Perte et dette records: EDF dans un gouffre financier et sous pression

Cette photo d'archive prise le 15 février 2019 montre le logo d'EDF sur le bâtiment du siège lors de la présentation des résultats financiers 2018 du groupe au siège d'EDF, à Paris. (Photo, AFP)
Cette photo d'archive prise le 15 février 2019 montre le logo d'EDF sur le bâtiment du siège lors de la présentation des résultats financiers 2018 du groupe au siège d'EDF, à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 17 février 2023

Perte et dette records: EDF dans un gouffre financier et sous pression

  • Son chiffre d'affaires a crû de 70% à 143,5 milliards d'euros, tiré par la hausse des prix de l'énergie, mais le groupe passe dans le rouge avec une très lourde perte nette de 17,9 milliards, contre un bénéfice de 5,1 milliards en 2021
  • Il s'agit d'une des pertes les plus massives de l'histoire récente en France, derrière France Télecom (20,7 milliards) et Vivendi Universal (23,3 milliards) il y a vingt ans

PARIS: Le géant de l'électricité EDF a subi en 2022 l'une des pires pertes d'une grande entreprise française de l'histoire récente, creusant son endettement à un niveau également record de 64,5 milliards d'euros, au terme d’une année noire plombée par les déboires de son parc nucléaire mais aussi par sa contribution forcée au "bouclier tarifaire" des Français.

Son chiffre d'affaires a crû de 70% à 143,5 milliards d'euros, tiré par la hausse des prix de l'énergie, mais le groupe passe dans le rouge avec une très lourde perte nette de 17,9 milliards, contre un bénéfice de 5,1 milliards en 2021.

Il s'agit d'une des pertes les plus massives de l'histoire récente en France, derrière France Télecom (20,7 milliards) et Vivendi Universal (23,3 milliards) il y a vingt ans.

Avec la flambée générale des prix de l'électricité, EDF a vu revenir de nombreux clients français, mais n'a pas pu assez produire avec ses centrales: le groupe a dû acheter à prix d'or de l'électricité sur les marchés.

Ce résultat "est historique, et il est la conséquence d’une année faites de défis exceptionnels pour l’entreprise EDF", a reconnu devant quelques journalistes le PDG Luc Rémont, arrivé à l'automne et dont c'était la première présentation de résultats.

"Malgré une forte hausse du chiffre d'affaires soutenu par les prix de l'électricité et du gaz, l'Ebitda (marge brute d'exploitation) est fortement pénalisé par la baisse de production nucléaire ainsi que les mesures régulatoires exceptionnelles mises en place en France pour 2022, dans des conditions de marché difficiles", a-t-il commenté.

Le dirigeant a en revanche confirmé "la fourchette de production nucléaire de 300 à 330 térawattheures (en 2023), soit une sortie progressive de la crise de la corrosion sous contrainte", un problème de micro-fissures relevées sur des tuyauteries qui a mis à l'arrêt nombre de réacteurs depuis fin 2021.

"Nous sommes dans une perspective de redressement des flux en 2023 très significative et donc c’est ça qui va nous permettre à la fois de financer les investissements qui sont indispensables dans ce moment de transition énergétique et de faire face aux besoins de financement du groupe", a souligné Xavier Girre, le directeur financier.

Confiance et pression

A l'annonce de ces résultats, le gouvernement a cependant immédiatement remis la pression sur le groupe, affirmant "compter sur le nouveau PDG et sur l’ensemble des salariés pour rétablir dans les meilleurs délais l’intégralité de la production électrique d’EDF".

"Le redressement des finances d’EDF passera en priorité par l’augmentation du volume de production", disent les ministres de l’Économie Bruno Le Maire et de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

"Ils souhaitent que soit préparé le projet de nouveaux [réacteurs] EPR décidé par le président de la République", disent-ils encore, au moment où l’État renationalise EDF à 100% pour porter le plan de relance nucléaire soutenu par Emmanuel Macron.

