En Irak après la guerre, l'enfer du quotidien pour près d'un million de sans-papiers

Pour près d'un million d'Irakiens, la vie quotidienne est devenue un parcours du combattant, faute d'actes d'état civil officiels. (AFP)
Pour près d'un million d'Irakiens, la vie quotidienne est devenue un parcours du combattant, faute d'actes d'état civil officiels. (AFP)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

En Irak après la guerre, l'enfer du quotidien pour près d'un million de sans-papiers

  • Dans un Irak qui panse encore ses plaies après la défaite de l'EI, un million de personnes vivent avec au moins un acte d'état civil manquant, selon des statistiques de l'ONU
  • Un rapport récent de plusieurs ONG pointait du doigt les complexités supplémentaires pour les familles suspectées d'«affiliation» avec l'EI

MOSSOUL: Mariée depuis une décennie, Alia Abdel-Razak n'a ni contrat de mariage, ni actes de naissance pour ses quatre enfants. Sans ces papiers officiels, elle fait partie de près d'un million d'Irakiens pour lesquels la vie quotidienne est devenue un parcours du combattant.

Car l'absence d'actes d'état civil "entrave l'accès à des services de base --éducation, soins de santé, sécurité sociale" et peut "restreindre la liberté de mouvement ou entraîner un risque accru d'arrestation et de détention", résume une note du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Mossoul et sa province, dans le nord de l'Irak, sont particulièrement affectés. En s'emparant de la métropole dont ils ont fait leur "capitale" en 2014, les jihadistes ont installé leur propre administration, chassant les institutions étatiques.

Même si l'Irak a proclamé en 2017 sa victoire contre eux, la "perte ou destruction" d'actes d'état civil demeure un problème majeur cinq ans plus tard, selon l'ONU.

Entre des démarches bureaucratiques éreintantes, une extrême précarité financière, mais aussi les traumatismes et le défi de la réconciliation après les ravages de l'EI, les citoyens ont souvent du mal à faire valoir leurs droits.

Pour régulariser sa situation, Mme Abdel-Razak est aidée gratuitement par une avocate du Comité international de secours (IRC).

«Pas les moyens»

"Je n'avais pas les moyens, des avocats demandaient 300 ou 500 dollars", déplore-t-elle. "Comment faire si je n'ai même pas de quoi manger?"

Son appartement délabré à Mossoul en témoigne: sol en béton nu, des matelas fins à même le sol, des vitres cassées colmatées avec du carton.

Mariée en 2012, Alia a eu son premier enfant en 2013. Vivant dans une région rurale, elle n'a pas fait enregistrer son mariage ni cette naissance.

Désormais elle bataille pour scolariser ses enfants et ne peut obtenir du gouvernement des aides alimentaires dont elle et son mari menuisier ont cruellement besoin.

Son avocate a entamé une procédure pour légaliser leur mariage et leur filiation. Une décision de justice est attendue en janvier. Petite victoire: son aînée, Nazek, bientôt dix ans, vient d'intégrer l'école.

Autre difficulté pour obtenir des papiers: avoir le tampon des services de renseignement. Avec un frère accusé de liens avec l'EI, Mme Abdel-Razak a dû s'y prendre à trois reprises.

Dans un Irak qui panse encore ses plaies après la défaite de l'EI, un million de personnes vivent avec au moins un acte d'état civil manquant, selon des statistiques de l'ONU.

Des contrats de mariages contractés sous l'EI doivent être légalisés, des enfants nés durant cette période doivent être reconnus, explique le porte-parole du ministère des Migrations et des Déplacés, Ali Jahangir, qui rappelle par ailleurs la destruction de bureaux d'état civil en raison des "opérations militaires" et la prise de pouvoir des jihadistes.

«Changement de politique»

Son ministère coordonne des missions administratives mobiles dans les camps de déplacés pour leur permettre d'obtenir les documents manquants, ajoute-t-il.

Responsable de la communication en Irak pour l'ONG internationale IRC, Jordan Lesser-Roy souligne l'importance de sensibiliser tous les échelons étatiques pour accélérer les procédures.

"Il faut obtenir l'approbation du maire (pour faire avancer la procédure), mais il faut aussi un changement de politique", souligne-t-elle, plaidant pour plus de missions mobiles et des hausses budgétaires en faveur de la Direction des affaires civiles, au ministère de l'Intérieur.

