Relancer le nucléaire en France, la grande équation financière

Une photo montre la centrale nucléaire EDF de Golfech de nuit depuis Dunes, dans le sud-ouest de la France, le 3 janvier 2023. (AFP).
Une photo montre la centrale nucléaire EDF de Golfech de nuit depuis Dunes, dans le sud-ouest de la France, le 3 janvier 2023. (AFP).
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Publié le Mardi 17 janvier 2023

Relancer le nucléaire en France, la grande équation financière

  • L'année 2023 sera cruciale pour l'avenir énergétique de la France qui devra inscrire dans la loi la part dévolue à chaque énergie, et notamment au nucléaire, pour sortir des combustibles fossiles et parvenir à la neutralité carbone en 2050
  • Mais qui assumera le coût, entre l'Etat, le consommateur, et EDF dont la dette est colossale?

PARIS : Relancer le nucléaire, à quel prix? Les modalités de financement restent à trancher pour le vaste projet de construction de nouveaux réacteurs qui engagera les Français pendant des décennies.

L'année 2023 sera cruciale pour l'avenir énergétique de la France qui devra inscrire dans la loi la part dévolue à chaque énergie, et notamment au nucléaire, pour sortir des combustibles fossiles et parvenir à la neutralité carbone en 2050.

Pour faire de la France "la première nation industrielle décarbonée", le gouvernement soutient la construction de six réacteurs de nouvelle génération EPR - les EPR2 -, avec une option pour huit autres, tout en développant les énergies renouvelables (solaire, éolien...)

Première étape, la présentation mardi au Sénat d'un projet de loi pour "gagner du temps" dans les procédures administratives d'autorisation, alors qu'EDF prépare déjà la mise en service de deux premières unités en 2035-37 à Penly (Seine-Maritime).

Pour appuyer son choix, le gouvernement s'est notamment basé sur des projections du gestionnaire du réseau électrique RTE, montrant un coût global inférieur de 10 milliards d'euros par an pour le scénario avec renouvellement du parc nucléaire: 60 milliards annuels, contre 70 milliards pour un scénario sans renouvellement.

Mais qui assumera le coût, entre l'Etat, le consommateur, et EDF dont la dette est colossale? "Plusieurs modalités de financement sont sur la table", répond-on au ministère de la Transition énergétique.

Soutien public

"Ce n'est pas crédible" estime-t-on chez Greenpeace. "Le nucléaire n'est pas une énergie qui peut répondre à l'urgence climatique compte tenu des délais de construction très importants", estime Pauline Boyer, responsable de campagne nucléaire. Alors que "les technologies des énergies renouvelables sont maîtrisées et permettent un retour sur investissement plus rapide", en quelques années seulement.

Les investissements mondiaux dans l'éolien et le solaire ont été en 2021 près de 15 fois supérieurs à ceux consacrés à de nouvelles centrales nucléaires, indique le rapport World Nuclear Industry Status Report (WNISR) publié en octobre.

Selon EDF, le coût de construction des six nouveaux EPR2 est estimé à 51,7 milliards d'euros (hors coûts de financement), plus 4,6 milliards en cas de difficulté de mise en œuvre. La renationalisation complète d'EDF doit à ce titre permettre d'attirer la confiance des investisseurs.

Les investissements dans le nucléaire sont au départ pharaoniques et il faut des années avant de produire le premier KWh. En outre, le seul EPR en construction en France, à Flamanville (Manche), cumule désormais 12 ans de retard sur sa mise en service et une facture multipliée par quatre.

"Je ne sais pas si quelqu’un dans le monde sait combien coûtera l'EPR2. Mais au-delà du coût, on peut se demander si un tel programme industriel est faisable", relève l'analyste Mycle Schneider, coordinateur du rapport WNISR, qui note par exemple le manque de bras dans la filière.

Le gouvernement comme EDF font valoir que les retours d'expérience des chantiers d'EPR dans le monde et le modèle de production en série permettront de faire des économies.

"Quand vous avez un effet de standardisation et de série des projets, vous diminuez assez fortement le coût moyen de l’ensemble", a souligné la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devant le Sénat.

Ce coût dépendra également des conditions de financement, autrement dit le coût de la dette, "qui auront un impact de manière déterminante sur le coût de la production d'électricité", souligne Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE.

Or "pour atteindre un coût de financement favorable et baisser le coût de l'électricité vendue, le nouveau nucléaire devra bénéficier de mécanismes de soutien public", comme c'est le cas au Royaume-Uni avec le projet d'EPR de Hinkley Point, estime-t-il. Il pourrait s'agir de "garanties de prix pour l'électricité produite", comme l'éolien et le solaire en ont bénéficié, "et/ou inclure une partie de financement public direct", poursuit-il.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a pour sa part estimé le coût pour l'Etat "tout à fait abordable", surtout si l'électricité peut être vendue par des contrats d’achat privés de long terme.

"Il y a encore une discussion approfondie à avoir entre ministères, en lien avec EDF puis la Commission européenne pour construire ce modèle financier", souligne le ministère de la Transition énergétique. Les "arbitrages" sont attendus "dans les prochains mois".


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.