Rachida Dati, un parcours atypique

Née le 27 novembre 1965 à Saint-Rémy en Saône-et-Loire, Rachida Dati poursuit un parcours scolaire et universitaire qui lui permet de se démarquer.
Née le 27 novembre 1965 à Saint-Rémy en Saône-et-Loire, Rachida Dati poursuit un parcours scolaire et universitaire qui lui permet de se démarquer.
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Publié le Dimanche 29 novembre 2020

Rachida Dati, un parcours atypique

  • Fille de M'Barek Dati, maçon d'origine marocaine, et de Fatima-Zohra, d'origine algérienne, Rachida fait partie d’une fratrie de douze enfants
  • Élevée dans la tradition maghrébine, scolarisée dans des établissements catholiques, puis formée à l’université de Paris II, l’ancienne ministre est parfaitement à l’aise à la droite de l’échiquier politique

Ses origines, Rachida Dati ne les renie pas: c’est en hommage à sa mère qu’elle a prénommé sa fille Zohra. Mais l’ancienne ministre préfère se définir avant tout comme une enfant de la France, ainsi qu’elle l’affirme dans son livre Je vous fais juges.

Fille de M'Barek Dati, maçon d'origine marocaine, et de Fatima-Zohra, d'origine algérienne, Rachida fait partie d’une fratrie de douze enfants. La famille est gouvernée d’une main de fer par le père, travailleur acharné, pour qui il est impératif que chacun soit à la maison à partir de 20 heures. Une discipline inculquée dès l’enfance, et qui est la clé pour comprendre la réussite de Rachida Dati.

Née le 27 novembre 1965 à Saint-Rémy en Saône-et-Loire, elle poursuit un parcours scolaire et universitaire qui lui permet de se démarquer. Elle obtient une maîtrise en sciences économiques à l’université Paris II en 1991, puis une autre en droit public en 1996, grâce à la validation des acquis professionnels. Elle intègre ensuite l’École nationale de la magistrature comme auditrice de justice, et en sort diplômée en 1999. Au préalable, Rachida Dati avait été engagée par Jacques Attali pour travailler à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, une organisation chargée d’investir en Europe centrale et orientale afin d’y développer l’économie de marché.

En 2008, Rachida Dati devient maire, toujours sous l’étiquette UMP, du très convoité VIIe arrondissement de Paris
En 2008, Rachida Dati devient maire, toujours sous l’étiquette UMP, du très convoité VIIe arrondissement de Paris (Photo, AFP)

C’est en décembre 2002 qu’elle devient conseillère de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Il lui confie la tâche de rédiger le projet de loi sur la prévention de la délinquance.

Rachida Dati se fait connaître du grand public lorsqu’elle devient porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Sa réputation sulfureuse fait d’elle l’une des personnalités politiques les plus en vue à l’époque, et sa nomination en tant que ministre de la Justice après la victoire de l’UMP (à présent Les Républicains) à l’élection présidentielle fait d’elle la première personne d’origine étrangère à exercer cette fonction: l’attention est plus que jamais portée sur elle. En outre, le musée Grévin lui consacre une statue de cire, un honneur que peu de femmes politiques ont connu en France.

En 2008, Rachida Dati devient maire, toujours sous l’étiquette UMP, du très convoité VIIe arrondissement de Paris. Elle sera réélue en 2014, puis en 2020. Depuis 2009, elle est également députée européenne.

Ce parcours, très classique pour une personnalité politique française, l’est beaucoup moins pour une enfant d’immigrés. Élevée dans la tradition maghrébine, scolarisée dans des établissements catholiques, puis formée à l’université de Paris II, l’ancienne ministre est parfaitement à l’aise à la droite de l’échiquier politique.

Ses prises de position conservatrices n’étonnent plus: elle a ainsi récemment proposé la suppression de l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage, après les attentats qui ont ébranlé la France. «Le séparatisme n’a jamais été aussi fort dans notre pays, on va de compromis en compromission. On a laissé s’installer ce séparatisme qui se propage, qui gangrène notre pays», déclare-t-elle au micro de France Inter le 22 septembre dernier.

Quant aux réseaux, Dati en a fait sa spécialité. Cultiver les relations tout en faisant preuve d’une grande rigueur dans le travail semble une recette qui lui réussit dans sa carrière politique.

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Rachida Dati a récemment proposé la suppression de l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage, après les attentats qui ont ébranlé la France (Photo, AFP)

Proche de Xavier Bertrand, elle pourrait faire partie de son entourage immédiat si l’homme politique venait à se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2022, comme le prédisent des rumeurs insistantes. Cela signifierait, pour Rachida Dati, un retour sur le devant de la scène.

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Ces portraits ont été choisis et rédigés pour mettre l’accent sur des parcours remarquables de citoyens français d’origine arabe dans le cadre de l’enquête Arab News en Français / YouGov intitulée «Comprendre la minorité marginalisée de France». Quelques exemples parmi des dizaines de milliers qui viennent prouver que l’ampleur d’un débat stigmatisant souvent surchargé de préjugés ne change rien au fait qu’un brassage de cultures peut servir d’outil enrichissant pour une meilleure intégration.

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Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.


