Après les ravages du séisme en Syrie, la double peine du personnel hospitalier

Une équipe chirurgicale opère un enfant sauvé des décombres d'un bâtiment dans un hôpital de la ville de Harim, dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, à la frontière avec la Turquie, le 10 février 2023, à la suite d'un tremblement de terre meurtrier. (Photo de Aaref WATAD / AFP)
Une équipe chirurgicale opère un enfant sauvé des décombres d'un bâtiment dans un hôpital de la ville de Harim, dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, à la frontière avec la Turquie, le 10 février 2023, à la suite d'un tremblement de terre meurtrier. (Photo de Aaref WATAD / AFP)
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Publié le Lundi 13 février 2023

Après les ravages du séisme en Syrie, la double peine du personnel hospitalier

  • Le tremblement de terre qui a frappé lundi dernier la Turquie et la Syrie voisine, faisant plus de 35.000 morts, a mis à rude épreuve les hôpitaux des zones rebelles de Syrie
  • "J'aidais les gens à l'hôpital pendant que ma femme et mes deux filles étaient sous les décombres, je ne pouvais rien faire pour elles", déclare Khalil un infirmier anesthésiste de 50 ans

HARIM: Impuissant à sauver sa famille ensevelie sous les ruines de leur maison dans le nord-ouest syrien, l'infirmier Abdel Basset Khalil n'a pas eu d'autre choix que de continuer à soigner sans relâche des centaines de blessés du séisme affluant à l'hôpital où il travaille.

Le tremblement de terre qui a frappé lundi dernier la Turquie et la Syrie voisine, faisant plus de 35.000 morts, a mis à rude épreuve les hôpitaux des zones rebelles de Syrie, qui manquaient déjà cruellement de personnel, de matériel et de médicaments.

"J'aidais les gens à l'hôpital pendant que ma femme et mes deux filles étaient sous les décombres, je ne pouvais rien faire pour elles", déclare à l'AFP Khalil, un infirmier anesthésiste de 50 ans travaillant à l'hôpital de Harim, près de la frontière turque.

Au moment du séisme, il s'est précipité hors de l'hôpital avant de réaliser, horrifié, que sa maison toute proche s'était effondrée.

Ne pouvant venir en aide à sa propre famille, il est revenu à l'hôpital où les blessés arrivaient par vagues tout comme les dépouilles des victimes, dont celles du directeur administratif de l'hôpital et du chef du service infirmier.

"Le premier jour a été très éprouvant, très dur, c'était comme si 50 années avaient défilé dans la même journée", confie cet infirmier à la houppe grisonnante.

Les deux jours suivants, il a profité de rares moments de répit à l'hôpital pour courir vers sa maison en ruines et suivre les opérations de déblaiement.

Les corps sans vie de sa femme et de ses deux filles ont été dégagés des décombres 48 heures après le séisme.

Aujourd'hui, il confie avoir comme maigre consolation la possibilité de "se recueillir sur leurs tombes", alors que des centaines de familles sont encore prises au piège des décombres.

Il avoue aussi qu'il peine désormais à trouver le sommeil, à cause de la perte de ses êtres chers et de "l'horreur des scènes" dont il a été témoin mais aussi qu'il va continuer à travailler à l'hôpital de Harim "pour aider les gens", tout en faisant défiler des photos de sa femme et ses filles sur son téléphone.

«Manque de sacs mortuaires»

Dès les premières heures du séisme, ce modeste hôpital de campagne, a été submergé par un flux important de victimes du séisme.

Initialement, "l'hôpital a été prévu pour traiter les blessés lors des frappes aériennes, et la capacité d'accueil ne dépasse pas 30 blessés", affirme le chirurgien Mohammad al-Badr.

"La situation était si difficile que des patients ont dormi par terre dans les halls et les couloirs", ajoute-t-il.

L'hôpital a reçu environ 2.500 blessés, parmi lesquels 390 ont péri, selon le chirurgien orthopédique Hassan al-Hamdo.

Comme d'autres hôpitaux de la région, l'établissement est confronté à des pénuries de matériel et d'équipements.

"L'hôpital a reçu de nombreux cas nécessitant une scanographie, qui n'est pas disponible", dans toute la région, indique le docteur al-Hamdo.

Dans un rapport publié vendredi, l'International Rescue Committee (IRC) a mis en garde contre l'effondrement du système de santé dans le nord-ouest de la Syrie, qui échappe au contrôle du pouvoir central.

Les hôpitaux "manquent désormais de fournitures médicales d'urgence comme les sérums, les pansements, les analgésiques", mais aussi "de carburant et de sacs mortuaires", souligne l'IRC.

"Le nombre de patients va augmenter", estime l'IRC, "étant donné que les survivants sont livrés à eux-même face à des températures extrêmement basses".

"A moins que nous n'obtenions de toute urgence davantage de financements, de fournitures et un accès humanitaire sans entraves, les résultats seront catastrophiques", avertit cette ONG.

Hôpitaux surchargés

À l'hôpital de la ville de Salqin, également proche de la frontière turque, Hassan Joulak, spécialiste en chirurgie orthopédique, explique que l'hôpital soigne actuellement entre 800 et 1.000 blessés, dont la plupart souffrent de fractures dues au séisme.

"Quinze minutes après le séisme, les blessés ont commencé à affluer en grand nombre, dépassant la capacité de l'hôpital", affirme le médecin.

La guerre civile en Syrie, qui entre bientôt dans sa douzième année, a mis à mal la plupart des infrastructures de santé, en particulier dans les zones rebelles du nord-ouest du pays.

Selon l'OMS, près de 50% des établissements de santé sont hors service dans le pays, tandis que ceux qui fonctionnent souffrent d'un manque d'équipements, de personnel médical et de médicaments.

Dans les zones contrôlées par le gouvernement, les hôpitaux pâtissaient déjà avant le séisme d'un manque de médecins qualifiés et d'équipements dans un pays sous le coup de sanctions internationales depuis le début de la guerre en 2011.

La ville côtière de Jableh, durement touchée par le séisme, a perdu cinq médecins à la suite du tremblement de terre, a indiqué le directeur de l'hôpital gouvernemental, Mohammad al- Khalil.

Le personnel hospitalier, surchargé, travaille d'arrache-pied, à l'heure où "beaucoup d'entre eux ont perdu leur maison", ou risque de la perdre, selon lui.


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.