Le PDG d'EDF a assuré que le groupe mettait tout en œuvre pour tenir la date de 2035 pour le démarrage du premier réacteur nucléaire de nouvelle génération. "Il y a énormément de travail pour s'assurer que l'ensemble de la filière industrielle puisse monter en puissance pour être au rendez-vous", a-t-il répondu, interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse.

L'année 2022 aura de fait été une année particulièrement compliquée pour l'électricien, qui a vu sa production électrique nucléaire et hydraulique tomber au plus bas en pleine crise énergétique et climatique mondiale.

EDF a cumulé les ennuis entre cette corrosion et les retards pris dans la maintenance des centrales à cause du Covid. En 2022, la disponibilité moyenne du parc de 56 réacteurs est ainsi tombée à 54% (contre 73% sur la période 2015-2019), faisant planer la menace de coupures électriques en plein hiver.

Système «à bout de souffle»

Finalement, le pire a été évité grâce aux importations d'électricité, aux efforts de sobriété des Français et à la course d'EDF pour rebrancher ses réacteurs.

Il n'empêche, la note est salée. Jamais aussi peu de térawattheures d'origine nucléaire n'avaient été produits depuis 1988: 279 TWh en 2022. Loin de l'époque où EDF crachait 430 TWh comme en 2005.

La guerre en Ukraine a enfoncé le clou avec la flambée des prix du gaz et de l'électricité.

Car pour contenir la facture des Français, l’État, actionnaire majoritaire et bientôt unique, a obligé le groupe à vendre en 2022 davantage d'électricité à bas prix (42 euros le MWh) à ses concurrents, fournisseurs d'électricité alternatifs. Une mesure au coût exorbitant pour l'opérateur historique: 8,34 milliards d'euros.

Régulièrement dénoncé par EDF et les syndicats, ce mécanisme appelé Arenh a été bâti par la France en 2010 pour essayer de rester dans les clous de la concurrence imposée par Bruxelles.

Luc Rémont affirmait en octobre que ce système était "à bout de souffle".

Le nouveau patron doit rendre son plan de redressement à la Première ministre, Elisabeth Borne, avant l'été.


Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %

La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
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  • Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril
  • Le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier

RIYAD : Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril, soulignant la vigueur du secteur hors pétrole et la levée attendue des coupes de production de l’OPEP+.

Dans sa dernière mise à jour du World Economic Outlook, le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier. La croissance du Royaume devrait ainsi dépasser la moyenne mondiale (3 %) l’an prochain, se hissant au-dessus de celle de la plupart des pays du Golfe voisins.

À moyen terme, le FMI anticipe une hausse de la croissance à 3,9 % en 2026, avant une stabilisation autour de 3,5 %.

Le PIB hors pétrole est estimé en croissance de 3,4 % en 2025, légèrement en retrait par rapport aux 4,2 % enregistrés en 2024. Toutefois, les perspectives à moyen terme restent solides, avec une progression approchant 4 % en 2027, pour atteindre environ 3,5 % à la fin de la décennie.

Les conditions sur le marché du travail se sont également améliorées : le taux de chômage des Saoudiens a atteint un niveau record de 7 % en 2024, selon le FMI.

L’inflation demeure maîtrisée—le taux global devrait rester proche de 2 %, grâce à l’ancrage au dollar et au cadre des subventions en vigueur.

Sur le plan budgétaire, le FMI estime que l’augmentation des dépenses publiques en 2025—entraînant un déficit plus élevé que prévu—reste justifiée. Il met en garde contre de nouvelles coupes liées à la baisse des prix du pétrole, qui risqueraient de peser sur la croissance en rendant la politique budgétaire procyclique.

Le Fonds recommande une consolidation budgétaire progressive à moyen terme, notamment via l’augmentation des recettes non pétrolières, la suppression progressive des subventions énergétiques et la rationalisation des dépenses publiques.

Malgré certaines pressions liées à la forte croissance du crédit et aux coûts de financement, le secteur bancaire saoudien demeure résilient, selon le FMI. La Banque centrale saoudienne a introduit un coussin de capital contracyclique et continue de renforcer le cadre réglementaire.

