Congrès PS: bataille de chiffres, la ligne pro-Nupes est-elle majoritaire?

Olivier Faure pose lors d'une séance photo à Paris le 12 janvier 2023 (Photo, AFP).
Olivier Faure pose lors d'une séance photo à Paris le 12 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 13 janvier 2023

Congrès PS: bataille de chiffres, la ligne pro-Nupes est-elle majoritaire?

  • Les socialistes devront départager les deux hommes lors d'un nouveau vote jeudi prochain, cette fois pour désigner formellement le Premier secrétaire
  • La bataille de chiffres faisait toujours rage vendredi en début d'après-midi pour savoir si la ligne politique d'Olivier Faure avait recueilli une majorité de voix

PARIS: La ligne pro-Nupes est-elle majoritaire au PS? Olivier Faure, premier secrétaire sortant et fervent supporter de l'alliance de gauche, est en tête du vote des socialistes sur les textes d'orientation, mais son challenger Nicolas Mayer-Rossignol espère encore l'emporter jeudi prochain.

Les socialistes devront départager les deux hommes lors d'un nouveau vote jeudi prochain, cette fois pour désigner formellement le Premier secrétaire, avant un congrès fin janvier à Marseille.

Sans résultats officiels, la bataille de chiffres faisait toujours rage vendredi en début d'après-midi pour savoir si la ligne politique d'Olivier Faure avait recueilli une majorité de voix sur son texte d'orientation, ce qui lui assurerait une majorité dans les instances du parti et validerait sa stratégie d'alliance avec LFI, EELV et le PCF, conclue en mai pour les législatives.

Les résultats officiels pourraient être tardifs: au vu de l'enjeu, la commission de recollement des résultats, réunie depuis la fin de matinée, devrait "passer la journée à compter et recompter" les résultats dans chaque fédération, estime un socialiste chevronné.

D'autant que chaque camp a relevé des irrégularités venant des fédérations et soutiens adverses.

En attendant, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol martèle depuis jeudi soir que la direction sortante "n'est plus en capacité de gouverner le parti", car Olivier Faure n'a, selon lui, pas obtenu plus de 48,5% des voix sur son texte.

Les proches d'Olivier Faure assurent au contraire qu'il a recueilli entre 49,5 et 51% des voix. "Passer la barre des 50% c'est symbolique, mais on est majoritaire", insiste un membre de l'équipe d'Olivier Faure, en pensant à l'appui des premiers secrétaires fédéraux, qui compte pour un tiers dans la composition du Conseil national du parti (sorte de parlement du parti, ndlr).

Nicolas Mayer-Rossignol, aurait de son côté recueilli autour de 31% des voix, et la troisième candidate Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, entre 19 et 20%.

"Une page s'est tournée, la ligne pro-Nupes est battue", affirme Philippe Doucet, proche d'Hélène Geoffroy, qui a fait campagne contre Olivier Faure et l'alliance avec LFI.

Sans attendre les conclusions du vote, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a aussi estimé qu'Olivier Faure devrait "réinterroger l'appartenance du PS à la Nupes".

Lors du vote dans la section Paris-centre jeudi soir, les avis étaient partagés. Plusieurs adhérents avaient fait part à l'AFP de leur volonté de rester dans la Nupes. "Il faut défendre l'accord avec la gauche", disait ainsi Anne, 67 ans, encartée depuis 2002.

«Espoir permis»

Mais Pierre Schapira, ancien eurodéputé socialiste de 78 ans et "au parti depuis 50 ans", était venu lui, "sans enthousiasme", choisir "une motion assez critique" vis-à-vis de la stratégie d'Olivier Faure.

Surfant sur une "voie centrale" pendant la campagne, Nicolas Mayer-Rossignol soutient qu'il ne veut pas quitter la Nupes, mais qu'elle n'est qu'un "accord électoral passé perdant".

Il répète à l'envi que "l'espoir est permis", et que sa ligne est "la seule garante de l'unité", face à "un risque de scission" du parti si Olivier Faure gagne.

L'élu normand compte notamment sur les voix des électeurs d'Hélène Geoffroy. Des membres des deux courants n'avaient pas caché, avant le premier tour, une volonté de rapprochement.

Mais dans le camp du premier secrétaire sortant, on estime qu'une victoire de M. Mayer-Rossignol ne passe que par un report massif des voix d'Hélène Geoffroy. Or "dans une élection, 1 + 1 ça ne fait jamais deux", estime un député.

Pour le député Arthur Delaporte, "il faut trouver celui qui est le meilleur chef pour le parti, et on a la chance d'avoir un leader qui est identifié, Olivier Faure", face au maire de Rouen, inconnu du grand public, même s'il est soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo.

Reparti en campagne dès vendredi Nicolas Mayer-Rossignol réclame la tenue d'un nouveau débat télévisé pour se confronter à son adversaire.


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."


Darmanin veut mettre les victimes «au centre» du système judiciaire

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
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  • "Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat"
  • "Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme"

PARIS: Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mardi soir avoir donné instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire et précisé son projet de loi prévoyant une "peine minimum" d'un an de prison pour toute agression d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI.

Gérald Darmanin a assuré avoir pris une instruction ministérielle qui prendra effet "lundi prochain", exigeant que toute victime puisse être "reçue à (sa) demande" par les instances judiciaires ou encore qu'une notification lui soit adressée pour la prévenir "quand (son) agresseur sort de prison".

"Il est normal, si vous êtes victime de viol (...) que vous puissiez savoir quand la personne va sortir de prison", a illustré le garde des Sceaux.

"On va changer totalement le paradigme du ministère de la Justice. Au lieu de mettre l'accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre", a encore souligné M. Darmanin.

Il a également précisé les contours d'un projet de loi pour instaurer une "peine minimum" d'un an de prison pour tout agresseur d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat", a-t-il affirmé.

"Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme", a-t-il insisté, espérant une entrée en vigueur en "début d'année prochaine" après un vote au Parlement.

Gérald Darmanin veut aussi légiférer pour qu'une peine de sursis ne puisse être prononcée qu'une seule fois avant le prononcé d'une peine de prison ferme, pour lutter contre les multirécidivistes.

"Les gens auront un seul sursis. Et puis s'ils en ont un deuxième, c'est directement la case prison ou c'est directement l'application de la peine de sursis, par exemple le travail d'intérêt général", a-t-il prôné lors de cet entretien donné après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu.

"Si nous ne corrigeons pas nos excès, si nous ne faisons pas preuve d'humilité, si nous ne disons pas que nous nous sommes trompés (...), je crois que nous courons le grand danger d'être éliminés totalement de la vie politique française et de laisser aux Français le choix entre l'extrême droite et l'extrême gauche" lors de la présidentielle de 2027, a-t-il ajouté.