Syrie: Comment un quartier d'Alep continue de défier le siège d'Assad

Pour les habitants de Cheikh Maksoud, ce n'est que le dernier d'une série de désastres (Photo fournie).
Pour les habitants de Cheikh Maksoud, ce n'est que le dernier d'une série de désastres (Photo fournie).
Short Url
Publié le Mercredi 25 janvier 2023

Syrie: Comment un quartier d'Alep continue de défier le siège d'Assad

  • La ville de Cheikh Maksoud, à majorité kurde, est au cœur de l'actualité depuis qu'un immeuble résidentiel de cinq étages s'y est effondré le 22 janvier
  • La quatrième division de l'armée syrienne bloque depuis mars 2022 les livraisons vitales de nourriture, de carburant et de médicaments à l'enclave

ALEP, Syrie: Le 22 janvier à 2h30 du matin, Cheikh Maksoud, un quartier à majorité kurde d'Alep en Syrie, a été frappé par la tragédie. Un immeuble résidentiel de cinq étages s'est effondré, ensevelissant des dizaines d'habitants sous une montagne de gravats.
Après des opérations de sauvetage ininterrompues, 16 corps ont été retrouvés et deux survivants ont été transportés à l'hôpital du quartier pour y être soignés. Selon les médias d'État, les fondations de la structure ont été affaiblies par des fuites d'eau.
Pour les habitants de Cheikh Maksoud, ce n'est que le dernier d'une série de désastres alors que le quartier lutte pour survivre sous un siège écrasant imposé autant par les groupes de l'opposition que ceux du régime.
Au cours de la dernière décennie, Alep, qui était autrefois un centre commercial, touristique et culturel florissant, s'est transformée en champ de bataille, laissant une grande partie de la ville en ruines.
Lentement, alors que la ligne de front s'est déplacée ailleurs, la deuxième plus grande ville de Syrie a commencé à se reconstruire. Cependant, Cheikh Maksoud, une enclave autonome située à la limite nord-ouest de la ville, continue de lutter pour sa survie.
La moitié de ce quartier de deux kilomètres carrés ayant été détruite après des années de combats entre les groupes d'opposition et les milices d'autodéfense du quartier, les habitants de Cheikh Maksoud ont fait de leur mieux pour continuer à vivre normalement.

Avec l'hiver qui s'installe, les habitants ont du mal à faire face (Photo fournie).

Au cours de l'année passée, une force s'est montrée particulièrement brutale en privant les habitants du quartier de tout, des médicaments au carburant et même de la nourriture: la Quatrième Division du régime, soutenue par l'Iran.
Avec l'hiver qui s'installe, les habitants ont du mal à faire face.
«Nous avons brûlé des ordures par manque de carburant. Cela m'a donné une infection thoracique. Je suis allé à l'hôpital deux fois cette semaine», a révélé un habitant de Cheikh Maksoud lorsque Arab News s'est rendu dans le quartier en décembre.
Merai Sibli, membre du Conseil général de Cheikh Maksoud et d'Achrafiyah, a affirmé que le carburant n'était pas arrivé dans le quartier depuis plus de cinquante jours, et que les habitants ne recevaient souvent qu'une heure ou moins d'électricité par jour, leurs générateurs privés étant vides.
«Nous ne pouvons pas nous procurer de combustible. Les enfants et les personnes âgées ne peuvent pas supporter le froid» a indiqué Sibli. «Ils ne laissent même pas passer les médicaments ici. Ce qui est autorisé à passer est très cher. Il y a six mois, ils ont coupé notre farine, et toutes les boulangeries ont fermé leurs portes pendant près de vingt jours.»
Selon Sibli, la quatrième division exige jusqu'à 2,5 millions de livres syriennes (plus de 350 euros) pour chaque camion-citerne qui entre dans le quartier – un prix exorbitant, si l'on considère que le salaire mensuel moyen en Syrie n'est que de 150 000 livres syriennes (environ 21 euros).
«Bientôt, nos ateliers et nos tailleurs fermeront leurs portes parce qu'ils n'ont pas d'électricité, et au final, tous nos jeunes seront sans travail et obligés de rester chez eux dans le noir.»

Selon une enquête du journal libanais Al-Modon, la Quatrième Division bénéficie du soutien iranien (Photo fournie).

