Retraites: Vers un jeudi de grèves et de «galère»

Dans les transports publics, la circulation sera "fortement perturbée" (Photo, Reuters).
Dans les transports publics, la circulation sera "fortement perturbée" (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 18 janvier 2023

Retraites: Vers un jeudi de grèves et de «galère»

  • Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a souhaité que la mobilisation «ne se traduise pas par un blocage du pays»
  • Le scénario d'un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l'énergie

PARIS: Un jeudi de grèves et manifestations, de "galère" pour les usagers: à deux jours du coup d'envoi de la mobilisation contre la réforme des retraites, le voile s'est levé sur l'ampleur des perturbations attendues dans plusieurs secteurs-clés, en premier lieu les transports et l'éducation.

"École fermée le 19 janvier": à Marseille comme ailleurs, des pancartes ont commencé à apparaître sur les portails. "Toute l'équipe enseignante sera en grève", précise l'une d'elles.

Preuve que la réforme des retraites, qui vise à relever l'âge légal de départ à 64 ans, "est une préoccupation majeure" pour les enseignants, selon Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Environ 70% de grévistes sont attendus dans les écoles maternelles et élémentaires.

La grogne des profs, aiguisée par l'ouverture mercredi des négociations sur les revalorisations salariales dans l'Education, ne devrait pas épargner non plus collèges et lycées. Des blocages d'établissements par des lycéens sont également à prévoir.

Dans les transports publics, la circulation sera "fortement perturbée" à la SNCF, en particulier pour les trains régionaux (TER et Transilien), un peu moins pour les TGV. Le trafic sera "très perturbé" à la RATP sur les réseaux RER et métro, avec trois lignes interrompues et dix autres exploitées seulement aux heures de pointe.

"Ce sera un jeudi de galère, (...) de fortes perturbations", avait anticipé dès mardi matin le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune, invitant au "télétravail quand c'est possible".

Les syndicats des transports parisiens sont d'autant plus remontés que le gouvernement veut supprimer, à terme, leur régime spécial de retraite, comme il l'a déjà fait pour les cheminots.

Les perturbations n'épargneront pas le secteur aérien: en raison d'une grève d'aiguilleurs du ciel, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d'annuler préventivement un vol sur cinq à Orly jeudi.

«Projet de justice»

Le scénario d'un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l'énergie où "des baisses de production d'électricité" sont à prévoir, a prévenu le leader de la FNME-CGT Sébastien Menesplier, évoquant de possibles "coupures" visant les élus "qui soutiennent la réforme".

Une montée en puissance se profile aussi dans les raffineries, avec des préavis de 24 heures jeudi, puis 48 heures la semaine prochaine et 72 heures début février. Au dépôt TotalEnergies de Dunkerque, "les salariés sont très remontés" contre la réforme, affirme le secrétaire CGT Benjamin Salvino qui table sur une activité presque à l'arrêt jeudi, mais sans conséquence immédiate dans les stations-services.

Des pénuries un peu plus nombreuses que d'ordinaire étaient toutefois observées en ce début de semaine, signe d'une possible peur de manquer chez certains automobilistes.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a souhaité que la mobilisation "ne se traduise pas par un blocage du pays". Des propos tenus sur l'audiovisuel public dont les programmes devraient être largement perturbés jeudi.

Gouvernement et opposants à la réforme s'engagent en tout cas dans une course de fond avec comme horizon ultime le 26 mars, date limite pour une adoption définitive du texte au Parlement.

Pourquoi l'exécutif "n'ouvre-t-il pas un grand débat de six mois conclu par un référendum? C'est ça, éviter le blocage du pays!", a demandé le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

À droite de l'échiquier politique, le président des LR, Eric Ciotti, a formé le vœu d'une mobilisation sans "dérapage", "dans le calme", tout en redisant son souhait de "pouvoir voter" une réforme "nécessaire".

"Notre projet est un projet de justice", a martelé la Première ministre Élisabeth Borne lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, citant les mesures sur les carrières longues et la pénibilité. Mais, a-t-elle enchaîné, "nous avons un objectif: préserver notre système par répartition". Ce qui passe selon l'exécutif par le report de l'âge légal et un allongement accéléré de la durée de cotisation (43 ans en 2027).

