Energies renouvelables: le gouvernement compte les députés avant le vote mardi

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire (à gauche), entouré de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (au centre), et de la ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Artisanat et au Tourisme, Olivia Gregoire (à droite), tient une conférence de presse à l'issue d'une réunion avec les représentants des compagnies d'électricité et des fournisseurs d'énergie français, au ministère des Finances à Bercy, à Paris, le 6 janvier 2023. (AFP).
Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire (à gauche), entouré de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (au centre), et de la ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Artisanat et au Tourisme, Olivia Gregoire (à droite), tient une conférence de presse à l'issue d'une réunion avec les représentants des compagnies d'électricité et des fournisseurs d'énergie français, au ministère des Finances à Bercy, à Paris, le 6 janvier 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 09 janvier 2023

Energies renouvelables: le gouvernement compte les députés avant le vote mardi

  • Ce projet de loi, qui vise à accélérer le déploiement des projets éoliens et photovoltaïques, avait obtenu le feu vert du Sénat début novembre en première lecture
  • Au sujet des renouvelables, le gouvernement devra faire sans le groupe des députés LR, sur une ligne plus dure que leurs collègues du Sénat

PARIS : Le gouvernement espère que l'Assemblée nationale votera en faveur du projet de loi dédié aux énergies renouvelables mardi, mais doit composer avec l'abstention des écologistes et les hésitations des socialistes, sur ce texte débattu en pleine crise énergétique.

"Ça devrait passer", même si "ça dépendra de la mobilisation dans l'hémicycle", estime une source parlementaire.

Ce projet de loi, qui vise à accélérer le déploiement des projets éoliens et photovoltaïques, avait obtenu le feu vert du Sénat début novembre en première lecture.

L'exécutif compte et recompte les voix, avant le vote solennel à l'Assemblée en fin d'après-midi mardi.

Sans majorité absolue, les 250 députés du camp présidentiel peuvent se contenter de l'abstention d'une partie de la gauche pour passer le texte.

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher veut croire à un soutien des trente élus socialistes, qui trancheront mardi matin entre vote pour et abstention. Et l'exécutif se tourne aussi vers le groupe indépendant Liot de vingt députés, dont une majorité plutôt favorable au texte, selon une source interne.

Les écologistes, qui souhaitent déployer les renouvelables en priorité sur le bâti déjà existant, ont d'ores et déjà annoncé une "abstention d'attente", en "première lecture". "Ce n'est pas une abstention définitive" mais "on attend mieux", a souligné la cheffe du parti EELV Marine Tondelier dimanche.

C'est aussi une "manière de faire pression sur la commission mixte paritaire", a-t-elle ajouté, à propos de cette instance qui, en cas de vote favorable de l'Assemblée, réunira des députés et des sénateurs pour tenter de s'accorder sur un texte de compromis.

Certains macronistes regrettent toutefois que ce scrutin soit parasité par la présentation au même moment de la réforme des retraites projetée par le gouvernement. "Chacun va faire la part des choses, il faut distinguer les sujets", relativise l'entourage d'Agnès Pannier-Runacher.

Au sujet des renouvelables, le gouvernement devra faire sans le groupe des députés LR, sur une ligne plus dure que leurs collègues du Sénat.

«Saucissonnage»

Les députés de droite jugent le texte "inutile" et contestent "des dérogations injustifiées accordées à l'éolien". Leur chef de file Olivier Marleix critique en outre un "saucissonnage" des projets de loi, avec dans les semaines et mois qui viennent un texte dédié au nucléaire puis la programmation pluriannuelle de l'énergie.

Quant au RN, il a ferraillé tout au long des débats contre les éoliennes: "ça détruit nos paysages", ça "vrille les yeux et le cerveau", a fini par lâcher Pierre Meurin.

L'Assemblée avait achevé sans heurt mi-décembre l'examen des articles. Ce texte vise à rattraper le retard de la France, où les EnR ne représentent que 19,3% de la consommation finale brute d'énergie, déjà en deçà de l'objectif fixé en 2020 de 23%.

Pour la première fois du quinquennat, les macronistes se sont résolument tournés vers la gauche. Ils soulignent les "compromis" trouvés avec les Verts par exemple pour étendre l'obligation d'installer des panneaux solaires sur des parkings, ou mettre en place un observatoire et un médiateur des énergies renouvelables.

Et avec les socialistes pour renoncer au principe initial de ristournes sur les factures des riverains d'installations, et privilégier des mesures territoriales plus larges comme un fonds pour aider les ménages modestes.

Parmi les principaux débats: le sujet sensible de l'aval des maires avant d'installer éoliennes et panneaux solaires. Dans la lignée d'un compromis trouvé au Sénat, l'Assemblée a validé un dispositif de planification afin de définir des zones "d'accélération" de déploiement des énergies renouvelables, sous réserve de l'approbation des maires.

