Retraites: Macron s'en prend aux oppositions, près de 11 000 amendements encore à examiner

Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que les oppositions de droite comme de gauche «n'ont plus de boussole et sont totalement perdues» dans le débat sur les retraites (Photo, AFP).
Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que les oppositions de droite comme de gauche «n'ont plus de boussole et sont totalement perdues» dans le débat sur les retraites (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 16 février 2023

Retraites: Macron s'en prend aux oppositions, près de 11 000 amendements encore à examiner

  • La France insoumise a retiré «plus d'un millier d'amendements» et les socialistes «90% des leurs», d'après une source parlementaire
  • Mais il en reste encore près de 11 000 à examiner sur l'ensemble du projet alors que l'examen en première lecture doit s'achever vendredi à minuit

PARIS: A deux jours de la fin des débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée et à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation, Emmanuel Macron s'en est pris mercredi vigoureusement aux oppositions alors que près de 11 000 amendements restaient à examiner.

"Les oppositions n'ont plus de boussole et sont totalement perdues", a affirmé en Conseil des ministres le chef de l'Etat, très discret en public sur le projet-phare de son second quinquennat, selon deux participants qui ont confirmé à l'AFP des propos rapportés par Le Figaro.

L'Assemblée nationale a rejeté mardi la mise en place d'un index senior dans les entreprises.

Et l'incertitude grandit sur les chances d'examen de l'article 7 sur le recul à 64 ans de l'âge de départ, mesure-phare du texte.

Mercredi soir, La France insoumise a retiré "plus d'un millier d'amendements" et les socialistes "90% des leurs", d'après une source parlementaire.

Mais il en reste encore près de 11 000 à examiner sur l'ensemble du projet alors que l'examen en première lecture doit s'achever vendredi à minuit avant que le texte ne parte au Sénat.

"L'objectif, c'est de passer au vote, nous espérons le plus vite possible, sur ce fameux article 7", a expliqué le député PS Philippe Brun, jugeant qu'il y avait "une majorité possible dans l'hémicycle pour voter contre".

Du côté des communistes, le député André Chassaigne a déploré "une alliance de fait sur l’article 7: les Républicains ne veulent pas d’un vote, ni les oppositions et même pas le gouvernement, qui gagne du temps dès qu’il peut".

En attendant, Marine Le Pen a déposé une motion de censure avec le groupe Rassemblement national "afin que les députés opposés" à la réforme "puissent exprimer leur rejet de ce texte".

La motion devra être débattue et soumise au vote dans un délai compris entre 48 heures après son dépôt - soit vendredi en fin d'après-midi - et trois jours de séance - soit le mercredi 1er mars, puisque l'Assemblée suspend ses travaux la semaine prochaine.

Les autres groupes ont aussitôt exclu de la voter. "On ne collabore pas, d'aucune manière, avec un parti d'extrême droite", a affirmé Sandrine Rousseau (EELV) sur LCP. Il est "hors de question pour nous d'être assimilés à une force coagulée à l'extrême droite", a affirmé sur RTL Clémentine Autain (LFI).

Le patron des députés LR Olivier Marleix a dénoncé un "théâtre" pour "cacher la vacuité" des propositions du RN, et le député Renaissance Benjamin Haddad "une diversion vraiment acrobatique" du parti qui "n’a pas su proposer la moindre idée, la moindre contribution constructive" au débat.

Les débats ont concerné une série d’amendements sur le rétablissement de l’ISF (impôt sur la fortune) ou la taxation des superprofits.

Des tensions sont apparues à gauche sur la stratégie de La France insoumise consistant à ralentir les débats avec ses milliers d'amendements.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et son homologue de la CGT Philippe Martinez ont souhaité que les discussions et le vote puissent avoir lieu sur le report de l'âge.

Pour aplanir ces divergences, les dirigeants de la Nupes et de plusieurs syndicats devaient se retrouver à Paris, une rencontre finalement reportée sine die après des fuites dans la presse.

