Et si la coalition extrémiste de Benjamin Netanyahou avait des côtés positifs?

La montée en puissance de cette coalition antiarabe extrémiste pourrait également avoir une incidence sur le monde arabe lui-même (Photo, AFP).
La montée en puissance de cette coalition antiarabe extrémiste pourrait également avoir une incidence sur le monde arabe lui-même (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

Et si la coalition extrémiste de Benjamin Netanyahou avait des côtés positifs?

Et si la coalition extrémiste de Benjamin Netanyahou avait des côtés positifs?
  • Le Premier ministre israélien s’est associé aux partis politiques les plus antiarabes du pays, qui comprennent également des politiciens confrontés à des problèmes juridiques
  • Il œuvre actuellement à l’assouplissement des restrictions qui empêchent les personnes reconnues coupables de crimes d’être ministres au sein du gouvernement

Les efforts employés par le Premier ministre israélien inculpé, Benjamin Netanyahou, pour amadouer les partis politiques les plus extrêmes du pays afin de protéger les autres et de se prémunir lui-même contre les poursuites pénales pourraient être très bénéfiques pour le processus de paix négligé depuis des années.

Le Premier ministre est visé par une affaire de corruption longtemps retardée à la suite d’une enquête menée en 2016. Il s’est associé aux partis politiques les plus antiarabes du pays; ces derniers comprennent également des politiciens confrontés à des problèmes juridiques.

Ensemble, ils espèrent former un nouveau gouvernement capable de bloquer les poursuites imminentes, ou du moins d’avoir une incidence considérable sur elles, et de contrecarrer les restrictions juridiques défavorables qui seraient susceptibles de saper leurs programmes politiques.

Le dirigeant israélien est mis en cause dans trois affaires: la première pour avoir accepté près de 300 000 dollars de cadeaux (1 dollar = 0,94 euro) entre 2007 et 2016 en échange de faveurs politiques alors qu’il était Premier ministre; la deuxième parce qu’il aurait promis à l’éditeur d'un journal centriste, Yediot Aharonot, qu’il freinerait la puissance d’une publication rivale, Israel Hayom, propriété du milliardaire Sheldon Adelson; la troisième pour s’être livré à un trafic d’influence afin de protéger l’empire médiatique du plus grand magnat des télécommunications du pays en échange d’une couverture médiatique positive.

Le Premier ministre œuvre actuellement à l’assouplissement des restrictions qui empêchent les personnes reconnues coupables de crimes d’être ministres au sein du gouvernement. Voilà qui serait bénéfique à Aryé Dery, ce politicien juif ultra-orthodoxe condamné l’année dernière pour évasion fiscale. Ce dernier occupe plusieurs postes ministériels dans le nouveau gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahou.

Un autre allié de Netanyahou est le chef du parti Force juive, Itamar ben Gvir, qui a été reconnu coupable d’avoir troublé l’ordre public, perturbé un policier dans l’exercice de ses fonctions, incité au racisme et soutenu une organisation terroriste, selon les médias israéliens.

Ben Gvir a été nommé ministre de la Sécurité nationale avec de nouveaux pouvoirs élargis sur la police israélienne, déjà accusée d’avoir ciblé des citoyens palestiniens qui ont protesté contre la politique du gouvernement israélien. Ben Gvir est également un disciple du rabbin extrémiste Meir Kahane et du mouvement qu’il a fondé, le kahanisme, dénoncé comme organisation terroriste.

Bezalel Smotrich, un extrémiste anti-palestinien, est également l’allié du Premier ministre. Il croit qu’Israël devrait fournir des fonds aux groupes minoritaires, mais il a publiquement déclaré qu’il chercherait à légiférer pour empêcher les citoyens palestiniens d’Israël de recevoir de tels fonds.

Benjamin Netanyahou dispose du soutien d’un peu plus de la moitié des électeurs juifs du pays, sur la base de la force électorale de la coalition lors des dernières élections. Toutefois, ses plans pour renforcer la voix des fanatiques religieux extrémistes ont alimenté l’indignation parmi les juifs qui vivent dans de nombreux pays occidentaux, y compris aux États-Unis.

Si cette rhétorique s’intensifie, la rhétorique contre les droits des Palestiniens s’en trouverait renforcée. Les médias israéliens ont évité tout reportage trop critique à l’égard de la violence israélienne ou des colons contre les Palestiniens, comme en témoigne leur position médiocre et sans principes sur le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh, une citoyenne américaine, en mai dernier.

La montée en puissance de cette coalition antiarabe extrémiste pourrait également avoir une incidence sur le monde arabe lui-même, sapant les accords d’Abraham et aggravant plus encore les accords de paix d’Israël avec la Jordanie et l’Égypte.

Les êtres humains sont souvent en désaccord. Leurs divergences politiques et sociétales les empêchent de se rassembler. Mais lorsqu’une plus grande inquiétude surgit, cela oblige souvent les gens à mettre de côté leurs différences et à s’unir pour combattre cette nouvelle menace. Cela pourrait être l’aspect positif inattendu de l’accord politique de Benjamin Netanyahou avec le diable pour sauver sa propre carrière.

 

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l’adresse www.Hanania.com.

Twitter: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com