Israël intensifie les démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem

Un Palestinien marche parmi les décombres de la maison de Rateb Hatab Choukairat à Jérusalem-Est, le 29 janvier 2023 (Photo, AFP).
Un Palestinien marche parmi les décombres de la maison de Rateb Hatab Choukairat à Jérusalem-Est, le 29 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 février 2023

Israël intensifie les démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem

  • Des maisons ont été rasées mercredi dans les quartiers de Sur Baher, Wadi al-Hummus et Silwan
  • Les habitants d’Al-Khan al-Ahmar tiennent un sit-in par crainte d’être déplacés après l’expiration d’un dernier délai pour quitter le village

RAMALLAH: Les autorités israéliennes intensifient leurs démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, depuis l'entrée de l'extrême-droite au gouvernement, ont dénoncé des responsables palestiniens.
Mercredi, des bulldozers israéliens ont démoli des bâtiments dans les quartiers de Sur Baher, Wadi al-Hummus et Silwan, à Jérusalem. Les militants des droits de l’homme ont exhorté la population à dénoncer publiquement ces actes en publiant des messages les réseaux sociaux tels que Twitter en utilisant le hashtag #Stop_Demolishing_Jerusalem (Arrêtez de démolir Jérusalem).
Ils ont également appelé l’Autorité palestinienne, la communauté internationale et les institutions mondiales à intervenir immédiatement pour contraindre Israël à mettre fin aux démolitions et aux déplacements qui menacent la communauté palestinienne de Jérusalem.
Depuis le début du mois de janvier, les forces d’occupation ont rasé 30 maisons dans plusieurs quartiers de la ville historique. L’année dernière, 211 maisons palestiniennes avaient été démolies à Jérusalem.
Dans le village d’Al-Khan al-Ahmar, à l’est de la ville sainte, un sit-in de protestation organisé par des villageois et des militants de la Commission palestinienne de résistance contre la colonisation s’est poursuivi pour une deuxième journée ce mercredi.
Les habitants du village et des communautés bédouines environnantes craignent que les autorités israéliennes ne démolissent leurs maisons, le dernier délai de six mois accordé aux habitants pour quitter les lieux ayant expiré mercredi.
Eid Khamis Jahalin, un chef bédouin d’Al-Khan al-Ahmar, a déclaré à Arab News que les gens craignent que les bulldozers israéliens détruisent le village et déplacent ses 250 habitants.
«Le programme électoral d’Itamar Ben-Gvir (le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale) et de Bezalel Yoel Smotrich (le ministre des Finances) est basé sur la démolition d’Al-Khan al-Ahmar et le déplacement de ses habitants», a-t-il indiqué.
Hussein al-Cheikh, de l’Organisation de libération de la Palestine, a appelé la communauté internationale à intervenir immédiatement pour mettre fin aux démolitions effectuées par les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie, qu’il a décrites comme la poursuite d’une politique de déplacement et d’«apartheid». Il a précisé que les dirigeants palestiniens se réuniraient vendredi pour discuter des moyens de réagir.
Par ailleurs, les forces de l’armée israélienne ont continué à assiéger Jéricho, dans l’est de la Cisjordanie, pour la cinquième journée consécutive mercredi, alors qu’elles recherchaient deux jeunes hommes responsables d’une tentative d’attaque à l’arme à feu contre un restaurant de colons à l’entrée de la ville il y a cinq jours.
Les critiques ont accusé les autorités israéliennes d’imposer une politique de châtiment collectif dans la ville en entravant la libre circulation des résidents, en fouillant leurs voitures et en contrôlant leurs identités, ce qui a donné lieu à de longues files d’attente et à des personnes bloquées dans leurs véhicules pendant des heures.
Le journaliste Adel Abou Nima, de Jéricho, a déclaré à Arab News que l’armée israélienne avait installé samedi des postes de contrôle militaires à toutes les entrées principales de la ville de Jéricho et de ses camps, Aqbat Jabr et Ein al-Sultan, et avait bloqué les entrées secondaires avec des monticules de terre, ce qui a fortement perturbé la vie des habitants et des visiteurs de la ville.
«Certains citoyens et employés attendent aux postes de contrôle militaires israéliens pendant quatre heures, et certains sont interdits de quitter Jéricho», a précisé Abou Nima.
Jéricho est le seul endroit à partir duquel les 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie peuvent se rendre à l’étranger. Les postes de contrôle ont donc affecté les personnes qui se rendent à l’étranger et celles qui y retournent.
«En tant que journaliste couvrant les événements en Cisjordanie, notamment à Jénine et Naplouse, je n’ai jamais vu de telles mesures militaires israéliennes contre des villes entières comme cela se produit maintenant contre Jéricho», a affirmé Abou Nima.
De même, Yesh Din, une organisation israélienne de défense des droits de l’homme, a accusé les autorités israéliennes de tolérer la violence des colons à l’encontre des Palestiniens depuis plus de dix-sept ans.
Yesh Din révèle dans un rapport publié le 1er février que seuls 3% des cas de crimes idéologiques commis par des Israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie au cours de cette période ont abouti à des condamnations et que 93% des affaires ont été classées sans qu’aucun acte d’accusation ne soit déposé.
Les données figurant dans le rapport montrent qu’entre 2005 et 2022, la police israélienne n’a pas enquêté sur 81,5% des crimes qui auraient été commis par des Israéliens contre des Palestiniens et leurs biens.
«L’État d’Israël se soustrait à son devoir de protéger les Palestiniens contre les Israéliens qui cherchent à leur nuire en Cisjordanie, comme l’exige le droit international», soulignent les chercheurs.
«Le suivi à long terme par Yesh Din des résultats des enquêtes policières sur les incidents de crimes idéologiques commis par des Israéliens démontre les échecs systémiques persistants des autorités israéliennes à faire appliquer la loi aux civils israéliens qui portent atteinte aux Palestiniens et à leurs biens en territoire occupé.»
«Le fait que cet échec systémique persiste depuis au moins deux décennies prouve qu’il s’agit d’une politique délibérée de l’État d’Israël, qui normalise et soutient la violence idéologique des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie, et récolte ensuite les récompenses qui en découlent.»
En outre, le Cabinet israélien doit débattre d’une décision visant à ne plus reconnaître les diplômes délivrés par les universités palestiniennes.
«Durant leurs études dans les universités palestiniennes, les Palestiniens d’Israël sont exposés à du contenu et des messages anti-israéliens. Ils rentrent au pays avec ces informations et les transmettent à leurs étudiants», a expliqué Avi Dichter, le ministre israélien de l’Agriculture, qui était auparavant directeur de l’agence d'espionnage israélienne Shin Bet.
Sheeran Haskel, membre du parti Likoud, a affirmé que plus de 20% des enseignants des écoles arabes d’Israël étaient diplômés d’universités palestiniennes «après avoir assimilé les implications de la présentation d’Israël comme un ennemi.»
Des milliers de Palestiniens qui vivent en Israël étudient dans des universités de Cisjordanie.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Offensive à Gaza, la CIJ ordonne à Israël d'assurer une aide «  d'urgence »

Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens. (AFP).
Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens. (AFP).
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  • Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah
  • "Il n'y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente", a résumé sur X le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'offensive militaire israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas se poursuit vendredi dans la bande de Gaza alors que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à la population civile sur place, menacée de famine.

Les affrontements des derniers mois ont aussi exacerbé les tensions régionales entre Israël et "l'axe de la résistance", rassemblement de mouvements armés soutenus par son ennemi iranien et comprenant notamment le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites.

Au moins 36 militaires syriens ont été tués dans une frappe israélienne qui a visé vendredi à l'aube la région d'Alep, dans le nord de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

D'après cette ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, la frappe a notamment visé "des dépôts de missiles relevant du Hezbollah libanais", qui combat aux côtés du régime syrien. Contactée par l'AFP depuis Jérusalem, l'armée israélienne a répondu "ne pas commenter" ces informations.

Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

« Famine imminente »

Outre le bilan humain et ces destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d'habitants sont désormais menacés de famine selon l'ONU qui déplore une aide insuffisante pour répondre aux besoins de la population.

"Il n'y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente", a résumé sur X le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Israël doit "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence", a déclaré jeudi la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye.

Saisie par l'Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.

Dans la nuit, le Hamas s'est félicité de la décision de la CIJ et a demandé sa "mise en œuvre immédiate" afin qu'elle ne devienne pas "lettre morte".

« Entrer à Rafah »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau avait plus tôt réaffirmé jeudi sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris des Etats-Unis, contre une opération d'envergure sur place.

"Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès (sud). Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et on se prépare à entrer à Rafah", a-t-il dit à des familles de soldats otages dans le territoire palestinien.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël qui redoute le bilan humain d'une telle opération, avaient demandé récemment l'envoi d'une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet.

Mais Israël, furieux de l'abstention des Etats-Unis qui a permis l'adoption récente d'une résolution à l'ONU réclamant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, a annulé la visite. Israël a finalement fait savoir à Washington qu'il aimerait trouver "une nouvelle date pour organiser la réunion" sur Rafah, a indiqué la Maison Blanche.