Chaud et froid

Concernant l'index senior, "le gouvernement souhaite que cet article puisse être restauré lors de l'examen du texte au Sénat", a assuré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Il estime "en toute logique" que les récentes annonces faites par la Première ministre Elisabeth Borne sur les carrières longues "devraient rassembler une large majorité de parlementaires".

Mais le patron des LR Eric Ciotti a soufflé le chaud et le froid. Il a rappelé l'appui de son parti à cette "nécessaire" réforme tout en justifiant le rejet la veille de l'article "alibi" sur l'index senior.

L'intersyndicale prévoit une nouvelle journée de mobilisation jeudi et menace de mettre le pays "à l'arrêt" le 7 mars si le gouvernement ne renonce pas à son projet.

Lancée en janvier, une pétition des huit syndicats unis contre la réforme a atteint mercredi le cap symbolique d'un million de signatures, selon la plateforme change.org.

Jeudi, les numéros un de l'intersyndicale défileront à Albi, symbole de cette France des petites villes très mobilisée contre le texte. A Paris, une manifestation partira de Bastille vers la place d'Italie.

Après 963 000 manifestants samedi selon les autorités (plus de 2,5 millions selon les syndicats), l'affluence devrait être moindre jeudi. Une source policière tablait sur 450 à 650 000 personnes, dont 40 à 70 000 à Paris.

Les perturbations s'annoncent limitées dans les transports, avec 4 TGV sur 5 et un trafic normal dans le métro parisien. Seul 1 TER sur 2 circulera et 30% des vols à Orly seront annulés.


À Saint-Ouen, la gauche veut défendre sa vision de l'immigration et une autre union

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'exprime lors d'une réunion contre le projet de loi du gouvernement sur l'immigration et la stigmatisation des étrangers à Saint-Ouen, au nord de Paris, le 7 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'exprime lors d'une réunion contre le projet de loi du gouvernement sur l'immigration et la stigmatisation des étrangers à Saint-Ouen, au nord de Paris, le 7 décembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • Face à un projet de loi immigration qu'elle juge trop à droite, la gauche entend défendre une vision plus humaniste
  • Elle s'est réunie jeudi soir à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) dans un meeting sans Jean-Luc Mélenchon et ses proches

PARIS: Face à un projet de loi immigration qu'elle juge trop à droite, la gauche entend défendre une vision plus humaniste. Elle s'est réunie jeudi soir à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) dans un meeting sans Jean-Luc Mélenchon et ses proches, prélude peut-être à une nouvelle union, alternative à la Nupes.

Se sont notamment retrouvés le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, l'ex-candidat à la présidentielle Yannick Jadot, la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain, la députée communiste Elsa Faucillon, mais aussi deux élues insoumises, Raquel Garrido et Clémentine Autain en froid avec la direction de LFI et Jean-Luc Mélenchon.

Alors que la Nupes a implosé suite au refus du tribun insoumis de qualifier le Hamas de terroriste, la gauche tente de se retrouver autour d'une "cause commune": défendre une autre vision de l'immigration que celle renvoyée par le texte qui sera examiné à partir de lundi à l'Assemblée.

Pour cela il faut mener la bataille culturelle, ont affirmé les intervenants: "La gauche a trop longtemps évité le débat. Nous aurions dû accepter la confrontation quand Nicolas Sarkozy a mis sur la table le débat sur l'identité nationale", a jugé Olivier Faure, devant quelque 200 personnes.

Il a appelé au "serment de Saint-Ouen": "jamais nous ne nous séparerons tant que nous n'aurons pas vaincu ces idées rances".

Et a même salué le leader de LFI "et les insoumis absents", comme dans une tentative de renouer les relations avec ses ex-partenaires de la Nupes.

Tous les intervenants ont d'ailleurs souligné le plaisir de se retrouver. Comme l'ancien ministre socialiste Benoit Hamon, directeur de l'ONG Singa: "Si celles et ceux qui sont ici décident de construire une force qui viendrait bousculer le désastre annoncé de 2027, on sera nombreux à rejoindre ce mouvement-là".

