Mawadah Muhtasib, la Saoudienne qui a conçu la première typographie arabe inversée

Mawadah Muhtasib transmet aujourd'hui son art par le biais d'ateliers destinés exclusivement aux femmes. (Photo fournie)
Mawadah Muhtasib transmet aujourd'hui son art par le biais d'ateliers destinés exclusivement aux femmes. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 03 janvier 2023

Mawadah Muhtasib, la Saoudienne qui a conçu la première typographie arabe inversée

Mawadah Muhtasib transmet aujourd'hui son art par le biais d'ateliers destinés exclusivement aux femmes. (Photo fournie)
  • Ses expositions, à Londres et à New York, ont éveillé l'intérêt du monde pour l'art arabe: elle a créé la première calligraphie arabe inversée, ou «calligraffiti»
  • La philosophie qui sous-tend cette forme d'écriture a suscité l'intérêt de nombreuses marques de luxe internationales

DJEDDAH: Mawadah Muhtasib, une jeune artiste saoudienne qui a inversé le sens de la typographie de la langue arabe, s'apprête à s'imposer sur la scène artistique internationale.

C'est à l'âge de 13 ans que Mawadah Muhtasib a découvert l'écriture à l'envers, que pratiquait sa mère. Ses expositions, à Londres et à New York, ont éveillé l'intérêt du monde pour l'art arabe: elle a créé la première calligraphie arabe inversée, ou «calligraffiti».

La jeune artiste transmet aujourd'hui son art par le biais d'ateliers qu'elle organise exclusivement pour les femmes – notamment à l’occasion du plus grand Festival saoudien de la lumière, Noor Riyadh, qui s’est tenu récemment et propose des techniques artistiques plus accessibles. (Photo fournie)
La jeune artiste transmet aujourd'hui son art par le biais d'ateliers qu'elle organise exclusivement pour les femmes – notamment à l’occasion du plus grand Festival saoudien de la lumière, Noor Riyadh, qui s’est tenu récemment et propose des techniques artistiques plus accessibles. (Photo fournie)

Il ne suffit pas de lire les messages qu'elle écrit, il faut aussi les déchiffrer. Le défi que représente le déchiffrage des lettres représente une part importante de l'expérience que procure l'œuvre d'art elle-même.

«La question est d'étendre vos capacités pour créer l'impossible. C'est exactement ce que j'ai essayé de faire», confie-t-elle à Arab News dans une interview exclusive.

L'artiste estime que la langue arabe est l'une des formes d'art les plus riches. Toutefois, la modernité nous empêche d'apprécier la richesse d'un art devenu si ordinaire.

Lorsqu’elle crée ses œuvres, elle cherche à associer l'héritage des lettres arabes à des méthodes d'art graffiti novatrices. Elle souhaite que son travail soit unique en son genre. Elle a remporté le prix du concours Art Bus de Dubaï et a présenté ses œuvres dans des expositions exclusives.

La calligraphie arabe de Mme Muhtasib est présentée à l'exposition Contemporary Painting de la Bricklane Gallery, à Londres. (Photo fournie)
La calligraphie arabe de Mme Muhtasib est présentée à l'exposition Contemporary Painting de la Bricklane Gallery, à Londres. (Photo fournie)

En 2013, l'art du graffiti ayant gagné en popularité. Mme Muhtasib s'est adonnée à la peinture murale en compagnie d’un groupe d'artistes novateurs. Elle espérait concevoir ainsi une forme d'art sans limites.

Désireuse de moderniser la calligraphie arabe, elle a conçu une typographie décorative qui mêle l'arabe et le latin, avec une écriture allant de gauche à droite.

«Vous devez développer votre talent pour créer l'impossible.»

Mawadah Muhtasib

Mawadah Muhtasib affirme: «Nous sommes si habitués à la calligraphie arabe, que ce soit la calligraphie thuluth, kufi, naskh, et bien d'autres encore... Nous la lisons donc de la même façon, et nous la transmettons.»

Elle exhorte les artistes à s’aventurer au-delà des limites de l'art et de la culture. Avec la calligraphie, «le ciel est la seule limite», lance Mme Muhtasib. 

«Les gens me regardent pendant des heures quand je réalise mes calligraphies arabes. Ils s'efforcent de deviner quelles lettres je dessine. Dès qu'ils voient qu’il s’agit de caractères arabes, ils les analysent et les perçoivent sous une autre forme que celle à laquelle les arabophones sont habitués.»

«La langue arabe est l'une des formes d'art les plus riches. Toutefois, la modernité nous empêche d'apprécier la profondeur des lettres arabes, qui sont devenues tellement ordinaires», explique l'artiste.

Mme Muhtasib ne se contente pas d’amener le spectateur à lire: elle l’invite à réfléchir à la beauté et à la forme de chaque coup de crayon et de chaque lettre de l'alphabet.

Les messages de Mme Muhtasib ne sont pas destinés à être lus. Ils doivent plutôt être déchiffrés. Amener son public à décoder les lettres constitue une grande partie de l'expérience que représentent ses œuvres. (Photo fournie)
Les messages de Mme Muhtasib ne sont pas destinés à être lus. Ils doivent plutôt être déchiffrés. Amener son public à décoder les lettres constitue une grande partie de l'expérience que représentent ses œuvres. (Photo fournie)

Mme Muhtasib enseigne aujourd'hui son art dans le cadre d'ateliers destinés exclusivement aux femmes, dont le dernier en date s'est déroulé lors du plus grand Festival de lumière, Noor Riyadh. «Je n’enseigne pas aux personnes qui participent à mes ateliers à écrire à l'envers... Je leur apprends surtout à utiliser les outils nécessaires et je les initie ainsi à la calligraphie latine», confie-t-elle.

Aussitôt que les étudiants ont compris les caractéristiques des différentes typographies, Mme Muhtasib les initie aux pinceaux inclinés, aux techniques de superposition et aux coups de pinceau. Dès la première session, les étudiants apprennent une nouvelle forme d'expression artistique. «Nos âmes se projettent sur les feuilles», souligne-t-elle.

L'écriture inversée est une technique ancienne. L’artiste l’a apprise de sa mère, qui l’utilisait pour préserver sa vie privée au travail, et qui lui a également transmis la passion de la création artistique.

Si la plupart des calligraphes du Royaume copiaient les méthodes occidentales, Mme Muhtasib a été inspirée et encouragée, à l'âge de 16 ans, par l'artiste tunisien eL Seed et par l'artiste maroco-saoudien Shaker Kashgari.

«J'ai transformé l'astuce que ma mère m'a enseignée des années auparavant en une typographie artistique», raconte-t-elle.

Par cette forme d'art, elle souhaite préserver le riche patrimoine de la langue arabe. Cet art initie les étrangers à la langue arabe et il les familiarise avec son histoire.

«J'ai amélioré et adapté la calligraphie arabe inversée pour en créer une nouvelle forme. Mais ceux qui admirent mes œuvres se demanderont aussi à quoi ressemblait cette calligraphie [à l'origine]. Cela amènera beaucoup de gens à s'intéresser de plus près à la calligraphie arabe», déclare l'artiste.

La philosophie qui sous-tend cette forme d'écriture a suscité l'intérêt de nombreuses marques de luxe internationales telles que Louis Vuitton, Carolina Herrera, Montblanc, Sephora, entre autres. De nombreuses collaborations ont ainsi vu le jour.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).