Les racines de la Quatrième Division remontent aux années 1980, lorsque Rifaat, le frère d'Hafez Assad, a fui le pays et que son groupe paramilitaire, les Compagnies de défense, s'est dissous en plusieurs milices.
La Quatrième Division se formera finalement à partir de ces groupes, et sera ensuite utilisée pour écraser les soulèvements à Daraa, Baniyas, Idlib et Homs dès le début de la crise syrienne. Un rapport de Human Rights Watch datant de 2011 documente la participation de la Quatrième Division à plusieurs abus, notamment des détentions arbitraires et le meurtre de manifestants.
Le commandant de facto de la division est Maher Assad, le frère cadet du président syrien, Bachar Assad. Selon une enquête du journal libanais Al-Modon, la Quatrième Division bénéficie du soutien iranien – matériel, financier et consultatif – depuis le début de l'intervention de l'Iran dans la guerre civile syrienne.

EN BREF

Cheikh Maksoud est sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis.

De nombreux bâtiments d'Alep ont été détruits ou endommagés au cours des onze années de conflit en Syrie.

Alep est la deuxième plus grande ville de Syrie et était son centre commercial avant sa destruction.

Au début du conflit, l'armée syrienne a été submergée par les défections et les conflits internes, un effet auquel la Quatrième Division n'a pas échappé. Comme de nombreuses autres unités de l'armée syrienne, la quatrième division a été contrainte de s'appuyer sur les milices iraniennes afin de renforcer ses effectifs.
Le siège de la quatrième division ne se limite pas à Cheikh Maksoud. Il s'étend à la campagne nord de la ville, dans la région de Chahba, entre Afrin et Alep. Chahba comprend la ville de Tel Rifaat (qui compte environ 18 500 habitants, dont 15 700 personnes déplacées à l'intérieur du pays) et cinq camps, qui abritent tous des milliers de personnes déplacées de la région d'Afrin.
À certains postes de contrôle du régime à Chahba, des photos du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, sont affichées à côté de photos de Bachar et Hafez Assad.
«Plus personne ne rejoint l'armée syrienne. Leurs soldats sont tous des mercenaires iraniens. Lorsque ces mercenaires viennent ici, leur objectif est de tout prendre et de le partager avec l'État», a déclaré à Arab News Mohammed Hanan, le coprésident du district de Tel Rifaat.
Hanan a expliqué que la présence de la milice iranienne dans la région de Chahba sert principalement à protéger les villes à majorité chiite de Nubl et Zahraa, entre Tel Rifaat et Alep.
De 2013 à 2016, la région a été contrôlée par des groupes d'opposition, qui ont été évincés par les Unités de protection du peuple (YPG), dirigées par les Kurdes. À cette époque, la présence militaire de l'État syrien était principalement limitée aux petites villes et aux villages de la région.
Cependant, après l'invasion turque d'Afrin en 2018, les forces gouvernementales – et par conséquent, les mercenaires iraniens – ont commencé à augmenter en nombre sous prétexte de protéger la région des groupes d'opposition soutenus par la Turquie.
«Au final, ils ne défendent rien. Jusqu'à présent, l'État syrien profite de chaque occasion pour nous affaiblir et s'emparer de toute la region de Chahba», a avisé Hanan.
Hanan et d'autres responsables locaux ont déclaré à Arab News que les points de contrôle du régime empêchent l'aide vitale de l'ONU et d'autres ONG d'atteindre la région.
«La quatrième division du régime a fermé les routes. Si on veut apporter quelque chose de l'extérieur, comme du carburant ou du propane, on doit leur donner une part», a déclaré à Arab News le Dr Azad Recho, administrateur de l'hôpital Avrin à Chahba.

À cette époque, la présence militaire de l'État syrien était principalement limitée aux petites villes et aux villages de la région (Photo fournie).