En parallèle de ces éventuelles discussions à Washington, le Qatar - un médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis - accueille cette semaine des négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un projet de trêve de plusieurs semaines doublée d'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

« Yeux bandés »

L'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas -- qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne -- et lancé une offensive qui a fait à 32.552 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir "éliminé environ 200 terroristes" dans le secteur depuis le 18 mars.

Les troupes israéliennes "ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives", assure l'armée.

"Les forces israéliennes ont obligé des hommes à se déshabiller et ne garder que leurs sous-vêtements (...) J'en ai vu d'autres les yeux bandés qui devaient suivre un char au milieu d'explosions", a indiqué à l'AFP Karam Ayman Hathat, un Palestinien de 57 ans qui habite dans un immeuble près de l'hôpital.


Syrie: au moins 36 soldats syriens tués dans une frappe israélienne près d'Alep

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  • La frappe a notamment visé "des dépôts de missiles relevant du Hezbollah libanais"
  • Il s'agit du bilan le plus lourd pour l'armée syrienne dans des frappes israéliennes depuis le début de la guerre à Gaza il y a près de six mois

BEYROUTH: Au moins 36 militaires syriens ont été tués dans une frappe israélienne qui a visé vendredi à l'aube la région d'Alep, dans le nord de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon cette ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, la frappe a notamment visé "des dépôts de missiles relevant du Hezbollah libanais", qui combat aux côtés du régime syrien.

"Au moins 36 militaires ont été tués et des dizaines de blessés dans les raids israéliens" qui ont visé une zone proche de l'aéroport d'Alep, a précisé l'ONG.

Il s'agit du bilan le plus lourd pour l'armée syrienne dans des frappes israéliennes depuis le début de la guerre à Gaza il y a près de six mois, selon l'OSDH.

De son côté, une source militaire citée par l'agence officielle syrienne Sana a fait état de "plusieurs tués et blessés parmi des civils et des soldats" dans les frappes.

"L'ennemi israélien a lancé une attaque aérienne contre différents sites à Athriya, au sud-est d'Alep", a affirmé cette source.

Les frappes ont également visé des usines qui relèvent du ministère syrien de la Défense à Safira près d'Alep mais sont actuellement sous le contrôle de groupes pro-iraniens, selon l'OSDH.

Contactée par l'AFP depuis Jérusalem, l'armée israélienne a répondu "ne pas commenter" ces informations de presse.

L'armée israélienne a mené des centaines de frappes aériennes en Syrie depuis le début de la guerre dans ce pays voisin, ciblant en particulier les groupes pro-iraniens.

Elle a intensifié ses frappes depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023 entre Israël et le Hamas palestinien.

Parallèlement, Israël et le Hezbollah se livrent à des échanges de tirs quotidiens le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre à Gaza.

Deux morts près de Damas 

La guerre en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et morcelé le pays.

Le conflit a débuté en 2011 par un soulèvement contre le président Bachar el-Assad. Il s'est rapidement transformé en guerre civile après que le régime, soutenu par l'Iran, a lancé une répression féroce contre les dissidents.

Le Hezbollah libanais a envoyé des combattants en Syrie pour soutenir son allié et protéger ses lignes d’approvisionnement avec l'Iran, et a continué à opérer dans le pays depuis lors.

L'Iran nie avoir envoyé des troupes combattre aux côtés du régime de Bachar al-Assad, affirmant que sa présence s'y limite à celle de conseillers militaires.

Une frappe aérienne avait déjà visé jeudi un immeuble résidentiel dans la banlieue de Damas, faisant deux tués civils, selon l'agence de presse officielle syrienne Sana, qui a imputé l'attaque à Israël.

La zone ciblée, Sayyida Zeinab, est considérée comme un bastion des groupes pro-iraniens en Syrie.

Le 19 mars, des raids israéliens avaient déjà visé des dépôts d'armes du Hezbollah dans les environs de Damas.

L'armée israélienne avait annoncé en mars avoir atteint "environ 4.500 cibles du Hezbollah" au Liban et en Syrie, dont "plus de 1.200" par des frappes aériennes, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.


MSF nie les allégations de l’armée israélienne selon lesquelles il existait une «activité terroriste» sur le site d’une attaque meurtrière à Gaza

Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête». (MSF)
Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête». (MSF)
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  • Deux membres de la famille d’un employé tués et sept autres blessés par l’armée israélienne en février
  • Un obus de char aurait été «tiré directement dans le bâtiment», selon une enquête menée par un organe de presse

DUBAÏ: L’armée israélienne a été accusée d’avoir attaqué intentionnellement et sans provocation un centre d’hébergement de Médecins sans frontières (MSF) qui abritait 64 personnes dans la région d’Al-Mawasi, à Gaza, le 20 février, tuant deux membres de la famille d’un employé et blessant sept autres personnes.