Un rapport récent de plusieurs ONG pointait du doigt les complexités supplémentaires pour les familles suspectées d'"affiliation" avec l'EI. Dans le cas d'un mari disparu ou mort et soupçonné de liens avec les jihadistes, une mère voulant obtenir un acte de naissance pour son enfant doit parfois fournir des tests ADN prélevés auprès de proches. Des analyses réalisables uniquement à Bagdad...

Fuyant les combats contre l'EI en 2017, Hussein Adnan, 23 ans, a perdu sa carte d'identité, ce qui lui a valu d'être arrêté et emprisonné cinq mois.

Marié sous l'EI, il a eu un garçon. Outre une nouvelle carte d'identité, il cherche encore à obtenir un acte de naissance pour son fils, dont il a obtenu la garde après un divorce finalement reconnu par les autorités. Une procédure compliquée par le fait que son ex-femme s'était remariée.

Malgré la pression familiale, cet ancien serveur ne travaille pas. "Frappé et torturé" en détention, la peur d'être de nouveau arrêté ne le quitte pas.

"Je ne bouge pas tant que je n'ai pas de carte d'identité", lance-t-il. "Si demain je sors et qu'on me demande ma carte à un barrage, il peut m'arriver la même chose", dit-il.


Syrie: frappes israéliennes sur le QG de l'armée syrienne à Damas

La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
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  • Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades
  • Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes

DAMAS: La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment.

Des journalistes de l'AFP ont entendu de fortes explosions qui ont secoué la capitale et de la fumée s'élevait au-dessus du secteur visé, selon des images de l'AFPTV.

L'agence officielle Sana a affirmé que "plusieurs personnes ont été atteintes par les frappes israéliennes sur Damas", sans préciser de nombre ou s'il s'agissait de tués ou de blessés.

Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades, et au moins un blessé a été évacué dans une voiture.

Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes pour protéger les druzes.

La télévision d'Etat syrienne a de son côté rapporté que deux personnes avaient été blessées dans le centre de Damas dans la première frappe, sans préciser l'emplacement exact des faits.


Syrie: les violences ont fait 248 morts à Soueida, des dizaines de druzes traversent la frontière entre Israël et la Syrie

Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
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  • Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux
  • L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions

DAMAS: Le bilan des violences à Soueida, dans le sud de la Syrie, s'élève à 248 morts depuis dimanche, a annoncé une ONG selon laquelle les affrontements se poursuivent dans la ville à majorité druze, où deux correspondants de l'AFP ont entendu des tirs mercredi matin.

Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux. L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 248 personnes ont été tuées depuis le début des combats dimanche entre combattants druzes et tribus bédouines, qui ont provoqué l'intervention des forces gouvernementales aux côtés de ces dernières.

Un bilan précédent de cette ONG faisait état de 203 morts mardi. L'OSDH a comptabilisé mercredi 64 combattants druzes et 28 civils druzes tués, dont "21 civils exécutés sommairement" par des membres des forces gouvernementales.

En outre, 138 membres des forces de sécurité et 18 combattants bédouins ont été tués, a indiqué l'ONG selon laquelle des bombardements intermittents sont signalés mercredi matin.

Deux correspondants de l'AFP dans la ville ont entendu des tirs alors que de la fumée s'élevait de certains quartiers.

L'un des correspondants a vu une trentaine de corps gisant par terre, certains de membres des forces gouvernementales et d'autres de combattants en civil, sans pouvoir identifier leur appartenance.

Un autre a vu des forces gouvernementales tirer des obus depuis l'une de leurs positions.

Le site local Suwayda 24 a rapporté "un violent bombardement à l'artillerie et au mortier" sur la ville et ses environs depuis l'aube.

Les forces gouvernementales avaient annoncé mardi un cessez-le-feu qui n'a pas été respecté.

Le ministère syrien de la Défense a affirmé que "des groupes hors-la-loi ont recommencé à attaquer les forces de l'armée et de la sécurité intérieure dans la ville", après la proclamation du cessez-le-feu.

"L'armée continue de répondre aux sources de tirs dans la ville", a ajouté le ministère, cité par l'agence officielle Sana, appelant les habitants à rester chez eux.


Israël demande à la Syrie de «laisser tranquilles» les druzes à Soueida

L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida
  • "Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida, où cette communauté est majoritaire, et qu'il retire ses forces de cette ville du sud de la Syrie.

"Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation" dans le sud du pays annoncée après la chute de Bachar al-Assad, a déclaré le ministre, cité par ses services. L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris", a-t-il ajouté.