Nouveau sursis pour un village palestinien menacé de destruction par Israël

Cette photo d'archive prise le 23 janvier 2023 montre une vue aérienne du village bédouin de Khan al-Ahmar en Cisjordanie occupée, près de la banlieue d'Abou Dis à Jérusalem-Est (Photo, AFP).
Cette photo d'archive prise le 23 janvier 2023 montre une vue aérienne du village bédouin de Khan al-Ahmar en Cisjordanie occupée, près de la banlieue d'Abou Dis à Jérusalem-Est (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 08 février 2023

Nouveau sursis pour un village palestinien menacé de destruction par Israël

  • La Cour suprême a imposé une amende de 20 000 shekels (environ 5 350 euros) à l'exécutif pour son «attitude générale» dans ce dossier
  • Coincé entre deux implantations juives proches de Jérusalem, Khan al-Ahmar s'est imposé comme un des symboles de la lutte contre l'expansion des colonies israéliennes

JÉRUSALEM: La Cour suprême d'Israël a accordé mardi un nouveau délai au gouvernement israélien avant de statuer sur le caractère exécutoire d'un ordre de démolition controversé visant un village bédouin palestinien en Cisjordanie occupée, devenu emblématique de l'opposition à la colonisation juive.

En mai 2018, la plus haute juridiction du pays avait jugé qu'il n'y avait "aucune raison juridique valable" de s'opposer à la "décision du ministère de la Défense de détruire" ce village, Khan al-Ahmar, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de Jérusalem.

Mais soumis à une forte pression extérieure, notamment de l'Union européenne (UE) et de la Cour pénale internationale (CPI), dont la procureure Fatou Bensouda avait déclaré qu'une telle destruction pourrait constituer un crime de guerre, le gouvernement israélien a reporté plusieurs fois la démolition de Khan al-Ahmar, où vivent environ 200 bédouins.

En 2019, une ONG sioniste de droite, Regavim, qui dit militer pour "préserver les terres nationales", avait saisi la Cour suprême pour forcer le gouvernement à détruire le village.

Celui-ci est situé en zone C, c'est-à-dire sous contrôle militaire et administratif total de l'Etat israélien, qui accuse les bédouins palestiniens de s'être installés sur place illégalement, sachant qu'il est pratiquement impossible pour des Palestiniens d'obtenir des permis de construire dans cette zone, qui couvre plus de 60% de la Cisjordanie occupée.

Depuis le dépôt du recours de Regavim devant la Cour, les gouvernements israéliens successifs n'ont cessé de demander des délais, en invoquant des motifs liés à l'instabilité politique, pour présenter leurs arguments au tribunal.

Déjà repoussée huit fois, l'échéance tombait au 1er février, mais le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui compte dans ses rangs plusieurs partisans de la démolition du village, dont un ancien directeur de Regavim, avait demandé un nouveau report en arguant qu'étant entré en fonction fin décembre, il lui fallait plus de temps pour se préparer.

Mardi, la Cour a imposé une amende de 20 000 shekels (environ 5 350 euros) à l'exécutif pour son "attitude générale" dans ce dossier, mais lui a accordé trois mois supplémentaires, jusqu'au 1er mai.

Selon des journaux israéliens, la véritable raison de l'attentisme du gouvernement est la crainte qu'une démolition du village et le transfert de ses habitants ne précipite le conflit israélo-palestinien dans une nouvelle spirale de violence incontrôlable alors que l'on assiste à une escalade depuis le début de l'année.

Regavim a réagi mardi soir en affirmant que "la Cour suprême couvre une fois de plus l'incapacité du gouvernement à formuler et appliquer une vision pertinente" en Cisjordanie.

"Il est temps que l'Etat d’Israël grandisse et se prenne au sérieux", a ajouté Regavim dans un communiqué.

Ceinture de colonies 

Coincé entre deux implantations juives proches de Jérusalem, Khan al-Ahmar s'est imposé comme un des symboles de la lutte contre l'expansion des colonies israéliennes, que l'ONU juge contraires au droit international, et où vivent désormais plus de 475 000 personnes.

Les opposants à la démolition font valoir que celle-ci permettrait l'expansion de la colonisation de façon à constituer une ceinture d'implantations juives autour de Jérusalem-est, occupée et annexée, pour l'isoler du reste de la Cisjordanie et compromettre ainsi davantage encore la possibilité d'une solution de paix négociée.

Figure de la droite israélienne, M. Netanyahou, qui détient le record de longévité au pouvoir pour un Premier ministre israélien, avait perdu son poste en 2021. Il est revenu aux commandes fin décembre à la faveur d'une alliance avec des partis d'extrême droite - qui militent pour une intensification de la colonisation voire, pour certains, une annexion pure et simple de la Cisjordanie - et des formations ultra-orthodoxes juives.

Le 30 janvier, lors d'une visite avec plusieurs diplomates de l'UE à Khan al-Ahmar, Oliver Owcza, représentant de l'Allemagne auprès des Palestiniens, avait mis en garde contre les conséquences, à ses yeux, d'une destruction du village.

"La voie [serait alors] ouverte à l'extension de la colonisation", ce qui, en plus d'être "contraire au droit international (...) mettrait politiquement en péril la perspective d'une solution à deux États", Israël et un Etat palestinien vivant côte-à-côte.

"La communauté internationale fait l'éloge de la paix" mais "si le village est démoli, le processus de paix prend fin", déclarait de son côté Eid al-Jahalin, porte-parole de Khan al-Ahmar, en demandant : "La communauté internationale est-elle capable de préserver ce village pour que la paix advienne, ou non ?"


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Short Url
  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Short Url
  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Short Url
  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".