Collège: la technologie supprimée en 6e, les profs «en colère»

Le ministre français de l'Éducation et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, prononce un discours lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 janvier 2023. (AFP).
Le ministre français de l'Éducation et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, prononce un discours lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 janvier 2023. (AFP).
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Publié le Dimanche 05 février 2023

Collège: la technologie supprimée en 6e, les profs «en colère»

  • Le ministre de l'Education Pap Ndiaye a annoncé en janvier que tous les élèves de 6e auront dès septembre une heure de plus de soutien ou d'approfondissement en français et en mathématiques
  • Pour que cela puisse se faire sans toucher à leur emploi du temps, le ministère a choisi de supprimer l'heure de technologie

PARIS : À la rentrée prochaine, les élèves de sixième n'auront plus de technologie: la suppression de cette heure d'enseignement au profit de cours de soutien en français et en maths a provoqué la "colère" des professeurs concernés.

Présentant le collège comme "priorité" parmi ses chantiers, le ministre de l'Education Pap Ndiaye a annoncé en janvier que tous les élèves de 6e auront dès septembre une heure de plus de soutien ou d'approfondissement en français et en mathématiques. Pour que cela puisse se faire sans toucher à leur emploi du temps, le ministère a choisi de supprimer l'heure de technologie.

Le bloc de quatre heures qui regroupe aujourd'hui en 6e la physique-chimie, les sciences de la vie et de la Terre, et la technologie va être "reconfiguré", explique-t-on au ministère. La technologie sera désormais étudiée à partir de la classe de 5e.

"Ca a été une surprise totale, découverte par voie de presse. C'est tout simplement du mépris de la part du ministère", assène Christophe Lucas, professeur de technologie dans un collège du Val-d'Oise.

Selon cet enseignant, qui enseigne la matière depuis 18 ans, le soutien en français et en maths "ne doit pas être financé par la suppression d'heures d'une autre discipline". "Cette fois-ci, c'est la technologie. Peut-être que l'année prochaine, ce sera le physique chimie", s'agace le professeur, syndiqué au Snes-FSU.

"La techno, c'est du concret pour les élèves. En 6e, on aborde par exemple l'utilisation d'internet et ses travers car ils le consomment mais ne savent pas du tout s'en servir", ajoute-t-il.

Dans un communiqué, la FCPE, première fédération de parents d'élèves, dénonce une décision "unilatérale et incompréhensible". Le syndicat Sud éducation pointe une réforme "en opposition totale avec les enjeux éducatifs de notre siècle, tels que lutter contre le réchauffement climatique, réindustrialiser le pays, former les élèves aux sciences expérimentales et à l'esprit critique".

«Redorer le blason»

Willy Leroux, professeur de technologie dans un collège du Nord, regrette "l'absence de concertation dans cette décision". "On a sacrifié la techno en 6e sur un coup de tête, ce qui nous a choqué et mis en colère car cela donne l'impression que c'est une matière inutile".

Pour Alain Cadix, membre de l'Académie des technologies --institution qui regroupe plus de 3 000 experts--, la technologie est "tout sauf inutile". "Cette matière est liée directement aux enjeux numériques et climatiques, essentiels à enseigner dès la classe de 6e", explique-t-il à l'AFP.

Pour remettre cette matière à son "juste niveau", il propose que la technologie soit "systématiquement incluse dans les épreuves du brevet des collèges, alors qu’elle s’y trouve assez rarement", poursuit Alain Cadix. "Il faut cependant peut-être profiter de cet +accident+ en 6e créé par le ministère pour redéfinir cette matière en apportant une réflexion plus large", suggère-t-il.

Tout en annonçant la suppression de cette heure de technologie à l'entrée au collège, Pap Ndiaye a dit souhaiter renforcer cette matière en 5e, 4e et 3e.

"La discipline sera confortée et donc je suis très clair: ni suppression de la technologie au collège, ni relégation", a déclaré mercredi Pap Ndiaye, lors des questions au gouvernement au Sénat.

C'est même tout le "contraire", a-t-il assuré. Selon lui, il faut "revaloriser" la matière afin de "susciter des vocations pour le numérique, les sciences de l'ingénieur, la voie professionnelle, y compris dans l'équilibre entre filles et garçons".

Mais "quelles vont être réellement les décisions prises pour renforcer" la techno?, s'interroge Christophe Lucas, le professeur du Val d'Oise. "Ce n'est pas en commençant par la supprimer en 6e qu'on va redorer le blason de cette discipline trop souvent mal-aimée".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.