Le rapport souligne l’importance de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la diversification de l’économie hors pétrole. Il appelle à avancer sur la gouvernance, le développement du capital humain, l’accès aux services financiers, la numérisation et le développement des marchés de capitaux — indépendamment des fluctuations des prix du pétrole.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Déjà confronté à des "vents de face", le luxe affronte désormais les droits de douane américains

Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
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  • Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis
  • Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne

PARIS: Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis, un de ses principaux marchés.

"Nous affrontons des vents de face, avec les difficultés conjoncturelles de l'économie mondiale", a déclaré Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial LVMH. "S'ajoutent des difficultés géopolitiques et la diminution des voyages touristiques en Europe et aux États-Unis", a-t-il souligné.

Le bénéfice net de LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...) a chuté au premier semestre de 22% à 5,7 milliards d'euros et les ventes ont reculé de 4% à 39,8 milliards.

Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Un accord pas "parfait" mais "nécessaire" dans le "contexte actuel", a défendu Bernard Arnault mardi. Donald Trump avait menacé l'UE de droits de douane de 30%.

Le marché américain représente 25% des ventes de LVMH, qui ouvrira aux Etats-Unis un nouvel atelier Louis Vuitton, sa marque phare, à Dallas fin 2026 ou début 2027. Le groupe possède déjà aux Etats-Unis trois ateliers Louis Vuitton.

Beaucoup de groupes de luxe considèrent que des droits de douane de 15% restent acceptables. C'est "gérable", selon le mot de Kering, qui malgré ses difficultés pour redresser sa marque phare Gucci estime pouvoir augmenter les prix sur "certaines marques" pour compenser, selon sa directrice financière Armelle Poulou.

- Baisse du dollar -

Contrairement à LVMH, le groupe de François-Henri Pinault, propriétaire de Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga et Bottega Veneta, ne possède pas d'atelier en Amérique du Nord, où il réalise 24% de ses ventes.

"On vend de la culture française, on vend de la culture italienne. Ça n'aurait pas de sens pour moi d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas", estimait récemment François-Henri Pinault.

Prudent, le gérant de Hermès Axel Dumas préfère "attendre les règles du jeu précises". "Les dernières annonces ont besoin d'être affinées", a-t-il dit, soulignant que les droits de douane étaient à 4,7% en début d'année, auxquels se sont ajoutés en avril de nouveaux "frais d'approche" comme Hermès appelle la surtaxe de 10%.

"Si les 15% c'est les 10% plus les 5% qui existaient, il n'y a pas de raison d'augmenter les prix", estime Axel Dumas. A la suite des droits de douane de 10% imposés en avril, le groupe a relevé sa grille aux Etats-Unis de 5% ce qui n'a pas freiné ses ventes dans la zone "Amériques", en hausse de 6,3% au deuxième trimestre.

Hermès, qui lui semble ne pas rencontrer de "vents de face", a annoncé mercredi des ventes en hausse de 7,1% au premier semestre.

Le britannique Burberry ne se montre pas inquiet non plus. Au premier trimestre de son exercice décalé, il a vu ses ventes dans la région "Amériques" augmenter de 4%. La Grande-Bretagne a négocié des droits de douane de 10% pour les produits exportés aux Etats-Unis.

"Évidemment, 19% de notre chiffre d'affaires provient des États-Unis. Certes, cela représente toujours un obstacle, mais 81% de notre activité n'est pas touchée", a estimé lors d'un échange avec les analystes la directrice financière Kate Ferry.

Au-delà de l'impact comptable, les droits de douane pourraient aussi toucher "la confiance des consommateurs (de luxe) à l'échelle mondiale, en particulier dans les importants marchés chinois (environ un tiers des ventes) et américain (environ 25% des ventes)", estime la banque UBS dans une note.

Ils devraient aussi pousser les amateurs américains de luxe à acheter à l'étranger en raison des différences de prix selon les pays, qui peuvent être "de l'ordre de 10%, en plus du remboursement de la TVA en Europe", selon UBS.

