernement pour raviver ses propres efforts en vue d'améliorer ses relations avec les organisations internationales et les pays européens.

Par ailleurs, selon des sources palestiniennes, le sanctuaire juif du tombeau de Joseph, situé dans le centre de Naplouse, à côté du camp de réfugiés de Balata, est devenu un foyer de tension et de violence.

Les assauts fréquents du site par des dizaines de colons religieux, protégés par les forces de défense israéliennes, donnent souvent lieu à des jets de pierres ou à des confrontations armées entre Palestiniens, colons et forces de défense israéliennes.

Le nombre de Palestiniens tués sur le site depuis le début de l'année est estimé à 20, le dernier en date étant le joueur de football Ahmed Daraghmeh, décédé mercredi soir lors d'un incident qui a fait 22 blessés lorsque des combattants palestiniens ont échangé des coups de feu avec les troupes israéliennes qui escortaient les fidèles juifs vers le tombeau dans la ville palestinienne.

Selon des sources palestiniennes, les incursions se sont multipliées après la bonne performance de Netanyahou et de ses alliés dans les sondages en novembre, et les colons attisent les tensions en postant sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos à leur arrivée au sanctuaire.

Un haut responsable de la sécurité palestinienne à Naplouse, qui a préféré l’anonymat, a déclaré à Arab News que les incursions répétées des forces de défense israéliennes et des colons dans la région se produisaient souvent sans coordination officielle préalable avec les services de sécurité palestiniens, mais qu'elles étaient annoncées à l'avance par le biais des réseaux sociaux israéliens et des pages Web officielles des colons.

La musique forte, la danse, les cris et les fêtes sont monnaie courante à leur arrivée, a déclaré l'officier palestinien, ajoutant que les colons installent souvent des tables chargées de nourriture au sanctuaire. «C'est un acte de provocation, pas une prière», a-t-il ajouté.

Le responsable a signalé qu'auparavant, les visites étaient limitées à une fois par mois pendant la journée, lorsque les Palestiniens de la région étaient généralement au travail ou à l'école, mais qu'elles ont maintenant lieu plus souvent et généralement la nuit, avec des connotations d'extrême droite de plus en plus provocantes.

Ces visites entraînent une augmentation de la charge sécuritaire et un embarras généralisé pour les services de sécurité palestiniens, car chaque visite au sanctuaire se termine par des violences et, de plus en plus, par des meurtres et des blessures parmi les Palestiniens.

«Les citoyens palestiniens se demandent où est la sécurité palestinienne pour nous protéger de l'oppression de l'armée et de l'assaut des colons. Mais, selon les accords conclus avec la partie israélienne, nous ne pouvons pas nous engager dans des affrontements armés avec l'armée israélienne, ce qui nuit à l'image et au prestige des forces de sécurité palestiniennes aux yeux de son peuple», a déclaré le responsable de sécurité palestinienne à Arab News.

Il a décrit le sanctuaire comme étant devenu l'un des points les plus sanglants et les plus tendus entre les Palestiniens, les forces de défenses israéliennes et les colons israéliens en Cisjordanie, juste après la mosquée d’Al-Aqsa.

La police palestinienne garde la tombe 24 heures sur 24, mais se retire lorsque les forces de défenses israéliennes et les colons arrivent pour visiter le site.

Une source israélienne a révélé à Arab News que les affrontements au Tombeau de Joseph étaient dus à la faiblesse des services de sécurité palestiniens de Naplouse, qui ne contrôlent plus la ville.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir mené des frappes dans l'est et le sud du Liban

Des soldats de la paix des Nations Unies circulent dans des véhicules de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et patrouillent le long d'une route dans le village de Kfar Kila, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 17 mars 2025. (AFP)
Des soldats de la paix des Nations Unies circulent dans des véhicules de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et patrouillent le long d'une route dans le village de Kfar Kila, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 17 mars 2025. (AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé avoir mené jeudi des frappes aériennes contre le Hezbollah dans la région de la Békaa, dans l'est, et dans le sud du Liban, pays avec lequel Israël a signé un accord de trêve le 27 novembre
  • L'agence de presse officielle libanaise Ani avait auparavant fait état de frappes israéliennes sur le sud et l'est du pays

Jérusalem, Non défini: L'armée israélienne a annoncé avoir mené jeudi des frappes aériennes contre le Hezbollah dans la région de la Békaa, dans l'est, et dans le sud du Liban, pays avec lequel Israël a signé un accord de trêve le 27 novembre.

L'armée "a mené une frappe contre un site militaire comprenant une structure terroriste souterraine dans la région de la Békaa au Liban, et contre un site militaire (abritant) des lance-roquettes dans le sud, dans lesquels des activités du Hezbollah avaient été repérées", a indiqué l'armée dans un communiqué.

L'agence de presse officielle libanaise Ani avait auparavant fait état de frappes israéliennes sur le sud et l'est du pays.

"Des avions ennemis ont attaqué la région de Shaara, sur le versant oriental de la chaîne de montagnes, près de la ville de Janta, dans la Békaa", a rapporté l'Ani.

Une autre frappe a été signalée à la périphérie de la ville de Taraya, à l'ouest de Baalbek, également dans l'est du Liban.

L'agence de presse a également indiqué que "quatre missiles" avaient été tirés dans une zone "située entre Jbaa, Zahleti et Sanya", dans la région de Nabatiyeh, dans le sud du pays.

Aucune victime n'a été signalée. L'Ani a fait état d'"avions ennemis" volant à basse altitude dans le sud du Liban.

Au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël, tirant sur le territoire israélien depuis son fief du sud du Liban.

Il disait agir en soutien au Hamas. Les tirs transfrontaliers ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, avant un accord de cessez-le-feu.