La mesure a crispé la gauche, qui redoute le retour du "veto des maires" que réclamaient les députés LR pour l'ensemble du territoire.

"Il y a plusieurs garde-fous. Personne ne pourra bloquer le système et on donne un calendrier très clair pour la cartographie des zones" en moins d'un an, assure l'entourage d'Agnès Pannier-Runacher.

Autre moment de tension, le rétablissement dans la confusion d'un article clé visant à réduire les contentieux contre certains projets d'énergies renouvelables, en leur reconnaissant une "raison impérative d'intérêt public majeur (RIIPM)".

La gauche semblait disposée à négocier un compromis, mais les députés ont été pris de court par un amendement Renaissance.


Conduite sous stupéfiants: les sanctions «sans doute renforcées» en juillet, annonce Borne

Le chef français Yannick Alleno pose dans le restaurant Ledoyen, le 21 octobre 2014 à Paris. (Photo by Patrick Kovarik / AFP)
Le chef français Yannick Alleno pose dans le restaurant Ledoyen, le 21 octobre 2014 à Paris. (Photo by Patrick Kovarik / AFP)
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  • Le chef multi-étoilé Yannick Alléno, qui a perdu son fils de 24 ans renversé par un chauffard ivre et sous l'emprise de stupéfiants, a chargé d’éminents pénalistes de plancher sur l'introduction dans le code pénal d'un tel délit
  • Mme Borne a rappelé que les ministres de la Justice et de l'Intérieur étaient «en train de regarder» la possibilité de créer un délit d'homicide routier sachant qu'actuellement celui-ci tombe sous le coup de «l'homicide involontaire»

PARIS : Elisabeth Borne a annoncé dimanche sur Radio J que les sanctions pour conduite sous l'emprise de stupéfiants seraient «sans doute renforcées» en juillet, après une série d'accidents, dont la mort d'une fillette de 6 ans à Trappes (Yvelines).

«Je réunirai un comité interministériel de la sécurité routière au mois de juillet et on aura à revenir sur les sanctions qui doivent sans doute être renforcées pour ceux qui conduisent sous l'emprise des stupéfiants», a déclaré la Première ministre.

«On a fait 800.000 contrôles en 2022, on veut passer à 1 million. On veut être très présent pour dissuader ce genre de comportements et sans doute renforcer les sanctions», a insisté la cheffe du gouvernement, qui réagissait notamment après la mort d'une fillette mardi, renversée par une automobiliste testée positive au cannabis.

Mme Borne a rappelé que les ministres de la Justice et de l'Intérieur étaient «en train de regarder» la possibilité de créer un délit d'homicide routier sachant qu'actuellement les actes des conducteurs sous l'emprise de drogue ayant causé le décès d'une personne tombent sous le coup de «l'homicide involontaire».

«J'entends que cela puisse choquer», a-t-elle souligné. «Il y a un enjeu de terminologie», a-t-elle ajouté, en expliquant qu'il s'agissait d'un «aspect symbolique mais important».

Ce délit pourrait-il être étendu à la conduite sous l'emprise de l'alcool? «Sur des taux d'alcoolémie très importants, c'est des choses qui sont en train d'être regardées», a-t-elle fait valoir.

Le député LR des Alpes-Maritimes Eric Pauget a déposé début avril une proposition de loi pour instaurer ce délit d'homicide routier. Son texte prévoit de créer «une peine intermédiaire entre l'homicide involontaire et l'homicide volontaire».

Parallèlement, le chef multi-étoilé Yannick Alléno, qui a perdu son fils de 24 ans renversé par un chauffard ivre et sous l'emprise de stupéfiants, a chargé l'universitaire Didier Rebut et l'avocat Pierre Cornut-Gentille, tous deux éminents pénalistes, de plancher sur l'introduction dans le code pénal d'un tel délit.

Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, «la conduite en état d'ivresse est la deuxième cause de mortalité sur les routes, après la vitesse», et «dans les accidents mortels, 12% des conducteurs contrôlés sont positifs aux stupéfiants».

En 2022, plus de 3.500 personnes sont décédées sur les routes françaises. Près de 700 décès seraient dus à la consommation de stupéfiants.


Retraites: la gauche applaudit le discours de Triet à Cannes

La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
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  • Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur»
  • La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste»

PARIS : «Merci»: la gauche a salué le discours de la réalisatrice Justine Triet, Palme d'or à Cannes, qui a dénoncé la réforme des retraites après avoir reçu la Palme d'or à Cannes samedi soir.

Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur». Elle a aussi estimé que le pouvoir cherchait à «casser l'exception culturelle» française.

«Merci à Justine Triet pour son courage en plus de son talent. Cannes revient à sa tradition. C'est la gauche résistante qui a créé ce festival», a réagi le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

«Six mois que toute la France conteste. Six mois que nous subissons la volonté d’un seul. Merci madame de garder la nuque raide», a aussi appuyé le numéro un du PS Olivier Faure, tandis que Marine Tondelier, patronne d'EELV, ironisait sur ces «nouvelles des 100 jours de Macron pour apaiser, en direct du Festival de Cannes».

«Marchandisation des corps, Marchandisation de la culture, Bravo à Justine Triet pour sa Palme d'or et son discours qui frappe si juste», a abondé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste». «Ce film n'aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l'oublions pas», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Cette réaction a fait bondir à gauche. Olivier Faure a affirmé être «estomaqué de voir une ministre de la Culture qui pense que quand on finance un film, on achète la conscience de ses auteurs».

«Ne pensez plus, prenez vos subventions et silence dans les rangs», a lancé le PCF.

Des figures du camp présidentiel sont entrées dans le débat, provoquant quelques passes d'armes sur Twitter. «Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… et d’un art que nous aimons tant», a taclé Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, en référence au film primé, «Anatomie d'une chute».

«Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables», a menacé le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, Guillaume Kasbarian (Renaissance).

L'écologiste Benjamin Lucas y a vu un appel «à la censure, par le chantage aux subventions»: «C’est du Le Pen dans le texte», selon lui.


Wauquiez défend sa politique culturelle et attaque Rima Abdul-Malak

La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris, le 24 mai 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris, le 24 mai 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Rima Abdul Malak «ferait mieux de sortir de l’entre-soi et du parisianisme», juge le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez , en considérant qu'«on est bien en peine de dire quelle est sa politique culturelle»
  • «Je veux accorder la même attention au théâtre de Lyon, qui a la chance de bénéficier de centaines de milliers d’euros de financement de l’État, qu’à celui d’Oyonnax qui, lui, est totalement oublié de la ministre de la Culture», explique Wauquiez

PARIS : Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR), critiqué pour des coupes budgétaires dans la culture, défend ses choix d'un «rééquilibrage» territorial et s'en prend à la ministre qui selon lui «ferait mieux de sortir de l'entre-soi et du parisianisme», dans le JDD.

La politique culturelle de l'ancien président des Républicains a été dénoncée ces dernières semaines par le monde culturel et politique. «Quel crime ai-je donc commis qui vaudrait excommunication culturelle?», s'indigne M. Wauquiez dans cet entretien, en rappelant que quand il a pris la Région à la gauche fin 2015, le budget de la culture était de 59 millions d’euros, contre 77  millions aujourd'hui.

Au travers des critiques, l'élu de droite voit «une dérive dangereuse de notre politique culturelle»: «Le ministère de la Culture est devenu un guichet, une machine à faire tourner les subventions qu’une petite poignée de personnes considèrent comme un dû».

«La majorité des crédits du ministère de la Culture sont réservés à Paris, à la Région Île-de-France et à quelques métropoles» et «il y a dans notre pays des déserts culturels comme il y a des déserts médicaux», estime-t-il aussi en évoquant «une culture à deux vitesses».

Ainsi, «je veux accorder la même attention au théâtre de Lyon, qui a la chance de bénéficier de centaines de milliers d’euros de financement de l’État, qu’à celui d’Oyonnax qui, lui, est totalement oublié de la ministre de la Culture», explique le président de Région, se défendant de défavoriser les villes aux mains de ses adversaires politiques.

«La ministre de la Culture doit s’expliquer sur ce sujet au lieu d’esquiver. Je lui demande de faire la transparence sur la répartition par territoires des crédits du ministère», poursuit Laurent Wauquiez.

Rima Abdul Malak «ferait mieux de sortir de l’entre-soi et du parisianisme», juge-t-il, en considérant qu'«on est bien en peine de dire quelle est sa politique culturelle».

La ministre s'est inquiétée des choix de Laurent Wauquiez. «On voit où sont ses priorités», a-t-elle dit récemment en référence aux grands projets qu'il porte - Musée des Tissus, «Maison du Petit Prince» dans le château natal de l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, site touristique dédié à la civilisation gauloise sur le plateau de Gergovie.

«Laurent Wauquiez, pourquoi vous avez décidé de faire de la culture votre ennemie? En plus ça ne vous ressemble pas, votre parcours, vous êtes quelqu'un de très cultivé, vous n'étiez pas comme ça avant. Qu'est-ce qui se passe?», a-t-elle demandé encore samedi soir sur France 2.