Le projet de loi qui arrive dans l'hémicycle a pour objectif de durcir les conditions de l'immigration légale, de faciliter les expulsions, mais aussi de ménager la possibilité de régularisations pour des sans-papiers occupant des emplois dans des métiers en tension.

A gauche, on souhaite une régularisation de tous les travailleurs sans-papiers. Régulariser uniquement sur certains métiers en tension est totalement rejeté par La France insoumise. Cela constitue "un socle minimal", mais "c'est loin d'être suffisant", abonde Boris Vallaud, chef des députés PS.

Tous réclament aussi une véritable politique d'intégration, et entendent démonter les arguments d'une "submersion migratoire".

"Les présupposés ne sont pas bons", insiste Cyrielle Chatelain. Elle note ainsi que "les premières causes d'immigration sont les études, les guerres et conflits", les victimes de ces derniers se rendant "majoritairement dans les pays voisins des leurs".

«Sans le garde-chiourme»

L'ensemble des partis de gauche devraient au final voter contre le texte, même si le leader communiste Fabien Roussel a laissé planer le doute sur une possible abstention, suscitant l'ire de LFI.

Déjà lundi, à l'initiative du parti Générations, un meeting unitaire de la gauche a eu lieu à Paris, rassemblant des députés de toutes les composantes de feu la Nupes.

Mais à Saint-Ouen, la participation de deux insoumises "frondeuses" a crispé LFI.

Le député Paul Vannier s'est ainsi indigné de la présence du logo LFI sur les affiches du meeting "sans que le mouvement n’ait été sollicité".

Ce meeting, sans les proches de Jean-Luc Mélenchon, "c'est la gauche sans le garde-chiourme", ironise un socialiste.

Il semble en tout cas dessiner les contours d'une nouvelle alliance que certains responsables de gauche appellent de leurs vœux, refusant la conflictualisation permanente du leader insoumis.

"C'est vrai qu'une certaine idée du rassemblement a vécu", a concédé Olivier Faure, "mais l'envie de faire ensemble demeure, sans caporalisation, sans mise au pas, égalitaire et fraternelle".

Et Clémentine Autain de mettre en garde l'assistance à Saint-Ouen: "Ma hantise, c'est de voir réapparaitre le spectre des deux gauches irréconciliable, car ce serait donner les clés du pays au diable", à savoir l'extrême droite.


Macron fixera la date d'un hommage aux victimes du Hamas «dans les semaines à venir»

«Comment rendre un hommage alors que l'inquiétude est là?», a expliqué jeudi le président Macron (Photo, AFP).
«Comment rendre un hommage alors que l'inquiétude est là?», a expliqué jeudi le président Macron (Photo, AFP).
Short Url
  • «Évidemment, nous rendrons un hommage à tous les enfants partis et à tous les proches. Simplement, c'est en concertation avec les familles que je déciderai de la date», a expliqué Macron
  • «C'est pourquoi ai-je attendu, parce que plusieurs de ces familles ont perdu des enfants, des proches, et ont encore des otages», a ajouté le chef de l'Etat

PARIS: Emmanuel Macron a promis jeudi de fixer "dans les semaines à venir" la date d'un hommage aux victimes de l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, estimant devoir attendre car des familles "ont encore des otages".

"Évidemment, nous rendrons un hommage à tous les enfants partis et à tous les proches. Simplement, c'est en concertation avec les familles que je déciderai de la date", a expliqué le chef de l'Etat lors d'une cérémonie à l'Elysée où il s'est vu remettre le prix annuel de la Conférence européenne des rabbins (CER) qui récompense la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses.

"C'est pourquoi ai-je attendu, parce que plusieurs de ces familles ont perdu des enfants, des proches, et ont encore des otages", a ajouté Emmanuel Macron, selon des propos rapportés par un participant.

