Macron tenté par un remaniement pour remplacer les maillons faibles du gouvernement

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à la fin d'une réunion extraordinaire d'un sommet des dirigeants de l'UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 10 février 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à la fin d'une réunion extraordinaire d'un sommet des dirigeants de l'UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 10 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 13 février 2023

Macron tenté par un remaniement pour remplacer les maillons faibles du gouvernement

  • Discret en public mais toujours à la manœuvre en coulisses, le président a fait monter au créneau le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, jugé «incisif» à l'Elysée où on salue sa «parole claire et forte»
  • Si officiellement rien n'est confirmé, plusieurs sources évoquent un possible remaniement une fois la réforme des retraites passée, pour entamer une nouvelle phase autour du travail, de l'écologie, de l'éducation et de la santé

PARIS: Emmanuel Macron en a "ras le bol": dans le camp présidentiel, on dit le chef de l'Etat agacé par la faiblesse de plusieurs ministres, et tenté par un remaniement plus ou moins large pour ouvrir une nouvelle page après la réforme des retraites. 

Face à la contestation contre son projet, le gouvernement a resserré sa communication autour d'une poignée de ténors. 

Discret en public mais toujours à la manœuvre en coulisses, le président a notamment fait monter au créneau le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, jugé "incisif" à l'Elysée où on salue sa "parole claire et forte". 

Un sondage Odoxa faisait apparaître en décembre que la plupart des 43 ministres étaient méconnus des Français. Seuls perçaient cinq ministres "parfaitement identifiés": Eric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Olivier Véran et, donc, Gabriel Attal -ces trois derniers étant les seuls à cumuler notoriété et popularité. 

"On a un président qui s'est attaqué de front aux Français avec une réforme impopulaire, mais derrière lui il n'y a qu'une armée très peu solide", constate Céline Bracq, directrice générale d'Odoxa, évoquant des ministres qui n'ont pas "l'autorité pour convaincre". 

Le cas d'Olivier Dussopt est parlant. Dans la Macronie, on salue la capacité du ministre du Travail à décrypter la réforme mais on note aussi sa difficulté à percer le mur du son médiatique. 

Pour la sondeuse, "dans l'esprit d'Emmanuel Macron, un ministre est avant tout un technicien avant d'être un porte-parole". "Quand on traverse une tempête, c'est un handicap", dit-elle. 

Dans le camp présidentiel, on juge normal qu'une telle réforme soit portée par quelques ministres-clés. 

En revanche, on ébruite les "coups de gueule" du chef de l'Etat lors de conseils de ministres mués en "séances de secouage de puces", selon un membre de son entourage. 

Pour quoi faire? 

Sur les retraites, Emmanuel Macron a dû demander plusieurs fois "d'affiner les messages" pour qu'ils soient "moins techniques", affirme un proche, et pour que l'exécutif mette l'accent sur la "nécessité" du projet plutôt que sa "justice". 

Plus globalement, plusieurs voix décrivent un président "agacé" par des ministres qui peinent à exister. "Il dit qu'il en a ras le bol d'avoir des ministres qui sont des nobody", résume un conseiller ministériel. 

Tous relèvent ce "paradoxe" d'Emmanuel Macron, DRH controversé qui "nomme des gens faibles et leur reproche d'être faibles" et "en plus leur vole leurs annonces", comme le dit une figure macroniste. 

De quoi signer le retour de la petite musique du remaniement, refrain des moments de flottement. 

Si officiellement rien n'est confirmé, plusieurs sources évoquent un possible remaniement une fois la réforme des retraites passée, pour entamer une nouvelle phase autour du travail, de l'écologie, de l'éducation et de la santé. 

Certains le prédisent d'envergure, d'autres limité. Tous voient Elisabeth Borne rester à Matignon, au moins jusqu'à la mi-2024, véritable césure du quinquennat. 

Mais un remaniement pour quoi faire? Les réponses varient selon les interlocuteurs. 

La figure macroniste déjà citée pense qu'il s'agit d'avoir une équipe moins pléthorique et plus politique. D'autres relèvent qu'hormis la Première ministre, ceux qui émergent jusqu'ici sont tous des hommes. 

Une ministre estime aussi que ses collègues qui ne sont "pas capables d'aller au Parlement ou en plateau pour défendre l'action du gouvernement" devraient être remplacés, déplorant que trop d'entre eux se bornent à "traiter" leur "clientèle". 

Mais un cadre proche d'Emmanuel Macron estime que les nombreux ministres délégués et secrétaires d'Etat sont justement là pour "traiter leurs écosystèmes", et fait valoir que sous l'ex-président François Hollande, la présence des poids lourds socialistes au gouvernement avait provoqué une "cacophonie monstre". 