La question des changes est majeure, soulignait Axel Dumas: "On a un dollar qui a beaucoup baissé, ça a autant d'impact, si ce n'est plus, que les droits de douane."


L’aéroport international de Dubaï bat un record avec 46 millions de passagers au premier semestre

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  • Le trafic mensuel moyen au cours du premier semestre s'est élevé à 7,7 millions de passagers
  • DXB a accueilli 222 000 vols et traité 41,8 millions de bagages au cours du premier semestre

RIYAD : L'aéroport international de Dubaï a accueilli 46 millions de passagers au cours du premier semestre 2025, marquant sa période de six mois la plus active jamais enregistrée malgré les perturbations de l'espace aérien régional et les vents contraires mondiaux.

Dans un communiqué de presse, l'opérateur Dubai Airports a déclaré que l'augmentation de 2,3 % en glissement annuel souligne la force continue du secteur de l'aviation de l'émirat et la résilience opérationnelle du terminal.

La croissance s'est produite malgré les restrictions temporaires de l'espace aérien en mai et juin, qui ont forcé plusieurs transporteurs du Golfe à réacheminer des vols et à ajuster les horaires en raison de l'intensification de l'activité militaire et des déclarations de zones d'exclusion aérienne dans certaines parties du Moyen-Orient.

Paul Griffiths, PDG de Dubai Airports, a déclaré : "La croissance continue de DXB au cours d'une période de défis régionaux met en évidence la force de Dubaï et des EAU, la souplesse de nos opérations et l'engagement de notre communauté aéroportuaire."

Au cours du seul deuxième trimestre, l'aéroport a accueilli 22,5 millions de passagers, soit une augmentation de 3,1 % par rapport à la même période l'année dernière. Le mois d'avril a été le plus chargé du trimestre et le plus actif jamais enregistré, avec 8 millions de voyageurs.

Le trafic mensuel moyen au cours du premier semestre s'est élevé à 7,7 millions de passagers, avec des volumes quotidiens de 254 000 en moyenne. Janvier a été le mois le plus chargé, établissant un nouveau record mensuel avec 8,5 millions de passagers.

DXB a également assuré 222 000 vols et traité 41,8 millions de bagages au cours du premier semestre, 91 % d'entre eux étant livrés dans les 45 minutes suivant leur arrivée. Le taux de bagages mal traités était de 2 bagages pour 1 000 passagers, bien en dessous de la moyenne de l'industrie qui est de 6,3, ajoute le communiqué.

"Alors que nous entrons dans la seconde moitié de l'année, l'activité de voyage devrait s'accélérer, en commençant par le pic de la fin de l'été et en menant à une saison d'hiver remplie d'événements de haut niveau dans les domaines du divertissement, du sport et des affaires", a déclaré M. Griffiths.

Il a ajouté que le salon aéronautique de Dubaï 2025 serait un événement exceptionnel, prêt à battre les records précédents et à mettre en lumière la vision audacieuse qui guide l'avenir de l'aviation et de l'aérospatiale.

"Sur la base de nos performances à ce jour et de nos perspectives positives, nous prévoyons que le trafic annuel atteindra 96 millions cette année, ce qui nous rapprochera de la barre symbolique des 100 millions", a ajouté M. Griffiths.

L'Inde est restée le premier marché de DXB au premier semestre, avec 5,9 millions de passagers, suivie par l'Arabie saoudite avec 3,6 millions. Le Royaume-Uni a accueilli 3 millions de passagers, tandis que le Pakistan et les États-Unis ont enregistré respectivement 2,1 millions et 1,6 million de passagers.

Londres a été la ville de destination la plus fréquentée avec 1,8 million de passagers, suivie par Riyad, Mumbai, Jeddah, New Delhi et Istanbul.

DXB a également traité plus d'un million de tonnes de fret au cours du premier semestre 2025, soit une augmentation de 0,1 pour cent par rapport à la même période l'année dernière. L'aéroport est relié à plus de 269 destinations dans plus de 107 pays et est desservi par 92 compagnies aériennes internationales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com