L’attaque a eu lieu malgré le fait que l’armée israélienne a été informée de l’emplacement précis du centre, selon MSF. L’armée a affirmé qu’il existait une «activité terroriste» sur le site, ce que MSF a nié.

Mercredi, Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête».

L’organe de presse a déclaré s’être rendu sur place et avoir utilisé des images prises sur le terrain, des techniques «open source» ainsi que des entretiens avec des témoins et des experts en armement pour comprendre comment l’incident s’est déroulé.

Des témoins ont affirmé à Sky News qu’ils avaient entendu des bruits forts qui semblaient provenir de chenilles de chars, tandis que d’autres ont également entendu des coups de feu.

Les preuves recueillies laissent penser que l’attaque a été déclenchée par un obus de char qui a pénétré par une fenêtre. «Il est difficile de tirer des conclusions définitives à partir d’images, mais je pense que les dégâts sont dus à un obus de char tiré directement dans le bâtiment», a expliqué Chris Cobb-Smith, ancien officier d’artillerie de l’armée britannique et directeur de Chiron Resources.

Ce dernier a réfuté toute idée selon laquelle il s’agirait d’une attaque du Hamas. Il a affirmé qu’il n’était «pas au courant de l’existence d’armes à tir direct de ce calibre utilisées par le Hamas» et qu’il était «peu probable qu’un obus de cette taille ait pu être déployé et tiré compte tenu de l’activité de l’armée israélienne dans la région».

Des témoins et des membres de MSF ont déclaré avoir entendu des coups de feu avant que le bâtiment ne soit touché.

Meinie Nicolai, directrice générale de l’organisation humanitaire, s’est rendue sur place peu après l’attaque. Elle a indiqué que des balles avaient été tirées sur la façade du centre.

L’enquête a par ailleurs révélé que le jour de l’attaque, l’armée israélienne a écrit sur sa chaîne Telegram que ses forces opéraient dans le nord, le centre et le sud de la bande de Gaza et qu’elles menaient «des opérations intensives dans l’ouest de Khan Younès». Cependant, elle n’a pas mentionné les environs immédiats du centre d’hébergement.

En outre, le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié le même jour une carte d’évacuation de deux quartiers plus au nord, dans la ville de Gaza et ses environs. Cette carte ne couvrait pas la zone où se trouve le centre.

Selon l’enquête, les services d’urgence sont arrivés sur les lieux au moins deux heures et demie après l’attaque pour des raisons de sécurité.

Les blessés ont été transportés à l’hôpital de campagne de l’International Medical Corps à Rafah, a précisé MSF.

«Nous sommes indignés et profondément attristés par ces meurtres», avait commenté Mme Nicolai au mois de février. «Ces meurtres  témoignent de la triste réalité: aucun endroit à Gaza n’est sûr, les promesses de mise en place de zones sûres n’ont pas été tenues et les mécanismes de “déconfliction” ne sont pas fiables», avait-elle ajouté.

L’armée israélienne, qui mène sa propre enquête, a précisé qu’elle avait «tiré sur un bâtiment identifié comme étant le théâtre d’activités terroristes», mais elle n’a fourni aucune preuve.

Dans un communiqué publié mercredi, MSF «réfute toute allégation d’activité terroriste dans les structures gérées par la MSF».

«Le centre était utilisé par le personnel humanitaire et les membres de leurs familles. Il était identifié par un drapeau MSF et les autorités israéliennes étaient informées de son emplacement.»

«Après l’incident, des informations ont été reçues. Elles font état de la mort de deux civils innocents dans la zone. L’armée regrette tout préjudice causé aux civils et fait tout ce qui est en son pouvoir pour opérer de manière précise et exacte», a ajouté l’armée israélienne dans un communiqué.

En vertu du droit international humanitaire, les installations et les unités médicales doivent être respectées et protégées en toutes circonstances.

Oona Hathaway, professeure de droit international à la faculté de droit de Yale, a expliqué à Sky News que les installations médicales sont «présumées être des biens civils et ne doivent pas être prises pour cibles lors d’un conflit armé».

Elle a souligné que si l’armée israélienne prend intentionnellement pour cible un bien civil, cela constitue «potentiellement un crime de guerre».

La semaine dernière, l’armée a mené une opération à l’intérieur et autour de l’hôpital Al-Shifa, affirmant que de hauts responsables du Hamas étaient basés dans cet immense complexe. Des jours de combats intenses ont suivi. L’armée a signalé qu’environ 170 combattants palestiniens avaient été tués et que des centaines d’autres avaient été arrêtés ou interrogés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com