Ce n'est pas le reproche qui est fait à l'équipe Borne. 

C'est plutôt leur aphonie qui est reprochée à des ministres pourtant au coeur des chantiers que le chef de l'Etat veut investir pour l'après-retraites. 

A l'Elysée, on dément que le président serait mécontent de son ministre de la Santé François Braun. Mais on ne prend pas la peine d'en faire autant pour celui de l'Education Pap Ndiaye, dont un député Renaissance déplore qu'on "ne le voit pas, on ne l'entend pas". 


Conduite sous stupéfiants: les sanctions «sans doute renforcées» en juillet, annonce Borne

Le chef français Yannick Alleno pose dans le restaurant Ledoyen, le 21 octobre 2014 à Paris. (Photo by Patrick Kovarik / AFP)
Le chef français Yannick Alleno pose dans le restaurant Ledoyen, le 21 octobre 2014 à Paris. (Photo by Patrick Kovarik / AFP)
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  • Le chef multi-étoilé Yannick Alléno, qui a perdu son fils de 24 ans renversé par un chauffard ivre et sous l'emprise de stupéfiants, a chargé d’éminents pénalistes de plancher sur l'introduction dans le code pénal d'un tel délit
  • Mme Borne a rappelé que les ministres de la Justice et de l'Intérieur étaient «en train de regarder» la possibilité de créer un délit d'homicide routier sachant qu'actuellement celui-ci tombe sous le coup de «l'homicide involontaire»

PARIS : Elisabeth Borne a annoncé dimanche sur Radio J que les sanctions pour conduite sous l'emprise de stupéfiants seraient «sans doute renforcées» en juillet, après une série d'accidents, dont la mort d'une fillette de 6 ans à Trappes (Yvelines).

«Je réunirai un comité interministériel de la sécurité routière au mois de juillet et on aura à revenir sur les sanctions qui doivent sans doute être renforcées pour ceux qui conduisent sous l'emprise des stupéfiants», a déclaré la Première ministre.

«On a fait 800.000 contrôles en 2022, on veut passer à 1 million. On veut être très présent pour dissuader ce genre de comportements et sans doute renforcer les sanctions», a insisté la cheffe du gouvernement, qui réagissait notamment après la mort d'une fillette mardi, renversée par une automobiliste testée positive au cannabis.

Mme Borne a rappelé que les ministres de la Justice et de l'Intérieur étaient «en train de regarder» la possibilité de créer un délit d'homicide routier sachant qu'actuellement les actes des conducteurs sous l'emprise de drogue ayant causé le décès d'une personne tombent sous le coup de «l'homicide involontaire».

«J'entends que cela puisse choquer», a-t-elle souligné. «Il y a un enjeu de terminologie», a-t-elle ajouté, en expliquant qu'il s'agissait d'un «aspect symbolique mais important».

Ce délit pourrait-il être étendu à la conduite sous l'emprise de l'alcool? «Sur des taux d'alcoolémie très importants, c'est des choses qui sont en train d'être regardées», a-t-elle fait valoir.

Le député LR des Alpes-Maritimes Eric Pauget a déposé début avril une proposition de loi pour instaurer ce délit d'homicide routier. Son texte prévoit de créer «une peine intermédiaire entre l'homicide involontaire et l'homicide volontaire».

Parallèlement, le chef multi-étoilé Yannick Alléno, qui a perdu son fils de 24 ans renversé par un chauffard ivre et sous l'emprise de stupéfiants, a chargé l'universitaire Didier Rebut et l'avocat Pierre Cornut-Gentille, tous deux éminents pénalistes, de plancher sur l'introduction dans le code pénal d'un tel délit.

Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, «la conduite en état d'ivresse est la deuxième cause de mortalité sur les routes, après la vitesse», et «dans les accidents mortels, 12% des conducteurs contrôlés sont positifs aux stupéfiants».

En 2022, plus de 3.500 personnes sont décédées sur les routes françaises. Près de 700 décès seraient dus à la consommation de stupéfiants.


Retraites: la gauche applaudit le discours de Triet à Cannes

La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
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  • Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur»
  • La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste»

PARIS : «Merci»: la gauche a salué le discours de la réalisatrice Justine Triet, Palme d'or à Cannes, qui a dénoncé la réforme des retraites après avoir reçu la Palme d'or à Cannes samedi soir.

Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur». Elle a aussi estimé que le pouvoir cherchait à «casser l'exception culturelle» française.