Les syndicats unis, eux, se préparent à l'épreuve de force en espérant "des millions" de grévistes et de manifestants jeudi.

La pétition lancée la semaine dernière par les huit principales organisations de salariés dépassait mardi après-midi les 450.000 signatures contre une "réforme injuste et brutale". Des mots repris par le président du RN, Jordan Bardella, qui dénonce un projet "d'un cynisme inouï, parce que les efforts sont injustement répartis".


Borne juge l'interview de Schiappa dans Playboy «pas du tout appropriée», la gauche vent debout

La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
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  • Plusieurs responsables de gauche se sont émus de la communication du gouvernement en pleine crise sociale
  • La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire a accordé un long entretien sur les droits des femmes dans le numéro du magazine de charme

PARIS: Elisabeth Borne a appelé Marlène Schiappa pour lui dire que son interview dans Playboy n'était "pas du tout appropriée" dans le contexte actuel, tandis que la gauche s'est indignée de cette communication en pleine crise sociale.

La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire a accordé un long entretien sur les droits des femmes dans le numéro du magazine de charme à paraître jeudi, posant à la Une, habillée d'une longue robe blanche.

La Première ministre lui a fait savoir que ce n'était "pas du tout approprié, à plus forte raison dans la période actuelle", a-t-on appris samedi auprès de l'entourage d'Elisabeth Borne, confirmant une information de BFMTV.

Plusieurs responsables de gauche se sont émus de la communication du gouvernement en pleine crise sociale, après cette Une de Playboy et l'interview d'Emmanuel Macron dans Pif.

Quant au ministre du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites, il a récemment accordé un entretien au journal Têtu, dans lequel il révèle son homosexualité.

"On est en plein dans une crise sociale, il y a un sujet sur le maintien de l'ordre, il y a des personnes entre la vie et la mort et j'ai l'impression d'un écran de fumée, entre Têtu, Pif Gadget et Playboy", a déploré sur BFMTV la députée écologiste Sandrine Rousseau.

"Quel est le respect du peuple français, des personnes qui vont devoir travailler deux ans de plus, qui manifestent, qui perdent des journées de salaires, qui n'arrivent pas à manger à cause de l'inflation", a-t-elle ajouté. "Le corps des femmes doit pouvoir être exposé partout, j'ai pas de problème avec ça, mais là il y a un sujet social".

"Dans un pays où le Président s'exprime dans Pif et sa ministre Schiappa dans Playboy, le problème ce serait l'opposition. La France déraille", a twitté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, d'ironiser: "Il ne suffit pas de s'abonner à Pif pour connaître les intentions du gouvernement, il faut aussi s'abonner à Playboy..."

"Défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est partout et tout le temps", a répondu Marlène Schiappa dans un tweet: "En France, les femmes sont libres. N’en déplaise aux rétrogrades et aux hypocrites".


Le Pen refusera d'être Première ministre si le RN remportait des législatives anticipées

La présidente du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
La présidente du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
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  • «Emmanuel Macron n’ira pas au référendum, il a peur du peuple»
  • Son parti, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale actuelle

PARIS: Marine Le Pen refusera d'être Première ministre en cas de dissolution de l'Assemblée nationale et de victoire du Rassemblement national à des élections législatives anticipées, souhaitant se consacrer à la présidentielle de 2027, assure-t-elle samedi dans un entretien à Ouest-France.

Son parti, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale actuelle.

Et, en cas de dissolution, "je pense que nous pouvons envisager une majorité", estime la cheffe de file des députés RN.

Il y aurait alors "un Premier ministre Rassemblement national à la tête d’une équipe composée des forces politiques qui souhaiteront participer à un gouvernement d’union nationale", moi, "j'envisage d’être présidente de la République" en 2027, a ajouté la triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle.

