Syrie: à Jindairis, les rescapés campent dans les ruines

Jusqu'à 5,3 millions de personnes risquent de se retrouver à la rue en Syrie après le séisme meurtrier, a prévenu un haut responsable de l'ONU. (AFP).
Jusqu'à 5,3 millions de personnes risquent de se retrouver à la rue en Syrie après le séisme meurtrier, a prévenu un haut responsable de l'ONU. (AFP).
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Publié le Jeudi 16 février 2023

Syrie: à Jindairis, les rescapés campent dans les ruines

  • Le bébé de Suzanne, âgé de 14 mois, dort dans un hamac improvisé qu'elle a confectionné avec une couverture qui pend du plafond
  • Le séisme qui a secoué le 6 février la Turquie et la Syrie, faisant plus de 40.000 morts, a dévasté la petite ville de Jandairis, à la frontière turque

JINDAIRIS: Depuis que le séisme a détruit sa maison dans le nord-ouest de la Syrie, Suzanne Abdallah, une institutrice, campe avec neuf autres membres de sa famille dans un petit camion, à deux pas de son foyer perdu.

"Nous nous entassons à dix dans ce camion. Nous dormons assis", dit cette femme de 42 ans, la tête enroulée dans une écharpe de laine pour se protéger du froid mordant.

Le séisme qui a secoué le 6 février la Turquie et la Syrie, faisant plus de 40.000 morts, a dévasté la petite ville de Jandairis, à la frontière turque.

Suzanne Abdallah n'a trouvé d'autre refuge que le camion de son beau-père, installé au milieu des ruines dans une rue où presque aucun immeuble n'est resté debout.

A l'intérieur, sept enfants --les siens et ceux de sa belle-soeur-- prennent le petit déjeuner: de la confiture, du lait caillé et des olives.

Le bébé de Suzanne, âgé de 14 mois, dort dans un hamac improvisé qu'elle a confectionné avec une couverture qui pend du plafond.

"Notre situation est très difficile, surtout que j'ai un bébé", dit Suzanne Abdallah. "On s'est réveillés le matin et il avait une main engourdie par le froid, je l'ai installé au soleil pour le réchauffer".

"Nous avons besoin d'un toit, nous avons besoin d'aide pour ces petits enfants", ajoute-t-elle.

Sur le toit du camion, la famille a entassé matelas et couvertures.

Jandairis a payé un lourd tribut au séisme: les secouristes ont retiré plus de 500 corps des décombres. Le séisme a fait plus de 3.600 morts dans l'ensemble de la Syrie, selon un bilan encore provisoire.

Jusqu'à 5,3 millions de personnes risquent de se retrouver à la rue en Syrie après le séisme meurtrier, a prévenu un haut responsable de l'ONU quelques jours après le séisme qui a fait au total plus de 40.000 morts, en large partie en Turquie voisine.

Sous les oliviers

A l'autre bout de la ville, Abdel Rahman Haji Ahmad, un fonctionnaire à la retraite de 47 ans, a érigé avec ses voisins une grande tente, devant les ruines de leurs maisons.

Les femmes et les enfants y dorment la nuit, tandis que les hommes restent dehors.

"Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, pas d'hygiène. La situation est catastrophique dans toute la ville", affirme cet homme à la barbe sel et poivre.

De sa maison, il ne reste qu'un tapis multicolore et une couverture qui pendent dans les ruines.

Dans la tente de fortune érigée à la hâte avec des bâches et des couvertures, dans une ruelle où s'élèvent des monticules de gravats, l'homme étreint sa fille, entouré d'autres enfants du quartier.

"Nous ne pensons pas à l'avenir. Tout ce que nous voulons, ce sont des bâches pour installer deux nouvelles tentes, et après on verra", dit-il.

Dans les zones sinistrées, beaucoup de familles dorment encore dans leurs voitures. D'autres se sont réfugiées dans les écoles ou les mosquées, ou dorment même à la belle étoile sous les oliviers.

Kawthar al-Chaqih, elle, a choisi de se rendre dans un centre d'accueil à la périphérie de Jindairis avec ses enfants et ses petits-enfants.

Cette femme de 63 ans a déjà été forcée une première fois de quitter son domicile, à Homs, ville du centre de la Syrie, en raison de violents combats entre rebelles et le régime de Bachar al-Assad en 2012.

Une grande partie des habitants du nord-ouest de la Syrie, sous contrôle des formations rebelles, sont des déplacés arrivés d'autres régions du pays au fur et à mesure que le régime en reprenait le contrôle.

Dans l'une des tentes blanches qui s'alignent parmi les oliviers, elle arrange les couvertures et les matelas par terre.

"Nous ne savons pas où aller, nous restons ici dans le froid", confie cette femme qui dit avoir dormi dans la rue les premiers jours après le séisme.

"La situation est insupportable, nous ne savons pas quoi faire. Nous n'avons pas de quoi nous acheter une bouteille d'eau", raconte-t-elle, les traits tirés.

"Nous n'avons plus que la miséricorde divine".


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.