«C'est la même chose avec les médicaments. Ils doivent venir du côté du régime. Quand les organisations internationales de santé apportent de l'aide à la Syrie, puisque le régime syrien a un statut à entretenir, toute l'aide doit passer par le régime», a-t-il ajouté.
«Il y a aussi des forces internationales ici, comme la Russie et l'Iran. Tout cela est un jeu politique. Même si le régime devait apporter de l'aide, il faut que ce soit dans l'intérêt de ces forces. À cause de cela, nous sommes devenus les victimes de la politique.»
Hassan, un administrateur de la branche Chahba du Croissant-Rouge kurde, a déclaré à Arab News: «La situation est terrible. Il n'y a aucun médicament. Nous ne nous occupons que des cas d'urgence. Nous n'avons pas de dermatologues, pas de néphrologues, et nous n'avons pas d'équipements tels que des machines IRM.
«Pour les patients ayant ces besoins, nous devons les envoyer à Alep. Cette solution a ses propres problèmes; le régime empêche souvent ces personnes d'entrer dans la ville.»
Sous l'embargo étouffant de Cheikh Maksoud et de la région de Chahba, il y a cependant un produit que la quatrième division semble heureuse d'autoriser dans ces zones: la drogue.
L'année dernière, une enquête du New York Times a révélé que la Quatrième Division était responsable de la production et de la distribution de pilules de Captagon et de méthamphétamine en cristaux à travers la Syrie, la division acheminant les drogues vers les postes frontières et les villes portuaires.
«Tout récemment, nous avons confisqué et brûlé 124 kg de hachich. Ces 124 kg ont été apportés par le régime syrien – par la Quatrième Division, le Hezbollah et d'autres groupes soutenus par l'Iran. Ils ont essayé de l'apporter dans des conteneurs de pétrole», a expliqué à Arab News Qehreman, un fonctionnaire des forces de sécurité intérieure de Cheikh Maksoud.
«Ils veulent faire entrer certaines choses, notamment des pilules de narcotiques, avec leurs membres, et les répandre parmi les gens», a-t-il poursuivi.
Sibli a souligné que malgré le siège, «notre peuple est très résilient».
«Le régime, veut-il que nous perdions et que nous retournions à l'année 2007? Ils insistent sur le fait que nous devons tous être sous un seul drapeau, une seule langue et un seul président.
«Parce que nous, à Cheikh Maksoud, nous voulons la coexistence et la fraternité des peuples, le régime ne nous accepte pas. Mais bien sûr, les gens qui ont trouvé leur liberté ne reviendront jamais dans l'étreinte du régime.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
Short Url
  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Short Url
  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Défense civile de Gaza annonce cinq morts dans une frappe israélienne sur un abri

Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Une frappe israélienne a touché une école servant d’abri à Gaza, faisant cinq morts selon la Défense civile; l’armée israélienne dit avoir visé des « suspects » et enquête sur les victimes
  • Le cessez-le-feu du 10 octobre reste fragile, avec des accusations mutuelles de violations, tandis que des médiateurs internationaux poussent vers une nouvelle phase du plan de paix

Gaza, Territoires palestiniens: La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi qu'une frappe israélienne sur une école transformée en abri pour personnes déplacées avait fait cinq morts, tandis que l'armée a affirmé avoir ouvert le feu sur des suspects.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que cinq corps avaient été retrouvés après un bombardement israélien sur l'Ecole des martyrs de Gaza, utilisée comme abri dans le quartier de Tuffah, dans l'est de la ville de Gaza.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que "pendant des opérations dans le secteur de la Ligne jaune dans le nord de la bande de Gaza, plusieurs individus suspects ont été repérés dans des structures de commandement à l'ouest de la Ligne jaune".

En vertu du cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas après deux ans de guerre, les forces israéliennes se sont retirées à l'est de cette ligne de démarcation.

L'armée a ajouté que des soldats avaient "tiré sur les individus suspects pour éliminer la menace" et dit être "au courant des allégations concernant des victimes", allégations qui sont "en cours d'examen".

L'armée "regrette tout dommage causé à des personnes non impliquées", a-t-elle ajouté.

Le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, basé sur le plan du président américain Donald Trump, reste fragile et les deux camps s'accusent mutuellement de violations.

L'émissaire américain Steve Witkoff devait participer à une réunion vendredi à Miami, en Floride, avec des représentants de la Turquie, du Qatar et de l'Egypte, médiateurs et garants de la trêve.

Les médiateurs appellent à présent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase du plan de paix, qui prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"Notre population attend de ces pourparlers que les participants s'accordent pour mettre fin aux excès israéliens et stopper toutes les violations", a déclaré à l'AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi qu'au moins 395 Palestiniens avaient été tués par des tirs israéliens depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Trois soldats israéliens ont également été tués dans le territoire depuis la trêve.

Israël attend encore le retour d'un dernier corps d'otage retenu à Gaza avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase de l'accord.