L’Iran mis à l’écart de la réunion de Moscou sur la Syrie

Des soldats syriens soutenus par la Turquie se déploient dans des véhicules à Al-Bab, dans la partie nord de la province d'Alep, tenue par les rebelles, le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).
Des soldats syriens soutenus par la Turquie se déploient dans des véhicules à Al-Bab, dans la partie nord de la province d'Alep, tenue par les rebelles, le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 04 janvier 2023

L’Iran mis à l’écart de la réunion de Moscou sur la Syrie

  • L'Iran considère le régime syrien comme la clé de la confrontation avec Israël, tandis que la Turquie soutient les groupes d'opposition qui luttent contre le régime de Bachar Assad
  • Les experts ne s'attendent pas à ce qu'une invitation soit adressée à l'Iran pour la prochaine réunion trilatérale

ANKARA: Téhéran a fait part de son inquiétude d'être mis à l'écart de la récente réunion entre les ministres de la Défense et les chefs des services de renseignement syriens et turcs à Moscou avec la médiation de la Russie.

Le commentaire, formulé de manière critique, émane du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nassir Kanaani, qui a déclaré lors d'un point de presse lundi: «L'Iran a toujours insisté sur une solution politique et non sur une solution militaire, et il insiste toujours sur cette position concernant la Syrie.

«La Syrie, la Russie et la Turquie ont reconnu le rôle crucial de la République islamique d'Iran dans la lutte contre le terrorisme en Syrie, le soutien au gouvernement et au peuple du pays, le soutien à l'intégrité territoriale de ce pays et le processus de résolution de la crise syrienne», a-t-il ajouté.

Les responsables iraniens étaient absents de la réunion de Moscou, mais on ne sait toujours pas s'ils seront invités à la prochaine réunion qui devrait avoir lieu dans la seconde moitié de janvier, très probablement à Moscou, et qui réunira cette fois les ministres des Affaires étrangères.

FAIT MARQUANT

Les responsables iraniens étaient absents de la réunion de Moscou, mais on ne sait toujours pas s'ils seront invités à la prochaine réunion qui devrait avoir lieu dans la seconde moitié de janvier, très probablement à Moscou, et qui réunira cette fois les ministres des Affaires étrangères.

La Turquie, l'Iran et la Russie ont lancé ensemble le processus d'Astana en 2017 pour essayer d’instaurer la stabilité en Syrie. Mais le pays déchiré par la guerre est une source de concurrence entre Téhéran et Ankara depuis le début de la crise syrienne, Ankara et Téhéran soutenant des camps opposés.

L'Iran considère le régime syrien comme la clé pour affronter Israël, tandis que la Turquie a soutenu les groupes d'opposition combattant le régime de Bachar Assad.

L'Iran attache également de l'importance aux villes chiites de Nabal et d'Al-Zahra dans le nord de la Syrie et tente de les maintenir sous sa sphère d'influence. Cependant, une éventuelle opération turque contre Tal Rifaat dans le but d’unir les régions d'Afrin et d'Al-Bab sous contrôle turc mettrait ces villes chiites en danger d'attaque à cause de leur proximité.

Une éventuelle opération militaire turque dans le nord de la Syrie pourrait également amener les mandataires turcs et iraniens au bord de l'affrontement, car les rebelles affiliés à l'Iran et les unités kurdes en Syrie coopèrent contre une éventuelle offensive turque.

«Tout au long de la guerre civile syrienne, le discours officiel de l'Iran a toujours réitéré la nécessité d'une résolution diplomatique du conflit et la futilité d'une solution militaire, malgré sa présence en tant que maître d'œuvre militaire de la guerre terrestre d'Assad», a déclaré à Arab News la Dr Gulriz Sen, une experte des relations turco-iraniennes de l'Université TOBB d'économie et de technologie à Ankara.

«L'Iran a également exprimé à plusieurs reprises son désir de servir de médiateur entre la Turquie et la Syrie et a même laissé entendre qu'il accueillerait une réunion à Téhéran pour favoriser la réconciliation. Téhéran considère que ce rôle revient à la Russie, le président, Vladimir Poutine, jouant désormais le rôle de médiateur principal», a-t-elle ajouté.

Selon la Dr Sen, Téhéran constate également que la dynamique dans les régions du nord de la Syrie a été largement négociée entre la Turquie et la Russie au cours des dernières années, alors que la position de Téhéran était de maintenir des relations étroites avec le régime d’Assad et de coordonner avec le gouvernement syrien.

«Téhéran serait satisfait et soulagé tant que les pourparlers naissants entre la Turquie et la Syrie servent ses intérêts, à savoir le maintien du régime d’Assad au pouvoir et de l'intégrité territoriale de la Syrie, ainsi que la réduction, voire la fin, de la présence militaire turque dans le pays», a-t-elle ajouté.

Hamidreza Azizi, chercheur invité à l'Institut allemand pour les affaires internationales et sécuritaires, croit que la médiation russe entre la Syrie et la Turquie sans l'implication de l'Iran est une preuve de l'influence politique de la Russie sur le régime d'Assad et de son rôle de puissance dans le conflit syrien en organisant une série de discussions afin de négocier la fin de la guerre.

«Depuis mars 2020, la coopération bilatérale russo-turque a commencé à remplacer le cadre tripartite qui implique l'Iran dans le cadre du processus d'Astana. Mais l'Iran salue toujours toute initiative qui empêche l'opération militaire de la Turquie dans la région», a-t-il révélé à Arab News.

En mars 2020, la Russie et la Turquie sont convenus d'un cessez-le-feu dans la province syrienne d'Idlib, tenue par les rebelles. Cet accord en trois points, négocié par les présidents turc et russe, prévoit la création d'un corridor de sécurité.

«Dans le passé, l'Iran a lui-même proposé une médiation entre Damas et Ankara, mais elle s'est avérée infructueuse. Bien que la médiation russe pour la Syrie et la Turquie ait marginalisé l'Iran dans une certaine mesure, elle est toujours conforme aux intérêts de Téhéran pour la région», a signalé Azizi.

Toutefois, les experts ne s'attendent pas à ce qu'une invitation soit adressée à l'Iran pour la prochaine réunion trilatérale.

«Téhéran ne sera peut-être pas invité aux réunions des ministres des Affaires étrangères fin janvier, et il est possible qu'il ne s'attende pas à l'être, puisque le processus passe par la médiation russe, mais l'Iran suivra de près les discussions et s'assurera que ses calculs stratégiques sont dûment reflétés dans les résultats des réunions», a indiqué la Dr Sen.

Pendant ce temps-là, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a donné de plus amples détails sur la prochaine réunion lors d'une interview accordée à CNN Turk mardi.

«Toutes les décisions concernant la Syrie ne peuvent pas être prises en une seule réunion. Toutes ces mesures visent à instaurer la confiance et à préparer le terrain pour une coopération plus poussée sur des points sensibles dans la période à venir», a-t-il expliqué, ajoutant que le régime syrien est désireux de coopérer sur le rapatriement des Syriens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Short Url
  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.