«Ils sont tombés en martyrs»: en Irak, l'EI continue de tuer des civils

Jabbar Alwan, qui a perdu quatre membres de sa famille à cause de la violence, est photographié sur les lieux d'une attaque menée par des membres du groupe des États islamiques (EI), dans le village d'Albu Bali, dans la province de Dyala, au nord-est de la capitale irakienne, Bagdad, le 12 janvier 2023. (AFP)
Jabbar Alwan, qui a perdu quatre membres de sa famille à cause de la violence, est photographié sur les lieux d'une attaque menée par des membres du groupe des États islamiques (EI), dans le village d'Albu Bali, dans la province de Dyala, au nord-est de la capitale irakienne, Bagdad, le 12 janvier 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 19 janvier 2023

«Ils sont tombés en martyrs»: en Irak, l'EI continue de tuer des civils

  • Comme la majorité des Irakiens, les habitants d'Albou Bali sont chiites, une branche de l'islam que les extrémistes sunnites tels l'EI considèrent comme "mécréante"
  • C'est d'ailleurs en utilisant ce terme extrêmement péjoratif que l'EI a revendiqué l'attaque

ALBOU BALI: "Mon fils, mon petit-fils et mes cousins sont tombés en martyrs": la mort est entrée chez Jabbar Alwan un soir de décembre. Son bourg du centre de l'Irak a été la cible des jihadistes qui continuent à tuer policiers, soldats et civils.

Avec ses poules, ses champs et ses camionnettes pétaradantes, le village d'Albou Bali respire la paix. "Il y a des agriculteurs, des médecins, des employés", explique cheikh Khales Rachid, chef coutumier de ce bourg de 5.000 habitants planté à 70 km au nord de Bagdad.

Mais l'idylle champêtre a été brisée à la mi-décembre, lorsqu'un commando du groupe Etat islamique (EI) a débarqué dans le village.

Car cinq ans après que le gouvernement a déclaré sa "victoire" militaire sur ce groupe extrémiste, l'Irak ne connaît certes plus d'attaques et d'attentats de grande envergure, mais des combattants de l'EI continuent à tuer sporadiquement des forces de sécurité et des civils.

Le commando "est arrivé vers 20H15, en tirant à l'aveugle. Des martyrs sont tombés", raconte Abbas Mazhar Hussein, 34 ans, un habitant.

Bilan de l'attaque: huit morts et six blessés, uniquement des civils, dont le fils, le petit-fils et deux cousins de Jabbar Alwan qui habite une ferme à la sortie du village. "C'est très douloureux. Nous ne nous attendions pas à cela", dit le vieil homme, les yeux embués par les larmes derrière ses lunettes.

Crainte de représailles 

Son voisin Ali Menouar, la quarantaine, porte encore les stigmates de l'attaque à la nuque: deux cicatrices. "J'ai entendu des tirs, je suis sorti et j'ai vu mon neveu gisant à terre", raconte-t-il.

Tandis qu'Ali Menouar refermait son portail pour se protéger, les tireurs de l'EI ont fait feu. Les balles l'ont éraflé au cou. Sur son mur de parpaings, les tirs ont creusé des orifices de la taille d'un poing.

Après avoir perpétré ce bain de sang, le commando a pu s'enfuir sans être inquiété.

Mais pourquoi s'en prendre à des civils?

Comme la majorité des Irakiens, les habitants d'Albou Bali sont chiites, une branche de l'islam que les extrémistes sunnites tels l'EI considèrent comme "mécréante". C'est d'ailleurs en utilisant ce terme extrêmement péjoratif que l'EI a revendiqué l'attaque.

Cependant dans leur communiqué diffusé sur Telegram, les jihadistes disent avoir visé des "miliciens mécréants", désignant par là le Hachd al-Chaabi, d'anciens paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux troupes régulières.

L'attaque, en raison du nombre élevé de victimes civiles, a provoqué l'effroi dans un Irak qui se remet à peine de quatre décennies de conflits. Le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani "m'a appelé et m'a supplié d'empêcher toute riposte" violente, assure cheikh Khales Rachid.

En clair: Bagdad craignait que les habitants --chiites-- du village ne lancent des représailles dans certains bourgs sunnites alentours, en les accusant de tolérer la présence de membres de l'EI.

"Les terroristes se cachent dans la campagne et continuent à attaquer de façon sporadique", souligne un colonel de la police irakienne qui ne souhaite pas être identifié.

«Gangsters»

La commune d'Al-Khalis sur laquelle se trouve Albou Bali est une zone "de transit" des jihadistes, explique le maire Uday al-Khadran. Sa province de Diyala et celle, voisine, de Salaheddine voit le passage de jihadistes vers la région autonome du Kurdistan d'Irak "qui n'est pas sécurisée", selon lui.

D'après un rapport de l'ONU sorti à l'été 2022, l'organisation jihadiste conserverait "entre 6.000 et 10.000 combattants en Irak et en Syrie, concentrés dans les zones rurales".

"Aujourd'hui, Daech (acronyme de l'EI en arabe, ndlr) ne mène pas d'opérations militaires, il ne saisit plus de territoire", assure Uday al-Khadran, qualifiant les actes des jihadistes d'"opérations de gangsters".

Selon lui, l'attaque contre Albou Bali a été rendue possible car les forces de sécurité ne sont pas assez nombreuses.

Depuis, près de 200 hommes -- armée, police et Hachd al-Chaabi confondus -- sont arrivés en renforts et des caméras de surveillance ont été installées dans Albou Bali, selon le colonel de police.

Mais Jabbar Alwan dit s'attendre à "un autre incident". "Ce n'était pas le dernier", soupire-t-il.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".