Le président du Consistoire central de France Elie Korchia avait appelé mercredi Emmanuel Macron à "annoncer officiellement" une date pour cette cérémonie d'hommage.

"Comment rendre un hommage alors que l'inquiétude est là ?", a expliqué jeudi le président. "J'espère que vous comprendrez avec moi ce qui n'est pas une hésitation, ce qui n'est pas un tâtonnement", a-t-il ajouté, promettant de fixer une date "dans les semaines à venir".

«L'Elysée n'est pas un lieu de culte»

La cérémonie de la Conférence européenne des rabbins à l'Elysée a fait l'objet de plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrant l'allumage par le grand rabbin de France Haïm Korsia, sous les yeux d'Emmanuel Macron, d'une bougie de Hanouka, au premier jour de cette traditionnelle fête juive des lumières.

Ces images ont suscité plusieurs réactions politiques, notamment à gauche: le secrétaire national à la laïcité du Parti socialiste Jérôme Guedj a ainsi estimé sur X qu'"aucun élu de la République ne devrait participer (à une cérémonie de Hanouka), comme toute manifestation religieuse".

"L'Elysée n'est pas un lieu de culte (...) On ne transige pas avec la laïcité", a renchéri Carole Delga, présidente de la région Occitanie, dénonçant "un mauvais signal envoyé par l'Etat à la République".

La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, est entrée jeudi dans son troisième mois.

Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette attaque, et 240 personnes ont été enlevées. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état jeudi de 17.177 morts dans les bombardements israéliens qui ont suivi.


La France envisage des sanctions contre des colons israéliens

Des colons israéliens devant une maison en construction à l'avant-poste de Homesh, en Cisjordanie occupée, le 29 mai 2023 (Photo, AFP).
Des colons israéliens devant une maison en construction à l'avant-poste de Homesh, en Cisjordanie occupée, le 29 mai 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • «Ces violences doivent cesser et il est de la responsabilité des autorités israéliennes de s'en assurer et de poursuivre leurs auteurs», a déclaré la porte-parole du Quai, Anne-Claire Legendre
  • La France condamne régulièrement les violences commises par des colons extrémistes israéliens à l'encontre de Palestiniens de Cisjordanie

PARIS: La France envisage de prendre des sanctions à l'encontre des colons israéliens responsables de violences contre des Palestiniens de Cisjordanie et la cheffe de la diplomatie portera ce sujet au niveau européen lundi lors d'une réunion à Bruxelles, a annoncé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"Ces violences doivent cesser et il est de la responsabilité des autorités israéliennes de s'en assurer et de poursuivre leurs auteurs", a déclaré la porte-parole du Quai, Anne-Claire Legendre, dans une conférence de presse.

"Pour notre part, nous prendrons aussi notre responsabilité. Nous envisageons des mesures d'interdiction du territoire français et le gel des avoirs au niveau national mais également européen", a-t-elle ajouté, soulignant que la ministre Catherine Colonna "évoquera ce sujet au conseil des Affaires étrangères lundi" à Bruxelles.

Interrogée sur l'échéance, la porte-parole du Quai a précisé que le travail d'identification des personnalités visées était en cours.

"Nous poursuivons nos discussions avec nos partenaires européens" et "nous espérons pouvoir avancer à la fois au niveau national et au niveau européen", a-t-elle également dit.

Berlin a d'ores et déjà appelé l'Union européenne à envisager de telles sanctions.

La France condamne régulièrement les violences commises par des colons extrémistes israéliens à l'encontre de Palestiniens de Cisjordanie.

La semaine dernière, Mme Legendre avait souligné que ces exactions étaient "profondément déstabilisatrices pour la région" et sapaient les perspectives de la solution des deux Etats. Elle avait alors indiqué que la France n'excluait "aucune option", en référence à la possibilité d'instaurer des sanctions contre des individus ou groupes de colons.

Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre de dizaines de personnes qui se verront interdire l'entrée aux Etats-Unis.