Alexandre Benalla rejugé en appel, quatre ans et demi après les «  violences du 1er mai »

Le "Benallagate" avait éclaté le 18 juillet 2018, après son identification par le journal Le Monde sur une vidéo où il brutalisait un couple place de la Contrescarpe. (AFP).
Le "Benallagate" avait éclaté le 18 juillet 2018, après son identification par le journal Le Monde sur une vidéo où il brutalisait un couple place de la Contrescarpe. (AFP).
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Publié le Mercredi 25 janvier 2023

Alexandre Benalla rejugé en appel, quatre ans et demi après les «  violences du 1er mai »

  • En première instance, il avait écopé de trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique, de l'interdiction d'occuper un emploi public pendant cinq ans
  • A l'audience, il avait nié la quasi-totalité des faits reprochés, affirmant avoir agi "par réflexe" citoyen, mais n'hésitant pas "à donner des explications absurdes et irresponsables"

PARIS: Au coeur d'un scandale politique à rebondissements, l'ex-chargé de mission de l'Elysée Alexandre Benalla est rejugé à partir de vendredi pour des violences lors du 1er mai 2018, qui lui avaient valu un an de prison ferme en première instance.

L'audience pourrait toutefois être reportée, car le jeune homme de 31 ans, aujourd'hui reconverti dans le privé, déposera une demande de renvoi pour "motif personnel", a indiqué à l'AFP l'une de ses avocates, Jacqueline Laffont.

Alexandre Benalla est accusé d'avoir molesté trois hommes et deux femmes en cherchant à les interpeller en marge de la manifestation du 1er mai 2018 à Paris, coiffé d'un casque de la police, alors qu'il n'assistait au défilé qu'en tant qu'"observateur".

Le "Benallagate" avait éclaté le 18 juillet 2018, après son identification par le journal Le Monde sur une vidéo où il brutalisait un couple place de la Contrescarpe.

Celui qui était à 26 ans au cœur du dispositif de sécurité du président de la République avait été suspendu pendant 15 jours, mais avait toujours un bureau au "Château", révélait le quotidien.

L'article avait déclenché un séisme politique dont les répliques avaient secoué pendant des mois le pouvoir d'Emmanuel Macron, au rythme des révélations de la presse et des auditions devant les commissions parlementaires.

Alexandre Benalla devra également répondre à nouveau devant la cour d'appel de "faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d'un insigne" pour avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement de l'Elysée. Il détenait aussi un passeport de service obtenu frauduleusement selon l'accusation.

L'ancien proche collaborateur du président de la République se voit enfin reprocher d'avoir porté illégalement une arme de poing en 2017.

« Explications absurdes »

En première instance, il avait écopé de trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique, de l'interdiction d'occuper un emploi public pendant cinq ans et d'une interdiction de port d'arme pendant dix ans.

A l'audience, il avait nié la quasi-totalité des faits reprochés, affirmant avoir agi "par réflexe" citoyen, mais n'hésitant pas "à donner des explications absurdes et irresponsables", selon le jugement du tribunal correctionnel de Paris.

Son acolyte Vincent Crase, à l'époque chargé de la sécurité au parti En Marche (aujourd'hui Renaissance), figurera lui aussi à nouveau sur le banc des prévenus pour "violences en réunion", "port prohibé" d'une matraque télescopique et "immixtion dans une fonction publique" pour avoir participé de façon illégale à l'interpellation de trois personnes.

Il lui est aussi reproché d'avoir obligé l'une de ces personnes à effacer une vidéo prise avec son téléphone portable.

Ami de longue date d'Alexandre Benalla, l'ex-gendarme réserviste de 49 ans avait été condamné en première instance à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de port d'arme.

"Il a agi pour protéger l'ordre public et donc il sollicitera sa relaxe", a indiqué à l'AFP son avocat, Robin Binsard.

Les deux autres prévenus du premier procès n'ont pas fait appel. Il s'agit d'anciens fonctionnaires de la préfecture de police de Paris, condamnés l'un à trois mois de prison avec sursis et l'autre à 5.000 euros d'amende pour avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla le soir de la publication de l'article du Monde.

En plus des cinq victimes présumées des violences en réunion, deux syndicats de police se sont constitués parties civiles, ainsi que l'ex-chef de cabinet de l’Élysée François-Xavier Lauch et l'auteur de la vidéo du 1er mai, le journaliste et militant Taha Bouhafs, dont la constitution de partie civile avait été jugée irrecevable en première instance.

Alexandra Benalla fait l'objet de trois autres enquêtes préliminaires. L'une porte sur son rôle dans la signature de contrats avec des oligarques russes alors qu'il était en poste à l'Elysée.

Une autre, ouverte en février 2019 pour "entrave à la manifestation de la vérité", vise à déterminer si Alexandre Benalla a dissimulé des preuves dans le cadre de l'enquête sur les violences du 1er mai 2018, notamment deux coffres-forts.

La troisième, lancée en avril 2019, porte sur des soupçons de "faux témoignage" de MM. Benalla et Crase devant la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire.

Le procès est prévu pour durer jusqu'au 3 février, sur quatre demi-journées.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».