Accord UE-Mercosur: semaines décisives à Bruxelles, la France risque l'isolement

Des agriculteurs et des membres de la Fédération nationale bovine manifestent près de l'ambassade du Brésil à Paris le 9 juillet 2025 pour montrer leur opposition à un éventuel accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (MERCOSUR). (AFP)
Des agriculteurs et des membres de la Fédération nationale bovine manifestent près de l'ambassade du Brésil à Paris le 9 juillet 2025 pour montrer leur opposition à un éventuel accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (MERCOSUR). (AFP)
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  • La Commission européenne vise à obtenir le feu vert des États membres pour l’accord commercial UE-Mercosur d’ici le 20 décembre, malgré l’opposition française et des agriculteurs inquiets
  • La ratification finale dépendra du Parlement européen, où le vote pourrait être serré, avec une opposition notable de l’extrême gauche, de l’extrême droite et de nombreux députés français et polonais

BRUXELLES: La Commission européenne veut agir vite. Elle se donne jusqu'au 20 décembre pour obtenir le feu vert des États européens sur l'accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur, que la France aura du mal à bloquer.

Le vote des Vingt-Sept, à la majorité qualifiée, pourrait même intervenir début décembre, selon une source au sein de la Commission.

Les agriculteurs européens sont toujours vent debout contre cet accord qu'ils jugent "inacceptable" et voient comme une menace directe pour des filières comme la viande et le sucre.

Mais Bruxelles estime avoir fait ce qu'il fallait pour les rassurer et... amadouer Paris.

La Commission a annoncé en septembre des mesures de sauvegarde renforcées pour les produits agricoles les plus sensibles, promettant une intervention en cas de déstabilisation du marché.

Les diplomates des pays européens devraient d'ailleurs approuver cette clause de sauvegarde ce mercredi.

Elle "sera efficace pour résoudre les problèmes", martèle le commissaire européen à l'Agriculture Christophe Hansen.

Ce Luxembourgeois insiste au passage sur les "opportunités" que représente ce traité de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay pour les exportations européennes de vins et de produits laitiers. "Nous avons besoin d'exporter", a-t-il souligné après une réunion avec les ministres de l'Agriculture lundi.

Ce rendez-vous à Bruxelles a permis à chacun de réaffirmer ses positions.

Dans le camp des thuriféraires de l'accord, l'Allemagne et l'Espagne appellent à soutenir les exportateurs européens, notamment industriels, au moment où l'UE souffre sur le plan économique.

Ils jugent indispensables de diversifier les partenariats commerciaux depuis l'imposition de taxes douanières dans les États-Unis de Donald Trump.

"Je pense que l'accord avec le Mercosur progresse et qu'il sera ratifié. Nous espérons qu'il pourra entrer en vigueur au début de l'année prochaine", a déclaré le ministre espagnol Luis Planas.

La valse-hésitation des Français commence d'ailleurs à irriter à Bruxelles.

"Plutôt positif" lors d'un déplacement au Brésil, le président Emmanuel Macron avait semblé faire un pas en avant en faveur de l'accord, avant de rétropédaler après le tollé provoqué par ses propos parmi les agriculteurs français comme dans la classe politique.

Depuis, Paris assure que ce traité n'est toujours pas acceptable en l'état et fixe ses conditions.

- Un Parlement européen divisé -

La France voudrait des "mesures miroirs" pour que tous les pesticides interdits dans l'Union européenne "soient véritablement interdits dans les productions issues des pays du Mercosur", a dit la ministre Annie Genevard.

Paris réclame aussi des contrôles plus efficaces pour garantir que les produits importés respectent les normes européennes.

Dans un exercice d'équilibriste, le Premier ministre Sébastien Lecornu a répété l'opposition de la France à l'accord, mais "il ne faut pas qu’on se mente entre nous. Il y a bien des filières françaises qui vont bénéficier du Mercosur. On ne les entend pas beaucoup pour être honnête", a-t-il relevé lundi.

La France semble avoir compris qu'elle aurait du mal à bâtir une coalition suffisamment large pour s'opposer à l'accord, l'Italie penchant plutôt en faveur du traité désormais.

En attendant, Paris multiplie les échanges avec Bruxelles afin d'obtenir des concessions.

Les Français espèrent un geste sur les "limites maximales de résidus" (LMR) de pesticides autorisés, via un texte sur la sécurité alimentaire que doit présenter la Commission mi-décembre.

Sur l'accord en tant que tel, Bruxelles n'a pas l'intention de modifier sa copie en dépit des critiques. Tout juste est-il évoqué d'éventuelles communications ou échanges de lettres pour rassurer une dernière fois les récalcitrants comme la Pologne et la Hongrie.

L'Union européenne vise un feu vert des pays européens avant le sommet du Mercosur du 20 décembre au Brésil.

Mais la ratification devra ensuite passer par un vote du Parlement européen, où la partie pourrait s'avérer serrée.

"Ca ne va pas être facile. L'extrême gauche et l'extrême droite voteront" contre l'accord et dans les autres camps, "tous les Français et la plupart des Polonais" seront contre également, indique une source parlementaire, qui compte 300 opposants potentiels sur un total de 720 élus.

Environ 150 eurodéputés ont déjà appelé le Parlement à se tourner vers la Cour de justice de l'Union européenne pour contester ce traité. Un vote sur ce point pourrait avoir lieu en plénière dans les semaines qui viennent.