Le Liban «se dirige vers le chaos», s’inquiète le ministère des Finances

Un vendeur de fleurs ambulant se repose le long d'une route à côté des véhicules qui attendent à un feu de circulation dans la capitale libanaise Beyrouth le 18 novembre 2020 (Photo, AFP)
Un vendeur de fleurs ambulant se repose le long d'une route à côté des véhicules qui attendent à un feu de circulation dans la capitale libanaise Beyrouth le 18 novembre 2020 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 20 novembre 2020

Le Liban «se dirige vers le chaos», s’inquiète le ministère des Finances

  • Jeudi a vu une augmentation soudaine du taux de change du dollar, qui a atteint 8 200 livres libanaises
  • Le Liban a atteint la limite du plafond acceptable d'utilisation des réserves, soit 17,5 milliards de dollars

BEYROUTH: «Le Liban vit actuellement une détérioration progressive qui l’entraîne vers le chaos dans ce contexte d’impasse politique, de difficultés fiscales et économiques, et de l'absence de programmes de soutien du Fonds monétaire international (FMI) puisque les réformes nécessaires n'ayant pas encore été réalisées », a déclaré jeudi une source du ministère libanais des Finances à Arab News.

La source, qui a demandé de garder l'anonymat, s'attend à ce que cette impasse s'accompagne d’une levée des subventions sur les produits de base. Il prédit que la situation s'aggravera encore au cours des prochains mois.

Jeudi a vu une augmentation soudaine du taux de change du dollar, qui a atteint 8 200 livres libanaises au le marché noir avant de baisser légèrement. Ce taux était tombé à moins de 7000 livres libanaises il y a moins d'un mois. Saad Hariri avait alors été chargé de former un nouveau gouvernement dans le cadre de l'initiative de sauvetage française le 22 octobre.

Le cabinet n’a toujours pas été formé cependant, le Mouvement patriotique libre et les alliés du Hezbollah s’opposant à la nomination des ministres.

La chaine de TV Al-Manar, affiliée au Hezbollah, a accusé les Français de prendre parti et a explicitement mis en garde la France contre le fait de penser qu'elle était aux commandes. Et pour clore une menace : «les choses peuvent lui échapper à tout moment».

Le Parti socialiste progressiste (PSP), dirigé par le chef druze Walid Joumblatt, a exprimé jeudi son inquiétude quant au sort de la réserve financière centrale à la lumière de l'octroi continu de subventions. Celles-ci sont trafiquées en Syrie au lieu d'aller aux familles libanaises, selon lui.

Hadi Aboulhosn, un député du PSP, a déclaré lors d'une conférence de presse: «Les subventions doivent être remplacées par des subventions directes pour les familles pauvres. Le Liban a atteint la limite du plafond acceptable d'utilisation des réserves, soit 17,5 milliards de dollars. Certaines données dévoilées montrent que ce plafond est déjà dépassé. Le Liban utilise plus de 530 millions de dollars par mois pour subventionner le carburant, la farine, les médicaments et d'autres produits».

«Si la crise s'aggrave, elle entraînera certainement une explosion sociale majeure dans les deux prochains mois. La Banque du Liban va peut-être cesser de soutenir les produits de base, ce qui est une conséquence inévitable de l'impasse du pays sur le plan politique et économique. A cela s’ajoute le déclin progressif de l’État, les livres de compte qui battent de l'aile, et la baisse des réserve de la banque centrale», a-t-il poursuivi. «Tout cela aggravera, sans aucun doute, la contrebande, le monopole, le manque de contrôle des prix et l'incapacité des groupes nécessiteux et pauvres à bénéficier des mécanismes de soutien».

Aboulhosn a, en outre, affirmé que la rationalisation des subventions pourrait permettre d'économiser environ 5 milliards de dollars, en partie en empêchant «l'exploitation pratiquée par les grands commerçants et les importateurs» et en «freinant également la contrebande».

Selon Mohamed Basbous, membre du conseil du PSP, «La Banque du Liban perd au moins 140 millions de dollars par an juste pour couvrir la différence entre le taux de change officiel et le taux de change du marché parallèle rien qu’en raison de la contrebande d'essence».

Basbous a souligné que les quantités de diesel importées par le Liban sont passées d'environ 1.100.000 tonnes en 2011 à 2.500.000 tonnes en 2019 - une augmentation de 130 pour cent en six ans.

Il a affirmé qu'environ 50 pour cent du diesel importé est trafiqué en Syrie chaque année. «La quantité qui passe en contrebande chaque année s'élève à 73 500 000 bidons. Par conséquent, la Banque du Liban perd environ 418 millions de dollars par an en devises fortes subventionnées, rien qu’en contrebande».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.