En cas d'accession à l'Elysée, elle assure qu'elle reviendra sur la réforme d'Emmanuel Macron et le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Pendant la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen a défendu le maintien de la retraite à 62 ans, souhaitant cependant permettre aux Français rentrés avant 20 ans sur le marché du travail de partir à 60 ans s'ils ont cotisé au moins 40 annuités.

"Je proposerais à la représentation nationale, ou par référendum, d’adopter (cette) réforme", affirme-t-elle dans Ouest-France, dénonçant "la relation toxique" qu'entretient le chef de l'Etat avec les Français, "qu’il jette les uns contre les autres, en exacerbant les tensions".

Après avoir longtemps réclamé un référendum sur les retraites, Marine Le Pen a appelé à la dissolution de la chambre basse après l'utilisation du 49.3 et le rejet de la motion de censure.

"Emmanuel Macron n’ira pas au référendum, il a peur du peuple", estime la députée RN.

Et "il ne procédera à une dissolution que s’il y est contraint", c'est-à dire, selon elle, "en cas de drame".

Au RN, certains cadres restent inquiets des risques d'élections législatives anticipées. En recueillant 22% d'intentions de vote, le parti d'extrême droite améliorerait certes de trois points son score de juin, selon une étude Harris Interactive réalisée début mars, mais il n'aurait gagné qu'une dizaine de députés, très loin de toute majorité, fût-elle relative.


Ukraine: Macron et Zelensky discutent des efforts à mener pour « un sommet de la paix»

Le président français Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky marchent sur le tarmac de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay alors qu'ils se préparent à embarquer ensemble, en route vers Bruxelles pour un sommet au Parlement européen, le 9 février 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky marchent sur le tarmac de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay alors qu'ils se préparent à embarquer ensemble, en route vers Bruxelles pour un sommet au Parlement européen, le 9 février 2023. (Photo, AFP)
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  • Les deux chefs d'Etat ont fait un point sur la situation militaire en Ukraine et Emmanuel Macron «a réitéré son soutien à l’Ukraine pour mettre un terme à l'agression russe», a indiqué la présidence française
  • Pour sa part, Volodymyr Zelensky a précisé sur Telegram que lui et son homologue s'étaient penchés « sur les prochaines étapes pour mettre en œuvre» son plan de paix en 10 points.

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a évoqué avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky "les efforts diplomatiques à mener pour organiser un sommet sur la paix", lors d'une conversation téléphonique samedi.

Les deux chefs d'Etat ont fait "un point sur la situation militaire en Ukraine et Emmanuel Macron "a réitéré son soutien à l’Ukraine pour mettre un terme à l'agression russe", a indiqué la présidence française dans un communiqué.

Pour sa part, Volodymyr Zelensky a précisé sur Telegram que lui et son homologue s'étaient penchés "sur les prochaines étapes pour mettre en œuvre" son plan de paix en 10 points. "Nous avons coordonné les actions pour les prochains événements internationaux", a-t-il ajouté.

"Nous avons discuté en détail pendant une heure. Nous avons parlé de la situation sur la ligne de front, de notre coopération politique, et de comment avancer avec la mise en oeuvre du projet de paix de l'Ukraine. Je remercie la France pour son soutien constant", a ajouté M. Zelensky lors de son message quotidien à ses concitoyens.

Les deux hommes ont également discuté de "la situation préoccupante à la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par les forces armées russes" depuis mars 2022, a précisé Paris.

Cet échange intervient quelques jours après la visite en Ukraine de Rafael Grossi, directeur de l’AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), "avec lequel le président Macron s’entretiendra prochainement", selon l'Elysée, qui indique que MM. Macron et Zelensky ont souligné "l’importance de soutenir l’action de l’AIEA sur place".

Rafael Grossi s'est rendu mercredi à la centrale de Zaporijjia, en quête d'une solution acceptable pour Kiev et Moscou afin de sécuriser le site du sud-est de l'Ukraine.

Le directeur de l'AIEA, qui a passé quelques heures sur place avant de retourner dans les territoires sous contrôle ukrainien, veut travailler sur des "principes" à même de minimiser le risque de "catastrophe" nucléaire.