Nouvelle attaque palestinienne à Jérusalem après une fusillade près d'une synagogue

Le personnel d'urgence israélien se précipite sur le site d'une attaque signalée dans un quartier de colons de Jérusalem-Est annexée par Israël, le 27 janvier 2023. (AFP)
Le personnel d'urgence israélien se précipite sur le site d'une attaque signalée dans un quartier de colons de Jérusalem-Est annexée par Israël, le 27 janvier 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 28 janvier 2023

Nouvelle attaque palestinienne à Jérusalem après une fusillade près d'une synagogue

  • Ces violences surviennent sur fond de brusque escalade du conflit israélo-palestinien depuis jeudi, après la mort de neuf Palestiniens parmi lesquels des combattants et une sexagénaire, lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine
  • L'adolescent, originaire de la partie de la Ville sainte occupée et annexée par Israël, a été «neutralisé et blessé»

JÉRUSALEM: Un père et son fils ont été blessés par balles samedi par un adolescent de 13 ans dans une nouvelle attaque palestinienne à Jérusalem-Est, au lendemain d'une fusillade ayant fait sept morts près d'une synagogue.

Ces violences surviennent sur fond de brusque escalade du conflit israélo-palestinien depuis jeudi, après la mort de neuf Palestiniens parmi lesquels des combattants et une sexagénaire, lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Les forces israéliennes ont été placées en état d'alerte maximale, alors que les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l'étranger et le secrétaire d'Etat Antony Blinken est attendu à Jérusalem et Ramallah lundi et mardi pour évoquer des mesures en vue d'une désescalade.

Les deux attaques n'ont pas été revendiquées. Celle de vendredi perpétrée près d'une synagogue à Jérusalem-Est, à l'heure de la prière de début du shabbat et au soir de la journée mondiale à la mémoire des victimes de la Shoah, a suscité une vague d'indignation en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que la condamnation de gouvernements arabes entretenant des liens avec Israël, comme l'Egypte, la Jordanie ou les Emirats arabes unis.

Samedi matin, un Palestinien de 13 ans a blessé par balles un père et son fils à proximité du site archéologique de la Cité de David, dans le quartier palestinien de Silwan à Jérusalem-Est, la partie orientale occupée et annexée par Israël, a indiqué la police israélienne.

L'adolescent, originaire de Jérusalem-Est, a été "neutralisé et blessé" par des passants qui détenaient un permis de port d'armes, a-t-elle ajouté.

Les deux blessés sont un homme de 23 ans et un autre de 47 ans touchés "par balles dans le haut du corps", selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.

«Entièrement responsable»

Quelques heures avant cette nouvelle attaque, la police a annoncé l'arrestation de 42 suspects en lien avec l'attentat de vendredi soir à Neve Yaakov, un quartier de colonisation juive, qui a fait sept morts dont l'identité n'a pas été précisée par la police.

L'assaillant, un Palestinien de 21 ans vivant à Jérusalem-Est, a été abattu après une course-poursuite en voiture et une fusillade avec des policiers, a indiqué la police sans fournir son identité.

Mais selon des médias israéliens et palestiniens, il s'agit de Khayri Alqam, dont le nom et la photo font l'objet de nombreuses louanges sur des comptes en arabe sur les réseaux sociaux.

Après l'attentat vendredi soir, l'un des plus sanglants à Jérusalem depuis des années, des dizaines d'Israéliens ont accueilli le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux cris de "Mort aux Arabes!"

En revanche, la nouvelle de l'attaque a été suivie par des scènes de liesse à Ramallah en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien depuis plus de 15 ans.

Qualifiant cette attaque de crime "particulièrement abject", le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a dit être "profondément inquiet de l'escalade de la violence" et jugé qu'il était "temps de faire preuve de la plus grande retenue".

L'Autorité palestinienne s'est abstenue de la condamner et jugé qu'Israël était "entièrement responsable de la dangereuse escalade".

Nouvelle Intifada ?

La fusillade de Neve Yaakov est survenue au lendemain d'un raid de l'armée israélienne ayant coûté jeudi la vie à neuf Palestiniens à Jénine en Cisjordanie, présenté par Israël comme une action préventive contre une cellule du groupe armé palestinien Jihad islamique.

En représailles, des roquettes ont été tirées ensuite vers Israël à partir de la bande de Gaza, territoire contrôlé par le mouvement islamiste Hamas.

Israël a répliqué par des frappes aériennes contre "une usine souterraine de fabrication de roquettes" du Hamas à Gaza, selon l'armée. Aucune victime n'a été recensée.

Le député israélien d'opposition Mickey Levy, membre du parti centriste de l'ex-Premier ministre Yaïr Lapid, a dit craindre que "ce qui est arrivé il y a 20 ans (soit en train de commencer) à se produire maintenant" dans une référence à la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005.

"Nous devons nous poser et réfléchir à la façon dont nous pouvons agir pour mettre un terme à la situation", a-t-il dit à l'AFP alors que la coalition de M. Netanyahu regroupant des partis d'extrême droite et ultraorthodoxes juifs prône la manière forte contre les Palestiniens et la poursuite de l'occupation en Cisjordanie.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.