À Aix, le plus grand camp militaire d'Europe pillé pendant des années

La décision a été mise en délibéré au 22 février (Photo, AFP).
La décision a été mise en délibéré au 22 février (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

À Aix, le plus grand camp militaire d'Europe pillé pendant des années

  • «Vous ne saviez pas qu'il était interdit de faire des fouilles?», demande la présidente au prévenu, qui, depuis «tout petit», avait l'habitude de se promener dans cette zone
  • «Je sais que c'est interdit sur la préhistoire, les Romains, tout ça, mais je ne savais pas du tout que c'était interdit pour la dernière guerre», se défend l'homme

MARSEILLE: "Tous ces objets partaient à la décharge, j'ai trouvé ça nul": se présentant comme un passionné d'histoire, un homme de 55 ans a comparu devant la justice mercredi à Aix-en-Provence pour avoir pillé, pendant des années, l'ex-plus grand camp militaire américain d'Europe.

"Vous ne saviez pas qu'il était interdit de faire des fouilles?", demande la présidente au prévenu, qui, depuis "tout petit", avait l'habitude de se promener dans cette zone.

"Je sais que c'est interdit sur la préhistoire, les Romains, tout ça, mais je ne savais pas du tout que c'était interdit pour la dernière guerre", se défend l'homme, chez qui des milliers d'objets, pour l'essentiel de la Seconde Guerre mondiale, ont été retrouvés.

Des armes, des insignes, des plaques d'identité mais aussi des objets de la vie quotidienne provenant de l'ancien Camp de Calas, là où ont transité deux millions de soldats américains, entre 1944 et 1946, à l'ouest d'Aix-en-Provence.

"C'est le plus grand camp militaire qui ait été installé en Europe, c'est une ville entière qu’on avait créée", rappelle à l'AFP Xavier Delestre, conservateur régional de l'archéologie à la Direction des affaires culturelles. Juste à côté se trouvait un camp de prisonniers allemands, dont proviennent également certains des objets pillés.

"J’ai trouvé de vieux revolvers très dégradés, si je ne les avais pas gardés, ils seraient toujours sous terre", s'est défendu le prévenu, qui depuis douze ans utilisait un détecteur de métaux, ainsi qu'une mini-tractopelle, une fois.

"On lui reproche d’avoir mal conservé des objets qui étaient déjà en mauvais état", cingle son avocat, maître Samir Bouchama. Les objets exhumés étaient exposés au domicile de son client, où une pièce entière leur était dédiée, mais aussi stockés dans deux garages et cinq conteneurs.

Ces conditions de conservation, notamment en raison des importantes variations de température dans les conteneurs, ont causé "d'importants dégâts" à ces vestiges, a souligné la présidente, évoquant des frais de restauration "de 1 000 à 3 000 euros par objet".

"La meilleure des protections" pour ces vestiges, "c’est de les laisser en l’état", a rappelé Xavier Delestre à la barre.

Soucieux de voir prononcée une "sanction concrète", pour que le prévenu prenne conscience "des dommages créés au patrimoine culturel français", le procureur, Antoine Guintini, a requis 240 jours-amende à 20 euros.

"Quand on aime l'histoire, on ne la piétine pas", a fait valoir l'avocat de la Drac, maître Pascal Antiq, selon qui , dans ce dossier, "monsieur a dégradé ce site pour son plaisir personnel": ici "on est passé de la passion à la compulsion, peut-être même à la pathologie".

La décision a été mise en délibéré au 22 février.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.