Algérie: 10 ans de prison requis contre l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal

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  • L'affaire Sansal a aggravé les tensions entre Paris et Alger, dont les relations s'étaient brutalement dégradées après la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, d'un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara
  • Ce territoire non autonome, au statut à définir selon l'ONU, est le théâtre d'un conflit depuis 50 ans entre le Maroc, qui en contrôle de facto 80%, et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger

ALGER: Le parquet d'un tribunal près d'Alger a requis jeudi 10 ans de prison ferme à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé d'atteinte à l'intégrité territoriale de l'Algérie, dont le cas a envenimé des tensions déjà fortes entre Alger et Paris.

Le tribunal correctionnel de Dar El Beida rendra le 27 mars son jugement dans le procès de ce romancier connu pour ses critiques du pouvoir algérien et des islamistes, emprisonné depuis le 16 novembre, à son arrivée à l'aéroport d'Alger, selon les médias Echorouk et TSA.

L'affaire Sansal, qui bénéficie d'un vaste élan de soutien en France, a aggravé les tensions entre Paris et Alger, dont les relations s'étaient brutalement dégradées après la reconnaissance, en juillet 2024, par le président français, Emmanuel Macron, d'un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental.

Ce territoire non autonome, au statut à définir selon l'ONU, est le théâtre d'un conflit depuis 50 ans entre le Maroc, qui en contrôle de facto 80%, et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.

Boualem Sansal, âgé de 80 ans selon son éditeur français Gallimard, a été accusé entre autres d'"atteinte à l'unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l'économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays".

Selon l'accusation, l'écrivain a tenu des propos portant atteinte à l'intégrité du territoire algérien. Il s'agit notamment de déclarations faites en octobre dernier au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle son territoire aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Le procès a eu lieu "ce jeudi 20 mars, dans des conditions ordinaires, sans dispositions particulières", selon le journal arabophone Echorouk, qui a noté que M. Sansal avait "préféré assurer lui-même sa défense" et n'était assisté d'aucun avocat.

Dans un communiqué reçu par l'AFP, son avocat français, Me François Zimeray, a dénoncé "un procès fantôme tenu dans le plus grand secret, sans défense, incompatible avec l'idée même de justice", rappelant avoir saisi "les organes compétents du Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU d'une plainte contre l'Algérie" pour détention arbitraire.

Une démarche qu'il avait annoncée à la mi-mars assurant que M. Sansal n'avait pas un accès normal à des avocats ni à des soins médicaux. Ces affirmations avaient été rejetées par le bâtonnier d'Alger, Mohamed Baghdadi, selon lequel l'écrivain avait décidé de se défendre seul et poursuivait son traitement contre le cancer.

"Exprimer une opinion" 

Selon un journaliste d'Echorouk, M. Sansal, paraissant "en bonne santé", a nié jeudi devant le tribunal toute intention de porter atteinte à l'Algérie, assurant n'avoir fait qu'"exprimer une opinion comme tout citoyen algérien".

Il a admis, selon la même source, n'avoir pas imaginé que ses déclarations pouvaient porter atteinte aux institutions algériennes, se présentant comme "un Algérien qui aime son pays".

Après le revirement français sur le Sahara occidental, dossier sur lequel Paris avait auparavant une position plus neutre, l'Algérie a retiré depuis l'été dernier son ambassadeur à Paris et menacé la France d'autres représailles.

A partir de l'automne, l'affaire Sansal a eu un grand retentissement en France où il a reçu le soutien des cercles intellectuels et politiques.

L'arrestation à Paris début janvier d'influenceurs algériens pour apologie de la violence, puis l'expulsion d'Algériens renvoyés par Alger ces dernières semaines, ont encore aggravé la situation.

La tension est montée d'un nouveau cran après l'attentat le 22 février à Mulhouse (est de la France) ayant fait un mort, dont l'auteur est un Algérien ayant fait l'objet d'obligations de quitter le territoire, rejetées par l'Algérie.

Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a multiplié les déclarations virulentes contre Alger, menaçant d'abroger divers accords bilatéraux dans le cadre d'une "riposte graduée".

Fin février, le président Macron a tenté de calmer le jeu, estimant que les relations bilatérales ne devaient pas "faire l'objet de jeux politiques", alors que la droite et l'extrême droite françaises se sont emparées du sujet porté par M. Retailleau, lui-même en campagne pour la présidence du parti Les Républicains (LR, droite).

M. Macron avait appelé Alger à "régler" le cas Sansal dont "la santé nous préoccupe beaucoup", afin que "la confiance soit pleinement rétablie" entre les deux pays.

Son chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, a réitéré jeudi sur la chaîne française TF1 l'inquiétude française "pour sa santé et ses conditions de détention", soulignant la détermination de Paris à "obtenir sa libération".


Gaza: l'armée israélienne appelle la population à quitter une zone du sud avant une frappe

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  • "A ceux qui se trouvent dans la zone appelée Bani Souheila, ceci est un avertissement avant une frappe", a indiqué le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, dans un message sur son compte X accompagné d'une carte
  • "Les organisations terroristes reviennent dans les zones peuplées pour tirer des roquettes", a-t-il ajouté, après les tirs de trois roquettes vers Israël revendiqués par la branche armée du Hamas

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé jeudi les habitants d'une zone du sud de la bande de Gaza à évacuer avant une frappe aérienne.

"A ceux qui se trouvent dans la zone appelée Bani Souheila, ceci est un avertissement avant une frappe", a indiqué le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, dans un message sur son compte X accompagné d'une carte. "Les organisations terroristes reviennent dans les zones peuplées pour tirer des roquettes", a-t-il ajouté, après les tirs de trois roquettes vers Israël revendiqués par la branche armée du Hamas.