«Merci à Justine Triet pour son courage en plus de son talent. Cannes revient à sa tradition. C'est la gauche résistante qui a créé ce festival», a réagi le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

«Six mois que toute la France conteste. Six mois que nous subissons la volonté d’un seul. Merci madame de garder la nuque raide», a aussi appuyé le numéro un du PS Olivier Faure, tandis que Marine Tondelier, patronne d'EELV, ironisait sur ces «nouvelles des 100 jours de Macron pour apaiser, en direct du Festival de Cannes».

«Marchandisation des corps, Marchandisation de la culture, Bravo à Justine Triet pour sa Palme d'or et son discours qui frappe si juste», a abondé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste». «Ce film n'aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l'oublions pas», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Cette réaction a fait bondir à gauche. Olivier Faure a affirmé être «estomaqué de voir une ministre de la Culture qui pense que quand on finance un film, on achète la conscience de ses auteurs».

«Ne pensez plus, prenez vos subventions et silence dans les rangs», a lancé le PCF.

Des figures du camp présidentiel sont entrées dans le débat, provoquant quelques passes d'armes sur Twitter. «Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… et d’un art que nous aimons tant», a taclé Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, en référence au film primé, «Anatomie d'une chute».

«Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables», a menacé le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, Guillaume Kasbarian (Renaissance).

L'écologiste Benjamin Lucas y a vu un appel «à la censure, par le chantage aux subventions»: «C’est du Le Pen dans le texte», selon lui.


Wauquiez défend sa politique culturelle et attaque Rima Abdul-Malak

La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris, le 24 mai 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris, le 24 mai 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Rima Abdul Malak «ferait mieux de sortir de l’entre-soi et du parisianisme», juge le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez , en considérant qu'«on est bien en peine de dire quelle est sa politique culturelle»
  • «Je veux accorder la même attention au théâtre de Lyon, qui a la chance de bénéficier de centaines de milliers d’euros de financement de l’État, qu’à celui d’Oyonnax qui, lui, est totalement oublié de la ministre de la Culture», explique Wauquiez

PARIS : Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR), critiqué pour des coupes budgétaires dans la culture, défend ses choix d'un «rééquilibrage» territorial et s'en prend à la ministre qui selon lui «ferait mieux de sortir de l'entre-soi et du parisianisme», dans le JDD.

La politique culturelle de l'ancien président des Républicains a été dénoncée ces dernières semaines par le monde culturel et politique. «Quel crime ai-je donc commis qui vaudrait excommunication culturelle?», s'indigne M. Wauquiez dans cet entretien, en rappelant que quand il a pris la Région à la gauche fin 2015, le budget de la culture était de 59 millions d’euros, contre 77  millions aujourd'hui.

Au travers des critiques, l'élu de droite voit «une dérive dangereuse de notre politique culturelle»: «Le ministère de la Culture est devenu un guichet, une machine à faire tourner les subventions qu’une petite poignée de personnes considèrent comme un dû».

«La majorité des crédits du ministère de la Culture sont réservés à Paris, à la Région Île-de-France et à quelques métropoles» et «il y a dans notre pays des déserts culturels comme il y a des déserts médicaux», estime-t-il aussi en évoquant «une culture à deux vitesses».

Ainsi, «je veux accorder la même attention au théâtre de Lyon, qui a la chance de bénéficier de centaines de milliers d’euros de financement de l’État, qu’à celui d’Oyonnax qui, lui, est totalement oublié de la ministre de la Culture», explique le président de Région, se défendant de défavoriser les villes aux mains de ses adversaires politiques.

«La ministre de la Culture doit s’expliquer sur ce sujet au lieu d’esquiver. Je lui demande de faire la transparence sur la répartition par territoires des crédits du ministère», poursuit Laurent Wauquiez.

Rima Abdul Malak «ferait mieux de sortir de l’entre-soi et du parisianisme», juge-t-il, en considérant qu'«on est bien en peine de dire quelle est sa politique culturelle».

La ministre s'est inquiétée des choix de Laurent Wauquiez. «On voit où sont ses priorités», a-t-elle dit récemment en référence aux grands projets qu'il porte - Musée des Tissus, «Maison du Petit Prince» dans le château natal de l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, site touristique dédié à la civilisation gauloise sur le plateau de Gergovie.

«Laurent Wauquiez, pourquoi vous avez décidé de faire de la culture votre ennemie? En plus ça ne vous ressemble pas, votre parcours, vous êtes quelqu'un de très cultivé, vous n'étiez pas comme ça avant. Qu'est-ce qui se passe?», a-t-elle demandé encore samedi soir sur France 2.